Mon Dieu, une âme vous a loué et béni dans un élan de tout elle-même jamais dépassé ni égalé ici-bas.
Et cette âme est celle de ma tendre mère Marie.
Prier comme elle, vous redire les mots qu'elle vous a adressés,
m'efforcer de faire naître en mon cœur les sentiments qui ont animé le sien,
c'est certainement la ravir et vous donner de la joie.
Le petit enfant que je suis peut-il plus sûrement trouver le chemin du cœur paternel qu'en prenant le langage maternel ? C'était dans une heure si grande de sa vie !
Vous veniez, par une mystérieuse et ineffable opération de votre Esprit d'Amour,
de déposer en son sein virginal votre Verbe éternel, le Fils de vos complaisances.
Ecrasée et ravie à la fois de cette grâce des grâces,
elle était allée porter son trésor et sa joie à sa cousine Elisabeth
et donner à son Sauveur, à peine conçu, la joie de racheter une âme très chère.
Là, sur le seuil de cette maison, devant celle qui la comprenait,
que vous éclairiez d'une si pure lumière
et qui reconnaissait en elle la Mère de son Seigneur
et la femme bénie entre toutes les femmes,
sous le coup de cette louange qui lui est adressée en votre nom,
mais doit remonter jusqu'à vous,
elle laisse couler ses sentiments contenus depuis quelques jours et qui l'oppressent, et elle chante ce cantique dont je veux faire moi-même l'hymne de toute mon âme et le résumé de ma prière :
Magnificat !
Dom Augustin Guillerand