http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/les-canonisations-express-dans-leglise.html?fbclid=IwAR23dNrzmEtoncHzb17c-8NSEUVSDddXt9XnTTOeGpPsnCiliHmdhFJ-FvI
Les canonisations express dans l'Eglise
Saint Léon le Grand
vues sous l'angle de l'humour british du Père Hunwicke. Et dans la froideur des statistiques, par le blogueur argentin wanderer-caminante (25/10/2018, mise à jour)Père Hunwicke
CANONISATION AUTOMATIQUE DES PAPES!
liturgicalnotes.blogspot.com
23 octobre 2018
Ma traduction
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Oui! Les canonisations sont terminées! Quels superbes exemples pour le dernier des fidèles que ces Pontifes romains modernes post-conciliaires, chacun d'entre eux!!! Dieu merci, nous n'avons plus à nous soucier des Pie, des Léon, des Benoît et de toute cette foule impie avec leur Magistère rigide! Comment peuvent-ils avoir osé être pré conciliaires ? Il peut difficilement exister un échec plus grand pour un pape que celui d'être pré-conciliaire.
Je prévois cependant deux problèmes au sujet de l'inévitable, l'exspectatissima, canonisation de PF.
1. Un certain nombre de personnes (apparemment) théologiquement compétentes ont déplacé le redoutable mot H [Hérétique] assez près de PF. C'est délicat. Il faudra certainement remédier à cela.
L'obstacle pourrait être surmonté en canonisant instantanément (par équipollence?
[*]) le Pape Honorius Ier (625-638). Cela signifierait que, quelle que soit la décision des générations futures concernant l'orthodoxie de PF ou son absence, il y aura toujours un précédent pour le canoniser. Peut-être le Cardinal Sarah pourrait-il même penser à leur offrir à tous les deux une fête commune et une invocation combinée dans le Sanctorum Litaniae. Sancti Honori et Francisce, Orate pro nobis pouvait désormais retentir à chaque Ordination dans l'Église catholique
2. Il ne semble pas y avoir de consensus général sur ce que PF a fait ou pas fait, pendant la dictature militaire en Argentine, pour aider et sauver les personnes menacées, ou, au contraire, pour les accuser. Mais il ne semble pas avoir livré de condamnations publiques tonitruantes contre les tyrans meurtriers (comme il le fait courageusement en tant que pape lorsqu'il dénonce quotidiennement le "cléricalisme" de ses frères du clergé).
L'un des arguments avancés pour bloquer la canonisation du pape Pacelli est que, bien qu'il ait rempli les propriétés du Vatican de milliers de juifs romains et encouragé d'autres à faire la même chose, il n'a jamais dénoncé explicitement et spécifiquement l'indescriptible holocauste Nazi des juifs européens.
Pie XII n'est pas un de mes héros ; mais s'il était lui aussi canonisé instantanément, cela ouvrirait enfin la voie à l'élévation de PF vers les autels, quelles que soient les conclusions que feront dans le futur les différents historiens sur sa complicité (ou non) dans les crimes de la dictature militaire.
Je dois penser à tout, tu sais. 'Santo subito' - si ce n'est plus tôt !!! On ne sait jamais...
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NDR
[*]Une canonisation équipollente est une canonisation décidée par un simple décret du pape sans que la reconnaissance d'un miracle ne soit nécessaire. Cette forme de canonisation, codifiée par Benoît XIV au XVIIIe siècle, nécessite trois éléments : 1. la possession ancienne d’un culte lié à la personne à canoniser, 2. l’attestation constante et répandue de ses vertus ou de son martyre par des historiens dignes de foi et 3. la réputation ininterrompue d’accomplissement de prodiges. Lorsque ces conditions sont remplies, le pape peut, de sa propre autorité, sans procès ni cérémonie de canonisation, procéder à une canonisation équipollente, c’est-à-dire étendre à l’Église universelle le culte liturgique en l'honneur du bienheureux (wikipedia). Benoît XVI l'a fait en 2012 pour Hildegarde de Bingen (cf. Benoit-et-moi.fr/2012).
Statistiques
Carlota
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Cela ne veut pas dire qu’avec des statistiques l’on peut mesurer la Sainteté…et que nous ne reconnaissons pas les mérites de ceux qui ont été déclarés plus ou moins récemment bienheureux ou saints, mérites au sens large ou dans des actes et des décisions particulières. Mais nous revendiquons le droit de nous interroger sur des décisions qui nous paraissent hâtives, même si cela peut paraître de la désobéissance. Ce que nous sollicitons de nos pasteurs qui se trouvent à la tête de l’Église, c’est de la prudence.
Le blogueur argentin wanderer.caminante intitule son article dont j’ai traduit un extrait ci-dessous, «Arnaqués» .
ARNAQUÉS
22 octobre 2018
caminante-wanderer.blogspot.com
Traduit de l'espagnol par Carlota
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En 958 ans, l’Église a eu 123 papes dont 3 seulement ont été canonisés. Et en comptant les béatifiés, cela fait 9. Durant les cinquante dernières années, l’Église a eu 4 papes (dont deux encore vivants), 3 d’entre eux ont été canonisés, et leur totalité, si nous incluons aussi la proclamation d’héroïcité des vertus de Jean-Paul Ier. Par conséquent :
- Durant le dernier millénaire, et jusqu’en 1958, l’Église a canonisé 2,4% des papes.
