SAINTS DU 24 DECEMBRE VIGILE DE LA NATIVITÉLes Grandes Antiennes "O"
24 déc Ero CrasCes antiennes sont aussi une réponse du Christ Sauveur
aux appels qui lui sont faits. Mais pour pouvoir connaître cette réponse, il faut avoir chanté les sept antiennes, et reprendre la lettre initiale du titre donné au Messie par chacune d'entre elles.
Nous n'avons alors plus qu'à lire, en commençant par la dernière strophe, en remontant, et nous pouvons former ces mots :
« Ero cras : demain je serai (sous entendu: parmi vous) ».
La réponse nous est donnée le 23 décembre à la fin des
vêpres sous la forme d'un acrostiche .
On remarquera par ailleurs que ce « jeu » littéraire n'empêche pas un certain ordre logique, une véritable progression, dans la suite de ces pièces remarquables :
la naissance éternelle du Verbe est d'abord proclamée, puis ses rapports spéciaux avec le peuple élu, et enfin ses droits sur toutes les nations.
"DEMAIN JE SERAI PARMI VOUS"
" ERO CRAS"Source : Le Blog du MesnilSERMON DE ST BERNARD pour LA VIGILE DE LA NATIVITE1. Habitants de la terre, enfants des hommes, écoutez : Vous qui dormez dans la poudre, éveillez-vous et chantez les louanges de Dieu, car un médecin va venir visiter ceux qui sont malades; un Rédempteur, ceux qui sont vendus, ceux qui se sont égarés du droit chemin, ceux qui sont morts à la vie. Oui, voici venir celui qui va jeter tous nos péchés au fond de l’abîme, guérir toutes nos infirmités, nous charger sur ses épaules et nous ramener à notre propre et originelle grandeur. Sa puissance est grande, mais sa Miséricorde est plus admirable encore, puisque celui qui pouvait nous secourir a daigné venir comme il l'a fait.
« Aujourd'hui, dit l'auteur sacré, aujourd'hui même, le Seigneur va venir (Exod. XVI, 6). » Ces paroles se trouvent à leur place et dans leur temps, dans la sainte Ecriture, mais l'Eglise notre mère a pu les entendre de la veille de la naissance du Seigneur. L'Eglise, dis-je, que son époux et son Dieu assiste de ses conseils et de son esprit, sur le sein de laquelle le Bien-aimé aime à se reposer, qu’il possède uniquement, et dont il s'est fait un trône pour son cœur. On peut dire, en effet, qu'elle l'a blessé au cœur, et qu'elle plonge l'œil de sa contemplation jusqu'au plus profond abîme des secrets de Dieu, en sorte qu'elle lui fait dans son propre cœur et se prépare à elle-même dans le cœur de son époux une demeure éternelle.
Aussi, quand il lui arrive de changer de place ou de sens, les paroles de la sainte Ecriture, l'emploi qu'elle en fait est préférable au sens et à l'ordre primitif du texte sacré; peut-être même est-il permis de dire que son sens l'emporte sur le sens littéral, autant que la vérité l'emporte sur les figures, la lumière sur l'ombre, la maîtresse sur la servante.
2. « Vous saurez donc qu'aujourd'hui même le Seigneur va venir. » A mon avis ces paroles nous donnent bien clairement l'idée de deux sortes de jours; le premier a commencé à la chute du premier homme et se continue jusqu'à la fin du monde; c'est le jour que les saints sont souvent chargé de leurs malédictions. C'est qu'en effet Adam a été chassé par ce jour du jour de splendide lumière dans lequel il avait été créé; et, précipité dans le triste réduit des choses de ce monde, il s'est trouvé au milieu d'un jour ténébreux, et presque privé de tous les rayons de la vérité.
Nous venons tous au monde dans ce jour-là, qui ne mériterait même point le nom de jour, mais plutôt de nuit, si l'infatigable Miséricorde de Dieu ne nous avait point laissé la lumière de la raison comme une faible étincelle. Le second jour sera celui des saints pendant d'interminables éternités, alors que se lèvera ce demain d'une infinie sérénité, ce demain qui n'est autre que la Miséricorde qui nous a été promise, lorsque la mort sera vaincue dans sa propre victoire, quand, à la place des ombres et des ténèbres, on ne verra plus partout, en haut et en bas, au dedans et au dehors, qu'une splendide et véritable lumière. Aussi un saint a-t-il dit : « Faites-moi sentir ce matin même votre Miséricorde (Psal. CXLII, 8 et, dès le matin nous avons été comblés de votre Miséricorde (Psal. LXXXIX, 14). »
Mais revenons à notre jour à nous, à ce jour qui est comparé à une veille de la nuit, à cause de sa brièveté, et que l'organe ordinaire du Saint-Esprit appelle un rien, un néant, quand il s'écrie : « Nos jours se sont évanouis (Ibid.), — mes jours se sont évanouis comme la fumée dans l'air (Ibid.), — nos jours ont passé comme une ombre (Psal. CI, 12). — Tous les jours de ma vie sont en petit nombre et bien mauvais (Gen. XLVII 9), » s'écriait le saint patriarche qui avait vu Dieu face à face et s'était entretenu familièrement avec lui.
Or, dans ce jour, Dieu donne à l'homme la raison, il lui laisse l'intelligence, mais il faut qu'au sortir de ce monde il l'illumine lui-même de la lumière de la science; car s'il sortait dans l'obscurité complète de la prison où il habite maintenant, et des ombres de la mort, il ne pourrait plus être éclairé de toute l'éternité. Voilà pourquoi le Fils unique de Dieu, le Soleil de justice, tel qu'un flambeau d'une lumière aussi répandue qu'éclatante, a été allumé et projette sa lumière dans la prison de ce monde.
Maintenant, tous ceux qui veulent être éclairés doivent s'approcher de lui, se réunir à lui et ne permettre que rien ne se place entre eux et lui. Or ce qui peut nous séparer de Dieu, ce sont nos péchés qu'ils disparaissent et nous sommes éclairés de la vraie lumière, nous nous rapprochons tellement d'elle que nous ne devons plus faire qu'un corps avec elle. Ainsi rapproche-t-on, sans intermédiaire étranger, un flambeau éteint de celui qui brûle encore, pour le rallumer; cet exemple, tiré des choses visibles, nous donne une idée de ce qui se passe dans le monde des choses invisibles.
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