SAINTS DU 5 AOÛTDédicace de Ste Marie aux NeigesLa basilique papale Sainte Marie MajeureSermon pour la fête de la Dédicace du Saint Curé D'Ars
Et intravit Jesus in templum Dei, et ejiciebat omnes vendentes et ementes in templo.
Jésus entra dans le temple, il en chassa tous ceux qui vendaient et achetaient.
(S. Matth., XXI, !2.)A quoi, M.F., pouvons-nous attribuer cet air de zèle et d'indignation, que Jésus-Christ laisse éclater aujourd'hui sur son visage ? Nous le voyons ailleurs s'établir juge de la femme adultère, mais seulement pour avoir la douce consolation de ne là pas condamner[1] ; nous le voyons pardonner avec bonté tous les scandales et les désordres les plus affreux d'une pécheresse[2] ; il nous montre sa miséricorde envers tous les pécheurs repentants, dans la parabole de l'enfant prodigue[3].
A peine aperçoit-il Jérusalem, cette ville ingrate, qu'il est touché de compassion, et ses yeux adorables laissent couler des larmes amères. « Ah ! ville criminelle qui as tué les prophètes que mon père avait envoyés pour t'annoncer la grandeur de ses bienfaits ! Tu vas mettre le comble à la barbarie, en faisant mourir ton Dieu et ton Sauveur !
Ah ! si tu voulais au moins, en ce jour qui t'est donné, recevoir la grâce que je te présente ! Mais non, c'est en vain que je te presse[4] ! » Vous le voyez, M.F., ce n'est partout que bonté et amour. Qui peut donc aujourd'hui, dites-moi, lui ravir cette clémence, et armer ses mains bienfaisantes des verges de la justice ?
Ah ! c'est que l'on profane la maison de son Père, c'est qu'on en fait une caverne de voleurs, une maison de trafic ! Cette profanation est pour lui un glaive qui perce vivement son tendre cœur. L'amour pour son Père et le zèle de sa gloire ne peuvent plus se contenir ; à peine est-il entré dans la ville de Jérusalem, qu'il se rend aussitôt dans le temple pour reprocher aux Juifs l'horrible profanation qu'ils font du lieu destiné à la prière.
II ne leur donne pas même le temps de fuir ; il prend lui-même les tables, les marchandises, et renverse tout par terre. Ah ! M.F., faut-il qu'elles soient affreuses les irrévérences commises dans les églises, dont le temple de Salomon n'était pourtant que la figure !
Avec quel respect, avec quel recueillement et quelle dévotion ne devrions-nous pas venir dans nos églises ? Afin de mieux vous le faire comprendre, je vais vous montrer quelles sont les pensées qui doivent nous occuper 1° en venant à l'église, 2° pendant que nous y sommes, et 3° lorsque nous en sortons.
I.- Qui pourra jamais comprendre notre aveuglement, si nous considérons, d'un côté, les grâces que le bon Dieu nous prépare dans son saint temple, le besoin que nous en avons, le désir ardent qu'il nous montre de nous les vouloir donner ; de l'autre, notre ingratitude et notre peu d'empressement pour correspondre à ses bienfaits ?
Lorsque notre devoir nous appelle dans un lieu si saint, ne dirait-on pas que nous ressemblons à des criminels conduits devant leurs juges pour être condamnés au dernier des supplices, plutôt qu'à des chrétiens que l'amour seul devrait conduire à Dieu ! Oh ! que nous sommes aveugles, M.F., d'avoir si peu à cœur les biens du ciel, tandis que nous sommes si portés pour les choses du monde !
En effet, quand il s'agit d'affaires temporelles, ou même de plaisirs, l'on en sera tout préoccupé, l'on y pensera d'avance, l'on y réfléchira ; mais, hélas ! quand il s'agit du service de notre Dieu et du salut de notre pauvre âme, ce n'est qu'une espèce de routine et une indifférence inconcevable. Veut-on parler à un grand du monde, lui demander quelque grâce ?
L'on s'en occupe longtemps d'avance ; l'on va consulter les personnes que l'on croit plus instruites, pour savoir la manière dont il faut se présenter ; l'on paraît devant lui avec cet air de modestie et de respect, qu'inspire ordinairement la présence d'un tel personnage.
Mais quand on vient dans la maison du bon Dieu, ah ! ce n'est plus cela. Personne ne pense à ce qu'il va faire, à ce qu'il va demander à Dieu. Dites-moi, M.F., quel est celui qui, en allant à l'église, se dit à lui-même : Où vais-je ? est-ce dans la maison d'un homme, ou dans le palais d'un roi !
Oh ! non, c'est dans la maison de mon Dieu, dans la demeure de celui qui m'aime plus que lui-même, puisqu'il est mort pour moi ; qui a ses yeux miséricordieux ouverts sur mes actions, ses oreilles attentives à mes prières, toujours prêt à m'exaucer et à me pardonner.
Pénétrés de ces belles pensées, que ne disons-nous comme le saint roi David « O mon âme, réjouis-toi, tu vas aller dans la maison du Seigneur[5] », lui rendre tes hommages, lui exposer tes besoin, écouter ses divines paroles, lui demander ses grâces ; oh ! que j'ai de choses à lui dire, que de grâces j'ai à lui demander, que de remerciements j'ai à lui faire !
Je lui parlerai de toutes mes peines, et je suis sûr qu'il me consolera ; je lui ferai l'aveu de mes fautes, et il va me pardonner ; je vais lui parler de ma famille, et il la bénira par toutes sortes de bienfaits. Oui, mon Dieu, je vous adorerai dans votre saint temple, et j'en reviendrai plein de toutes sortes de bénédictions.
SuiteSource : Livres-mystiques.com