- Dans les derniers cinquante ans, à partir du Concile Vatican II, l’Église a canonisé 75% des papes.
- Dans le dernier millénaire, l’Église a un 1 pape canonisé pour 41 papes non canonisés. Dans les cinquante dernières années, l’Église a presque tous ses papes canonisés. [voir statistiques ICI et ICI ]
Face à ces chiffres nous devons conclure que :
1. Avant Vatican II, les papes étaient de grands pécheurs, ou bien, les cardinaux ont choisi pour le pontificat les pires d’entre eux, sauf trois exceptions. A l’inverse, depuis Vatican II, les papes sont de grands saints, ou bien, les cardinaux choisissent invariablement les plus vertueux d’entre eux pour le pontificat. Tout cela indique que l’Esprit Saint a dormi durant l’énorme majorité des conclaves du premier millénaire, et s’est réveillé d’un coup avec les airs printaniers de Vatican II, éclairant les cardinaux pour qu’ils choisissent la personne la plus sainte et la plus adéquate pour occuper le siège pétrinien.
2. Au cours du premier millénaire, l'Église a été extrêmement prudente dans le processus de canonisation et s'est montrée réticente à canoniser les papes. Et quand elle l'a fait, elle a pris beaucoup de temps pour étudier l'affaire. La durée moyenne des procès canoniques durant cette période est de 318 ans. A l’inverse, après Vatican II, la moyenne tombe à 46 ans.
Et face à cela, il y a deux possibilités : soit la sainteté des trois derniers pontifes était écrasante, évidente et prodigieuse, et les miracles qu'ils ont fait étaient abondants et prodigieux, et pour cette raison, les procès canoniques étaient extraordinairement rapides; soit les procès canoniques des dernières années ont été dilués et allégés au point de ne devenir qu'une pantomime à laquelle personne n’accorde plus d’importance.
3. Il semblerait, alors, qu’il y ait là quelque chose qui ne tourne pas rond. Soit la question de la sainteté et des canonisations n’est plus qu’un conte inventé par les curés pour imposer des paradigmes à la société et pouvoir la dominer à travers eux, et pour récolter de nombreuses aumônes dans les sanctuaires érigés pour chaque saint, soit les derniers papes sont des gredins qui, par pression ou conviction, ont proclamé saints leurs prédécesseurs immédiats afin de canoniser la nouvelle image de l’Église née après Vatican II et préparer leur future canonisation [**].
4. Quelle que soit l’option que nous adoptons parmi celles envisagées dans la dernière conclusion, il semblerait que nous, laïcs, ils nous prennent pour des idiots ou qu’ils sont en train de nous arnaquer. Il y a quelques mois nous nous sommes rendu compte que la question du célibat sacerdotal, surtout dans les plus hautes sphères hiérarchiques, dans de nombreux cas était une tromperie. Et maintenant nous nous rendons compte que les canonisations et la sainteté des canonisés sont aussi une arnaque. Jusqu’où veulent-ils éprouver notre foi ? Jusqu’où ces gens qui se sont emparés de l’Église croient-ils que nous allons les supporter, ou supporterons-nous qu’ils continuent à défigurer l’Épouse de l’Agneau Immaculé ?
Comme le dit la sagesse populaire, il ne faut pas trop tirer sur la corde car elle va finir pas se rompre, et dans ce cas-là, personne ne sait ce qui peut arriver.
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[**] NDR (et mise à jour)
En réalité, l’auteur de l’article écrit (hélas !!!) « les deux derniers Papes, Benoît XVI et François », ce qui affaiblit considérablement son argumentation. Dans un premier temps, je voulais censurer ce regrettable "dérapage", mais je crois qu'il est important pour comprendre l'hostilité dont Benoît XVI est la cible dans certains milieux "tradis". Mettre Benoît XVI et François dans le même sac – si j’ose dire - est évidemment totalement inacceptable. A Benoît XVI (dont il ne faut pas oublier la volonté de canoniser Pie XII, c’est même lui qui, seul contre tous, a voulu le déclarer vénérable , cf. Benoit-et-moi.fr/2009), on fait le reproche d’avoir béatifié (et non pas canonisé: une longue période peut s'écouler entre les deux processus, le second peut même rester indéfiniment en suspens, voir le cas de Pie IX) Jean-Paul II, qui sera canonisé par François; mais sans vouloir plaider la cause du Pape polonais, pour lequel de nombreux catholiques irréprochables – et pas seulement des polonais - éprouvent de la vénération, et indépendamment de la réflexion incontournable « qui suis-je pour juger de sa sainteté ? », et des pressions qui se sont certainement exercées sur Benoît XVI, les circonstances étaient me semble-t-il un peu spéciales: Benoît XVI connaissait personnellement son prédécesseur, auquel il était lié par une profonde amitié, et à ce titre, on peut supposer qu’il sait des choses que nous ignorons (je l'ai entendu un jour faire publiquement allusion à des événements surnaturels le concernant). Certes, Jean-Paul II était un homme, et comme tout le monde il a pu avoir une part d’ombre, et il a certainement commis des erreurs. Mais la canonisation par l’Eglise ne sanctifie pas forcément une vie parfaite, et ce qui compte, c’est que dans la balance, le bien qu’il a fait – et le témoignage qu’il peut ainsi encore donner au monde d'aujourd'hui –, l’emporte sur les erreurs.
Je ne suis pas certaine que l’on puisse dire la même chose de Jean XXIII et même de Paul VI.