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| Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance | |
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| Sujet: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 13:47 | |
| Saint François dit un jour à ses compagnons : " Entre autres grâces, le Très-Haut m'a accordé celle d'obéir volontiers à un novice d'un jour, s'il était mon gardien, qu'au premier et au plus ancien religieux de l'Ordre. L'inférieur doit voir dans son supérieur non pas l'homme, mais Dieu, pour l'amour auquel il se soumet." Il disait encore : " Il n'y a pas de supérieur, dans le monde entier, qui serait craint de ses sujets et de ses frères autant que moi, si Dieu le voulait. Mais le Très-Haut m'a fait la grâce de m'accommoder de tous comme le plus petit frère dans l'Ordre. " + + + + +
« LE SERVICE DES AUTRES » « DANS L'ÉVANGILE ET CHEZ SAINT FRANCOIS » L'inspiration vient de l'Évangile, mais elle resterait vaine si elle ne prenait corps dans l'existence personnelle et collective des disciples. François ne renoncera jamais à redonner vigueur au ferment évangélique. C'est ainsi qu'il conçoit sa mission. Au centre de la vie chrétienne, comme chemin qui conduit à la plénitude de vie et au témoignage qui en découle, il y a le service des autres. Ainsi s'exprime notre capacité à manifester par nos actes l'amour actif que le Seigneur porte à chacun. C'est ainsi que les frères sont invités à s'obéir les uns aux autres et à se servir mutuellement (1 Reg 5, 13-15). Réciprocité vitale qui conduit à l'obéissance véritable dont l’exemple reste le Christ qui, par amour, donne sa vie afin d'instituer la vraie communion entre les hommes (Adm 3). Personne ne se trouvera piégé au nom de l'obéissance, parce que ceux à qui elle est confiée se souviendront que le Christ n'est pas venu pour être servi mais pour servir (Adm 4 et 1 Reg 4, 6), et ils se comporteront comme des petits pleins de miséricorde à l'égard des autres (Test 42-46), et cela se lira dans leurs yeux (Lm 9). Aussi trouveront-ils normal que les autres se comportent envers eux comme des maîtres avec leur serviteur (1 Reg 10,5-6) et ils s'empresseront de leur laver les pieds (1 Reg 6, 4), car en régime d'Évangile personne ne peut exercer sur autrui un pouvoir de domination (1 Reg 5, 9-12).
On comprendra facilement qu'il s'agit de ne pas brader l'appel à aimer en actes, qui est au centre de la révélation évangélique.
Au sein d’une fraternité franciscaine locale, chaque membre est co-responsable de ses frères, mais notre rattachement à la famille franciscaine par le 3ème ordre, à savoir l’Ordre Franciscain Séculier, qui regroupe toutes les fraternités répandues dans le monde, nous oblige à respecter des règles d’organisation et de fonctionnement selon les constitutions générales et les statuts de la Fraternité franciscaine séculière. Toutes ces règles peuvent paraître bien compliquées comparées à un projet de vie dans le dépouillement et une recherche spirituelle dans la simplicité évangélique à l’exemple de saint François, mais il semble que cela soit nécessaire pour que le monde tourne rond. C’est donc dans la simplicité, la bonne humeur et la confiance en la providence que nous allons tenter de nous mettre en conformité avec les statuts de l’OFS, auxquels nous sommes affiliés.
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« POUVOIR, CHARGE & RESPONSABILITÉ »
Voici trois mots qui roulent, s'enroulent et se déroulent au gré de nos réflexions et de nos questionnements. Des responsabilités nous sont proposées et nous les acceptons plus ou moins spontanément. Des services nous sont demandés et nous les rendons avec plus ou moins de cœur. Comment les assurons-nous ? Est-ce que cela va de soi ? Est-ce qu'il suffit d'être généreux ? Quel discernement, quel jugement pouvons-nous porter sur nos paroles et sur notre agir ? Comment exercer notre vigilance pour repérer et éviter les pièges de la suffisance, de l'autoritarisme, du pouvoir malsain ?
Seul "dans le secret de notre chambre" et avec d'autres, il est bon, voire indispensable, de clarifier les "pourquoi" et les "comment" de nos réactions. À l'encontre de toute prise de responsabilité, il y a parfois et d'emblée une méfiance, toute pleine de cette soi-disant humilité qui devrait caractériser le bon chrétien et de surcroît le bon franciscain. Vérifions, vérifions ! L'autorité n'est pas toujours un vilain défaut mais faut-il encore bien préciser comment vivre cette responsabilité à nous confiée en la mettant "au service" des frères.
Quelle est donc cette autorité de Jésus, et quelle doit être la nôtre ?
Ensemble, nous nous mettrons en route pour oser les "passages" qui libèrent en faisant confiance à Celui qui est le Chemin. Il nous conduira de porte en porte vers un nouvel avenir de justice, de pardon et de paix.
À la suite de son Seigneur qui affirme sur toutes les routes de Palestine qu'il est venu pour servir et non pour être servi, et recommande « que le plus grand soit comme le plus petit » (Mc 10,42-44), François est très clair avec nous : « Il n'y aura parmi les frères ni prieurs, ni supérieurs, mais des serviteurs et des gardiens qui prendront soin les uns des autres ».
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Dernière édition par Hercule Navarrau-Arsa le Sam 20 Mai - 14:43, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 13:58 | |
| « VITA SECUNDA 151-152 - L'obéissance - CHAPITRE 111-112 » « Comment pour rester toujours dans l'obéissance, il s'assura un gardien. » 151. François, semblable au marchand avisé dont parle l’Évangile, voulant gagner toujours davantage et rendre productif chacun de ses instants, voulut qu’on lui imposât les rênes de l’obéissance et choisit de se soumettre à l’autorité d’autrui : non seulement il renonça au généralat, mais afin de pratiquer une obéissance plus méritoire, il demanda un gardien qu’il tenait à vénérer en tout point comme son supérieur. Il adressa cette demande à frère Pierre de Catane auquel il avait déjà promis obéissance : « Je t’en prie pour l’amour de Dieu, désigne l’un de mes compagnons pour tenir ta place auprès de moi ; je lui obéirai, comme à toi, de tout coeur. Je connais les avantages de l’obéissance : une fois notre nuque engagée sous son joug, aucune minute ne passe sans apporter quelque enrichissement. » On lui accorda ce qu’il désirait ; partout et jusqu’à sa mort, il demeura soumis, obéissant toujours avec respect à son gardien. Il déclara un jour à ses compagnons : « Parmi tous les bienfaits qu’a daigné m’accorder la bonté de Dieu, j’ai obtenu la grâce d’être prêt à obéir avec autant d’empressement à un novice d’une heure qu’on me donnerait pour gardien, qu’au frère le plus ancien et le plus expérimenté. Un sujet ne doit pas considérer l’homme dans son supérieur, mais Celui pour l’amour duquel il a choisi d’obéir. Moins le supérieur est digne, plus est agréable à Dieu l’humilité de celui qui obéit. » + + + + + « Portrait du religieux vraiment obéissant. Trois forme d'obéissance. » 152. Assis un jour parmi ses compagnons, le bienheureux François leur dit en soupirant : « C’est à peine s’il y a un seul religieux dans le monde entier qui obéisse parfaitement à son supérieur. » Piqués au vif, les frères dirent : « Indique-nous donc, Père, quelle est la suprême et parfaite obéissance. » Il leur proposa en parabole l’exemple du cadavre : « Prenez, leur dit-il, un corps que l’âme a quitté et placez-le n’importe où ; vous verrez qu’il ne mettra aucune mauvaise grâce à se laisser manœuvrer, ne se plaindra pas de la posture où on le laisse, ne réclamera pas son changement. Installé dans une chaire, ce n’est pas en haut qu’il regardera, mais en bas ; revêtu de pourpre, il n’en paraîtra que deux fois plus pâle. Voilà le parfait obéissant qui ne s’institue pas juge des raisons d’un transfert, n’intrigue pas pour se voir désigner telle résidence, n’est pas toujours à demander son changement ; s’il reçoit une charge, il conserve son humilité : plus il est comblé d’honneurs plus il se juge indigne. » Abordant un jour le même sujet, il distinguait les permissions, accordées sur demande de l’intéressé, et d’autre part les obédiences imposées sans avoir été demandées : « Dans les deux cas, disait-il, c’est de la bonne obéissance, mais plus sûrement dans le second. ». Il y avait enfin, à son avis, une obéissance suprême où la chair et le sang n’interviennent en rien mais seulement l’inspiration de Dieu : c’était le départ chez les infidèles avec le désir, soit de sauver leurs âmes soit d’y rencontrer le martyre. Demander cette obédience-là était, selon lui, faire un acte très agréable à Dieu. + + + + + |
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| Sujet: Re: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 14:59 | |
| « L'AUTORITÉ ET L'OBÉISSANCE DANS LA BIBLE » Sagesse 6, 17-22 : Car son commencement, c'est le désir très vrai de l'instruction, le souci de l'instruction, c'est l'amour, l'amour, c'est l'observation de ses lois, l'attention aux lois, c'est la garantie de l'incorruptibilité, et l'incorruptibilité fait qu'on est près de Dieu ; ainsi le désir de la Sagesse conduit à la royauté. Si donc trônes et sceptres vous plaisent, souverains des peuples, honorez la Sagesse, afin de régner à jamais. Ecclésiastique 2, 15 ; 3, 2 : Ceux qui craignent le Seigneur ne transgressent pas ses paroles, ceux qui l'aiment observent ses voies. Ceux qui craignent le Seigneur cherchent à lui plaire, ceux qui l'aiment se rassasient de la loi. Ceux qui craignent le Seigneur ont un coeur toujours prêt et savent s'humilier devant lui. Jetons-nous dans les bras du Seigneur, et non dans ceux des hommes, car telle est sa majesté, telle aussi sa miséricorde. Enfants, écoutez-moi, je suis votre père, faites ce que je vous dis, afin d'être sauvés. Car le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il fortifie le droit de la mère sur ses fils. Romains 13, 1-7 : Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner. En effet, les magistrats ne sont pas à craindre quand on fait le bien, mais quand on fait le mal. Veux-tu n'avoir pas à craindre l'autorité ? Fais le bien et tu en recevras des éloges ; car elle est un instrument de Dieu pour te conduire au bien. Mais crains, si tu fais le mal ; car ce n'est pas pour rien qu'elle porte le glaive : elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier qui fait le mal. Aussi doit-on se soumettre non seulement par crainte du châtiment, mais par motif de conscience. N'est-ce pas pour cela même que vous payez les impôts ? Car il s'agit de fonctionnaires qui s'appliquent de par Dieu à cet office. Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l'impôt, l'impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l'honneur, l'honneur. I Pierre 2, 13-21 : Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute institution humaine : soit au roi, comme souverain, soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui pour punir ceux qui font le mal et féliciter ceux qui font le bien. Car c'est la volonté de Dieu qu'en faisant le bien vous fermiez la bouche à l'ignorance des insensés. Agissez en hommes libres, non pas en hommes qui font de la liberté un voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu. Honorez tout le monde, aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi. Vous les domestiques, soyez soumis à vos maîtres, avec une profonde crainte, non seulement aux bons et aux bienveillants, mais aussi aux difficiles. Car c'est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l'on souffre injustement. Quelle gloire, en effet, à supporter les coups si vous avez commis une faute ? Mais si, faisant le bien, vous supportez la souffrance, c'est une grâce auprès de Dieu. Or, c'est à cela que vous avez été appelés, car le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces. + + + + + « Prière de Saint François à la Sainte Croix » Le miracle du Christ sur la croix de Saint Damien qui parla à François, l'a ainsi influencé tout au long de sa vie. La croix l'a si fortement marqué, qu'ensuite il en est venu à la vénérer de manière spéciale, par cette prière, car elle se trouve dans la partie la plus personnelle des écrits du saint, dans son Testament : " Et le Seigneur me donna une telle foi dans les églises que je priais ainsi simplement et disais : " Nous t'adorons ô Seigneur Jésus-Christ, ici et dans toutes les églises qui sont par toute la terre, et nous te bénissons, parce que tu as racheté́ le monde par ta sainte croix ". "(Test. 4-5). + + + + + |
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| Sujet: Re: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 15:02 | |
| - « LÉGENDE DES TROIS COMPAGNONS 57 - L'obéissance - CHAPITRE 14 » - - « L'Obéissance au Chapitre de la Portioncule. » - 57. Lorsqu’il eut acquis Sainte-Marie de la Portioncule de l’abbé de Saint-Benoît, François décida qu’on y tiendrait le chapitre deux fois dans l’année : à la Pentecôte et à la Dédicace de la Saint-Michel. A la Pentecôte, tous les frères se réunissaient à Sainte-Marie ; ils débattaient des moyens de mieux observer la règle ; ils nommaient dans les diverses provinces des frères qui prêcheraient au peuple et qui établiraient les autres frères dans leurs provinces. François faisait des admonitions, des critiques, et donnait des ordres, suivant ce qu’il jugeait bon au regard du Seigneur. Tout ce qu’il leur disait en paroles, il le leur montrait en actes avec soin et d’une manière affectueuse. Il témoignait du respect aux prélats et aux prêtres de la sainte Eglise, de l’honneur aux vieillards, aux nobles et aux riches, mais surtout un amour profond aux pauvres dont il partageait de tout cœur les souffrances ; enfin, il se montrait le serviteur de tous. Bien qu’il ait été au-dessus de tous les frères, il en désignait un, parmi ceux qui demeuraient avec lui, pour être son gardien et son maître : il lui obéissait humblement et dévotement pour éloigner de lui toute occasion d’orgueil. Il s’abaissait