Une phase a fait difficulté en moi :
"Jésus mon seul et unique amour".
Ou encore :
"Tout l'amour pour Jésus et que la charité pour nos frères".
Et je trouvais ces sentences trop dures, injustes, mêmes. Alors Jésus serait donc un Dieu-Moloch dévoreur des affections humaines, un égocentrique à l'Ego surdimensionné ; plus le droit d'aimer sa femme, ses enfants, car on ne doit aimer que Jésus ?
Je suis resté bien longtemps dans cette difficulté jusqu'à ce que je tombe sur cette anecdote du Padre Pio : un proche lui confia un jour qu'il l'aimait, et ça lui posait problème. Et le padre pio de lui répondre :
" C'est normal car je vous donne Dieu, mais si je ne vous donniez pas Dieu, vous cesseriez immédiatement de m'aimer".
Voilà tout est réglé. L'Univers tout entier n'est qu'un immense vitrail qui laisse transparaître la splendeur du Verbe
De même que sans le soleil, un vitrail devient terne, toute la création deviendrait insipide sans le Verbe qui la transfigure de l'intérieur ; le bleu ne serait plus bleu, la vanille n'aurait plus un goût de vanille, et jusqu'à l'amour conjugale qui serait alors sans intérêt.
Quand on a compris ça s'opère en nous une contemplation, une transfiguration Divine de la création et de nos affections. J'allais dire une transsubstantiation : de même qu'à la messe le pain est changé en Jésus, Tout alors nous donne, comme autant d'hosties, la présence et quelque chose de la beauté de Jésus avant l'heure.
C'est que Dieu est transcendant au-dessus de tout, et sans lui, rien strictement rien n'existe. Mais dès lors qu'on lui donne tout notre cœur pour n'aimer que lui, immédiatement il nous rend la création et toutes nos affections quand elles sont saines. Et n'est-ce pas la gloire du Père de nous voir nous aimer les uns les autres ? Fi donc de cette spiritualité qui voudrait dessécher le cœur de l'homme.
Il ne nous reste plus alors effectivement qu'à n'avoir que tout amour pour Dieu, et toute charité pour la création entière qui ordonnera nos affections dans l'ordre. Mais le mouvement marche aussi en sens inverse : Quand on a de la charité pour une personne, immanquablement on se met à l'aimer.
Au reste, si Jésus doit être notre unique amour, il nous a bien dit aussi :
"Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime".
Comprenne qui pourra et à qui cela sera donné de comprendre.