Sermon VIQuant à vous, mes frères, je vous demande instamment, vous tous qui savez vos lettres, de relire fréquemment la sainte Ecriture, et vous qui ne les savez pas, d'en écouter la lecture avec une oreille attentive. Car la lumière de l'âme et sa nourriture éternelle ne sont pas autre chose que la parole de Dieu, sans laquelle l'âme ne peut jouir de la vue ni même de la vie : notre corps meurt, faute d'absorber des aliments ; de la même façon, notre âme périt, faute de recevoir la parole de Dieu.
Sermon XIIINous devons savoir qu'il n'est pas suffisant pour nous d'avoir reçu le nom de chrétiens, si notre conduite n'est pas chrétienne ; car le Seigneur a dit lui-même dans l'Evangile : A quoi sert de me dire : Seigneur ! Seigneur ! si vous ne faites pas ce que je dis ? (Luc VI 46) Tu aurais beau te dire mille fois chrétien et te signer sans arrêt de la croix du Christ, si tu ne fais pas l'aumône selon tes moyens, si tu ne veux pas avoir la charité, la justice et la chasteté, le nom de chrétien ne pourra t'être d'aucune utilité. C'est une grande chose que le signe du Christ, la croix du Christ : voilà pourquoi cette marque extérieure doit signifier quelque chose de grand et de précieux. A quoi sert de prendre pour ton cachet une bague en or, si c'est pour y inclure de la paille pourrie ? A quoi sert d'imprimer sur nos fronts et nos lèvres le signe du Christ, si, à l'intérieur de notre âme, nous cachons des péchés et des fautes ? Celui qui pèche en pensée, en parole, en action, sans vouloir se corriger, chaque fois qu'il se signe, au lieu d'atténuer son péché, il l'aggrave.
Sermon LIVSi Dieu veut que nous confessions nos péchés, ce n'est pas que lui-même ne pourrait les connaître ; mais c'est parce que le diable souhaite trouver de quoi nous accuser devant le tribunal du Juge éternel : aussi voudrait-il que nous pensions plutôt à excuser nos péchés qu'à les accuser. Notre Dieu, au contraire, parce qu'il est bon et miséricordieux, veut que nous les confessions en ce monde, pour que nous ne soyons pas confondus à cause d'eux, ensuite, dans l'autre. Si donc nous confessons, lui, il épargne ; si nous avouons, lui, il pardonne.
Saint Césaire d'ArlesSource : missel.free.fr
Césaire d’Arles : Vaches et veauxLes prêtres dans l’Église ressemblent aux vaches et le peuple chrétien représente en figure les veaux.
De même que les vaches courent de tous côtés par les champs et les prés, font le tour des vignobles et des olivettes pour brouter herbes et feuillages et en préparer le lait qui nourrira leurs veaux, de même les prêtres, en lisant assidûment la Parole de Dieu, doivent cueillir les fleurs sur les divers monts des Écritures Saintes, pour pouvoir en extraire un lait spirituel et le servir à leurs fils, afin d’avoir le droit de dire avec l’Apôtre Paul : « C’est du lait que je vous ai donné à boire et non une nourriture solide » (1 Co 3, 2)
Il n’est pas inconvenant, frères très chers, d’assimiler les prêtres à des vaches ; en effet, comme une vache a deux mamelles, avec lesquelles elle nourrit son veau, de même les prêtres aussi de leurs deux mamelles, à savoir l’Ancien et le Nouveau Testament, doivent nourrir le peuple chrétien. Cependant, réfléchissez bien, mes frères, et voyez que les vaches charnelles non seulement viennent d’elles-mêmes à leurs veaux, mais aussi que leurs veaux courent à leur rencontre et frappent souvent les mamelles de leur mère avec leur tête, de telle sorte que, quelquefois, s’ils sont assez grands, on dirait qu’ils soulèvent de terre le corps de leur mère. Cependant les vaches acceptent de bon cœur la violence qui leur est faite, car elles désirent voir les progrès de leurs veaux.
Cela aussi, les bons prêtres doivent le souhaiter et le désirer avec foi : que leurs fils, pour le salut de leur âme, les harcèlent de questions continuelles ; de la sorte, tandis qu’est accordée la grâce divine aux fils qui frappent, une récompense éternelle est préparée aux prêtres qui révèlent les secrets des saintes Écritures. […]
Comme les veaux ont coutume de harceler avec une grande impétuosité les mamelles de leur mère, afin de pouvoir extraire de l’intérieur de son corps la nourriture qui leur est nécessaire, de même aussi le peuple chrétien doit sans cesse provoquer ses prêtres, qui sont comme les mamelles de la sainte Église, par de très pieuses questions, afin de pouvoir se procurer la nourriture du salut et de pourvoir son âme des aliments nécessaires…
Source :
Césaire d’Arles, Sermons au peuple 4, 4, SC 175, Cerf, Paris 1971, p. 299-301.patristique.org
Soixante homélies de Saint Césaire d'Arleshttp://www.e-corpus.org/notices/9697/gallery/
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde