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 Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

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MessageSujet: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptySam 2 Mar - 23:09

Rappel du premier message :

Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 9c5da54489acfcf79e54c5bf7dce9583

LIVRE PREMIER
CONTENANT UNE PRÉPARATION A TOUT LE TRAITÉ

CHAPITRE PREMIER

Que pour la beauté de la nature humaine, Dieu a donné le gouvernement de toutes les facultés de l'âme à la volonté.


L'union établie en la distinction fait l'ordre; l'ordre produit la convenance et la proportion; et la convenance, ès choses entières et accomplies, fait la beauté. Une armée est belle quand elle est composée de toutes ses parties tellement rangées en leur ordre, que leur distinction est réduite au rapport quelles doivent avoir ensemble pour ne faire qu'une seule armée.

Afin qu'une musique soit belle, il ne faut pas seulement que les voix soient nettes, claires et bien distinguées ; mais qu'elles soient a!liées en telle sorte les unes aux autres, qu'il s'en fasse une juste consonance et harmonie, par le moyen de l'union qui est en la distinction, et la distinction qui est en lunion des voix, que non sans cause on appelle un accord discordant, ou plutôt une discorde accordante.

Or, comme dit excellemment l'angélique saint Thomas, après le grand saint Denis, la beauté et la bonté, bien qu'elles aient quelque convenance, ne sont pas néanmoins une même chose: car le bien est ce qui plait à l'appétit et volonté; le beau, ce qui plaît à l'entendement et à la connaissance; ou pour le dire autrement, le bon est ce dont la jouissance nous délecte; le beau, ce dont la connaissance nous agrée.

Et c'est pourquoi jamais, à proprement parler, nous n'attribuons la beauté corporelle, sinon aux objets des deux sens qui sont les plus connaissants et qui servent le plus à l'entendement, qui sont la vue et l'ouïe; si que nous ne disons pas: Voilà des belles odeurs ou des belles saveurs, mais nous disons bien: Voilà des belles voix et des belles couleurs.

Le beau donc étant appelé beau, parce que sa connaissance délecte, il faut que, outre l'union et distinction d'intégrité, l'ordre et la convenance de ses parties, il ait beaucoup de splendeur et clarté, afin qu'il soit connaissable et visible ; les voix, pour être belles, doivent être claires et nettes, les discours intelligibles, les couleurs éclatantes et resplendissantes.

L'obscurité, l'ombre, les ténèbres sont laides, et enlaidissent toutes choses; parce qu'en elles rien n'est connaissable, ni l'ordre, ni la distinction, ni l'union, ni la convenance: qui a fait dire à saint Denis « que Dieu, comme souveraine beauté, est auteur de la belle convenance, du beau lustre et de la bonne grâce, qui est en toutes choses, » faisant éclater, en forme de lumière, les distributions et départements de son rayon, par lesquels toutes choses sont rendues belles, voulant que pour établir la beauté, il y eût la convenance, la clarté, et la bonne grâce.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptySam 27 Juil - 22:33

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CHAPITRE VI

De l'amour de bienveillance que nous exerçons envers notre Seigneur par manière de désir.


Mais notre amour envers Dieu commence au contraire par la complaisance que nous avons en la souveraine bonté et infinie perfection que nous savons être eu la Divinité; puis nous venons à l'exercice de la bienveillance. Et comme la complaisance que Dieu prend en ses créatures, n'est autre chose qu'une continuation de sa bienveillance envers elles, aussi la bienveillance que nous portons à Dieu, n'est autre chose qu'une approbation et persévérance de la complaisance que nous avons en lui.

Or, cet amour de bienveillance envers Dieu se pratique ainsi. Nous ne pouvons désirer d'un vrai désir aucun bien à Dieu, parce que sa bonté est infiniment plus parfaite que nous ne saurions ni désirer ni penser. Le désir n'est que d'un bien futur, et nul bien n'est futur en Dieu, puisque tout bien lui est tellement présent, que la présence du bien en sa divine Majesté n'est autre chose que la Divinité même. Ne pouvant donc point faire aucun désir absolu pour Dieu, nous en faisons des imaginaires et conditionnels en cette sorte :

Je vous ai dit, Seigneur, vous êtes mon Dieu, qui, tout plein de votre infinie bonté, ne pouvez avoir indigence, ni de mes biens, ni des choses quelconques; mais si, par imagination de chose impossible, je pouvais penser que vous eussiez besoin de quelque bien, je ne cesserais jamais de vous le souhaiter, au prix de ma vie, de mon être, et de tout ce qui est au monde.

Que si étant ce que vous êtes, et que vous ne pouvez jamais cesser d'être, il était possible que vous reçussiez quelque accroissement de bien, ô mon Dieu, quel désir aurais-je que vous l'eussiez ! alors, ô Seigneur éternel, je voudrais voir convertir mon coeur cil souhait, et sa vie en soupir, pour vous désirer ce bien-là.

Ah! mais pourtant, ô le sacré bien-aimé de mon âme, je ne désire pas de pouvoir désirer aucun bien à votre Majesté; ains je me complais de tout mon coeur en ce suprême degré de bonté que vous avez, auquel, ni par désir, ni même par pensée, on ne peut rien ajouter. Mais si ce désir était possible, ô Divinité infinie, ô Infinité divine ! mon âme voudrait être ce désir, et n'être rien autre que cela, tant elle désirerait de désirer pour vous ce qu'elle se comptait infiniment de ne pouvoir pas désirer, puisque l'impuissance de faire ce désir provient de l'infinie infinité de votre perfection, qui surpasse tout souhait et toute pensée.

Hé ! que j'aime chèrement l'impossibilité de vous pouvoir désirer aucun bien, ô mon Dieu, puisqu'elle provient de l'incompréhensible immensité de votre abondance, laquelle est si souverainement infinie, que s'il se trouvait un désir infini, il serait infiniment assouvi par l'infinité de votre bonté qui le convertirait en une infinie complaisance. Ce désir donc, par imagination de choses impossibles, peut être quelquefois utilement pratiqué emmi les grands sentiments de ferveurs extraordinaires. Aussi dit-on que le grand saint Augustin en faisait souvent de pareille sorte.

C'est encore une sorte de bienveillance envers Dieu, quand considérant que nous ne pouvons l'agrandir en lui-même, nous désirons de l'agrandir en nous, c'est-à-dire, de rendre de plus en plus et toujours plus grande la complaisance que nous avons en sa bonté. Et alors, mon Théotime, nous ne désirons pas la complaisance pour le plaisir qu'elle nous donne, mais par ce seulement que ce plaisir est en Dieu.

Car comme nous ne désirons pas la condoléance pour la douleur qu'elle met en nos coeurs, mais parce que cette douleur nous unit et associe à notre bien-aimé douloureux; ainsi n'aimons-nous pas la complaisance, parce qu'elle nous rend du plaisir, mais d'autant que ce plaisir se prend en l'union du plaisir et bien qui est en Dieu, auquel pour nous unir davantage nous voudrions nous complaire d'une complaisance infiniment plus grande, à l'imitation de la très sainte reine et mère d'amour, de laquelle l'urne sacrée magnifiait et agrandissait perpétuellement Dieu.

Et afin que l'on sût que cet agrandissement se faisait par la complaisance qu'elle avait en la divine bonté, elle déclare que son esprit avait tressailli de contentement en Dieu son Sauveur.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyDim 28 Juil - 23:52

Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 9c5da54489acfcf79e54c5bf7dce9583

CHAPITRE VII

Comme le désir dexalter et magnifier Dieu nous sépare des plaisirs inférieurs,et nous rend attentifs aux perfections divines.


Donc l'amour de bienveillance nous fait désirer d'agrandir en nous de plus en plus la complaisance que nous prenons en la bonté divine; et pour faire cet agrandissement, l'âme se prive soigneusement de tout autre plaisir, pour s'exercer plus fort à se plaire en Dieu. Un religieux demanda au dévot frère Gilles, l'un des premiers et
plus saints compagnons de saint François, ce qu'il pourrait faire pour être plus agréable à Dieu; et il lui répondit en chantant: L'une à l'un, l'une à l'un.

Ce que par après expliquant, donnez toujours, dit-il, toute votre âme qui est une à Dieu seul qui est un. L'âme s'écoule par les plaisirs, et la diversité d'iceux la dissipe et l'empêche de se pouvoir appliquer attentivement à celui qu'elle doit prendre en Dieu. Le vrai amant n'a presque point de plaisir, sinon en la chose aimée. Ainsi toutes choses semblaient ordure et boue au glorieux saint Paul, en comparaison de son Sauveur.

Et l'Épouse sacrée n'est toute que pour son bien-aimé: Mon cher ami est tout à moi, et moi je suis toute à lui. Que si l'âme qui est en cette sainte affection rencontre les créatures, pour excellentes (...) voire même quand ce seraient les anges, elle ne s'arrête point avec icelles sinon autant qu'il faut pour être aidée et secourue en son désir.

Dites-moi donc, leur fait-elle, dites-moi, je vous en conjure, avez-vous point vu celui qui est l'ami de mon âme ? La glorieuse amante Magdeleine rencontra les anges au sépulcre, qui lui parlèrent sans doute angéliquement, c'est-à-dire, bien suavement, voulant apaiser l'ennui auquel elle était.

Mais au contraire toute éplorée, elle ne sut prendre aucune complaisance ni en leur douce parole, ni en la splendeur de leurs habits, ni en la grâce toute céleste de leur maintien, ni en la beauté tout aimable de leurs visages, ains toute couverte de larmes, ils m'ont enlevé mon Seigneur disait-elle, et je ne sais où ils lont mis: et se tournant, elle voit son doux Sauveur, mais en forme de jardinier, dont son coeur ne se peut contenter; car toute pleine de l'amour de la mort de son Maître, elle ne vent point de fleurs, ni par conséquent de jardinier.

Elle a dedans son coeur la croix, les clous, les épines; elle cherche son crucifié. Hé! mon cher maître jardinier, dit-elle, si vous aviez peut-être point planté mon bien-aimé Seigneur trépassé comme un lis froissé et fané entre vos fleurs, dites-le-moi vitement, et moi je l'emporterai. Mais il ne l'appelle pas plus tôt par son nom, que toute fondue en plaisir, hé! Dieu, dit-elle, mon Maître! Rien, certes, ne la peut assouvir, elle ne saurait se plaire avec les anges, non pas même avec son Sauveur, s'il ne parait en la forme en laquelle il lui avait ravi son coeur.

Les Mages ne peuvent se complaire ni en la beauté de la ville de Jérusalem, ni en la magnificence de la cour d'Hérodes, ni en la clarté de l'étoile ; leur coeur cherche la petite spélonque (grotte, en latin Spelunca.) et le petit enfant de Bethléem. La mère de belle dilection et l'époux de très saint amour ne se peuvent arrêter entre les parents et amis, ils vont toujours en douleur cherchant l'unique objet de leur complaisance.

Le désir d'agrandir la complaisance retranche tout autre plaisir pour plus fortement pratiquer celui auquel la divine bienveillance lexcite. Or, pour encore mieux magnifier ce souverain bien-aimé, l'âme va toujours cherchant la face d'icelui; c'est-à-dire, avec une attention toujours plus soigneuse et ardente, elle va remarquant toutes les particularités des beautés et perfections qui sont eu lui, faisant un progrès continuel en cette douce recherche de motifs qui la paissent perpétuellement presser de se plaire de plus en plus en l'incompréhensible bonté quelle aune.

Ainsi David cote par le menu les oeuvres et merveilles de Dieu en plusieurs de ses psaumes célestes et l'amante sacrée arrange ès cantiques divins, comme une armée bien ordonnée, toutes les perfections de son époux, l'une après l'autre, pour provoquer son âme à la très sainte complaisance, afin de magnifier plus hautement son excellence, et d'assujettir encore tous les autres esprits à l'amour de son ami tant aimable.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyMar 30 Juil - 0:19

Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 9c5da54489acfcf79e54c5bf7dce9583

CHAPITRE VIII

Comment la sainte bienveillance produit la louange du divin Bien-Aimé.


L'honneur, mon cher Théotime, n'est pas en celui que l'on honore, mais en celui qui honore. Car combien de fois arrive-t-il que celui que nous honorons n'en sait rien, et n'y a seulement pas pensé ! Combien de fois louons-nous ceux qui ne nous connaissent pas ou qui dorment !

Et toutefois, selon l'estime commune des hommes et leur ordinaire façon de concevoir, il semble que c'est faire du bien à quelqu'un quand on lui fait de l'honneur, et qu'on lui donne beaucoup quand on lui donne des titres et des louanges; et nous ne faisons pas difficulté de dire qu'une personne est riche d'honneur, de gloire, de réputation, de louange, encore qu'en vérité nous sachions bien que tout cela est hors de la personne honorée, et que bien souvent elle n'en reçoit aucune sorte de profit, suivant ce mot attribué au grand saint Augustin:

O pauvre Aristote; tu es loué où tu es absent, et tu es brûlé où tu es présent ! Quel bien revient-il, je vous prie, à César et Alexandre le Grand de tant de vaines paroles que plusieurs vaines âmes emploient à leur louange?

Dieu, comblé d'une bonté qui surmonte toute louange et tout honneur, ne reçoit aucun avantage ni surcroît de bien pour toutes les bénédictions que nous lui donnons; il n'en est ni plus riche, ni plus grand, ni plus content, ni plus heureux : car son heur, son contentement, sa grandeur et ses richesses ne sont ni ne peuvent être que la divine infinité de sa bonté.

Toutefois parce que, selon notre appréhension ordinaire, l'honneur est estimé l'un des plus grands effets de notre bienveillance envers les autres, et que par icelui, non seulement nous ne présupposons point d'indigence en ceux que nous honorons, mais plutôt nous protestons qu'ils abondent en excellence; partant nous employons cette sorte de bienveillance envers Dieu, qui non seulement l'agrée, mais la requiert comme conforme à notre condition, et si propre pour témoigner l'amour respectueux que nous lui devons, que même il nous a ordonné de lui rendre et rapporter tout honneur et gloire.

Ainsi donc l'âme qui a pris une grande complaisance en l'infinie perfection de Dieu, voyant qu'elle ne peut lui souhaiter aucun agrandissement de bonté, parce qu'il en a infiniment plus qu'elle ne peut désirer ni même penser, elle désire au moins que son nom soit béni, exalté, loué, honoré et adoré de plus en plus, et commençant par son propre coeur, elle ne cesse point de le provoquer à ce saint exercice :

et, comme une avette (abeille) sacrée, elle va voletant çà et là sur les fleurs des oeuvres et excellences divines, recueillant d'icelle une douce variété de complaisances; desquelles elle fait naître et compose le miel céleste de bénédictions, louanges et confessions honorables, par lesquelles, autant qu'elle peut, elle magnifie et glorifie le nom de son bien-aimé, à l'imitation du grand Psalmiste, qui ayant environné et comme parcouru en esprit les merveilles de la divine bonté, immolait sur l'autel de son coeur l'hostie mystique des élans de sa voix par cantiques et psaumes d'admiration et bénédiction : Mon coeur volant çà et là

Des ailes de sa pensée,
Ravi d'admiration,
D'une voix haut élancée.
Un sacrifice immola,
Sur la harpe bien sonnée
Chantant bénédiction
Au Seigneur Dieu de Sion.

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyMar 30 Juil - 22:33

Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 9c5da54489acfcf79e54c5bf7dce9583

CHAPITRE VIII

Comment la sainte bienveillance produit la louange du divin Bien-Aimé.


Mais ce désir de louer Dieu que la sainte bienveillance excite en nos coeurs, Théotime, est insatiable; car l'âme qui en est touchée, voudrait avoir des louanges infinies pour les donner à son bien-aimé, parce qu'elle voit que ses perfections sont plus qu'infinies, si que se trouvant bien éloignée de pouvoir satisfaire son souhait, elle fait des extrêmes efforts d'affection pour en quelque sorte louer cette bonté toute louable, et ces efforts de bienveillance s'agrandissent admirablement par la complaisance car à mesure que l'âme trouve Dieu bon, savourant de plus en plus la suavité d'icelui, et se complaisant en son infinie beauté, elle voudrait aussi relever plus hautement les louanges et bénédictions qu'elle lui donne.

Or, à mesure aussi que l'âme s'échauffe à louer la douceur incompréhensible de Dieu, elle agrandit et dilate la complaisance qu'elle prend en icelle, et par cet agrandissement elle s'anime de plus fort à la louange. De sorte que l'affection de complaisance et celle de louange, par ces réciproques poussements (poussées, efforts) et mutuelles inclinations qu'elles font l'une à lautre, s'entre-donnent des grands et continuels accroissements.

Ainsi les rossignols se complaisent tant en leur chant, au rapport de Pline, que pour cette complaisance quinze jours et quinze nuits durant ils ne cessent jamais de gazouiller, s'efforçant de toujours mieux chanter à l'envi les uns des autres; de sorte que lorsqu'ils se dégoisent (tirent des sons du gosier, gazouillent) le mieux, ils y ont plus de complaisance, et cet accroissement de complaisance les porte à faire de plus grands efforts de mieux gringotter (fredonner), augmentant tellement leur complaisance par leur chant, et leur chant par leur complaisance, que maintes fois on les voit mourir, et leur gosier éclater à force de chanter; oiseaux dignes du beau nom de Philomèle, puisqu'ils meurent ainsi en l'amour et pour l'amour de la mélodie.

O Dieu ! mon Théotime, que le coeur ardemment pressé de l'affection de louer son Dieu reçoit une douleur grandement délicieuse et une douceur grandement douloureuse, quand après mille efforts de louange il se trouve si court! Hélas! il voudrait, ce pauvre rossignol, toujours plus hautement lancer ses accents et perfectionner sa mélodie, pour mieux chanter les bénédictions de son cher bien-aimé.

A mesure qu'il loue, il se plaît à louer, et à mesure qu'il se plaît à louer, il se déplaît de ne pouvoir encore mieux louer; et pour se contenter au mieux qu'il peut en cette passion, il fait toute sorte d'efforts entre lesquels il tombe en langueur, comme il advenait au très glorieux saint François, qui emmi les plaisirs qu'il prenait à louer Dieu et chanter ses cantiques d'amour, jetait une grande affluence de larmes, et laissait souvent tomber de faiblesse ce que pour lors il tenait eu main, demeurant comme un sacré Philomèle à coeur failli (en défaillance, évanoui), et perdant souvent le respirer à force d'aspirer aux louanges de celui quil ne pouvait jamais assez louer.

Mais oyez une similitude agréable sur ce sujet, tirée du nom que ce saint amoureux donnait à ses religieux, car il les appelait cigales, à raison des louanges qu'ils rendaient à Dieu emmi la nuit. Les cigales, Théotime, ont leurs poitrines pleines de tuyaux, comme si elles étaient des orgues naturelles, et pour mieux chanter elles ne vivent que de la rosée, laquelle elles ne tirent pas par la bouche, car elles n'en ont point, ains la sucent par une petite languette qu'elles ont au milieu de lestomac, par laquelle elles jettent aussi tous leurs sons avec tant de bruit qu'elles semblent n'être que voix.

Or, l'amant sacré est comme cela, car toutes les facultés de son âme sont autant de tuyaux qu'il y a eu sa poitrine pour résonner ( et plus bas: retentisse les louanges, sont pris pour: faire résonner, retentir.) les cantiques et louanges du bien-aimé:

sa dévotion au milieu de toutes est la langue de son coeur, selon saint Bernard, par laquelle il reçoit la rosée des perfections divines, les suçant et attirant à soi comme son aliment par la très sainte complaisance qu'il y prend, et par cette même langue de dévotion il fait toutes ses voix d'oraison, de louange, de cantiques, de psaumes, de bénédiction, selon le témoignage d'une des plus insignes cigales spirituelles qui ait jamais été ouïe, laquelle chantait ainsi:

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CHAPITRE VIII

Comment la sainte bienveillance produit la louange du divin Bien-Aimé.


Bénis Dieu, saintement poussée,
mon âme ! et vous, mes esprits,
Que je n'aie aucune pensée
Ni force au dedans ramassée,
Qui du Seigneur taise le prix.

Car n'est-ce pas comme s'il eût dit: je suis une cigale mystique? Mon âme, mes esprits, mes pensées et toutes les facultés qui sont ramassées au dedans de moi sont orgues.

O qu'à jamais tout cela bénisse le nom et retentisse les louanges de mon Dieu!

Ma bouche à jamais sera pleine
Du bruit de sa gloire hautaine,
Et n'aura bien qu'à le chanter;
La troupe d'ennuis oppressée.
Humble de coeur et de pensée
Prendra plaisir à m'écouler.

CHAPITRE IX

Comme la bienveillance nous fait appeler toutes les créatures à la louange de Dieu.


Le coeur atteint et pressé de désir de louer plus qu'il ne peut la divine bonté, après divers efforts, sort maintes fois de soi-même pour convier toutes les créatures à le secourir en son dessein. Comme nous voyons avoir fait les trois enfants en la fournaise, en cet admirable cantique de bénédictions, par lequel ils excitent tout ce qui est au ciel, en la terre et sous terre, à rendre grâce à Dieu éternel en le louant et bénissant souverainement.

Ainsi le glorieux Psalmiste, tout ému de la passion saintement déréglée qui le portait à louer Dieu, va sans ordre sautant du ciel à la terre et de la terre au ciel, appelant pêle-mêle les anges, les poissons, les monts, les eaux, les dragons, les oiseaux, les serpents, le feu, la grêle, les brouillards, assemblant par ses souhaits toutes les créatures, afin que toutes ensemble s'accordent à magnifier pieusement leur Créateur, les unes célébrant elles-mêmes les divines louanges, et les autres donnant le sujet de le louer par les merveilles de leurs différentes propriétés, lesquelles manifestent la grandeur de leur facteur, si que ce divin psalmiste royal ayant composé une grande quantité de psaumes avec cette inscription:

Louez Dieu; après avoir discouru parmi toutes les créatures pour leur faire les saintes semonces de bénir la majesté céleste, et parcouru une grande variété de moyens et instruments propres à la célébration des louanges de cette éternelle bonté; enfin, comme tombant en défaillance d'haleine, il conclut toute sa sacrée psalmodie par cet élan :

Tout esprit loue le Seigneur, c'est-à-dire, tout ce qui a vie ne vive ni ne respire que pour le Créateur, selon l'encouragement qu'il avait donné ailleurs:

Sus donc, d'une bouche animée,
Célébrons tous la renommée
De l'Eternel, à qui mieux, mieux:
Notre voix ensemble mêlée,
Bien haut sur la voûte étoilée,
Elève son nom glorieux.

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CHAPITRE IX

Comme la bienveillance nous fait appeler toutes les créatures à la louange de Dieu.


Ainsi le grand saint François chanta le cantique dix soleil et cent autres excellentes bénédictions, pour invoquer les créatures à venir aider son coeur tant alangouri, de quoi il ne pouvait à son gré louer Je cher Sauveur de son âme. Ainsi la céleste épouse se sentant presque évanouie entre les violents essais qu'elle faisait de bénir et magnifier le bien-aimé roi de son coeur :

Eh! criait-elle à ses compagnes, ce divin époux m'a menée par la contemplation en ses celliers à vin, me faisant savourer les délices incomparables des perfections de son excellence, et je me suis tellement détrempée et saintement enivrée par la complaisance que j'ai prise en cet abîme de beauté, que mon âme va languissante, blessée d'un désir amoureusement mortel, qui nie presse de louer à jamais une si éminente bonté.

Hélas! venez, je vous supplie, au secours de mon pauvre coeur qui va tout maintenant définir (finir), soutenez-le de grâce, et l'appuyez de toutes fleurs; confortez-le, et l'environnez de pommes; autrement il tombe pâmé.

La complaisance tire les suavités divines dedans le coeur, lequel se remplit si ardemment qu'il en est tout éperdu. Mais l'amour de la bienveillance fait sortir notre coeur de soi-même, et le fait exhaler en vapeurs de parfums délicieux, c'est-à-dire, en toutes sortes de saintes louanges, et n'en pouvant néanmoins tant pousser comme il désirerait :

O, dit-il, que toutes les créatures viennent contribuer les fleurs de leurs bénédictions, les pommes de leurs actions de grâces, de leurs honneurs et de leurs adorations, afin que de toutes parts on sente les odeurs répandues à la gloire de Celui duquel linfinie douceur surpasse tout honneur, et que nous ne pouvons jamais bien dignement magnifier.

C'est cette divine passion qui fait tant faire de prédications, qui fait passer entre tant de hasards les Xavier, les Berzée, les Antoine ( saint François Xavier, Berzée, Antoine Possevin, jésuites prédicateurs et auteurs des premiers temps de l'institut.), cette multitude de jésuites, de capucins, et de religieux et autres ecclésiastiques de toutes sortes, ès Indes, au Japon, en Maragnan (partie du fleuve des Amazones. (Amérique méridionale.)), afin de faire connaît, reconnaît et adorer le nom sacré de Jésus emmi ces grands peuples.

C'est cette passion sainte qui fait tant écrire de livres de piété, tant fonder d'églises, d'autels, de maisons pieuses, et en somme qui fait veiller, travailler et mourir tant de serviteurs de Dieu entre les flammes du zèle qui les consume et dévore.

CHAPITRE X

Comme le désir de louer Dieu nous fait aspirer au ciel.

L'âme amoureuse voyant qu'elle ne peut assouvir le désir qu'elle a de louer son bien-aimé, tandis qu'elle vit entre les misères de ce monde, et sachant que les louanges qu'on rend au ciel à la divine bonté se chantent d'un air incomparablement plus agréable

O Dieu! dit-elle, que les louanges répandues par ces bienheureux esprits devant le trône de mon Roi céleste sont louables! que leurs bénédictions sont dignes d'être bénites!

O que de bonheur d'ouïr cette mélodie de la très sainte éternité, en laquelle par une très souefve (suave) rencontre de voix dissemblables et de tons dispareils, se font ces admirables accords esquels toutes les parties avançant les unes sur les autres par une suite continuelle et incompréhensible liaison de chasses (poursuites, reprises), on entend de toutes parts retentir les perpétuels alleluia!

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CHAPITRE X

Comme le désir de louer Dieu nous fait aspirer au ciel.

 
Voix, pour leur éclat, comparées aux tonnerres, aux trompettes, au bruit des vagues de la mer agitée; mais voix qui aussi, pour leur incomparable douceur et suavité, sont comparées à la mélodie des harpes délicatement et délicieusement sonnées par la main des plus excellents joueurs; et voix qui toutes s'accordent à dire le joyeux cantique pascal alleluia, louez Dieu, amen, louez Dieu. Car sachez Théotime, qu'une voix sort du trône divin, qui ne cesse de crier aux heureux habitants de la glorieuse Jérusalem céleste : Dites à Dieu louange, ô vous qui êtes ses serviteurs et qui le craignez, grands et petits; à quoi toute cette multitude innombrable des saints, les choeurs des anges et les choeurs des hommes assemblés, répond chantant de toute sa force, alleluia, louez Dieu.
 
Mais quelle est cette voix admirable qui sortant du trône divin, annonce les alleluia aux élus, sinon la très sainte complaisance, laquelle étant reçue dedans l'esprit, leur fait ressentir la douceur des perfections divines, ensuite de laquelle naît en eux l'amoureuse bienveillance, source vive des louanges sacrées? Ainsi, par effet (en réalité), la complaisance procédant du trône, vient intimer les grandeurs de Dieu aux bienheureux, et la bienveillance les excite à répandre réciproquement devant le trône les parfums de louange. C'est pourquoi, par manière de réponse, ils chantent éternellement alleluia, c'est-à-dire: louez Dieu. La complaisance vient du trône dans le coeur, et la bienveillance va du coeur au trône.
 
O que ce temple est aimable où tout retentit en louange! Que de douceur à ceux qui vivent en ce sacré séjour où tant de philomèles et rossignols célestes chantent avec cette sainte contention d'amour les cantiques d'éternelle suavité !
 
Le coeur donc qui ne peut en ce monde ni chanter, ni ouïr les louanges divines à son gré, entre en des désirs non pareils d'être délivré des liens de cette vie pour aller en l'antre où on loue si parfaitement le bien-aimé céleste, et ces désirs s'étant emparés du coeur, se rendent quelquefois si puissants et pressants dans la poitrine des amants sacrés, que bannissant tous autres désirs, ils mettent en dégoût toutes choses terrestres, et rendent l'âme tout alangourie et malade d'amour, voire même cette sainte passion passe aucunes fois si avant, que, si Dieu le permet, on en meurt.
 
Ainsi ce glorieux et séraphique amant saint François ayant longuement été travaillé de cette forte affection de louer Dieu, enfin en ses dernières années, après qu'il eut assurance, par une très spéciale révélation, de son salut éternel, il ne pouvait contenir sa joie, et. s'allait de jour en jour consumant, comme si sa vie et son âme se fût évaporée, ainsi que l'encens, sur le feu des ardents désirs qu'il avait de voir son maître pour le louer incessamment; en sorte que ces  ardeurs prenant tous les jours de nouveaux accroissements, son âme sortit de son corps par un élan qu'elle fit vers le ciel : car la divine Providence voulut qu'il mourût en prononçant ces sacrées paroles Hé ! tirez hors de cette prison mon âme, ô Seigneur, afin que je bénisse votre nom; !es justes m'attendent jusqu'à ce que vous me rendiez la tranquillité désirée.
 
Théotime, voyez de grâce cet esprit, qui comme un céleste rossignol enfermé dans la cage de son corps, dans laquelle il ne peut chanter à souhait les bénédictions de son éternel amour, sait qu'il gazouillerait et pratiquerait mieux son beau ramage s'il pouvait gagner l'air pour jouir de sa liberté et de la société des autres philomèles entre les gaies et florissantes collines de la contrée bienheureuse.
 
C'est pourquoi il exclame hélas! ô Seigneur de ma vie, hé! par votre bonté toute douce, délivrez-moi, pauvre que je suis, de la cage de mon corps, retirez-moi de cette petite prison, afin qu'affranchi de cet esclavage, je puisse voler où mes chers compagnons m'attendent là-haut au ciel, pour me joindre à leurs choeurs et m'environner de leur joie. Là, Seigneur, alliant ma voix aux leurs, je ferai avec eux une douce harmonie d'air et d'accents délicieux, chantant, louant et bénissant votre Miséricorde. Cet admirable saint, comme un orateur qui veut finir et conclure tout ce qu'il a dit par quelque courte sentence, mit cette heureuse fin à tous ses souhaits et désirs, desquels ces dernières paroles furent l'abrégé, paroles auxquelles il attacha si fortement son âme, qu'il expira en les soupirant. Mon Dieu! Théotime, quelle douce et chère mort fut celle-ci, mort heureusement amoureuse, amour saintement mortel!

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptySam 3 Aoû - 23:32

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CHAPITRE XI

Comme nous pratiquons l'amour de bienveillance ès louanges que notre Rédempteur et sa Mère donnent à Dieu.


Nous allons donc montant en ce saint exercice de degré en degré, par les créatures que nous invitons à louer Dieu, passant des insensibles aux raisonnables et intellectuelles, et de l'Église militante à la triomphante, en laquelle nous nous relevons entre les anges et les saints, jusqu'à ce qu'au-dessus de toits nous ayons rencontré la très sainte Vierge, laquelle d'un air incomparable loue et magnifie la Divinité plus hautement, plus saintement et plus délicieusement que tout le reste des créatures ensemble ne saurait jamais faire.

Étant, il y a deux ans (1614), à Milan, où la vénération des récentes mémoires du grand archevêque saint Charles m'avait attiré avec quelques-uns de nos ecclésiastiques, nous ouïmes en diverses églises plusieurs sortes de musique.

Mais en un monastère de filles nous ouïmes une religieuse de laquelle la voix était si admirablement délicieuse, qu'elle seule répandait incomparablement plus de suavité dans nos esprits que ne fit tout le reste ensemble, qui, quoique excellent, semblait néanmoins n'être fait que pour donner le lustre et rehausser la perfection et l'éclat de cette voix unique.

Ainsi, Théotime, entre tous les coeurs des hommes et tous les coeurs des anges on entend cette voix hautaine de la très sainte Vierge, qui, relevée au-dessus de tout, rend plus de louange à Dieu que tout le reste des créatures. Aussi le Roi céleste la convie tout particulièrement à chanter :

Montre-moi ta face, dit-il, ô ma bien-aimée : que ta voix sonne à mes oreilles; car ta voix est toute douce, et ta face toute belle.

Mais ces louanges que cette Mère dhonneur et de belle dilection, avec toutes les créatures ensemble, donne à la Divinité, quoique excellentes et admirables, sont néanmoins si infiniment inférieures au mérite infini de la bonté de Dieu, qu'elles n'ont aucune proportion avec icelui; et partant, quoiqu'elles contentent grandement la sacrée bienveillance que le coeur amant a pour son bien-aimé, si est-ce quelles ne l'assouvissent pas.

Il passe donc plus avant, et invite le Sauveur de louer et glorifier son Père éternel de toutes les bénédictions que son amour filial lui peut fournir.

Et lors, Théotime, l'esprit arrive en un lieu de silence; car nous ne savons plus faire autre chose qu'admirer. O quel cantique du Fils pour le Père ! ô que ce cher bien-aimé est beau entre tous les enfants des hommes!

Ô que sa voix est douce, comme procédante des lèvres sur lesquelles la plénitude de la grâce est répandue. Tous les autres sont parfumés, mais lui il est le parfum même; les autres sont embaumés, mais lui il est le baume répandu. Le Père éternel reçoit les louanges des autres comme senteurs de fleurs particulières; mais au sentir des bénédictions que le Sauveur lui donne, il s'écrie sans doute :

O voici l'odeur des louanges de mon Fils comme l'odeur d'un champ plein de fleurs que j'ai bénit. Oui, mon cher Théotime, toutes les bénédictions que l'Église militante et triomphante donne à Dieu, sont bénédictions angéliques et humaines: car si bien elles s'adressent au Créateur, toutefois elles procèdent de la créature; niais celles du Fils, elles sont divines, car elles ne regardent pas seulement Dieu comme les autres, ains elles proviennent de Dieu.

Le Rédempteur est vrai Dieu; elles sont divines, non seulement quant à leur fin, mais quant à leur origine; divines, parce qu'elles tendent à Dieu; divines, parce qu'elles procèdent de Dieu, Dieu provoque l'âme, et donne la grâce requise pour la production des autres louanges mais celles du Rédempteur, lui qui est Dieu, les produit lui-même, c'est pourquoi elles sont infinies.

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyDim 4 Aoû - 23:59

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CHAPITRE XI

Comme nous pratiquons l'amour de bienveillance ès louanges que notre Rédempteur et sa Mère donnent à Dieu.


Celui qui le matin ayant ouï assez longuement entre les bocages voisins un gazouillement agréable d'une grande quantité de serins, linottes, chardonnerets et autres tels menus oiseaux, entendrait enfin un maître rossignol, qui en parfaite mélodie remplirait l'air et l'oreille de son admirable voix, sans doute qu'il préférerait ce seul chantre bocager à toute la troupe des autres.

Ainsi, après avoir ouï toutes les louanges que tant de différentes créatures, à l'envi les unes des autres, rendent unaniment à leur créateur; quand enfin on écoute celle du Sauveur, on y trouve une certaine infinité de mérites de valeur, de suavité qui surmonte toute espérance et attente du coeur; et l'âme alors, comme réveillée d'un profond sommeil, est tout à coup ravie par l'extrémité de la douceur de telle mélodie.

Eh ! je l'entends, ô la voix, la voix de mon bien-aimé ! voix reine de toutes les voix, voix au prix de laquelle les autres voix ne sont qu'un muet et morne silence. Voyez comme ce cher ami s'élance, le voici qui vient tressaillant ès plus hautes montagnes, outrepassant les collines.

Sa voix retentit au-dessus des séraphins et de toute créature; il a la vue de chevreuil pour pénétrer plus avant que nul autre en la beauté de l'objet sacré qu'il veut louer; il aime la mélodie de la gloire et louange de son Père plus que tous; c'est pourquoi il fait des tressaillements, des louanges et bénédictions au-dessus de tous. Tenez, le voilà ce divin amour du bien-aimé, comme il est derrière le paroi de son humanité; voyez qu'il se fait entrevoir par les plaies de son corps et l'ouverture de son flanc, comme par des fenêtres et comme par un treillis au travers duquel il nous regarde.

Oui, certes, Théotime, l'amour divin assis sur le coeur du Sauveur comme sur son trône royal, regarde par la fente de son côté percé tous les coeurs des enfants des hommes. Car ce coeur étant le roi des coeurs, tient toujours ses yeux sur les coeurs. Mais comme ceux qui regardent au travers des treillis voient et ne sont qu'entrevus, ainsi le divin amour de ce coeur, ou plutôt ce coeur du divin amour voit toujours clairement les nôtres et les regarde des yeux de sa dilection, mais nous ne le voyons pas pourtant, seulement nous l'entrevoyons.

Car, ô Dieu ! si nous le voyions ainsi qu'il est, nous mourrions d'amour pour lui, puisque nous sommes mortels, comme lui-même mourut pour nous, tandis qu'il était mortel, et comme il en mourrait encore, si maintenant il n'était immortel.

O si nous oyions ce divin coeur comme il chante d'une voix d'infinie douceur le cantique de louange à la divinité ! Quelle joie, Théotime, quels efforts de nos coeurs pour se lancer afin de le toujours ouïr ! Il nous y semond (excite), certes, ce cher ami de nos âmes : Sus, lève-toi, dit-il, sors de toi-même, prends le vol devers moi, ma colombe, ma trés belle, en ce céleste séjour où toutes choses sont joie, et ne respirent que louanges et bénédictions.

Tout y fleurit, tout y répand de la douceur et du parfum: les tourterelles, qui sont les plus sombres de tous les oiseaux, y résonnent néanmoins leur ramage: viens, ma bien-aimée toute chère; et pour me voir plus clairement, viens ès mêmes fenêtres par lesquelles je te regarde :

viens considérer mon coeur en la caverne de l'ouverture de mon flanc, qui fut faite lorsque mon corps, comme une maison réduite en masure, fut si piteusement démoli sur l'arbre de la croix, viens et me montre ta face. Eh! je la vois maintenant sans que tu me la montres; mais alors et je la verrai et tu me la montreras, car tu verras que je te vois: fais que j'écoute ta voix, car je la veux allier avec la mienne, ainsi ta face sera belle, et ta voix très agréable. O quelle suavité à nos coeurs, quand nos voix unies et mêlées avec celle du Sauveur participeront à l'infinie douceur des louanges que ce Fils bien-aimé rend à son Père éternel!

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Neuvaine de l'Assomption du 6 (7) au 14 (15)août

CHAPITRE XII


De la souveraine louange que Dieu se donne à soi-même,
et de l'exercice de bienveillance que nous faisons en icelle.

Toutes les actions humaines de notre Sauveur sont infinies eu valeur et mérite, à raison de la personne qui les produit, qui est un même Dieu avec le Père et le Saint-Esprit. Mais elles ne sont pas pourtant de nature et essence infinie.

Car tout ainsi qu'étant en une chambre nous ne recevons pas la lumière selon la grandeur de la clarté du soleil qui la répand, mais selon la grandeur de la fenêtre par laquelle il la communique; de même les actions humaines du Sauveur ne sont pas infinies, bien qu'elles soient dinfinie valeur; d'autant qu'encore que la personne divine les fasse, elle ne les fait pas toutefois selon l'étendue de son infinité, mais selon la grandeur finie de son humanité par laquelle elle les fait.

De sorte que comme les actions humaines de notre doux Sauveur sont infinies en comparaison des nôtres, aussi sont-elles finies en comparaison de l'essentielle infinité de la Divinité; elles sont d'infinie valeur, estime et dignité, parce qu'elles procèdent d'une personne qui est Dieu; mais elles sont d'essence et nature finie, parce que Dieu les fait selon sa nature et substance humaine, qui est finie.

La louange donc qui part du Sauveur, en tant qu'il est homme, n'étant pas de tout point infinie, elle ne peut correspondre de toutes parts à la grandeur infinie de la Divinité à laquelle elle est destinée.

C'est pourquoi après le premier ravissement d'admiration qui nous saisit quand nous avons rencontré une louange si glorieuse, comme est celle que le Sauveur donne à son Père, nous ne laissons pas de reconnaît que la Divinité est encore infiniment plus louable, qu'elle ne peut être louée ni par toutes les créatures, ni par l'humanité même du Fils éternel.

Si quelqu'un louait le soleil à cause de sa lumière, plus il s'élèverait vers icelui pour le louer, plus il le trouverait louable, parce qu'il y verrait toujours plus de splendeur.

Que si c'est cette beauté de la lumière qui provoque les alouettes à chanter, comme il est fort probable, ce n'est pas merveille si elles chantent plus clairement à mesure qu'elles volent plus hautement, s'élevant également en chant et en vol jusqu'à tant que ne pouvant presque plus chanter, elles commencent à descendre de ton et de corps, rabaissant petit à petit leur vol comme leur voix.

Ainsi, mon Théotime, à mesure que nous montons par bienveillance vers la Divinité pour entonner et ouïr ses louanges, nous voyons qu'il est toujours au-dessus de toute louange; et finalement nous connaissons qu'il ne peut être loué selon qu'il mérite, sinon par lui-même qui seul peut dignement égaler sa souveraine bonté par une souveraine louange.

Alors nous exclamons : Gloire soit au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit! Et afin qu'on sache que ce n'est pas la gloire des louanges créées que nous souhaitons à Dieu par cet élan, aine la gloire essentielle et éternelle qu'il a en lui-même, par lui-même, de lui-même, et qui est lui-même, nous ajoutons : Ainsi qu'il lavait au commencement, et maintenant et toujours ès siècles des siècles. Amen.

Comme si nous disions par souhait:

Qu'à jamais Dieu soit glorifié de la gloire qu'il avait avant toute créature en son infinie éternité et éternelle infinité! Pour cela nous ajoutons ce verset de gloire à chaque psaume et cantique, selon la coutume ancienne de l'Eglise orientale que le grand saint Jérôme supplia saint Damase pape de vouloir établir de deçà en Occident, pour protester que toutes les louanges humaines et angéliques sont trop basses pour dignement louer la divine bonté, et qu'afin quelle soit dignement louée, il faut quelle soit sa gloire, sa louange et sa bénédiction elle-même.



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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyMer 7 Aoû - 7:03

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CHAPITRE XII

De la souveraine louange que Dieu se donne à soi-même, et de l'exercice de bienveillance que nous faisons en icelle.


Dieu, quelle complaisance, quelle joie à l'âme qui aime, de voir son désir assouvi, puisque son bien-aimé se loue, bénit et magnifie infiniment soi-même !

Mais en cette complaisance naît derechef un nouveau désir de louer; car le coeur voudrait louer cette si digne louange que Dieu se donne à soi-même, l'en remerciant profondément, et rappelant derechef toutes choses à son secours pour venir avec lui glorifier la gloire de Dieu, bénir sa bénédiction infinie, et louer sa louange éternelle, si que par ce retour et répétition de louange sur louange il s'engage entre la complaisance et la bienveillance en un très heureux labyrinthe d'amour, tout abîmé en cette immense douceur, louant souverainement la Divinité de quoi elle ne peut être assez louée que par elle-même.

Et bien qu'au commencement l'âme amoureuse eût eu quelque sorte de désir de pouvoir assez louer son Dieu, si est-ce que revenant à soi elle proteste qu'elle ne voudrait pas le pouvoir assez louer, ains demeure en une très humble complaisance de voir que la divine bonté est si très infiniment louable, qu'elle ne peut être suffisamment louée que par sa propre infinité. En cet endroit, le coeur ravi en admiration chante le cantique du silence sacré:

A votre divine excellence
On dédie dans Sion
L'Hymne d'admiration,
Qui ne se chante qu'en silence.

Car ainsi les séraphins d'Isaïe adorant Dieu et le louant, voilent leurs faces et leurs pieds pour confesser qu'ils n'ont nulle suffisance de le bien considérer ni de re bien servir; car les pieds sur lesquels on va, représentent le service; mais pourtant ils volent de deux ailes par le continuel mouvement de la complaisance et de la bienveillance, et leur amour prend son repos en cette douce inquiétude.

Le coeur de l'homme n'est jamais tant inquiété que quand on empêche le mouvement par lequel il s'étend et resserre continuellement, et jamais si tranquille que quand il a ses mouvements libres; de sorte que sa tranquillité est en son mouvement.

Or, c'en est de même de l'amour de tous les séraphins et de tous les hommes séraphiques, car il eu son repos en son continuel mouvement de complaisance par lequel il tire Dieu en soi, comme le resserrant, et de bienveillance par lequel il s'étend et jette tout en Dieu.

Cet amour donc voudrait bien voir les merveilles de l'infinie bonté de Dieu, mais il replie les ailes de ce désir sur son visage, confessant qu'il n'y peut réussir. Il voudrait aussi rendre quelque digne service, mais il replie le désir sur ses pieds, avouant qu'il n'en a pas le pouvoir, et ne lui reste que les deux ailes de complaisance et bienveillance avec lesquelles il vole et s'élance vers Dieu.

FIN DU LIVRE CINQUIÈME

LIVRE VI

CHAPITRE PREMIER.

Description de la théologie mystique, qui n'est autre chose que l'oraison.


Nous avons deux principaux exercices de notre amour envers Dieu: l'un affectif, et l'autre effectif, ou, comme dit saint Bernard, actif.

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LIVRE VI
CHAPITRE PREMIER.

Description de la théologie mystique, qui n'est autre chose que l'oraison.


Par celui-là nous affectionnons Dieu, et ce qu'il affectionne ; par celui-ci nous servons Dieu, et faisons ce qu'il ordonne.

Celui-là nous joint à la bonté de Dieu ; celui-ci nous fait exécuter ses volontés. L'un nous remplit de complaisance, de bienveillance, d'élans, de souhaits, de soupirs et d'ardeurs spirituelles, nous taisant pratiquer les sacrées infusions et mélanges de notre esprit avec celui de Dieu; l'autre répand en nous la solide résolution, la fermeté de courage et l'inviolable obéissance requise pour effectuer les ordonnances de la volonté de Dieu, et pour souffrir, agréer, approuver et embrasser tout ce qui provient de son bon plaisir.

L'un nous fait plaire en Dieu, l'autre nous fait plaire à Dieu. Par l'un nous concevons, par l'autre nous produisons. Par l'un nous mettons Dieu sur notre coeur, comme un étendard d'amour auquel toutes nos affections se rangent; par l'autre nous le mettons sur nos bras, comme une épée de dilection par laquelle nous faisons tous les exploits des vertus.

Or, le premier exercice consiste principalement en l'oraison, en laquelle se passent tant de divers mouvements intérieurs, qu'il est impossible de les exprimer tous, non seulement à cause de leur quantité. Mais aussi à raison de leur nature et qualité, laquelle étant spirituelle ne peut être que grandement déliée et presque imperceptible à nos entendements.

Les chiens les plus sages et mieux dressés tombent souvent en défaut, perdant la piste et le sentiment pour la variété des ruses dont les cerfs usent, faisant les horvaris (Ce mot, qui désigne certain cri des chasseurs pour ramener les chiens en défaut, se dit, par extension, des ruses des animaux chassés.), donnant le change et pratiquant mille malices pour s'échapper devant la meute, et nous perdons souvent de vue et de connaissance notre propre coeur en linfinie diversité des mouvements par lesquels il se tourne en tant de façons et avec une si grande promptitude qu'on ne peut discerner ses erres (errements, détours).

Dieu seul est celui qui, par son infinie science, voit, sonde et pénètre tous les tours et contours de nos esprits ; il entend nos pensées de loin, il trouve tous nos sentiers, faufilans et détours :

sa science est admirable, elle prévaut au-dessus de notre capacité, et nous n'y pouvons atteindre. Certes, si nos esprits voulaient faire retour sur eux-mêmes par les réfléchissements (réfexions) et replis de leurs actions, ils entreraient en des labyrinthes esquels ils perdraient sans doute lissue, et ce serait une attention insupportable de penser quelles sont nos pensées, considérer nos considérations, voir toutes nos vues spirituelles, discerner que nous discernons, nous ressouvenir que nous nous ressouvenons :

ce seraient des entortillements que nous ne pourrions défaire. Ce traité est donc difficile, surtout à qui n'est pas homme de grande oraison.

Nous ne prenons pas ici le mot d'oraison pour la seule prière ou demande de quelque bien, répandue devant Dieu par les fidèles, comme saint Basile la nomme, mais comme saint Bonaventure, quand il dit que l'oraison, à parler généralement, comprend tous les actes de contemplation ; ou comme saint Grégoire Nyssène (De Nysse), quand il enseignait que L'oraison est un entretien et conversation de l'âme avec Dieu ; ou bien comme saint Chrysostome, quand il assure que l'oraison est un devis avec la divine majesté; ou enfin comme saint Augustin et saint Damascène, quand ils disent que l'oraison est une montée on élèvement de l'esprit en Dieu.

Que si l'oraison est un colloque, un devis, ou une conversation de l'âme avec Dieu, par icelle donc nous parlons à Dieu, et Dieu réciproquement parle à nous; nous aspirons à lui et respirons en lui; et mutuellement il inspire en nous et respire sur nous.

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyJeu 8 Aoû - 22:50

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LIVRE VI

CHAPITRE PREMIER.

Description de la théologie mystique, qui n'est autre chose que l'oraison.


Mais de quoi devisons-nous en l'oraison? quel est le sujet de notre entretien ? Théotime, on n'y parle que de Dieu; car de qui pourrait deviser et s'entretenir l'amour, que du bien-aimé?

Et pour cela l'oraison et la théologie mystique ne sont qu'une même chose. Elle s'appelle théologie, parce que comme la théologie spéculative a Dieu pour son objet, celle-ci aussi ne parle que de Dieu, avec trois différences :

car, 1° celle-là traite de Dieu en tant qu'il est Dieu, et celle-ci en parle en tant quil est souverainement aimable, c'est-à-dire, celle-là regarde la divinité de la suprême bonté, et celle-ci la suprême bonté de la divinité;

2° la spéculative traite de Dieu avec les hommes et entre les hommes, la mystique parle de Dieu avec Dieu et en Dieu même;

3° la spéculative tend à la connaissance de Dieu, et la mystique à l'amour de Dieu, de sorte que celle-là rend ses écoliers savants, doctes et théologiens; mais celle-ci rend les siens ardents, affectionnés, amateurs de Dieu, et Philothées ou Théophiles.

Or, elle s'appelle mystique, parce que la conversation y est toute secrète, et ne se dit rien en icelle entre Dieu et l'âme que de coeur à coeur par une communication incommunicable à tout autre qu'à ceux qui la font.

Le langage des amants est si particulier que nul ne l'entend qu'eux-mêmes. Je dors, disait l'amante sacrée, et mon coeur veille, eh ! voilà que mon bien-aimé me parle.

Qui eût pu deviner que cette épouse étant endormie eût néanmoins devisé avec son époux? Mais où l'amour règne, on n'a point besoin du bruit des paroles extérieures, ni de l'usage des sens pour s'entretenir et s'entrouïr l'un lautre.

En somme l'oraison et théologie mystique n'est autre chose qu'une conversation par laquelle l'âme s'entretient amoureusement avec Dieu de sa très aimable bonté, pour s'unir et joindre à icelle.

L'oraison est une manne, pour l'infinité des goûts amoureux et des précieuses suavités qu'elle donne à ceux qui en usent; mais elle est secrète, parce qu'elle tombe avant la clarté d'aucune science, en la solitude mentale où l'âme traite seule à seule avec son Dieu.

Qui est celle-ci, peut-on dire d'elle, qui monte par le désert comme une nuée de parfums, de myrrhe, d'encens, et de toutes les poudres du parfumeur ? Aussi le désir du secret l'avait incitée de faire cette supplication à son époux :

Venez, mon bien-aimé, sortons aux champs, séjournons és villages; pour cela l'amante céleste est appelée tourterelle, oiseau qui se plait ès lieux ombrageux et solitaires, esquels elle ne se sert de son ramage que pour son unique patron, ou le flattant tandis qu'il est en vie, ou le regrettant après sa mort.

Pour cela au Cantique l'époux divin et l'épouse céleste représentent leurs amours par un continuel devis, que si leurs amis et amies parlent parfois emmi leur entretien, ce n'est qu'à la dérobée, et de sorte qu'ils ne troublent point le colloque.

Pour cela la bienheureuse mère Térèse de Jésus trouvait plus de profit au commencement ès mystères où notre Seigneur fut plus seul, comme au jardin des Olives, et lorsqu'il fut attendant la Samaritaine, car il lui était advis qu'étant seul il la devait plus tôt admettre auprès de lui.

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptySam 10 Aoû - 0:14

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LIVRE VI
CHAPITRE PREMIER.
Description de la théologie mystique, qui n'est autre chose que l'oraison.


L'amour désire le secret, et quoique les amants n'aient rien à dire de secret, ils se plaisent toutefois à le dire secrètement, et c'est en partie, si je ne me trompe, parce qu'ils ne veulent parler que pour eux-mêmes, et disant quelque chose à haute voix, il leur est advis que ce n'est plus pour eux seuls, partie (en partie), parce qu'ils ne disent pas les choses communes à la façon commune, ainsi avec des traits particuliers et qui ressentent la spéciale affection avec laquelle ils parlent.

Le langage de l'amour est commun quant aux paroles; mais quant à la manière et prononciation, il est si particulier que nul ne l'entend, sinon les amants.

Le nom d'ami, étant dit en commun, n'est pas grandchose, mais étant dit à part, en secret, à l'oreille, il veut dire merveille, et à mesure qu'il est dit plus secrètement, sa signification en est plus aimable.

O Dieu! quelle différence entre le langage de ces anciens amateurs de la divinité, Ignace, Cyprien, Chrysostome, Augustin, Hilaire, Ephrem, Grégoire, Bernard, et celui des théologiens moins amoureux!

Nous usons de leurs mêmes mots, mais entre eux c'étaient des mots pleins de chaleur et de la suavité des parfums amoureux : parmi nous ils sont froids et sans aucune senteur.

L'amour ne parle pas seulement par la langue, mais par les yeux, les soupirs et contenances. Oui même le silence et la taciturnité lui tiennent lieu de parole.

Mon coeur vous la dit, ô Seigneur, ma face vous a cherché; ô Seigneur, je chercherai votre face. Mes yeux ont défailli, disant:

Quand me consolerez-vous ! Exaucez ma prière, ô Seigneur, et déprécation: écoutez de vos oreilles mes larmes.

Que la prunelle de ton oeil ne se taise point, disait le coeur désolé des habitants de Jérusalem à leur propre ville. Voyez-vous, Théotime, que le silence des amants affligés parle de la prunelle des yeux et par les larmes.

Certes, en la théologie mystique, c'est le principal exercice de parler à Dieu et d'ouïr parler Dieu au fond du coeur, et parce que ce devis se fait par de très secrètes aspirations et inspirations, nous l'appelons colloque de silence : les yeux parlent aux yeux, et le coeur au coeur, et nul nentend ce qui se dit que les amants sacrés qui parlent.

CHAPITRE II
De la méditation, premier degré de l'oraison ou théologie mystique.


Ce mot est grandement en usage dans les saintes Écritures, et ne veut dire autre chose qu'une attentive et réitérée pensée propre à produire des affections ou bonnes ou mauvaises. Au premier psaume, l'homme est dit bienheureux qui sa volonté en la loi du Seigneur, et qui méditera en la loi dicelui jour et nuit.

Mais au second psaume : Pourquoi ont frémi les nations et les peuples? Pourquoi ont-ils médité des choses vaines?

La méditation donc se fait pour le bien et pour le mal. Toutefois d'autant qu'en l'Écriture sainte le mot de méditation est employé ordinairement pour l'attention que l'on a aux choses divines afin de s'exciter à les aimer, il a été, par manière de dire, canonisé du commun consentement des théologiens, aussi bien que le nom dange et de zèle; comme au contraire celui de dol et de démon a été diffamé, si que maintenant, quand on nomme la méditation, on entend parler de celle qui est sainte, et par laquelle on commence la théologie mystique.

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LIVRE VI
CHAPITRE II

De la méditation, premier degré de l'oraison ou théologie mystique.


Or, toute méditation est une pensée, mais toute pensée n'est pas une méditation. Maintes fois nous avons des pensées auxquelles notre esprit s'attache sans dessein ni prétention quelconque, par manière de simple amusement, ainsi que nous voyons, les mouches comme voler çà et là sur les fleurs sans en tirer chose aucune, et cette espèce de pensée, pour attentive qu'elle soit, ne peut porter le nom de méditation, ains doit être simplement appelée pensée.

Quelquefois nous pensons attentivement à quelque chose pour apprendre ses causes, ses effets, ses qualités, et cette pensée s'appelle étude, en laquelle l'esprit fait comme les hannetons qui volettent sur les fleurs et les feuilles indistinctement, pour les manger et s'en nourrir.

Mais quand nous pensons aux choses divines, non pour apprendre, mais pour nous affectionner à elles, cela s'appelle méditer, et cet exercice, méditation, auquel notre esprit, non comme une mouche par simple amusement, ni comme un hanneton pour manger et se remplir, mais comme une sacrée avette, va çà et là sur les fleurs des saints mystères pour en extraire le miel du divin amour.

Ainsi plusieurs sont toujours songeants et attachés à certaines pensées inutiles, sans savoir presque à quoi ils pensent: et ce qui est admirable, ils n'y sont attentifs que par inadvertance, et voudraient ne point avoir telles cogitations; témoin celui qui disait :

Mes pensées se sont dissipées tourmentant mon coeur. Plusieurs aussi étudient, et par une occupation très laborieuse se remplissent de vanité, ne pouvant résister à la curiosité; mais il y en a peu qui s'emploient à méditer pour échauffer leur coeur au saint amour céleste.

En somme la pensée et l'étude se font de toutes sortes de choses; mais la méditation, ainsi que nous en parlons maintenant, ne regarde que les objets; la considération desquels nous peut rendre bons et dévots.

Si que la méditation n'est autre chose qu'une pensée attentive, réitérée ou entretenue volontairement en l'esprit afin d'exciter la volonté à des saintes et salutaires affections et résolutions. La sainte parole explique certes admirablement en quoi consiste la sainte méditation par une excellente similitude.

Ezéchias voulant exprimer eu son cantique l'attentive considération qu'il fait de son mal : Je crierai, dit-il, comme un poussin d'hirondelle, et je méditerai comme une colombe.

Car, mon cher Théotime, si jamais vous y avez pris garde, les petits des hirondelles ouvrent grandement leur bec quand ils font leur piallement (piaillement, cri plaintif), et au contraire les colombes entre tous les oiseaux font leur grommellement à bec clos et enfermé, roulant leur voix dans le gosier et poitrine sans que rien en sorte que par manière de retentisse-nient et résonnement, et ce petit grommellement leur sert également pour exprimer leurs douleurs comme pour déclarer leurs joies.

Ezéchias donc, pour montrer qu'emmi son ennui il faisait plusieurs oraisons vocales : Je crierai, dit-il, comme le poussin de l'hirondelle, ouvrant ma bouche pour pousser, devant Dieu, plusieurs voit lamentables; et pour témoigner d'autre part qu'il employait aussi la sainte oraison mentale:

Je méditerai, ajoute-t-il, sommé la colombe, roulant et contournant mes pensées dedans mon coeur par une attentive considération, afin de m'exciter à bénir et louer la souveraine Miséricorde de mon Dieu, qui ma retiré des portes de la mort, ayant compassion de ma misère.

Ainsi, dit Isaïe, nous rugirons ou bruirons comme des ours, et gémirons méditant comme des colombes; le bruit des ours se rapportant aux exclamations par lesquelles on s'écrie en raison vocale, et les gémissements des colombes à la sainte méditation.

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LIVRE VI

CHAPITRE II

De la méditation, premier degré de l'oraison ou théologie mystique.


Mais afin qu'on sache que les colombes ne font pas leur grunement (petit grognement, roucoulement) seulement ès occasions de tristesse, ains encore en celles de la joie, l'époux sacré décrivant le printemps naturel pour exprimer les grâces du printemps spirituel :

La voix, dit-il, de la tourterelle a été ouie en notre terre, parce qu'au printemps la tourterelle commence à s'échauffer, ce qu'elle témoigne par son ramage qu'elle répand plus fréquemment; et tôt après :

Ma colombe, montre-moi ta face; que ta voix résonne à mes oreilles; car ta voix est douce, et ta face très bienséante et gracieuse. Il veut dire, Théotime, que l'âme dévote lui est très agréable, quand elle se présente devant lui, et qu'elle médite comme la colombe, pour s'échauffer au saint amour spirituel.

Ains celui qui avait dit : Je méditerai comme la colombe, exprimant sa conception d'une autre sorte : Je repenserai, dit-il, devant vous, ô mon Dieu, toutes mes années en l'amertume de mon âme; car méditer et repenser pour exciter les affections n'est qu'une même chose.

Dont Moïse avertissant le peuple de repenser les faveurs reçues de Dieu, il ajoute cette raison. Afin, dit-il, que tu observes ses commandements, et que tu chemines en ses voies, et que tu le craignes.

Et notre Seigneur même fait ce commandement à Josué : Tu méditeras au livre de la loi jour et nuit, afin que tu gardes et fasses ce qui est écrit en icelui . Ce qu'en l'un des passages est exprimé par le mot de méditer, est déclaré en l'autre par celui de repenser.

Et pour montrer que la pensée réitérée et la méditation tend à nous émouvoir aux affections, résolutions et actions, il est dit, en l'un et l'autre passage, qu'il faut repenser et méditer en la loi pour l'observer et pratiquer.

En ce sens l'Apôtre nous exhorte en cette sorte : Repensez d'icelui qui a reçu une telle contradiction des pécheurs afin que vous ne vous lassiez, manquant de courage.

Quand il dit: repensez, c'est autant comme s'il disait : Méditez. Mais pourquoi veut-il que nous méditions la sainte Passion?

Non, certes, afin que nous devenions savants, mais afin que nous devenions patients et courageux au chemin du ciel. O comme j'ai chéri votre loi, mon Seigneur! dit David, c'est tout le jour ma méditation. Il médite en la loi, parce qu'il la chérit; et il la chérit, parce qu'il la inédite.

La méditation n'est autre chose que le ruminement mystique requis pour n'être point immonde, auquel une des dévotes bergères qui suivaient la sacrée Sulamite nous invite; car elle assure que la sainte doctrine est comme un vin précieux, digne non seulement d'être bu par les pasteurs et docteurs, mais d'être soigneusement savouré, et, par manière de dire, mâché et ruminé.

Ton gosier, dit-elle, dans lequel se forment les paroles saintes, est un vin très bon, digne de mon bien-aimé, pour être bu de ses lèvres, et de ses dents pour être ruminé.

Ainsi le bienheureux Isaac, comme un agneau net et pur, sortait devers le soir aux champs pour se retirer, conférer et exercer son esprit avec Dieu, c'est-à-dire, prier et méditer.

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LIVRE VI

CHAPITRE II

De la méditation, premier degré de l'oraison ou théologie mystique.


L'avette va voletant çà et là au printemps sur les fleurs, non à l'aventure, mais à dessein; non pour se récréer seulement à voir la gaie diaprure (variété) du paysage, mais pour chercher le miel, lequel ayant trouvé, elle le suce et s'en charge; puis le portant dans sa ruche, elle l'accommode artistement en séparant la cire, et d'icelle faisant le bornai (ruche, gâteau de cire) dans lequel elle réserve le miel pour l'hiver suivant.

Or, telle est l'âme dévote en méditation: elle va de mystère en mystère, non point à la volée, ni pour se consoler seulement à voir l'admirable beauté de ces divins objets.

Mais destinément et à dessein, pour trouver des motifs d'amour onde quelque céleste affection; et les ayant trouvés, elle les tire à soi, elle les savoure, elle s'en charge; et les ayant réduits et colloqués dedans son coeur, elle met à part ce quelle voit de plus propre pour son avancement, faisant enfin des résolutions convenables pour le temps de la tentation.

Ainsi la céleste amante, comme une abeille mystique, va voletant au Cantique des cantiques, tantôt sur les yeux, tantôt sur les lèvres, sur les joues, sur la chevelure de son bien-aimé, pour en tirer la suavité de mille affections amoureuses, remarquant par le menu tout ce qu'elle trouve de rare pour cela; de sorte que tout ardente de la sacrée dilection, elle parle avec lui, elle l'interroge, elle l'écoute, elle soupire, elle aspire, elle l'admire; comme lui de son côté la comble de contentement, l'inspirant, lui touchant et ouvrant le coeur, puis répandant en icelui des clartés, des lumières, des douceurs sans fin, mais d'une façon si secrète que l'on peut bien parler de cette sainte conversation de l'âme avec Dieu comme le sacré texte dit de celle de Dieu avec Moïse:

Que Moïse étant seul sur le coupeau (sommet) de la montagne, il parlait à Dieu, et Dieu lui répondait.

CHAPITRE III

Description de la contemplation, et de la première différence qu'il y a entre icelle et la méditation.


Théotime, la contemplation n'est autre chose qu'une amoureuse, simple et permanente attention de l'esprit, aux choses divines; ce que vous entendrez aisément par la comparaison de la méditation avec elle.

Les petits mouchons (petites mouches) des abeilles s'appellent nymphes ou schadons (en grec sxadon, larve des abeille) jusqu'à ce qu'ils fassent le miel, et lors on les appelle avettes ou abeilles. De même l'oraison s'appelle méditation jusqu'à ce qu'elle ait produit le miel de la dévotion :

après cela elle se convertit eu contemplation. Car comme les avettes parcourent le paysage de leur contrée pour le picorer çà et là et recueillir le miel, lequel ayant amassé, elles travaillent sur icelui pour le plaisir qu'elles prennent en sa douceur : ainsi nous méditons pour recueillir l'amour de Dieu, mais l'ayant recueilli, nous contemplons Dieu et sommes attentifs à sa bonté pour la suavité que l'amour nous y fait trouver.

Le désir d'obtenir l'amour divin nous fait méditer, mais l'amour obtenu nous fait contempler; car l'amour nous fait trouver une suavité si agréable en la chose aimée, que nous ne pouvons assouvir nos esprits de la voir et considérer.

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CHAPITRE III
Description de la contemplation, et de la première différence qu'il y a entre icelle et la méditation.

Voyez la reine de Saba, Théotime, comme considérant par le menu la sagesse de Salomon en ses réponses, en la beauté de sa maison, en la magnificence de sa table, ès logis de ses serviteurs, en l'ordre que tous ceux de sa cour tenaient pour l'exercice de leurs charges, en leurs vêtements et maintiens, en la multitude des holocaustes qu'ils offraient en la maison du Seigneur, elle demeura tout éprise d'un ardent amour, qui convertit sa méditation en contemplation, par laquelle étant toute ravie hors de soi-même, elle dit plusieurs paroles d'extrême contentement.

La vue de tant de merveilles engendra dans son coeur un extrême amour, et cet amour produisit un nouveau désir de voir toujours plus et jouir de la présence de celui auquel elle les avait vues, dont elle s'écrie : Hé ! que bienheureux sont les serviteurs qui sont toujours autour de vous et oyent votre sapience (sagesse, conversation savante)

Ainsi nous commençons quelquefois à manger pour exciter notre appétit, mais l'appétit étant réveillé, nous poursuivons à manger pour contenter l'appétit; et nous considérons au commencement la bonté de Dieu pour exciter notre volonté à l'aimer ; mais l'amour étant formé dans nos coeurs, nous considérons cette même bonté pour contenter notre amour qui ne se peut assouvir de toujours voir ce quil aime.

Et en somme, la méditation est mère de l'amour, mais la contemplation est sa fille : c'est pourquoi j'ai dit que la contemplation était une attention amoureuse, car on appelle les enfants du nom de leurs pères, et non pas les pères du nom de leurs enfants.

Il est vrai, Théotime, que comme l'ancien Joseph fut la couronne et la gloire de son père, lui donna un grand accroissement d'honneurs et de contentement, et le fit rajeunir en sa vieillesse; ainsi la contemplation couronne son père qui est l'amour, le perfectionne, et lui donne le comble d'excellence.

Car l'amour ayant excité en nous l'attention contemplative, cette attention fait naître réciproquement un plus grand et fervent amour, lequel enfin est couronné de perfection lorsqu'il jouit de ce qu'il aime. L'amour nous fait plaire en la vue de notre bien-aimé, et la vue du bien-aimé nous fait plaire en son divin amour; en sorte que par ce mutuel mouvement de l'amour à la vue, et de la vue à l'amour, comme l'amour rend plus belle la beauté de la chose aimée, aussi la vue d'icelle rend l'amour plus amoureux et délectable.

L'amour, par une imperceptible faculté, fait paraître la beauté que l'on aime plus belle; et la vue pareillement affine l'amour pour lui faire trouver la beauté plus aimable : l'amour presse les yeux de regarder toujours plus attentivement la beauté bien-aimée, et la vue force le coeur de l'aimer toujours plus ardemment.

CHAPITRE IV
Qu'en ce monde l'amour prend sa naissance, mais non pas son excellence, de la connaissance de Dieu.


Mais qui a plus de force, je vous prie, ou l'amour pour faire regarder le bien-aimé, ou la vue pour le faire aimer? Théotime, la connaissance est requise à la production de l'amour: car jamais nous ne saurions aimer ce que nous ne connaissons pas; et à mesure que la connaissance attentive du bien s'augmente, l'amour aussi prend d'avantage de croissance, pourvu qu'il n'y ait rien qui empêche son mouvement.

Mais néanmoins il arrive maintes fois que la connaissance ayant produit l'amour sacré, l'amour ne s'arrêtant pas dans les bornes de la connaissance qui est en l'entendement, passe outre et s'avance bien fort au delà d'icell.

Si qu'en cette vie mortelle nous pouvons avoir plus d'amour que de connaissance de Dieu, dont le grand saint Thomas assure que souvent les plus simples et les femmes abondent en dévotion, et sont ordinairement plus capables de l'amour divin que les habiles gens et savants.

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CHAPITRE IV

Qu'en ce monde l'amour prend sa naissance, mais non pas son excellence, de la connaissance de Dieu.


Le fameux abbé de Saint-André de Verceil, Maître de saint Antoine de Padoue, en ses commentaires sur saint Denis, répète plusieurs fois que l'amour pénètre où la science extérieure ne saurait atteindre, et dit que plusieurs évêques ont jadis pénétré le mystère de la Trinité, quoiqu'ils ne fussent pas doctes, admirant sur ce propos son disciple saint Antoine de Padoue, qui, sans science mondaine, avait une si profonde théologie mystique, que comme un autre saint Jean-Baptiste on le pouvait nommer une lampe luisante et ardente.

Le bienheureux frère Gilles, des premiers compagnons de saint François, dit un jour à saint Bonaventure : O que vous êtes heureux, vous autres doctes car vous savez maintes choses par lesquelles vous louez Dieu.

Mais nous autres idiots, que ferons-nous? et saint Bonaventure répondit La grâce de pouvoir aimer Dieu suffit. Mais, mon père, répliqua frère Gilles, un ignorant peut-il aimer Dieu autant qu'un lettré ?

Il le peut, dit saint Bonaventure; ains je vous dis qu'une pauvre simple femme peut autant aimer Dieu qu'un docteur en théologie.

Lors frère Gilles entrant en ferveur, s'écria: O pauvre et simple femme, aime ton Sauveur, et tu pourras être autant que frère Bonaventure, et là-dessus il demeura trois heures en ravissement.

La volonté, certes, ne s'aperçoit du bien que par l'entremise de l'entendement; mais l'ayant une fois aperçu, elle n'a plus besoin de l'entendement pour pratiquer l'amour:

car la force du plaisir qu'elle sent ou prétend sentir de l'union à son objet, l'attire puissamment à l'amour et au désir de la jouissance d'icelui, si que la connaissance du bien donne la naissance à l'amour, mais non pas la mesure, comme nous voyons que la connaissance d'une injure émeut la colère, laquelle, si elle n'est soudain étouffée, devient presque toujours plus grande que le sujet ne requiert.

Les passions ne suivant pas la connaissance qui les émeut, mais la laissant bien souvent en arrière, elles s'avancent sans mesure ni limite quelconque devers leur objet.

Or, cela arrive encore plus fortement en l'amour sacré, d'autant que notre volonté n'y est pas appliquée par une connaissance naturelle, mais par la lumière de la foi :

laquelle nous assurant de l'infinité du bien qui est en Dieu, nous donne assez de sujet de l'aimer de tout notre pouvoir.

Nous fouissons la terre pour trouver l'or et l'argent, employant une peine présente pour un bien qui n'est encore qu'espéré:

de sorte que la connaissance incertaine nous met en un travail présent et réel. Puis à mesure que nous découvrons la veine de la minière, nous en cherchons toujours davantage et plus ardemment.

Un bien petit sentiment (fumet) échauffe la meute à la quête:

ainsi, cher Théotime, une connaissance obscure environnée de beaucoup de nuages, comme est celle de la foi, nous affectionne infiniment à l'amour de la bonté qu'elle nous fait apercevoir.

Or, combien est-il vrai, selon que saint Augustin s'écriait, que les idiots ravissent les cieux, tandis que plusieurs savants s'abîment ès enfers!

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV
Qu'en ce monde l'amour prend sa naissance, mais non pas son excellence, de la connaissance de Dieu.


A votre avis, Théotime, qui aimerait plus la lumière, ou l'aveugle-né qui saurait tous les discours que les philosophes en font et toutes les louanges qu'ils lui donnent, ou le laboureur qui d'une vue bien claire sent et ressent l'agréable splendeur du beau soleil levant?

Celui-là en a plus de connaissance, et celui-ci plus de jouissance, et cette jouissance produit un amour bien plus vif et animé, que ne fait la simple connaissance du discours: car l'expérience d'un bien nous le rend infiniment plus aimable que toutes les sciences qu'on en pourrait avoir.

Nous commençons d'aimer par la connaissance que la foi nous donne de la bonté de Dieu, laquelle par après nous savourons et goûtons par l'amour; et l'amour aiguise notre goût, et notre goût affine notre amour : si que, comme nous voyons entre les efforts des vents les ondes s'entrepresser et s'élever plus haut comme à l'envi par la rencontre qu'elles font l'une de l'autre ; ainsi le goût du bien en rehausse l'amour, et l'amour en rehausse le goût, selon que la divine sagesse a dit:

Ceux qui me goûtent, auront encore appétit; et ceux qui me boivent, seront encore altérés. Qui aima plus Dieu, je vous prie, ou le théologien Ocham que quelques-uns ont nommé le plus subtil des mortels, ou sainte Catherine de Gennes, femme idiote?

Celui-là le connut mieux par science, celle-ci par expérience, et l'expérience de celle-ci la conduisit bien avant en l'amour séraphique, tandis que celui-là avec sa science demeura bien éloigné de cette si excellente perfection.

Nous aimons extrêmement les sciences avant que nous les sachions, dit saint Thomas, par la seule connaissance confuse et sommaire que nous en avons; et il faut dire de même que la connaissance de la bonté divine applique notre volonté à l'amour; mais depuis que la volonté est en train, son amour va de soi-même croissant par le plaisir qu'il sent de s'unir à ce souverain bien.

Avant que les petits enfants aient tâté le miel et le sucre, on a de la peine à le leur faire recevoir en leurs bouches; mais après qu'ils ont savouré sa douceur, ils l'aiment beaucoup plus qu'on ne voudrait, et pourchassent (désirent) éperdument d'en avoir toujours. Il faut néanmoins avouer que la volonté attirée par la délectation qu'elle sent en son objet, est bien plus fortement portée à s'unir avec lui quand l'entendement de son côté lui en propose excellemment la bonté ; car elle y est alors tirée et poussée tout ensemble:

poussée par la connaissance, tirée par la délectation si que la science nest point de soi-même contraire, ains est fort utile à la dévotion; et si elles sont jointes ensemble, elles s'entraident admirablement, quoiqu'il arrive fort souvent que par notre misère la science empêche la naissance de la dévotion, d'autant que la science enfle et enorgueillit et l'orgueil, qui est contraire à toute vertu, est la ruine totale de la dévotion.

Certes, l'éminente science des Cyprien, Augustin, Hilaire, Chrysostome, Basile, Grégoire, Bonaventure, Thomas, a non seulement beaucoup illustré, mais grandement affiné leur dévotion, comme réciproquement leur dévotion a non seulement rehaussé, mais extrêmement perfectionné leur science.

CHAPITRE V
Seconde différence entre la méditation et la contemplation.


La méditation considère par le menu et comme pièce à pièce les objets qui sont propres à nous émouvoir; mais la contemplation fait une vue toute simple et ramassée sur l'objet qu'elle aime; et la considération ainsi unie fait aussi un mouvement plus vif et fort.

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CHAPITRE V

Seconde différence entre la méditation et la contemplation.


On peut regarder la beauté d'une riche couronne en deux sortes, ou bien voyant tous ses fleurons et toutes les pierres précieuses dont elle est composée l'une après l'autre; ou bien, après avoir considéré ainsi toutes les pièces particulières, regardant tout l'émail d'icelle ensemble d'une seule et simple vue.

La première sorte ressemble à la méditation, en laquelle nous considérons, par exemple, les effets de la Miséricorde Divine, pour nous exciter à son amour.

Mais la seconde est semblable à la contemplation, en laquelle nous regardons d'un seul trait arrêté de notre esprit toute la variété des mêmes effets, comme une seule beauté composée de toutes ces pièces qui font un seul brillant de splendeur !

Nous comptons en méditant, ce semble, les perfections divines que nous voyons en un mystère; mais en contemplant nous en faisons une somme totale. Les compagnes de l'épouse sacrée lui avaient demandé quel était son bien-aimé ; et elle leur répond, décrivant admirablement toutes les pièces de sa parfaite beauté :

Son teint est blanc et vermeil, sa tête d'or, et ses cheveux comme un jeton de fleurs de palmes non encore du tout épanouies, ses yeux de colombe, ses joues comme petites tables, planches ou carreaux de jardin, ses lèvres comme lis, parsemées de toutes odeurs, ses mains annelées de jacinthe, ses jambes comme colonnes de marbre.

Ainsi va-t-elle méditant cette souveraine beauté en détail, jusquà ce qu'enfin elle conclut par manière de contemplation, mettant toutes les beautés en une : Son gosier, dit-elle, est très suave, et lui, il est tout désirable: et tel est mon bien-aimé, et il est mon cher ami.

La méditation est semblable à celui qui odore (Flaire, sent l'odeur) loeillet, la rose, le romarin, le thym, le jasmin, la fleur d'orange, l'un après l'autre distinctement; mais la contemplation est pareille à celui qui odore l'eau de senteur composée de toutes ces fleurs.

Car celui-ci en un seul sentiment reçoit toutes les odeurs unies, que l'autre avait senties divisées et séparées: et n"y a point de doute que cette unique odeur qui provient de la confusion de toutes ces senteurs, ne soit elle seule plus suave et précieuse que les senteurs desquelles elle est composée, odorées séparément l"une après l"autre.

C'est pourquoi le divin époux estime tant que sa bien-aimée le regarde d'un seul oeil, et que sa chevelure soit si bien tressée qu'elle ne semble qu'un seul cheveu. Car qu'est-ce regarder l'époux d'un seul oeil, que de le regarder d'une simple vue attentive, sans multiplier les regards? Et qu'est-ce porter ses cheveux ramassés, que de ne point répandre sa pensée en variété de considérations?

O que bienheureux sont ceux qui, après avoir discouru sur la multitude des motifs qu'ils ont d'aimer Dieu, réduisant tous leurs regards en une seule vue et toutes leurs pensées en une seule conclusion, arrêtent leur esprit en l'unité de la contemplation, à l'exemple de saint Augustin ou de saint Bruno; prononçant secrètement en leur âme, par une admiration permanente, ces paroles amoureuses:

O bonté! bonté! ô bonté toujours ancienne et toujours nouvelle! et à l'exemple du grand saint François, qui, planté sur ses genoux en oraison, passa toute la nuit en ces paroles: O Dieu ! vous êtes mon Dieu et mon tout! les inculquant continuellement, au récit du bienheureux frère Bernard de Quinteval, qui l'avait oui de ses oreilles.

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CHAPITRE V

Seconde différence entre la méditation et la contemplation.


Voyez saint Bernard, Théotime : il avait médité toute la Passion pièce à pièce, puis de tous les principaux points mis ensemble il en fit un bouquet d'amoureuse douleur; et le mettant sur sa poitrine pour convertir sa méditation en contemplation, il s'écria : Mon bien-aimé est un bouquet de myrrhe pour moi.

Mais voyez encore plus dévotement le Créateur du monde, comme en la création il alla premièrement méditant sur la bonté de ses ouvrages pièce à pièce séparément :

à mesure qu'il les voyait produits, il vit, dit l'Écriture, que la lumière était bonne, que le ciel et la terre étaient une bonne chose; puis les herbes et les plantes, le soleil la lune et les étoiles.

Les animaux, et en somme toutes les créatures, ainsi qu'il les créait l'une après l'autre, jusqu'à ce qu'enfin tout l'univers étant accompli, la divine méditation, par manière de dire, se changea en contemplation: car regardant toute la bonté qui était en son ouvrage d'un seul trait de son oeil, il vit, dit Moïse, tout ce qu'il avait fait, et tout était très bon.

Les pièces différentes, considérées séparément par manière de méditation, étaient bonnes; mais regardées d'une seule vue toutes ensemble par forme de contemplation, elles furent trouvées très bonnes; comme plusieurs ruisseaux qui s'unissant font une rivière qui porte des plus grandes charges que la multitude des mêmes ruisseaux séparés n'eût su faire.

Après que nous avons ému (mise en mouvement, produite) une grande quantité de diverses affections pieuses par la multitude des considérations dont la méditation est composée, nous assemblons enfin la vertu de toutes ces affections, lesquelles de la confusion et mélange de leurs forces font naître une certaine quintessence d'affection, et d'affection plus active et puissante que toutes les affections desquelles elle procède.

D'autant qu'encore qu'elle ne soit qu'une, elle comprend la vertu et propriété de toutes les autres, et se nomme affection contemplative.

Ainsi, dit-on entre les théologiens, que les anges plus élevés en gloire ont une connaissance de Dieu et des créatures beaucoup plus simple que leurs inférieurs, et que les espèces (vues, images) ou idées par lesquelles ils voient, sont plus universelles; en sorte que ce que les anges moins parfaits voient par plusieurs espèces et divers regards, les plus parfaits le voient par moins d'espèces et moins de traits de leur vue.

Et le grand saint Augustin, suivi par saint Thomas, dit qu'au ciel nous n'aurons pas ces grandes vicissitudes, variétés, changements et retours de pensées et cogitations qui vont et reviennent d'objet en objet, et de chose à autre; ainsi qu'avec une seule pensée nous pourrons être attentifs à la diversité de plusieurs choses, et en recevoir la connaissance.

Certes à mesure que leau s'éloigne de son origine, elle se divise et dissipe ses sillons, si avec un grand soin on ne la contient ensemble; et les perfections se séparent et partagent à mesure quelles sont éloignées de Dieu, qui est leur source; mais quand elles s'en approchent, elles s'unissent jusqu'à ce qu'elles soient abîmées en cette souverainement unique perfection, qui est l'unité nécessaire et la meilleure partie que Magdeleine choisit, laquelle ne lui sera point ôtée.

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CHAPITRE VI

Que la contemplation se fait sans peine; qui est la troisième différence entre molle et la méditation.


Or, la simple vue de la contemplation se fait en lune de ces trois façons. Quelquefois nous regardons seulement à quelqu'une des perfections de Dieu, comme par exemple à son infinie bonté, sans penser aux autres attributs ou vertus d'icelui, comme un époux arrêtant simplement sa vue sur le beau teint de son épouse qui par ce moyen regarderait voirement tout son visage, d'autant que le teint est répandu sur presque toutes les pièces d'icelui, et toutefois ne serait attentif ni aux traits, ni à la grâce, ni aux autres parties de la beauté; car de même quelquefois l'esprit regardant la bonté souveraine de la Divinité, bien qu'il voie en icelle la justice, la sagesse, la puissance, il n'est néanmoins en attention que pour la bonté à laquelle la simple vue de la contemplation s'adresse.

Quelquefois aussi nous sommes attentifs à regarder en Dieu plusieurs de ses infinies perfections, mais d'une vue simple et sans distinction, comme celui qui d'un trait d'oeil passant sa vue dès la tête jusqu'aux pieds de son épouse richement parée, aurait attentivement tout vu en généra! et rien en particulier, ne sachant bonnement dire ni quel carcan (collet, vêtement, quelquefois collier de pierreries), ni quelle robe elle portait, ni quelle contenance elle tenait, ou quel regard elle faisait, ains seulement que tout y est beau et agréable; car ainsi par la contemplation on tire maintes fois un seul trait de simple considération sur plusieurs grandeurs et perfections divines tout ensemble, et n'en saurait-on toutefois dire chose quelconque en particulier, sinon que tout est parfaitement bon et beau.

Et enfin nous regardons dautres fois, non plusieurs ni une seule des perfections divines, ains seulement quelque action ou quelque oeuvre divine à laquelle nous sommes attentifs, comme par exemple à l'acte de la Miséricorde par lequel Dieu pardonne les péchés, ou à l'acte de la création, ou de la résurrection du Lazare, ou de la conversion de saint Paul; ainsi qu'un époux qui ne regarderait pas les yeux, ains seulement la douceur du regard que son épouse jette sur lui, ne considérerait point sa bouche, mais la suavité des paroles qui en sortent.

Et lors, Théotime, l'âme fait une certaine saillie d'amour, non seulement sur l'action qu'elle considère, mais sur celui duquel elle procède :

Vous êtes bon, Seigneur, et en votre bonté apprenez-moi vos justifications. Votre gosier, c'est-à-dire, la parole qui en provient, est très suave, et vous êtes tout désirable. Hélas ! que vos paroles sont douces à mes entrailles, plus que le miel à ma bouche ! Ou bien avec saint Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu ! Et avec sainte Magdeleine : Rabboni, ah ! mon Maître !

Mais en quelle des trois façons que l'on procède, la contemplation a toujours cette excellence, quelle se fait avec plaisir, d'autant qu'elle présuppose que l'on a trouvé Dieu et son saint amour, qu'on en jouit et qu'on s'y délecte en disant :

J'ai trouvé celui que mon âme chérit, je l'ai trouvé, et ne le quitterai point.

En quoi elle diffère d'avec la méditation, qui se fait presque toujours avec peine, travail et discours, notre esprit allant par icelle de considération en considération, cherchant en divers endroits ou le bien-aimé de son amour, ou l'amour de son bien-aimé.

Jacob travaille en méditation pour avoir Rachel; mais il se réjouit avec elle, et oublie tout son trayait en la contemplation. L'époux divin, comme berger qu'il est, prépara un festin somptueux à la façon champêtre pour son épouse sacrée, lequel il décrit, en sorte que mystiquement il représentait tous les mystères de la rédemption humaine: Je suis venu en mon jardin, dit-il, j'ai moissonné ma myrrhe avec tous mes parfums, j'ai mangé mon bornai avec mon miel, j'ai mêlé mon vin avec mon lait; mangez, mes amis, et buvez, et vous enivrez, mes très chers.

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CHAPITRE VI
Que la contemplation se fait sans peine; qui est la troisième différence entre molle et la méditation.


Théotime, hé! quand fut-ce, je vous prie, que notre Seigneur vint en son jardin, sinon quand il vint ès très pures, très humbles et très douces entrailles de sa mère, pleine de toutes les plantes fleurissantes des saintes vertus? Et qu'est-ce à notre Seigneur de moissonner sa myrrhe avec ses parfums, sinon assembler souffrances à souffrances jusquà la mort, et la mort de la croix, joignant par icelles mérites à mérites, trésors à trésors, pour enrichir ses enfants spirituels?

Et comme mangea-t-il son bornai avec son miel, sinon quand il vécut dune vie nouvelle, réunissant son âme plus douce que le miel à son corps percé et navré de plus de trous qu'un borna! (Navré de plus de trous quun bornal, percé de plus de blessures qu'une ruche n'a d'alvéoles.)?

Et lorsque montant au ciel il prit possession de toutes les circonstances et dépendances de sa divine gloire, que fit-il autre chose, sinon mêler le vin réjouissant de la gloire essentielle de son âme avec le lait délectable de la félicité parfaite de son corps, en une sorte encore plus excellente qu'il n'avait pas fait jusqu'à lheure.

Or, en tous ces divins mystères qui comprennent tous les autres, il y a de quoi bien manger et bien boire pour tous les chers amis, et de quoi s'enivrer pour les très chers amis. Les uns mangent et boivent, mais ils mangent plus qu'ils ne boivent, et ne s'enivrent pas; les autres mangent et boivent, mais ils boivent beaucoup plus qu'ils ne mangent, et ce sont ceux qui s'enivrent.

Or, manger, c'est méditer; car en méditant on mâche, tournant çà et là la viande spirituelle entre les dents de la considération pour l'émier (émietter), froisser et digérer, ce qui se fait avec quelque peine. Boire, c'est contempler, et cela se fait sans peine ni résistance, avec plaisir et coulamment.

Mais s'enivrer, c'est contempler si souvent et si ardemment qu'on soit tout hors de soi-même pour être tout en Dieu Sainte et sacrée ivresse, qui, au contraire de le corporelle, nous aliène, non du sens spirituel, mais des sens corporels, qui ne nous hébète ni abêtit pas, ains nous angélise (nous fait participer à la nature des anges.), et, par manière de dire, divinise; qui nous met hors de nous, non pour nous ravaler et ranger avec les bêtes, comme fait l'ivresse terrestre, mais pour nous élever au-dessus de nous et nous ranger avec les anges, en sorte que nous vivions plus en Dieu qu'en nous-mêmes, étant attentifs et occupés par amour à voir sa beauté, et nous unir à sa bonté.

Or, d'autant que pour parvenir à la contemplation nous avons pour l'ordinaire besoin d'ouïr la sainte parole, de faire des devis et colloques spirituels avec les autres à la façon des anciens anachorètes, de lire des livres dévots, de prier, méditer, chanter des cantiques, former de bonnes pensées; pour cela, la sainte contemplation étant la fin et le but auquel tous ces exercices tendent, ils se réduisent tous à elle, et ceux qui les pratiquent sont appelés contemplatifs.

Comme aussi cette sorte d'occupation est nommée vie contemplative, à raison de l'action de notre entendement par laquelle nous regardons la vérité de la beauté et bonté divine avec une attention amoureuse, c'est-à-dire, avec un amour qui nous rend attentifs, ou bien avec une attention qui provient de lamour, et augmente l'amour que nous avons envers l'infinie suavité de notre Seigneur.

CHAPITRE VII
Du recueillement amoureux de l'âme la contemplation.


Je ne parle pas ici, Théotime, du recueillement par lequel ceux qui veulent prier se mettent en la présence de Dieu, rentrant en eux-mêmes, et retirant, par manière de dire, leur âme dedans leur coeur pour parler à Dieu; car ce recueillement se fait par le commandement de l'amour, qui, nous provoquant à l'oraison, nous fait prendre ce moyen de la bien faire; de sorte que nous faisons nous-mêmes ce retirement de notre esprit.

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CHAPITRE VII
Du recueillement amoureux de l'âme la contemplation.


Mais le recueillement duquel j'entends parler ne se fait pas par le commandement de l'amour, ains par l'amour même, c'est-à-dire, nous ne le faisons pas nous-mêmes par élection, d'autant qu'il n'est pas en notre pouvoir de l'avoir quand nous voulons, et ne dépend pas de notre soin; mais Dieu le fait en nous quand il lui plait par sa très sainte grâce.

Celui, dit la bienheureuse mère Térèse, de Jésus, qui a laissé par écrit que l'oraison de recueillement se fait comme quand un hérisson ou une tortue se retire au dedans de soi, l'entendait bien, hormis que ces bêtes se retirent au dedans d'elles-mêmes quand elles veulent; mais le recueillement ne gît pas en notre volonté, ains il nous advient quand il plaît à Dieu de nous faire cette grâce.

Or, il se fait ainsi. Rien n'est si naturel au bien que d'unir et attirer à soi les choses qui le peuvent sentir, comme font nos âmes, lesquelles tirent toujours et se rendent à leur trésor, c'est-à-dire, à ce qu'elles aiment.

Il arrive donc quelquefois que notre Seigneur répand imperceptiblement au fond du coeur une certaine douce suavité qui témoigne sa présence, et lors les puissances, voire même les sens extérieurs de l'âme, par un certain secret consentement, se retournent du côté de cette intime partie où est le très aimable et très cher époux.