jusqu’à terre au milieu des hommes pour mériter, un jour, d’être exalté au milieu des saints et des élus en présence de Dieu. Avec soin, il avertissait les frères d’observer fidèlement le saint Évangile et la règle qu’ils avaient promise et, spécialement, d’être respectueux et zélés pour les offices divins et les lois de l’Eglise ; et pour cela, entendre pieusement la messe et adorer plus pieusement encore le Corps du Seigneur. Quant aux prêtres qui administrent des grands et vénérables sacrements, il voulut qu’ils soient singulièrement honorés par les frères : partout où on les rencontrait, on les saluait et on baisait leurs mains ; et si on les rencontrait à cheval, il voulait non seulement qu’on leur baise les mains, mais aussi les pieds de leurs chevaux, par respect pour leur pouvoir. * * * * * * * * - « VITA SECUNDA 202 - L'obéissance - CHAPITRE 153 » - - « Sa dévotion aux reliques des saints. » - 202. Très attentif à tout ce qui concernait le culte de Dieu, il n’aurait pas voulu négliger ou laisser sans honneur quelque objet s’y rapportant. Il était un jour à Monte Casale (province de Massa) ; il ordonna aux frères de ramener au couvent avec beaucoup de respect des reliques découvertes près de là dans une église abandonnée de tous ; il était peiné qu’elles eussent été si longtemps privées de la vénération qui leur était due. Puis, appelé ailleurs, il les quitta. Mais les fils oublièrent l’ordre de leur père et ne tinrent nul compte du mérite de l’obéissance. Or, préparant un jour l’autel pour la messe, ils soulevèrent les nappes et découvrirent des ossements en parfait état et répandant une suave odeur. Ils restèrent stupéfaits à la vue de ce miracle inédit. De retour à quelque temps de là, le Père leur demanda si l’on avait exécuté ses ordres concernant les reliques. Les frères s’accusèrent humblement d’avoir négligé d’obéir, obtinrent leur pardon moyennant pénitence, et le saint leur dit : « Béni soit le Seigneur mon Dieu qui a lui-même accompli ce que vous auriez dû faire ! » Méditez attentivement la piété de Saint François, admirez la divine sollicitude pour la poussière que nous sommes et chantez les louanges de la sainte obéissance : les hommes n’ayant pas accompli les ordres de François, Dieu obéit lui-même à sa prière. + + + + + |
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| Sujet: Re: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 15:09 | |
| « VITA SECUNDA 153-154 - L'obéissance - CHAPITRE 113-114 » « Il ne faut pas, sans raison grave, commander "au nom de l'obéissance". » 153. « On ne doit que rarement, pensait-il, commander "au nom de l’obéissance" ; il ne faut pas lancer de prime abord les armes qu’on ne doit utiliser qu’en dernier lieu : pourquoi mettre si vite la main à l’épée ? Par contre, de la part du sujet, ne pas mettre de rapidité à l’exécution est un manque de respect à la fois envers Dieu et envers le supérieur. » Ces deux conseils sont bien judicieux : qu’est-ce que l’autorité chez un supérieur impulsif, sinon une épée aux mains d’un fou ? et, d’autre part, sur qui peut-on moins compter que sur un religieux qui méprise les ordres donnés ? + + + + + « Comment il fit jeter au feu le capuce d'un frère venu par dévotion mais sans permission. » 154. Un frère était venu seul et sans obédience le visiter : le saint ordonna de lui enlever et de jeter au feu son capuce. A voir le visage irrité du Père, nul n’aurait osé prendre l’initiative d’arracher aux flammes le vêtements, mais le saint en donna l’ordre ; on retira le capuce : il ne portait nulle trace de brûlure.Telle était la puissance des mérites du saint, mais les mérites du frère y avaient peut-être aussi contribué, car enfin c’était la dévotion qui l’avait poussé à venir voir le Père ; ce qui lui avait manqué, c’était le discernement, seul cocher capable de conduire l’attelage des vertus. + + + + + |
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| Sujet: Re: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 15:13 | |
| « VITA SECUNDA 184-186 - Des ministres - CHAPITRE 139 » « Comment le Ministre Général doit se comporter envers ses compagnons1. » 184. Quand le bienheureux fut proche de sa fin, un frère qui avait toujours été attentif aux mystères de Dieu et tendrement soucieux du bien de l’Ordre, lui demanda : « Père, tu vas bientôt mourir, et la famille qui t’a suivi va rester sans appui dans cette vallée de larmes. Désigne-nous donc, si tu le connais, celui sur qui ton esprit se reposera, un homme à qui l’on puisse imposer en toute sécurité la charge de Ministre général. » Saint François répondit, ponctuant chaque mot d’un soupir : « Je ne vois aucun chef pour une si nombreuse armée, aucun berger pour un troupeau si dispersé. Mais je veux vous faire le portrait, vous donner, comme on dit, le signalement auquel devra correspondre le père de cette famille. 185. « Ce doit être un homme de vie très digne, de grand discernement, de réputation sans tache. Un homme qui ne s’encombre pas d’affections particulières, de peur que ses préférences pour l’un ou l’autre ne deviennent occasion de scandale pour tous. Un partisan de la prière qui saura distribuer son temps entre l’oraison et le soin du troupeau qui lui est confié. Il commencera toujours par assister à la messe de bon matin et, prolongeant sa prière, se mettra, lui et son troupeau, sous la protection de Dieu. Après l’oraison, il se rendra au milieu de ses frères pour être « plumé » par tous, répondant à chacun et pourvoyant avec douceur aux besoins de chacun. « Un homme qui n’aura pas aménagé dans son âme la sordide compartimentation de la partialité ; il ne s’occupera pas moins des petits et des simples que des savants et des grands. Un homme qui cultivera la vertu et la simplicité avec d’autant plus de soin qu’il se distinguera davantage par sa science. Un homme qui déteste l’argent, le plus redoutable corrupteur de notre vie religieuse ; chef de l’Ordre des pauvres, et chargé de montrer l’exemple, il s’interdira toujours l’usage – qui chez nous est un abus – de réserves d’argent. « Il n’aura pour son usage que son habit et son registre, et, pour ses relations avec les frères, une écritoire et un sceau. Qu’il ne soit ni collectionneur de livres ni même trop féru de lecture, de peur que l’étude ne finisse par accaparer ce qu’il doit consacrer aux devoirs de sa charge. Un homme qui console les affligés, qui sache pacifier les âmes tourmentées, car le désespoir envahirait les malades qui n’auraient pas en lui trouvé de soulagement. Qu’il sache s’abaisser pour ramener à la douceur les obstinés ; qu’il fasse bon marché de ses droits lorsqu’il s’agira de gagner une âme au Christ. Qu’il ne ferme pas son coeur aux transfuges de l’Ordre, brebis qui s’égarent ; il se dira que les tentations durent être bien violentes pour provoquer pareille chute. 186. « Je voudrais que tous lui témoignent autant d’honneur qu’au Christ lui-même et pourvoient en toute bienveillance à chacun de ses besoins. Lui, par contre, ne se complaira pas aux honneurs2 et n’éprouvera pas plus de satisfaction pour les faveurs que pour les injures. S’il a besoin par faiblesse ou fatigue d’un régime reconstituant, il ne se fera pas servir en cachette mais en public, afin que les autres n’éprouvent aucune honte à se soigner lorsqu’ils seront malades. Il devra surtout percer à jour les consciences ténébreuses, extraire la vérité des puits où elle se cache, et refuser son attention aux commérages. Il ne faut pas que le désir de conserver les honneurs l’amène à souiller l’austère beauté de la justice ; qu’il ait la conviction que sa charge est un fardeau plus qu’un honneur. Il ne faudrait pas non plus, toutefois, qu’une douceur exagérée introduise la tiédeur, qu’une indulgence excessive entraîne le relâchement : s’il doit se faire aimer de tous, il doit plus encore se faire craindre de ceux qui commettent le mal. « Je voudrais enfin qu’il s’entoure de compagnons vertueux qui donneraient comme lui l’exemple de toutes les vertus, qui seraient durs pour eux-mêmes, courageux dans les difficultés, aimables et hospitaliers pour accueillir avec une sainte joie tous les frères qui viendraient à eux. « Voilà, disait-il, quel devrait être le Ministre général de l’Ordre ! » 1 Lorsque les paragraphes suivants furent rédigés, frère Elie, ex-général de l’Ordre, était apostat. Certaines phrases de Celano, sous leur sérénité apparente, sont peut-être un blâme pour sa façon de gouverner, une critique indirecte de son généralat. 2 Adm 4. + + + + + |
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| Sujet: Re: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 15:19 | |
| Lettre à frère Léon
Frère Léon, ton frère François te souhaite salut et paix. Mon fils, je te parle comme une mère à son enfant. Tout ce que nous avons dit en route, je vais te le résumer en une phrase et un conseil. Et même si tu dois encore revenir me voir ensuite pour me demander conseil, je te donnerai encore ce conseil : Quelle que soit la manière qui te semblera la meilleure de plaire au Seigneur Dieu et de suivre ses traces et sa pauvreté, adopte-la, avec la bénédiction du Seigneur Dieu et ma permission. Mais si cela était nécessaire pour ton âme ou pour la consolation de ton coeur, et si tu désirais simplement, Léon, venir me voir, viens ! + + + + + En huit siècles d'une histoire sainte et mouvementée, le plus grand scandale de la famille franciscaine est de n'avoir jamais canonisé frère Léon, le compagnon prêtre de Saint François dans la joie parfaite. Les frères du 1er Ordre ont intérêt de le faire le plus rapidement possible, sinon beaucoup verront couler le sang de leur propre martyre. Dixit frère grincheux de Béobie. |
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| Sujet: Re: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 15:35 | |
| Saint Bonaventure : Les Fioretti – Chapitre 8 : « La Joie Parfaite » « Comment Saint François, cheminant avec frère Léon, lui exposa ce qu'est la joie parfaite. Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte Marie des Anges avec frère Léon, au temps d'hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : « O frère Léon, alors même que les Frères mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n'est pas la joie parfaite. » Et saint François allant plus loin l'appela une seconde fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait les aveugles voir, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l'ouïe aux sourds, le marcher aux boiteux, la parole aux muets et, ce qui est plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. » Marchant encore un peu, saint François s'écria d'une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu'il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. » Allant un peu plus loin, saint François appela encore d'une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu'il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. » Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d'une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu'il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n'est point la joie parfaite. » Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l'interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu'ils dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu'il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu'à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et si nous persistons à frapper, et qu'il sorte en colère, et qu'il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d'ici misérables petits voleurs, allez à l'hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l'amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu'il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s'il sort avec un bâton noueux, et qu'il nous saisisse par le capuchon, et nous jette à terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les nœuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu'en cela est la joie parfaite. Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu'ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l'Apôtre : « Qu'as-tu qu tu ne l'ais reçu de Dieu ? et si tu l'as reçu de lui, pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu l'avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c'est pourquoi l'Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus Christ. » À qui soit toujours honneur et gloire dans les siècles des siècles ! Amen ». + + + + + - Admonition 4 - Ne pas s'approprier les charges - - Ce n'est pas pour être servi que je suis venu, dit le Seigneur, mais pour servir. - Quand on a reçu autorité sur les autres, on ne doit pas plus en tirer gloire que si l'on était affecté à l'emploi de leur laver les pieds...+ + + + + |
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| Sujet: Re: Saint François d'Assise, l'Autorité et l'Obéissance Sam 20 Mai - 15:43 | |
| Saint Louis (1214-1270), roi de 1226 à 1270 : le modèle du chef d'Etat chrétien. Quels siècles que ceux du Moyen Age ! Siècles des Croisades et de la Chevalerie, de la ferveur, du développement des ordres religieux, des cathédrales symboles de l'âme française pétrie de foi et d'idéal. "La Providence ne devait-elle pas à une telle nation, à une telle société, un chef en tous points digne d'elle ? Un roi de France s'est rencontré qui, prenant à la lettre les promesses du baptême de Clovis et le sublime programme de Charlemagne, a réalisé dans sa plénitude, l'idéal même de la Monarchie chrétienne : j'ai nommé Saint Louis. Est-ce parce qu'il entend remplir auprès de ses sujets et jusque dans le reste de la Chrétienté le rôle de "sergent de Dieu" que Saint Louis nous apparaît, comme par excellence, le roi très chrétien ? Sans doute, mais ce n'est point assez : si plus que nul autre il a mérité ce titre, c'est en raison de ses vertus chrétiennes, ses vertus privées ; c'est en vertu de sa politique chrétienne, vertus publiques. Fidèle aux enseignements de sa mère, Blanche de Castille, et du cardinal Romain de Saint Ange qui ont formé son âme, il déclare préférer mourir plutôt que commettre un seul pêché mortel. "La prière est le perpétuel aliment de son âme ; même dans ses chevauchées de guerre, il récite les heures canoniales. Il est humble, miséricordieux et charitable. Mais surtout, il est juste et la justice est une vertu royale, vertu publique autant que privée. Qu'il s'agisse des rapports avec ses sujets, ecclésiastiques, seigneurs, bourgeois, gens du menu peuple, sa loi de justice est imposée à tous." Cette justice, il la veut non seulement dans le Royaume, mais aussi dans ses rapports avec ses ennemis. Il organise les corporations et sanctionne les us et coutumes. Il assure au pays une prospérité inconnue jusqu'alors. Il construit l'hôpital des Quinze-Vingt pour les aveugles, les pauvres... C'est le portrait même du Roi dont il était l'ami que trace Saint Thomas d'Aquin : "un roi doit être pour son royaume ce que l'âme est pour le corps, ce que Dieu est pour le monde. Il doit modeler son gouvernement sur le gouvernement divin. Il doit consacrer tous ses soins à diriger ses peuples vers leurs fin dernière, en les appliquant au bien et à la vertu." St Louis était tertiaire franciscain. Aussi, le pape Grégoire IX écrit-il au saint roi : "Dieu choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la terre pour la protection de la foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse. Pour ce motif, la France est le royaume de Dieu, les ennemis de la France sont les ennemis du Christ. La tribu de Juda était la figure anticipée du royaume de France. (...) Le Rédempteur a choisi le béni royaume de France comme l'exécuteur spécial de ses divines volontés." Saint Louis organisa les septième et huitième croisades pour aller délivrer le tombeau du Christ des mains des musulmans, les deux dernières. Ayant fait vœu de prendre la croix s'il échappait à une grave maladie, le roi partit vers l'Egypte en 1248, où il fut fait prisonnier. Une fois libéré, il alla en Palestine obtenir des avantages pour les chrétiens et rentra en France. En 1270, il répond à nouveau à "l'appel des papes angoissés qui supplient l'Europe déchirées par les guerres de s'unir contre l'Islam" et repart vers Tunis. Il y mourra de la lèpre. "Echec politique apparent mais qui achève de consacrer le saint roi dont il fut la père et le maître aux yeux du peuple". + + + + + Un texte de Saint Louis dans la cathédrale de Clermont-Ferrand O DIEU, l’Etre des êtres qui êtes mon DIEU, prosterné devant Votre divine Majesté, je Vous adore et je Vous aime. Daignez accepter l’offrande que je Vous fais de toutes mes pensées, de toutes mes paroles et de toutes mes actions. Je me propose d’agir aujourd’hui et toujours pour Votre amour, pour Votre gloire, pour accomplir Votre sainte volonté, pour Vous servir, Vous louer et vous bénir, pour satisfaire à Votre justice, pour le soulagement des âmes du Purgatoire, pour obtenir aux pécheurs la grâce d’une véritable conversion. Je désire faire tout en union, aux intentions et aux dispositions qu’ont eues sur la terre tous les Saints du Ciel, l’auguste Vierge Marie et Jésus-Christ, mon Sauveur. Je voudrais pouvoir signer de mon sang la protestation que je Vous fais en ce jour et la réitérer à tous les moments jusqu’à mon dernier soupir. Recevez, ô mon Dieu, l’hommage de mon cœur et de toutes ses affections et daignez m’accorder la grâce de ne commettre aucun péché mortel au cours de ma vie, surtout en ce jour pendant lequel je désire gagner toutes es indulgences dont je serai capable. Je Vous prie de me faire participant des fruits de toutes les messes qu’on célèbrera et toutes les bonnes œuvres qu’on fera servent à la conversion des pécheurs. Tout dans l’amour de DIEU, Pour l’amour de DIEU, Par amour pour DIEU. - Louis IX, Roi de France -+ + + + + Testament de Saint Louis à son fils Conseils du Roi Louis IX ou Saint Louis (1214 -1270) à son fils Philippe III le Hardi Beau fils, La première chose que je t’enseigne, c’est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu ; car sans cela nul ne peut être sauvé. Garde-toi de faire rien qui déplaise à Dieu, c’est à savoir le péché mortel ; au contraire, tu devrais souffrir toute sorte de tourments, plutôt que de faire péché mortel. Si Dieu t’envoie l’adversité, alors reçois-la en patience, et rends-en grâce à Notre-Seigneur ; et pense que tu l’as méritée qu’Il te tournera tout à profit. S’Il te donne la prospérité, alors remercie-L ‘en humblement, de sorte que tu ne sois pas pire par orgueil ou d’autre manière, pour ce que tu dois mieux valoir ; car on ne doit pas guerroyer contre Dieu avec ses dons. Confesse-toi souvent et choisis un confesseur prud’homme, qui te sache enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu te dois garder ; et tu te dois maintenir et comporter de telle manière que ton confesseur et tes amis t’osent reprendre de tes méfaits. Ecoute le service de la sainte Eglise dévotement et sans bavarder ; mais prie Dieu et de cœur et de bouche, spécialement à la messe, quand se fait une consécration. Aie le cœur doux et compatissant aux pauvres, aux malheureux et aux affligés, et les conforte et aide selon que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et abats les mauvaises. Ne convoite pas contre ton peuple, et ne charge pas ta conscience d’impôts et de tailles, si ce n’est pas grande nécessité. Si tu as quelque peine de cœur, dis-le tantôt à ton confesseur ou à quelque prud’homme qui ne soit pas plein de vaines paroles ; alors tu la porteras plus facilement. Veille à avoir en ta compagnie des gens prud’hommes et loyaux, soit religieux, soit séculiers, qui ne soient pas pleins de convoitise, et parle souvent avec eux ; et fuis et évite la compagnie des mauvais. Ecoute volontiers la parole de Dieu et la retiens en ton cœur ; et recherche volontiers prières et indulgences. Aime ce qui est profitable et bon. Hais tout ce qui est mal où que ce soit. Que nul ne soit si hardi que de dire devant toi une parole qui attire et excite au péché, ni de médire d’autrui par derrière par des détractions ; ne souffre pas non plus que nulle vilenie soit dite de Dieu ni de ses saints devant toi. Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu’Il t’a faits, de sorte que tu sois digne d’en avoir davantage. Pour tendre la justice et faire droit à tes sujets, sois loyal et roide, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours du côté droit, et soutiens la plainte du pauvre jusqu’à tant que la vérité soit déclarée. Et si quelqu’un a une action contre toi, ne crois rien jusqu’à tant que tu en saches la vérité ; car alors tes conseillers jugeront plus hardiment selon la vérité pour toi ou contre toi. Si tu tiens rien qui soit à autrui, ou par toi, ou par tes devanciers, et que la chose soit certaine, rends-le sans tarder ; et si c’est chose douteuse, fais-en faire une enquête, par gens sages, promptement et diligemment. Tu dois mettre ton attention à ce que tes gens et tes sujets vivent sous toi en paix et en droiture. Surtout garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et dans la franchise où tes devanciers les ont gardées ; et s’il y a quelque chose à amender, amende-le et redresse-le, et tiens-les en faveur et amour ; car, à cause de la force et des richesses des grandes villes, tes sujets et les étrangers redouteront de rien faire contre toi, spécialement tes pairs et tes barons. Honore et aime toutes les personnes de la sainte Eglise, et prends garde qu’on ne leur enlève ni diminue les dons et les aumônes que tes devanciers leur ont donnés. On raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu’une fois un de ses conseillers lui dit que ceux de la sainte Eglise lui faisaient beaucoup de torts et d’excès, en ce qu’ils lui enlevaient ses droits et diminuaient ses justices ; et c’était bien grande merveille qu’il le souffrit. Et le bon roi répondit qu’il le croyait bien ; mais il considérait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avait faites ; alors il aimait mieux laisser aller de son droit que d’avoir contestation avec les gens de la sainte Eglise. A ton père et à ta mère porte honneur et respect, et garde leurs commandements. Donne les bénéfices de la sainte Eglise à des personnes de bien et de vie nette; et faites-le par le conseil de prud’hommes et d’honnêtes gens. Garde-toi d’entreprendre la guerre sans grande délibération contre un prince chrétien ; et s’il te le faut faire, alors garde la sainte Eglise et ceux qui ne t’ont fait aucun tort. Si des guerres et des contentions s’élèvent entre tes sujets, apaise-les au plus tôt que tu pourras. Sois soigneux d’avoir de bons prévôts et de bons baillis, et enquiers-toi souvent d’eux, de ceux de ton hôtel, comme ils se maintiennent, et s’il y a en eux aucun vice de trop grande convoitise, ou de fausseté, ou de tromperie. Travaille à ôter de ton royaume tout vilain péché ; spécialement fais tomber de tout ton pouvoir les vilains serments et l’hérésie. Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables. Et enfin, très doux fils, fais chanter des messes pour mon âme et dire des oraisons par tout ton royaume; et octroie-moi une part spéciale et entière en tout le bien que tu feras. Beau cher fils, je te donne toutes les bénédictions qu’un bon père peut donner à son fils. Et que la bénite Trinité et tous les saints te gardent et défendent de tous les maux ; et que Dieu te donne la grâce de faire toujours Sa volonté, de sorte qu’Il soit honoré par toi, et que toi et moi nous puissions, après cette vie mortelle, être ensemble avec Lui, et Le louer sans fin. Amen. + + + + + |
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