Homélie 34 de Saint Grégoire le Grand « Selon le témoignage de la Sainte Écriture, nous disons qu’il y a neuf chœurs d’Anges, à savoir : les Anges, les Archanges, les Vertus, les Puissances, les Principautés, les Dominations, les Trônes, les Chérubins et les Séraphins. Qu’il y ait des Anges et des Archanges, presque toutes les pages de la Sainte Écriture l’attestent; quant aux Chérubins et aux Séraphins, chacun sait que les livres des prophètes en parlent souvent. L’apôtre Paul énumère pour les Ephésiens les noms de quatre autres ordres lorsqu’il dit : « Au-dessus de toute Principauté, Puissance, Vertu et Domination » (Éphésiens 1, 21). *
Il dit encore, en écrivant aux Colossiens : « Aussi bien les Trônes que les Puissances, les Principautés ou les Dominations ». (Colossiens 1, 16). S’adressant aux Éphésiens, il avait déjà cité les Dominations, les Principautés et les Puissances; mais avant d’en parler aussi aux Colossiens, il met en tête les Trônes, dont il n’avait rien dit aux Ephésiens. Si donc on joint les Trônes aux quatre ordres que Paul cite aux Ephésiens - Principautés, Puissances, Vertus, Dominations - cinq ordres se trouvent ainsi mentionnés nommément; et si l’on y ajoute les Anges et les Archanges, les Chérubins et les Séraphins, on trouve sans nul doute qu’il existe neuf ordres d’anges.
Il faut savoir que le terme d’Ange désigne une fonction, et non une nature. Car si les esprits bienheureux de la patrie céleste sont toujours des esprits, ils ne peuvent pas toujours être appelés des Anges; ils ne sont Anges que lorsqu’ils annoncent quelque chose. C’est pourquoi le psalmiste affirme : « Des esprits, il fait ses Anges » (Psaume 103, 4). C’est comme s’il disait clairement : « Lui qui a toujours les esprits à sa disposition, il en fait ses Anges quand il le veut ». On appelle Anges ceux qui annoncent les choses de moindre importance, Archanges ceux qui annoncent les plus élevées. Voilà pourquoi ce ne fut pas un Ange, mais l’Archange Gabriel que Dieu envoya à la Vierge Marie (cf. Luc 1, 26).
En un tel ministère, en effet, il convenait que le plus grand des Anges vînt lui-même annoncer la plus grande des nouvelles. Certains de ces Anges reçoivent aussi des noms particuliers, pour exprimer par des mots l’étendue de leur action. C’est ainsi que Michel signifie « Qui est comme Dieu ? » Gabriel, « Force de Dieu »; Raphaël, « Médecine de Dieu ». Chaque fois qu’il est besoin d’une puissance extraordinaire, l’Écriture nous dit que c’est Michel qui est envoyé : son action et son nom font comprendre que nul ne peut se targuer d’accomplir ce qui est réservé au seul pouvoir de Dieu.
L’antique ennemi, dévoré de l’orgueilleux désir de s’égaler à Dieu, déclarait : « Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles du ciel, je m’assiérai sur la montagne de l’alliance aux côtés de l’Aquilon, je monterai sur le sommet des nues et je serai semblable au Très-Haut » (Isaïe 14, 13-14). Or l’Ecriture nous atteste qu’à la fin du monde, abandonné à sa propre force et condamné à périr dans le supplice final, il combattra contre l’Archange Michel : « Il se fit, dit Jean, un combat avec l’Archange Michel » (Apocalypse 12, 7). A Marie, c’est Gabriel qui est envoyé, lui dont le nom signifie « Force de Dieu ». Ne venait-il pas annoncer celui qui a daigné paraître dans l’humilité pour combattre les puissances de l’air ? Enfin, comme nous l’avons dit, Raphaël signifie « Médecine de Dieu ». En effet, cet Archange a dissipé les ténèbres qui rendaient Tobie aveugle, en touchant pour ainsi dire ses yeux par l’intermédiaire des soins qu’on lui a prodigués (cf. Tobie 11, 7-8
Apparition de Saint Michel à Rome sur le château Saint AngeA Rome, sur le faîte du château Saint-Ange, autrefois superbe mausolée que l'empereur Adrien avait voulu qu'on lui érigeât avec une magnificence extraordinaire, on voit une grandiose statue de saint Michel. Cette statue rappelle le souvenir d'une apparition de l'Archange et la cessation miraculeuse de la peste qui dévastait la ville de Rome.
Au mois de novembre 589, le Tibre, prodigieusement enflé à la suite de fortes pluies, inonda la ville, renversa les édifices, occasionna la famine et jeta dans la campagne de nombreux cadavres de serpents énormes qui infectèrent l'air. Ce fut la peste, une peste si horrible que personne ne voulait ensevelir les morts. Le pape Gélase en fut une des premières victimes.
Son successeur sur la chaire de saint Pierre,
saint Grégoire 1er, à si juste titre surnommé Grégoire-le-Grand, ne se contenta pas de prendre les moyens naturels, pour mettre fin à cette épouvantable calamité ; il implora la clémence de Dieu, et il engagea son peuple à se repentir de ses fautes et à faire pénitence.« Il faut, bien-aimés frères, disait-il, craindre au moins les fléaux de Dieu, quand nous les subissons, puisque nous n'avons pas su les prévenir. Vous voyez que tout le peuple est frappé du glaive de sa colère ; la mort n'attend pas la maladie et enlève le pécheur avant qu'il songe à faire pénitence. Considérez en quel état il paraît devant le Juge terrible ! Ce n'est pas une partie des habitants qui périt, tout tombe à la fois : les maisons demeurent vides et les pères voient mourir leurs enfants ! Rappelons donc le souvenir de nos fautes et expions-les par nos larmes. Que personne ne désespère pour l'énormité de ses crimes : les Ninivites effacèrent les leurs par une pénitence de trois jours, et le larron, à l'heure même de la mort.
Celui qui nous avertit de l'invoquer montre bien qu'il veut pardonner à ceux qui l'invoquent. »
Saint Grégoire ordonna des prières publiques et une procession solennelle, pendant trois jours consécutifs. Lui-même, tenant entre ses mains l'image miraculeuse de la Mère de Dieu, peinte par saint Luc, traversa nu-pieds, lentement et pieusement, toute la ville, de la basilique de Sainte-Marie-Majeure à celle de Saint-Pierre ; ceux qui le suivaient portaient aussi des vêtements de pénitence. Dans ce parcours, quatre-vingts personnes tombèrent foudroyées par le terrible fléau.Au retour de la dernière procession, comme
saint Grégoire allait passer le pont du Tibre qui relie la ville au quartier du Vatican, des chœurs angéliques chantèrent dans les airs ces paroles :
Regina coeli, laetare, alleluia ! quia quem meruisti portare, alleluia ! resurrexit sicut dixit, alleluia !
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Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde