Source : http://surlespasdessaints.over-blog.com/article-24067636.html
Une belle histoire à se rappeler, à se raconter... Celle de Soeur Olive.
Demander la construction d'un sanctuaire, c'est relativement facile... mais comment la réaliser? Et surtout, où trouver l'argent nécessaire ? Alors, avec la permission de ses supérieures, toutes les semaines, entre 1927 et 1929, et toujours accompagnée de l'Enfant-Jésus, Olive s'en allait quêter dans les grandes églises et basiliques parisiennes où elle proposait des petites images du Sacré-Cœur.
C'est pendant cette période, en mai 1927, que se situe l'étrange épisode de la marche d'Olive, sur les eaux, en compagnie de Jésus. Puis les messages se multiplient :
– 10 mai 1927 : le Seigneur indique la place de la future chapelle,
– juin 1927 : Jésus indique à Olive les intentions pour lesquelles elle doit prier : pour la paix en France, pour de la nourriture pour ses sœurs religieuses, pour obtenir l'amour et la foi, pour que le Cœur de Jésus soit aimé, connu, adoré et respecté, pour que sa royauté soit honorée, pour que les nations lui obéissent, pour que les âmes consacrées Lui soient fidèles,... Et bientôt Jésus précise “qu'Il a besoin d'une chapelle, et qu'il faut qu'elle soit faite quand il dira le moment... une belle chapelle pour honorer son divin Cœur. Ce sera la chapelle du Christ-Roi, Prince de la Paix et Maître de toutes les nations. Il sera le roi de France et de tous les pays de l'univers…”
– Le 17 juin de la même année 1927, Jésus revient à la charge : Il veut qu'on fasse connaître son Cœur à toutes les nations. Il veut que dans Paris, la capitale de la France, la fille aînée de l'ÉGLISE, soit élevée la première chapelle au Christ-Roi...
– Enfin, le 27 juin 1927, il insiste : “Mon Œuvre, c'est que mon Cœur soit connu par toute la terre. Mon Œuvre, c'est que la chapelle soit bâtie sans tarder. Je te donne deux années entières pour bâtir mon Trône royal... Et, au moment où l'image de mon Cœur sera faite, je veux qu'on grave ces paroles en dessous :
Adorons le Cœur de Jésus, Christ-Roi,
Prince de la Paix, Maître des nations.
Mon Cœur sera alors reconnu comme Roi et Prince.”
– 7 juillet 1927 : pendant la messe Olive eut une grande vision du Christ-Roi. Sur un ruban tenu par des anges, des phrases s'inscrivaient dont celle-ci pendant que des groupes ennemis se combattaient : “Venez à Moi, je mettrai la paix entre vous.” Mais Jésus fut détrôné... Pourtant, après l'apparition d'un nouveau texte : “Je suis le seul Roi, vous n'aurez pas d'autre Roi, vous M'êtes soumis”, tous les soldats suivirent le Christ-Roi... Et Jésus dit à sa confidente : “Je suis Roi de France et de toutes les autres nations. Je veux que cette chère France se consacre à mon divin Cœur”.
Jésus dicta alors la prière au Christ-Roi :
Ô Jésus, l'unique Roi de l'univers,
Nous nous prosternons à vos pieds
Pour Vous adorer et pour Vous prendre
pour notre Roi et notre Guide.
Oui Seigneur,
A Vous toutes les nations sont soumises.
Vous êtes seul le vrai Roi,
Vous êtes seul la vraie Paix,
Vous êtes seul la Lumière.
Nous n'adorons que Vous seul !
Vous êtes notre soutien,
Vous êtes notre richesse,
Vous êtes notre maître,
Ô grand Dieu du Ciel et de la terre.
Nous croyons très fermement que Vous êtes réellement Présent
Dans la Sainte eucharistie.
Vous êtes là, vivant, aimant.
Vous voulez nous nourrir du Pain de Vie.
Oui, venez et nourrissez vos enfants.
Vos regards sont fixés sur les âmes,
Vous veillez sur toutes les nations.
Votre Cœur est pour nous un asile de repos.
Nous nous consacrons donc à votre Cœur de Roi et de Prince.
À Vous seul Seigneur, toute gloire, honneur, amour soient rendus,
Jusqu'à la consommation des siècles et dans toute l'éternité. Ainsi-soit-il!"
– Le 30 août 1928, le ton change. Le Cœur de Jésus est peiné et souffre de voir le désordre dans l'Église, dans les familles, dans les âmes, parmi les nations. “Mon enfant, prie pour ta belle patrie”. Jésus cherche des âmes croyantes, aimantes capables de Le comprendre... Il veut sauver les âmes. Il est le Dieu Sauveur, “mais Il laisse les âmes dans une large liberté...” Jésus supplie Olive : “Mon enfant, prie pour les âmes infidèles, prie pour les âmes consacrées à mon service, prie pour mon Œuvre... Je veux régner Je serai le Dieu vainqueur. Toutes les nations Me seront soumises”.
L'épisode de l'Action Française
[size=13]Jésus cite l'Action Française[/size]
Il est exceptionnel que Jésus, lorsqu'iI s'adresse à ses saints, se préoccupe de politique. Pourtant, curieusement, le 6 février 1927, Jésus demande à Sœur Olive de “prier pour la conversion de ceux qui se trouvent encore dans l'Action Française”. Peu de temps auparavant, Jésus avait dit à Olive, qui ignorait ce qu'était l'Action Française : “Ce sont ceux qui veulent des rois. Mais c'est Moi qui suis le seul Roi”.
Oui, Jésus est le seul Roi, et Il veut le faire comprendre à tous ceux qui cherchent un roi humain.
En mars 1929, Jésus déclare à Olive : “Je viens de nouveau vers toi pour te dire de consoler mon Cœur, de réparer pour les âmes qui m'offensent”. Rien que de très normal, et cette réflexion de Jésus rejoint les innombrables demandes qu'Il a faites, au cours des siècles de chrétienté, de consoler son Cœur. Mais voici que Jésus demande aussi : “Prie pour le chef[2] qui conduit les âmes d'Action Française. Oui, prie pour lui, et mon Cœur se laissera toucher”.
Qu'est-ce que cela signifie, et qu'est-ce que l'Action française ?
Historique de l'Action Française
Il ne faut pas confondre des désirs, légitimes, de quelques personnes, de retrouver un roi pour la France, avec la volonté affirmée de Jésus-Christ, seul Roi du monde, de demander la glorification de sa Royauté, qui n'est pas de ce monde. La simultanéité, en France, de deux mouvements, pouvant introduire des erreurs et des contresens, il a paru utile de rappeler très rapidement ce que fut l'Action Française.
C'est le 20 juin 1899 que l'Action Française avait été créée. En 1900, Charles Maurras rejoignit ce mouvement et commença à interroger les intellectuels de son temps sur l'opportunité d'une restauration de la monarchie. Petit à petit, il convertira à la monarchie tous les membres de l'Action française (A.F.). Des personnalités célèbres les rejoignirent. Le 21 mars 1908, le quotidien “L'Action Française” était créé.
De 1908 à 1914 le militantisme d'A.F. se fit plus radical avec la création des Camelots du Roi, chargés, entre autres, de vendre le journal d'A.F. Georges Bernanos fut l'un de ces Camelots du Roi. Pendant la guerre de 1914-1918, le mouvement perdit la plupart de ses cadres et de ses militants sur les champs de bataille (4000 morts dans ses rangs).
5 septembre 1926 : Le pape Pie XI condamne l'Action Française qui possède, à ses yeux, une trop grande influence sur la jeunesse catholique. Des considérations d'ordre diplomatique expliquent, peut-être, également cet acte. Mais en 1939, Pie XII leva la condamnation pesant sur l'A.F. (Source : www.anthinea.fr.fm)
La construction du sanctuaire
la construction
Après une succession d'évènements étranges, les supérieures d'Olive furent convaincues que Jésus désirait vraiment ce sanctuaire, et, avec l'autorisation de Rome et le soutien de Mgr Dubois, archevêque de Paris, elles se mirent en quête des fonds nécessaires. Elles lancèrent une souscription, et trente trois nations se manifestèrent, l'Irlande très particulièrement. En 1935 la somme nécessaire ayant été amassée, les travaux pouvaient commencer. Le cardinal Verdier vint bénir la première pierre. Dans son homélie, il n'hésitait pas à dire que “la paix du monde, le bonheur des foyers, le salut de tous étaient attachés à la royauté du Christ sur nos âmes”. Les travaux se déroulèrent sans incident.
Le 29 juin 1939, le cardinal Verdier revint bénir le chantier, très avancé, ainsi que les trois cloches. Le sanctuaire fut achevé en 1940 et inauguré le dimanche 27 octobre 1940, jour de la fête du Christ-Roi. Ce jour-là la première messe y fut célébrée.
Paris protégé par le sanctuaire
Le sanctuaire du Christ-Roi est achevé et inauguré. Malheureusement, le monde est en guerre, et Paris est occupé. Nous savons qu'en 1944, peu avant la libération, les Allemands préparaient la destruction de Paris : Hitler en avait donné l'ordre. Sans l'intervention de l'ambassadeur de Suède auprès du général allemand, gouverneur de Paris, la destruction de Paris, dûment programmée et préparée, aurait été totale. Mais Paris fut incroyablement protégé, et on peut croire que le sanctuaire du Christ-Roi joua un rôle essentiel dans la protection de Paris. En effet, Olive, écrivant plus tard au pape Pie XII, déclara : “Le sanctuaire du Christ-Roi, édifice élevé sur la Montagne Sainte-Genevi!ve, dans l'enclos de notre monastère, a protégé Paris durant la dernière guerre”. D'ailleurs, un jour, Jésus avait révélé à Sœur Olive : “si le sanctuaire du Christ-Roi était détruit, alors Paris serait détruit”.
Les années passèrent... Ce n'est que le 16 juin 1956 que le cardinal Feltin consacrera la sanctuaire sur le triple vocable : Christ-Roi, Prince de la paix, Maître des nations.
L'encyclique Summi Pontificatus de Pie XII (20 octobre 1939)
Dès son accession au trône de Saint Pierre, Pie XII fit siennes les décisions de son prédécesseur et déclara, dans son encyclique Summi Pontificatus, le 20 octobre 1939 : »Cette consécration universelle au Christ-Roi apparaît toujours davantage au regard de Notre esprit dans sa signification sacrée, dans son symbolisme riche d'exhortation, dans son but de purification et d'élévation, de raffermissement et de défense des âmes, et en même temps dans sa prévoyante sagesse, visant à guérir et à ennoblir toute société humaine et à en promouvoir le véritable bien. »
D'où son exhortation :
« Vénérables Frères, peut-il y avoir un devoir plus grand et plus urgent que d'annoncer les insondables richesses du Christ (Ep. III, aux hommes de notre temps ? Et peut-il y avoir chose plus noble que de déployer les Étendards du Roi — Vexilla Regis — devant ceux qui ont suivi et suivent des emblèmes trompeurs, et de regagner au drapeau victorieux de la Croix ceux qui l'ont abandonné ? Quel cœur ne devrait pas brûler de prêter son aide, à la vue de tant de frères et de sœurs qui, à la suite d'erreurs, de passions, d'excitations et de préjugés, se sont éloignés de la foi au vrai Dieu et se sont détachés du joyeux message sauveur de Jésus-Christ ? En plaçant cette première Encyclique de Notre pontificat sous le signe du Christ-Roi, le cœur plein de confiance et d'espérance, Nous Nous sentons entièrement sûr de l'acquiescement unanime et enthousiaste du troupeau du Seigneur tout entier. Les expériences, les anxiétés et les épreuves de l'heure présente réveillent, avivent et purifient le sentiment de la communauté de la famille catholique à un degré rarement expérimenté jusqu'ici. »
En octobre 1939 les temps sont particulièrement difficiles et les idéologies : communisme, fascisme, nazisme, sévissent dans une grande partie de l'Europe. La deuxième guerre mondiale vient d'éclater. Pourquoi tous ces malheurs ? Pie XII répond : « À l'entrée du chemin qui conduit à l'indigence spirituelle et morale des temps présents se trouvent les efforts néfastes d'un grand nombre d'hommes pour détrôner le Christ, l'abandon de la loi de la vérité, qu'il annonça, de la loi de l'amour, qui est le souffle vital de son règne. La reconnaissance des droits royaux du Christ et le retour des individus et de la société à la loi de sa vérité et de son amour sont la seule voie de salut... Quand Dieu est renié, toute base de moralité s'en trouve ébranlée du même coup, et l'on voit s'étouffer ou du moins s'affaiblir singulièrement la voix de la nature, qui enseigne même aux ignorants et aux tribus non encore arrivées à la civilisation ce qui est bien et ce qui est mal, le licite et l'illicite, et fait sentir à chacun la responsabilité de ses actions devant un juge suprême.
Et pour donner à Nos intentions une expression extérieure, Nous avons choisi la fête prochaine du Christ-Roi pour élever à la dignité épiscopale, sur le tombeau du prince des apôtres, douze représentants des peuples ou groupes de peuples les plus divers.
Mais d'autre part, détacher le droit des gens de l'ancre du droit divin pour le fonder sur la volonté autonome des États, ce n'est pas autre chose que le détrôner et lui enlever ses titres les plus nobles et les plus valides, en le livrant au funeste dynamisme de l'intérêt privé et de l'égoïsme collectif, uniquement tourné à la mise en valeur de ses propres droits et à la méconnaissance de ceux des autres.
La rééducation de l'humanité, si elle veut avoir quelque effet, doit être avant tout spirituelle et religieuse : elle doit, par conséquent, partir du Christ comme de son fondement indispensable, être réalisée par la justice et couronnée par la charité...
Car seul le Christ est la “pierre angulaire” (Ep., II, 20) sur laquelle l'homme et la société peuvent trouver stabilité et salut. C'est sur cette pierre angulaire que l’Église est fondée, et c'est pourquoi les puissances adverses ne pourront jamais prévaloir contre elle : portæ inferi non prævalebunt (Mt., XVI, 18), ni lui ôter sa vigueur, bien au contraire, les luttes tant intérieures qu'extérieures contribuent à accroître sa force et à augmenter les couronnes de ses glorieuses victoires. »
On ne peut qu'admirer l'actualité des propos de Pie XII désireux d'asseoir son pontificat sur le Christ-Roi, continuant ainsi les efforts de Pie XI.
[1] En effet, pour payer une forte somme d'argent que l'État leur réclamait, les religieuses se voyaient contraintes de vendre une partie du monastère.
[2] Le chef d'Action Française, mouvement politique très actif, était Charles Maurras, défenseur de l'Église Catholique, mais, hélas ! incroyant.
Les grandes épreuves d'Olive
Le premier exil de Sœur Olive
Nous venons de voir que Mgr Dubois avait été favorable au projet de construction d'un sanctuaire destiné à glorifier le Christ-Roi. Malheureusement, immédiatement après sa mort en 1929, son évêque auxiliaire, Mgr Crépin, reçut de Rome un document exigeant le départ immédiat de Paris, de Sœur Marie du Christ-Roi, Sœur Olive. Aucun recours n'était possible, car le document venait de Rome, de la Sacrée-Congrégation. On sut plus tard que ce document était un faux, et qu'il avait été envoyé à l'insu du pape.
Pendant cinq ans, Olive alla d'un monastère à un autre : Mas Grenier, Versailles, Jouarre, Tourcoing, Arras, Lourdes et enfin Conflans où le cardinal Verdier, le 11 novembre 1934, alla la chercher et la ramena rue de Tournefort. Olive restera dans son couvent jusqu'en 1941. Curieusement, elle ne pourra jamais y prononcer ses vœux perpétuels.
Le grand exil
Olive doit quitter la rue Tournefort.
Le cardinal Verdier meurt à la fin de l'année 1940. Son successeur, le cardinal Suhard et le chanoine Brot, le supérieur des communautés religieuses, viennent en 1941, rue Tournefort, pour une visite canonique ; ils ressortent le faux document de la Sacrée-Congrégation et prononcent l'exil définitif de Sœur Olive. La Mère prieure fait appel au Vatican, et demande que Sœur Olive soit reçue par le pape Pie XII. Commence alors une incroyable campagne de calomnies qui divise les sœurs et déstabilise le monastère.
Sœur Olive quitte le monastère pour se rendre à Rome, accompagnée de Sœur Marie du Sacré-Cœur et de sœur Marie-Cécile. Mais c'est la guerre, et elle ne peuvent se rendre en Italie. La campagne de calomnies qui sévit contre sœur Olive partout en France leur ferme tous les monastères, et elles doivent se réfugier, pendant la durée des hostilités, dans plusieurs maisons amies.
En juillet 1946 et mai 1947, Sœur Olive est reçue très amicalement en Irlande, à Dublin, par le Premier Ministre et l'Archevêque de Dublin. Olive a écrit qu'elle avait une mission particulière à remplir en Irlande, mais elle n'en dit pas plus. Enfin, le 14 novembre 1953, Olive est reçue par le pape Pie XII. C'est entre ses mains qu'elle prononça ses vœux définitifs, et le pape la bénit : “Soyez fidèle et fervente religieuse pour la consolation du Cœur du Christ”.
(Suite de la vie de Soeur Olive à venir).