Johnny Hallyday (ses obsèques, suite) - Le salut éternel.
Published on December 20 2017 by Abbé C. Laffargue
"Le Figaro" du 16-17 décembre 2017, publie en dernière page (18), un entretien avec Mgr de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris, qui a présidé les obsèques. Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef adjoint chargé de l'information religieuse, assure l'entretien.
Remarquons (avec agacement pour ma part) qu'il le nomme "père" avec un "p" minuscule, dans le sous-titre et l'introduction. Le journal assurant le titre principal, nomme, comme il se doit, l’abbé de Sinety, prêtre du diocèse de Paris (séculier donc et non "Père", s'il avait été religieux), "Monseigneur", titree donné aux Vicaires généraux tant qu'ils sont en fonction. Venant du quotidien "La Croix", on ne s'étonnera pas que le journaliste ait gardé les façons égalitaires et toujours subsistantes en certains milieux des années soixante-dix, d'appeler tout prêtre "père", sans le possessif exprimant le respect et l'autorité: "Mon Père" (On a ainsi: le "père curé", le père évêque").
On trouve dans l'entretien des passages intéressants que je vous livre: "Tout baptisé a droit à des obsèques chrétiennes. Aucun privilège n'a été accordé à Johnny Hallyday. La foi du défunt entre en ligne de compte entre en ligne de compte dans la préparation de la célébration, mais il n'y a pas à donner d'autorisation en fonction de la foi (ce qui veut dire, en clair, qu'on ne juge pas de la foi du baptisé défunt pour lui accorder des obsèques religieuses. Sauf s'il s'y est clairement opposé ou que la famille s'y oppose; ou encore si le Droit de l'Eglise l'en prive. Cf note. Ndlr). Bien-sûr, la vie de Johnny Hallyday n'était pas sans faille, comme toute vie humaine. Ses failles ont été surexposées parce que c'est un homme public mais chacun y retrouvait ses propres failles avec ses rêves de gloire et ses angoisses de chute. Mais l'Eglise sait aussi que le dernier regard posé sur cette vie est celui de Dieu. Un Dieu de miséricorde."
Plus loin, Mgr de Sinety dit ceci: (...) "Mais n'oublions pas cette phrase du (saint. Ndlr) curé d'Ars: entre la margelle du puits où la personne s'est précipitée et le fracas de la mort, il y a toujours une place pour le repentir. Qui suis-je pour juger ?". La citation exacte de saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, est "entre le parapet du pont et l'eau, il a eu le temps de se repentir et est en purgatoire". C'est ce qu'avait répondu le saint à sa veuve éplorée.
C'est une révélation privée qui est citée à tout bout de champ par tous ceux qui croient que tous sont sauvés: "le salut universel". Dans le Bulletin du 10 septembre 2017, j'ai cité deux extraits du livre de Mgr Christophe Kruijen, publié par "Parole et silence" (2017): sa thèse de doctorat qui a reçu le prix H. de Lubac en 2010. Tous ne se repentent pas "entre le pont et l'eau". Certains refusent jusqu'au bout la miséricorde de Dieu qu'ils ont méprisée et offensée pendant toute leur vie. C'est un choix libre. On ne peut imposer à quiconque "d'aller au Ciel" s'il n'en a aucune envie. D'autre part, on n'a pas toujours le temps, ni même quelques secondes, pour faire un acte de repentir (Cf "la mort subite").
Quand Antoine-Marie Izoard, directeur de la Rédaction de Famille chrétienne – dont je suis un fidèle abonné depuis 1989 – écrit dans l'éditorial du numéro du 16 au 22 décembre 2017 (Dieu aime les Jean) à propos de la mort des deux "Jean": En l'espace de 24 heures, deux monstres sacrés, Jean d'Ormesson et Johnny Halliday, ont pris le chemin du Ciel, il va dans ce sens et tous les lecteurs avec lui. On ne peut pas dire cela. Je le lui ai dit. "Le chemin de l'Eternité", oui, mais c'est une Eternité bienheureuse ou une Eternité malheureuse (Cf le Jugement dernier en Matthieu 25, 31-45). Nous venons de méditer, ces derniers dimanches, les paraboles des vierges sages et des vierges folles, des talents... (Mt 25).
Car laisser croire que, finalement, tous sont sauvés (sans citer, d'ailleurs, le Purgatoire), c'est trahir gravement les paroles du Christ dans les Evangiles, tous les textes de la sainte Ecriture, du magistère de l'Eglise, de la vie et des écrits des saints, etc. ! Souvent, les prêtres, dans leurs sermons ou homélies, écartent soigneusement les paroles qui évoquent le salut des âmes et se gardent bien de mettre en garde leurs fidèles sur les dangers qu'ils courent pour leur salut éternel. Dans les faire-part de décès, les panégyriques des défunts, on entend: "Il/Elle a rejoint la maison du Père". Qu'en savez-vous ?
Ce qu'on ne peut pas dire, juger, c'est qui est sauvé et qui est damné, qui se sauve librement et qui se damne librement. Et leur nombre. Mais on connaît dans l'histoire ou on connaît personnellement des êtres humains (?) qui ont tellement péché et tué, les âmes et les corps, qui étaient tellement pervertis, voués à Satan, qu'ils se sont mis de leur vivant hors de la portée du regard même de Dieu (Jésus n'accordera même pas un regard au roi juif Hérode Antipas: Lc 23, 9). C'est le péché contre l'Esprit qui ne sera pardonné "ni en ce monde ni dans l'autre" (Mt 12, 32; Mc 3, 29; Lc 12, 10).
On pense aussi aux terribles péchés personnels d'avortement, de pédophilie; aux péchés de masse comme les génocides, ordonnés par des responsables précis et exécutés par des exécutants complices. Etc. Un vrai repentir et la réparation sont vraiment indispensables. Le catéchisme (C.E.C.) est très clair sur le péché mortel (n°1861).
J'espère de tout mon cœur que Johnny est sauvé, car il était un homme bon, qui n'avait pas renié sa foi. Grâce à sa profession de foi ("Je suis catholique et je mourrai catholique"), à son dernier regard vers le Ciel, à sa dernière épouse qui avait aussi la foi, il a eu des obsèques religieuses nationales et les présidents de la République et du Sénat, les deux anciens présidents, le Premier ministre, des ministres, les gens célèbres des lettres et du spectacle dans une église, un million peut-être d'un peuple recueilli et respectueux dans la rue en plein hiver et 15 millions de téléspectateurs ont suivi de bout en bout les obsèques catholiques en l'église de la Madeleine à Paris. Il a été, en cela, un témoignage capable de faire réfléchir bien des indifférents ou des impies. Et cela lui a été compté lorsqu'il a paru devant Dieu...
Ab. L.
N.B.: Dans la rédaction de l'article, J.-M. Guénois écrit ou a laissé écrire "l'Eglise" avec un "e" minuscule. Or, on entend par "l'Eglise" "l'Eglise catholique", et par "l'église", le bâtiment, en l'occurrence ici l'église de la Madeleine à Paris.
- Note sur "Les personnes auxquelles doivent être refusées les funérailles ecclésiastiques"
(Code de Droit Canon, can. 1184).
§1. Doivent être privés des funérailles ecclésiastiques, à moins qu'ils n'aient donné quelque signe de pénitence avant leur mort: 1° les apostats, hérétiques et schismatiques notoires;
Les apostats sont les baptisés qui ont complètement renié leur foi. Les hérétiques sont ceux qui s'obstinent à nier un dogme de foi ou à en douter volontairement; les schismatiques sont ceux qui ne reconnaissent pas l'autorité du Pontife romain (du Pape) ou qui se refusent à vivre en communion avec les membres de l'Eglise qui lui sont soumis. (Cf Catéchisme du Cardinal Gasparri, n°159)
2° les personnes qui auraient choisi l'incinération de leur propre corps pour des raisons contraires à la foi chrétienne;
3° les autres pécheurs manifestes, auxquels les funérailles ecclésiastiques ne peuvent être accordées sans scandale public des fidèles.
§2: Si un doute surgit, c'est l'Ordinaire du lieu – l'évêque, en général – qui tranche.
Ab. L.
Source : http://abbe.laffargue.over-blog.com/2017/12/johnny-hallyday-ses-obseques-suite-le-salut-eternel.html
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde