La Miséricorde est une vertu "selon la raison"Saint Thomas parle de la Miséricorde sous son aspect plus proprement moral dans la Secunda Pars et, en faisant recours à l’étymologie, il nous explique ce qu’elle est et comment il faut la définir. On parle de Miséricorde lorsque quelqu’un, en regardant la misère de l’autre, a un “cœur miséreuxˮ ou mieux un cœur “compatissantˮ.
C'est-à-dire que le cœur de celui qui a la Miséricorde s’identifie avec celui qui est dans la misère et - à son tour - s’afflige de la misère. C’est le fait de s’attrister avec qui est triste, de s’identifier en partie avec qui est dans le malheur et avec son désir de bien.
Ce mouvement de l’âme dans une certaine mesure est quelque chose d’inné dans notre nature, c'est-à-dire que Dieu dans Sa Sagesse infinie a créé l’homme doué de passions, lesquelles en soi concourent à nous conduire au fin ultime.
Par exemple, face à une injustice évidente on peut avoir un mouvement de colère, qui peut être sainte et juste et peut stimuler à l’action pour protéger la vérité ou celui qui est injustement attaqué. La perfection de la création a prévu en effet que pour un animal spirituel et social comme l’homme il y eût des “réactionsˮ qui ont en soi le but de stimuler la créature sensible vers son bien propre et vers celui des autres ; cependant - principalement suite au péché originel - les passions doivent toujours être dirigées par la raison pour qu’elles ne deviennent pas une cause de péché à cause de leur dérèglement.
Le même discours vaut pour la Miséricorde, elle nait presque de nos entrailles face à la “misèreˮ ou à la douleur d’autrui. Vue ainsi la Miséricorde est un mouvement de l’âme que Saint Thomas appelle “mouvement de l’appétit sensitifˮ.
Le saint théologien ajoute : “en ce cas la Miséricorde est une passion et non pas une vertuˮ. C'est-à-dire que notre nature sensible fait en sorte qu’une “réaction immédiateˮ se déclenche face à la misérable situation d’autrui, et à cela est connexe une poussée intérieure dans notre âme pour soulager le miséreux d’un tel malheur. (...)
Source : Clercs Saint Grégoire le Grand dans Disputaciones TheologicaeQue Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde