Les peines du Purgatoire de Saint Robert Bellarmin :
Les Âmes qui brûlent dans le Purgatoire, sont un objet digne de pitié, et l'on peut dire que la considération de leurs peines est pour ceux qui vivent encore, une vraie source de larmes. Quatre choses montrent la grandeur de ces peines, et l’obligation où nous sommes de compatir et d’apporter tout le soulagement qu’il se peut aux maux de nos frères.
La première est que les peines du Purgatoire surpassent de beaucoup toutes les nôtres. La seconde, que pour L'ordinaire elles durent plus longtemps. La troisième, que les Âmes qui endurent de si rudes peines, sont hors d’état de se soulager elles-mêmes. La quatrième, que ces peines sont en très-grand nombre.
D’où il est aisé de conclure qu’elles méritent une extrême compassion, et que c’est une folie d’aimer mieux brûler en l’autre monde, que de se priver en celui-ci de quelque satisfaction légère.
Premièrement donc il faut tenir pour certain qu’il n’y a point de proportion des souffrances de cette vie avec celles du Purgatoire.
Saint Augustin, sur le Psaume 31, le déclare nettement : Seigneur, dit-il, ne me reprenez pas dans votre fureur, et ne me rejetez pas avec ceux à qui vous direz : Allez au feu éternel.
Ne me châtiez pas non plus dans votre colère; mais purifiez-moi tellement en cette vie, que je n’aie pas besoin d’être purifié en l'autre par le feu qui a été allumé pour ceux qui seront sauvés, mais en passant auparavant par le feu. Et plus bas : Parce qu’on dit qu’ils seront sauvés, on ne craint guères ce feu.
Ils seront sauvés à la vérité, après l’épreuve du feu : mais ce tourment sera plus insupportable que tout ce qu’on peut souffrir de plus douloureux en ce monde.
Vous savez quels cruels supplices ont souffert et peuvent souffrir les méchants : mais qu’ont-ils souffert de plus que les Saints ? Quel criminel, quel voleur, quel adultère, quel sacrilège a jamais été condamné par la Justice à de plus horribles peines, que celles auxquelles les Tyrans ont condamné les Martyrs pour le nom de Jésus-Christ?
Sachez néanmoins que tous ces tourments sont plus supportables de beaucoup que ceux par lesquels il faut passer en l’autre vie, pour être sauvé. Et cependant il n’est point de commandement si rude, que l’on n’accomplisse pour les éviter. A combien plus forte raison doit-on obéir à Dieu, de peur d’encourir ces autres peines, infiniment plus rigoureuses ?(...)
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde