Don Guéranger pour le 5ème dimanche après Pâques :Sachons, frères bien aimés, unir nos transports avec la réserve, nos fêtes avec la vigilance, nos joies avec la règle. Il est juste que nous soyons dans l’allégresse, puisque nous sommes ressuscités ; mais il nous faut craindre aussi, de peur qu’il ne nous arrive de tomber.
Entre la vie nouvelle et la mort qui l’a précédée, connaissons bien celle des deux à laquelle nous avons échappé, et choisissons celle que nous devons aimer. Ce n’est pas erreur, c’est mépris, de pécher quand on est averti. Une peine plus sévère attend après la récidive celui qui fut d’abord gracié ; et ce serait une chose indigne si celui que l’on a racheté allait de nouveau retomber dans les fers.
Outre la bonté, Dieu possède la puissance ; cette puissance est de nature à nous faire trembler, et la crainte qu’elle inspire vient de ce qu’elle est vengeresse. Si Dieu s’est montré si Miséricordieux envers l’homme, c’est que sa colère s’était déchargée d’abord contre le démon. Une grâce toute gratuite nous a rendu nos forces : n’allons pas retomber par le péché dans notre première maladie. C’est dans le but de nous voir corrigés que Dieu nous a octroyé le pardon, et son indulgence demeurera sur nous, si nos offenses ne se renouvellent pas.
En nous remettant nos péchés, il nous a avertis de ne pécher plus. Sa clémence a été pour nous un bien, si la pénitence nous a changés. La grâce divine a daigné adopter un pécheur ; mais l’enfer n’a pas encore reçu le démon, et ne s’est pas refermé sur lui. On lui a arraché violemment le pécheur ; mais la nature qui produit le péché est restée. L’arène du combat est ouverte, et le repos n’aurait aucune sûreté. L’adversaire a été dépouillé, mais non tué ; sa rage doit être au comble d’avoir perdu les sujets qu’il dominait avec tant d’empire.
La foi est devenue pour nous un camp, la croix une arme, la chair et le sang du Christ un étendard ; reste à attendre le moment de la bataille. Celui qui a voulu nous assujettir au combat comme à une nécessité, approuve en nous l’espoir de la victoire. Il a commencé par nous octroyer le don de l’adoption ; le jugement lui reste à porter sur notre vie. Maintenant il nous promet ses bienfaits : après l’heure du travail viendra le moment critique.
Ayons donc devant les yeux le bienfait du Seigneur plein de Miséricorde qui, lorsqu’il s’est agi de notre rançon, n’a pas versé un poids d’argent, un talent d’or, ne s’est pas borné à répandre ses grâces, mais s’est soumis à un infâme gibet, acceptant jusqu’à la plus sanglante insulte dans sa chair, l’insulte du tombeau. Certes, il ne pouvait rien faire de plus grand que ce qu’il a fait pour nous, rien de plus avantageux ; mais il a dû exiger que notre service envers lui fût d’autant plus soigneux, qu’il a daigné nous racheter à un plus grand prix. Afin donc qu’il daigne achever en nous les bienfaits de sa rédemption, attachons-nous avec constance et persévérance à la prière.
Source : Introibo
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde