SAINTS DU 22 FEVRIERUn sermon du Mercredi des Cendres de Saint Jean Marie Vianney
Sur la PénitencePenitemini igitur et convertimini ut deleantur peccata vestra.
Convertissez-vous donc et faites pénitence afin que vos
Péchés soient effacés. (Actes des apôtres, III, 19.)Voilà, M. F., la seule ressource que saint Pierre annonce aux Juifs coupables de la mort de Jésus-Christ. Oui, M. F., leur dit ce grand apôtre, votre crime est horrible, parce que vous avez abusé de la prédication de l'Evangile et des exemples de Jésus-Christ, que vous avez méprisé ses bienfaits et ses prodiges, et que non contents de tout cela, vous l'avez rejeté et condamné à la mort la plus cruelle et la plus infâme. Après un tel crime, quelle ressource peut-il vous rester, sinon celle de la conversion et celle de la pénitence ?
A ces paroles, tous ceux qui étaient présents fondirent en larmes et s'écrièrent : « Hélas ! que ferons-nous, grand apôtre, pour obtenir Miséricorde ? » Saint Pierre, pour les consoler, leur dit : « M.F. ne désespérez pas ; le même Jésus que vous avez crucifié est ressuscité, et bien plus, il est devenu le salut de tous ceux qui espèrent en lui ; il est mort pour la rémission de tous les péchés du monde. Faites pénitence et convertissez-vous, et vos péchés seront effacés. »
Voilà, M. F., le même langage que l'Église tient à tous les pécheurs qui sont touchés de la grandeur de leurs péchés et qui désirent revenir sincèrement à Dieu. Hélas ! M. F., combien parmi nous sont bien plus coupables que les Juifs, parce que ceux-ci n'ont fait mourir Jésus-Christ que par ignorance ! Combien qui ont renié et condamné Jésus-Christ à la mort par le mépris que nous faisons de sa parole sainte, par la profanation que nous avons faite de ses mystères, par l'omission de nos devoirs, par l'abandon des sacrements et par un profond oubli de Dieu et du salut de notre pauvre âme !
Eh bien ! M. F., quel remède peut-il nous rester dans cet abîme de corruption et de péché, dans ce déluge qui souille la terre et qui provoque la vengeance du ciel ? Point d'autre, M. F., que celui de la pénitence et de la conversion. Dites-moi, n'est-ce pas assez d'années passées dans le péché ? N'est-ce pas assez avoir vécu pour le monde et le démon ? N'est-il pas temps, M. F., de vivre pour le bon Dieu et pour nous assurer une éternité bienheureuse ?
Que chacun de nous, M. F., se remette sa vie devant les yeux, et nous verrons que nous avons tous besoin de faire pénitence. Mais pour vous y engager, M. F., je vais vous montrer combien les larmes que nous répandons sur nos péchés, la douleur que nous en ressentons et les pénitences que nous en faisons, nous consolent et nous rassurent à l'heure de la mort ; en second lieu, nous verrons qu'après avoir péché, nous devons en faire pénitence en ce monde ou en l'autre ; en troisième lieu, nous examinerons de quelle manière on peut se mortifier pour faire pénitence.
I.- Nous disons, M. F., qu'il n'y a rien qui nous console plus pendant notre vie et qui nous rassure plus à l'heure de la mort que les larmes que nous répandons sur nos péchés, que la douleur que nous en ressentons et les pénitences que nous en faisons : ce qui est bien facile à comprendre, puisque c'est par là que nous avons le bonheur d'expier nos péchés, c'est-à-dire de satisfaire à la justice de Dieu.
Oui, M. F., c'est par là que nous méritons de nouvelles grâces pour avoir le bonheur de persévérer. Saint Augustin nous dit qu'il faut de toute nécessité que le péché soit puni ou par celui qui l'a commis ou par celui contre qui il a été commis. Si vous ne voulez pas, nous dit-il, que le bon Dieu vous punisse, punissez-vous vous-mêmes. Nous voyons que Jésus-Christ lui-même, pour nous montrer combien la pénitence nous est nécessaire après le péché, se met au même rang que les pécheurs (Marc, II, 16.).
Il nous dit que, sans le baptême, personne n'entrera dans le royaume des cieux (Joan, III, 5.) ; et, dans un autre endroit, que si nous ne faisons pas pénitence, nous périrons tous (Luc, XIII, 3, 5.). Hélas ! M. F., cela est très facile à comprendre. Depuis que l'homme a péché, tous ses sens se sont révoltés contre la raison ; et par conséquent, si nous voulons que la chair soit soumise à l'esprit et à la raison, il faut la mortifier ; si nous voulons que notre corps ne fasse pas la guerre à notre âme, il faut le mortifier avec tous ses sens ; si nous voulons aller à Dieu, il faut mortifier notre âme avec toutes ses puissances. Et si vous voulez bien vous convaincre de la nécessité de la pénitence, vous n'avez qu'à ouvrir l'Écriture Sainte, et vous verrez que tous ceux qui ont péché et qui ont voulu revenir au bon Dieu, ont versé des larmes, se sont repentis de leurs péchés et ont fait pénitence.
Voyez Adam : dès qu'il eut péché il se livra à la pénitence afin de pouvoir fléchir la justice de Dieu. Sa pénitence dura plus de neuf cents ans (Gen., III, 17 ; v, 5.) ; et une pénitence qui fait frémir, tant elle paraît au-dessus des forces de la nature. Voyez David après son péché : il faisait retentir son palais de ses cris et de ses sanglots ; et il porta ses jeûnes à un tel excès, que ses pieds ne pouvaient plus le soutenir (1). Quand on voulait le consoler en lui disant que, puisque le Seigneur l'avait assuré que son péché lui était pardonné, il devait modérer sa douleur, il s'écriait : Ah ! malheureux, qu'ai-je fait ? j'ai perdu mon Dieu, j'ai vendu mon âme au démon ; ah ! non, non, ma douleur durera autant que ma vie, elle descendra avec moi dans le tombeau. Ses larmes coulaient avec tant d'abondance que son pain en était trempé et son lit en était arrosé (Ps. CI, 10 ; VI, 7.).
Saint-pierre...
SuiteBon Carême à tous !Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde