Texte intéressant de Mgr Tournyol du Clos :
1. Ce châtiment providentiel peut nous sauver.
Il s’agit avant tout d’un avertissement pour le monde et pour nos sociétés. Nos gouvernants ont émancipé la Création de son Créateur. Ils ont remplacé les droits de Dieu par les droits de l’homme sans Dieu, défié les lois naturelles et institutionnalisé les péchés qui crient vengeance au ciel : adultère, divorce, avortement, manipulation génétique, euthanasie, homosexualité, transgenre, unions contre-nature, etc.
Il s’agit aussi d’un avertissement pour chaque homme en particulier : une invitation pressante à la conversion, à l’obéissance à la loi naturelle et aux commandements de Dieu, un retour à l’ordre. La réinsertion personnelle dans le plan du Créateur.
C’est enfin un avertissement pour l’Église elle-même qui devrait, en ce temps de Pâques, frémir au souvenir du passage meurtrier de l’Ange exterminateur, tandis que Pharaon retenait captifs les enfants d’Israël. En relisant le prophète Daniel, elle pourrait même se demander si « ce temps de détresse telle qu'il n'y en a point eu de pareille » ne correspond pas au « temps de l'abomination de la désolation imputable à l’interruption du Sacrifice perpétuel » (Daniel XII). Il est impossible de ne pas faire le rapprochement entre les larmes que versait Notre-Dame à La Salette et la manière déplorable dont trop souvent la Messe est célébrée, et la façon sacrilège dont la sainte communion est distribuée.
Plus « religieux » que nous, les anciens croyaient naturellement aux châtiments divins. Pour apaiser les dieux, Grecs et Romains organisaient alors des processions, offraient des sacrifices. Au cours des siècles, le christianisme en a toujours usé ainsi ; les gouvernants eux-mêmes comprenaient l’importance de la foi, de la prière et du culte du peuple pour surmonter une pestilence. Aujourd’hui, non des moindres parmi les hommes d’Église se scandalisent publiquement à l’idée que Dieu qui est la Bonté même puisse sévir. Ils ont perdu de vue que notre Père du Ciel est aussi toute Justice, et – se servant des causes secondes – libre de rappeler l’homme au respect qui Lui est dû. Étrangement, ils ont oublié que si l’Amour a présidé à toute la Création, le péché, la colère et le jugement l’ont suivi de près.
2. Fruit de nos crimes, le châtiment qui nous frappe est une révélation des droits de Dieu, mais il est aussi et inséparablement une révélation de son amour.
Pour qui refuse cet amour et demeure dans son péché, c’est une sanction qui marque sa condamnation ; mais pour celui qui reconnaît son péché, demande pardon et se convertit, c’est son salut.
Faut-il rappeler que pour nous sauver, Notre-Seigneur a subi à notre place le châtiment suprême ? Nous devons aussi, dit l’Apôtre, porter la Croix et accomplir ce qui manque à sa Passion (Col I, 24). L’amour infini que Jésus a montré par son Sacrifice sanglant nous impose de nous convertir et de nous corriger. Il y a, dit saint Thomas, deux façons de considérer le châtiment : comme une punition ou comme un remède. L’homme charnel considère le châtiment comme un jugement qui le condamne ; pour l’homme spirituel, le châtiment est une expiation dans le Christ et un jugement qui le justifie.
Nos contemporains parviendront-t-ils à comprendre que la tragique épreuve qu’ils endurent est une révélation des profondeurs du cœur de Dieu ? Offensé par la hauteur de nos péchés, le Tout-Puissant aurait très bien pu nous renvoyer à notre néant, décider de condamner le genre humain aux derniers supplices, en épargnant le petit nombre des justes. Non ! Il nous a faits libres, Il respecte notre liberté et, tel un père qui veut éduquer cette liberté, nous corrige dans la juste mesure où nous en avons besoin. (Cf. 1 Co XI, 32 ; Ga III, 23 sq.). « Mon fils, dit saint Paul, ne méprise pas la correction du Seigneur et ne perds pas courage quand tu es repris par Lui ; car le Seigneur corrige celui qu’Il aime et frappe celui qu’Il reconnaît comme son fils » (He XII, 5-6). Ah ! si tous les hommes pouvaient entendre ces paroles du Livre de la Sagesse : « Corrigés avec miséricorde, ils comprirent que Dieu met les siens à l’épreuve comme un père corrige ses enfants » (Sap XI).
« Son Nom est saint et terrible, la crainte de Dieu est le commencement de la Sagesse » (Ps CX). La crainte entendue comme synonyme du respect, de la révérence, de l’adoration dus à sa Majesté infinie.
3. Il semble que Dieu ne supporte plus la trahison, le reniement, l’abandon de poste de la part des hommes d’Église.
Il y a déjà un certain temps que les hommes d’Église développent le syndrome démocratique. Arguant du changement de paradigme, ils en sont arrivés de nos jours, à dédaigner l’enseignement du Christ pour l’estime du monde, remplacer la nécessité de la conversion par le dialogue complaisant avec les fausses religions, échanger le Dieu catholique contre le Dieu unique, promouvoir la conversion écologique au lieu de celle du cœur, substituer l’économie globale en place de celle du salut, affecter et réitérer la repentance au lieu de la contrition loyale du cœur.
Il n’est pas de notre propos de dresser une liste des erreurs doctrinales, aberrations liturgiques et débordements moraux des membres du clergé ou de la hiérarchie. Mais fallait-il que Dieu fût offensé pour utiliser la puissance de destruction de ce virus microscopique, et frapper sous nos yeux les coupables – ainsi que le dit encore le Livre de la Sagesse – par là même où ils avaient péché... Nous avons destitué le Tabernacle de la place d’honneur, nous lui avons tourné le dos pour présider l’assemblée. La table a supplanté l’autel consacré, symbole du Christ. Nous avons désappris le Sacrifice, transformé les églises en bivouacs et en trattorias. Dans la plus noble d’entre elles, nous avons cédé à l’idolâtrie en laissant adorer la Nature et la Terre. Nous en sommes arrivés à dire que la grâce de Dieu peut coexister avec une situation de péché habituel, en autorisant des communions sacrilèges à des pécheurs impénitents. Nous avons de facto promu, fertilisé, propagé un virus plus dévastateur que celui qui est apparu en Chine, puisque ce n’était pas aux corps qu’il s’attaquait, mais à nos âmes immortelles.
Et nous avons été châtiés par là où nous avions péché : les églises désolées, les sacrements impraticables, les fidèles et les pasteurs comme exilés, la Semaine Sainte prohibée, la Messe interdite, horresco referens... comme si Dieu n’en voulait plus. L’heure de sa Justice nous a surpris. Aurons-nous le temps de faire pénitence ? Ces châtiments, nous les avons mérités – et bien d’autres encore – parce que nous avons offensé notre Créateur qui a fait mourir pour nous son Fils sur la Croix, Père infiniment bon et digne d’être respecté, adoré et aimé par-dessus toute chose.
Source : forum catholique