Tout ainsi qu'un nouvel essaim, ou jeton (essaim d'abeilles rejeté hors de la ruche.) de mouches à miel, lorsqu'il veut fuir et changer de pays, est rappelé par le son que l'on fait doucement sur des bassins, ou par l'odeur du vin emmiellé, ou bien encore par la senteur de quelques herbes odorantes, en sorte qu'il s'arrête par l'amorce de ces douceurs et entre dans la ruche qu'on lui a préparée.

De même notre Seigneur prononçant quelque secrète parole de son amour, ou répandant l'odeur du vin de sa dilection plus délicieuse que le miel, ou bien évaporant les parfums de ses vêtements, c'est-à-dire, quelques sentiments de ses consolations célestes en nos coeurs, et par ce moyen leur faisant sentir sa très aimable présence, il retire à soi toutes les facultés de notre âme, lesquelles se ramassent autour de lui et sarrêtent en lui comme en leur objet très désirable.

Et comme qui mettrait un morceau daimant entre plusieurs aiguilles, verrait que soudain toutes les pointes se retourneraient du côté de leur aimant bien-aimé, et se viendraient attacher à lui, ainsi lorsque notre Seigneur fait sentir au milieu de notre âme sa très délicieuse présence, toutes nos facultés retournent leurs pointes de ce côté-là pour se venir joindre à cette incomparable douceur.

O Dieu ! dit l'âme alors, à l'imitation de saint Augustin, où vous allais-je cherchant, beauté très infinie? Je vous cherchais dehors, et vous étiez au milieu de mon coeur. Toutes les affections de Magdeleine, et toutes ses pensées étaient épanchées autour du sépulcre de son Sauveur qu'elle allait qu'êtant çà et là, et bien qu'elle l'eût trouvé et qu'il parlât à elle, elle ne laisse pas de les laisser éparses, parce qu'elle ne s'apercevait pas de sa présence; mais soudain qu'il l'eut appelée par son nom, la voilà qu'elle se ramasse et s'attache toute à ses pieds; une seule parole la met en recueillement.

Imaginez-vous, Théotime, la très sainte Vierge notre Dame, lorsqu'elle eut conçu le Fils de Dieu, son unique amour. L'âme de cette mère bien-aimée se ramasse toute sans doute autour de cet enfant bien-aimé, et parce que ce divin ami était emmi ses entrailles sacrées, toutes les facultés de son âme se retirent en elle-même, comme saintes avettes (abeilles) dedans la ruche en laquelle était leur miel; et à mesure que la divine grandeur s'est, par manière de dire, rétrécie et raccourcie dedans son sein virginal, son âme agrandissait et magnifiait les louanges de cette infinie débonnaireté et son esprit tressaillait de contentement dedans son corps, comme saint Jean dedans celui de sa mère, autour de son Dieu quelle sentait. Elle ne lançait point ses pensées ni ses affections hors d'elle-même, puisque son trésor, ses amours et ses délices étaient au milieu de ses entrailles sacrées.

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CHAPITRE VII
Du recueillement amoureux de l'âme la contemplation.


Or, ce même contentement peut être pratiqué par imitation entre ceux qui, ayant communié, sentent par la certitude de la foi ce que, non la chair ni le sang, mais le Père céleste leur a révélé, que leur Sauveur est en corps et en âme présent d'une très réelle présence à leur corps et à leur âme par ce très adorable sacrement; car comme la mère perle, ayant reçu les gouttes de la fraîche rosée du matin, se resserre non seulement pour les conserver pures de tout le mélange qui s'en pourrait faire avec les eaux de la mer, mais aussi pour l'aise qu'elle ressent d'apercevoir l'agréable fraîcheur de ce germe que le ciel lui envoie :

ainsi arrive-t-il à plusieurs saints et dévots fidèles, qu'ayant reçu le divin sacrement qui contient la rosée de toutes bénédictions célestes, leur âme se resserre, et toutes les facultés se recueillent non seulement pour adorer ce roi souverain nouvellement présent d'une présence admirable à leurs entrailles, mais pour l'incroyable consolation et rafraîchissement spirituel qu'ils reçoivent de sentir par la foi ce germe divin de l'immortalité en leur intérieur.

Où vous noterez soigneusement, Théotime, qu'en somme tout ce recueillement se fait par l'amour, qui, sentant la présence du bien-aimé par les attraits qu'il répand au milieu du coeur, ramasse et rapporte toute l'âme vers icelui par une très aimable inclination, par un très doux contournement et par un délicieux repli de toutes les facultés du côté du bien-aimé, qui les attire à soi par la force de sa suavité, avec laquelle il lie et tire les coeurs, comme on tire les corps par les cordes et liens matériels.

Mais ce doux recueillement de notre âme en soi-même ne se fait pas seulement par le sentiment de la présence divine au milieu de notre coeur, ains en quelle manière que ce soit que nous nous mettions en cette sacrée présence il arrive quelquefois que toutes nos puissances intérieures se resserrent et ramassent en elles-mêmes par l'extrême révérence et douce crainte qui nous saisit en considération de la souveraine majesté de celui qui nous est présent et nous regarde, ainsi que, pour distraits que nous soyons, si le pape ou quelque grand prince comparait, nous revenons à nous-mêmes, et retournons nos pensées sur nous pour nous tenir en contenance et respect.

On dit que la vue du soleil fait recueillir les fleurs de la flambe (nom vulgaire de l'iris), autrement appelée glay (pour glaïeul), parce qu'elles se ferment et resserrent en elles-mêmes à la lueur du soleil, en l'absence duquel elles s'épanouissent et se tiennent ouvertes toute la nuit. C'en est de même en cette sorte de recueillement de laquelle nous parlons; car à la seule présence de Dieu, au seul sentiment que nous avons qu'il nous regarde, ou dès le ciel, ou de quelque autre lieu hors de nous, bien que pour lors nous ne pensions pas à l'autre sorte de présence par laquelle il est en nous, nos facultés et puissances se ramassent et assemblent en nous-mêmes pour la révérence de sa divine majesté, que l'amour nous fait craindre d'une crainte d'honneur et de respect.

Certes je connais une âme à laquelle sitôt que lon mentionnait quelque mystère ou sentence qui lui ramentevait (rappelait) un peu plus expressément que lordinaire la présence de Dieu, tant en confession quen particulière conférence, elle rentrait si fort en elle-même, quelle avait peine den sortir pour parler et répondre ; en telle sorte quen son extérieur elle demeurait comme destituée de vie et tous les sens engourdis, jusques à ce que lépoux lui permit de sortir, qui était quelquefois assez tôt, et dautres fois plus tard.

CHAPITRE VIII
Du repos de l'âme recueillie en son bien-aimé.


L'âme étant donc ainsi recueillie dedans elle-même en Dieu ou devant Dieu, se rend parfois si doucement attentive à la bonté de son bien-aimé, qu'il lui semble que son attention ne soit presque pas attention, tant elle est simplement et délicatement exercée comme il arrive en certains fleuves qui coulent si doucement et également, qu'il semble à ceux qui les regardent, ou naviguent sur iceux, de ne voir ni sentir aucun mouvement, parce qu'on ne les voit nullement ondoyer ni flotter.

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CHAPITRE VIII
Du repos de l'âme recueillie en son bien-aimé.


Et c'est cet aimable repos. de l'âme que la bienheureuse Vierge Térèse de Jésus appelle oraison de quiétude, non guère différente de ce qu'elle-même nomme sommeil des puissances, si toutefois je l'entends bien.

Certes, les amants humains se contentent parfois d'être auprès ou à la vue de la personne qu'ils aiment, sans parler à elle, et sans discourir à part eux ni d'elle ni de ses perfections; rassasiés, ce semble, et satisfaits de savourer cette bien-aimée présence, non par aucune considération qu'ils fassent sur icelle, mais par un certain accoisement et repos que leur esprit prend en elle.

Mon bien-aimé m'est un bouquet de myrrhe, il demeurera sur mon sein. Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui, qui pait entre les lis, tandis que le jour aspire (monte) et que les ombres s'inclinent. Montrez-moi donc, ô l'ami de mon âme, où vous paissez, où vous couchez sur le midi. Voyez-vous, Théotime, comme la sainte Sulamite se contente de savoir, que son bien-aimé soit avec elle, ou en sou parc, ou ailleurs, pourvu quelle sache où il est: aussi est-elle Sulamite toute paisible, toute tranquille et en repos.

Or, ce repos passe quelquefois si avant en sa tranquillité, que toute l'âme et toutes les puissances d'icelle demeurent comme endormies, sans faire aucun mouvement ni action quiconque, sinon la seule volonté; laquelle même ne fait aucune autre chose sinon recevoir l'aise et la satisfaction que la présence du bien-aimé lui donne.

Et- ce qui est encore plus admirable, c'est que la volonté n'aperçoit point cette aise et ce contentement qu'elle reçoit, jouissant insensiblement d'icelui, d'autant quelle ne pense pas à soi, mais à celui la présence duquel (celui dont la présence) lui donne ce plaisir; comme il arrive maintes fois que, surpris d'un léger sommeil, nous entrevoyons seulement ce que nos amis disent autour de nous, ou ressentons les caresses qu'ils nous font, presque imperceptiblement, sans sentir que nous sentons.

Néanmoins l'âme qui eu ce doux repos jouit de ce délicat sentiment de la présence divine, quoiqu'elle ne s'aperçoive pas de cette jouissance, témoigne toutefois clairement combien ce bonheur lui est précieux et aimable, quand on le lui veut ôter, ou que quelque chose l'en détourne :

car alors la pauvre âme fait des plaintes, crie, voire quelquefois pleure comme un petit enfant qu'on a éveillé avant qu'il eût assez dormi, lequel par la douleur qu'il ressent de son réveil, montre bien sa satisfaction qu'il avait en son sommeil. Dont le divin berger adjure les filles de Sion, par les chevreuils et cerfs des campagnes, quelles n'éveillent point sa bien-aimée jusquà ce qu'elle le veuille, cest-à-dire, qu'elle s'éveille d'elle-même. Non, Théotime, l'âme ainsi tranquille en son Dieu, ne quitterait pas ce repos pour tous les plus grands biens du monde.

Telle fut presque la quiétude de la très sainte Magdeleine, quand assise aux pieds de son Maître elle écoutait sa sainte parole. Voyez-la, je vous prie, Théotime : elle est assise en une profonde tranquillité, elle ne dit mot, elle ne pleure point, elle ne sanglote point, elle ne soupire point, elle ne bouge point, elle ne prie point. Marthe, tout empressée, passe et repasse dedans la saIette (petite salle); Marie n'y pense point. Et que fait-elle donc?

Elle ne fait rien, ains écoute. Et qu'est-ce à dire, elle écoute? C'est-à-dire, elle est là comme un vaisseau d'honneur à recevoir goutte à goutte la myrrhe de suavité que les lèvres de son bien-aimé distillaient dans son coeur; et ce divin amant, jaloux de l'amoureux sommeil et repos de cette bien-aimée, tança Marthe qui la voulait éveiller : Marthe, Marthe, tu es bien embesognée, et te troubles après plusieurs choses : une seule chose néanmoins est requise : Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point ôtée.

Mais quelle fut la partie ou portion de Marie? De demeurer en paix, en repos, en quiétude auprès de son doux Jésus.

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CHAPITRE VIII
Du repos de l'âme recueillie en son bien-aimé.


Les peintres peignent ordinairement le bien-aimé saint Jean en la cène, non seulement reposant, mais dormant sur la poitrine de son Maître, parce qu'il y fut assis à la façon des Levantins, en sorte que sa tête tendait vers le sein de son cher Maître, sur lequel comme il ne dormait pas du sommeil corporel, n'y ayant aucune vraisemblance en cela, aussi ne douté-je point que se trouvant si près de la source des douceurs éternelles, il n'y fit un profond, mystique et doux sommeil, comme un enfant d'amour qui, attaché au sein de sa mère, alaite (puise le lait) en dormant, et dort en alaitant.

O Dieu! quelles délices à ce Benjamin, enfant de la joie du Sauveur, de dormir ainsi entre les bras de son Père; qui, le jour suivant, comme le Sénoni, enfant de douleur, le recommanda aux douces mamelles de sa mère! Rien n'est plus désirable au petit enfant, soit qu'il veille ou qu'il dorme, que la poitrine de son père et le sein de sa mère.

Quand donc vous serez en cette simple et pure confiance filiale auprès de notre Seigneur, demeurez-y, mon cher Théotime, sans vous remuer nullement pour faire des actes sensibles, ni de l'entendement ni de la volonté; car cet amour simple de confiance, et cet endormissement amoureux de votre esprit entre les bras du Sauveur, comprend par excellence tout ce que vous allez cherchant çà et là pour votre goût. Il est mieux de dormir sur cette sacrée poitrine, que de veiller ailleurs où que ce soit.

CHAPITRE IX
Comme ce repos sacré se pratique.


N'avez-vous jamais pris garde, Théotime, à l'ardeur avec laquelle les petits enfants s'attachent quelquefois au soin de leurs mères, quand ils ont faim?

On les voit grommelant, serrer et presser la mamelle, suçant le lait si avidement, que même ils en donnent de la douleur à leurs mères.

Mais après que la fraîcheur du lait a aucunement (en quelque façon) apaisé la chaleur appétissante de leur petite poitrine, et que les agréables vapeurs qu'il envoie à leur cerveau commencent à les endormir, Théotime, vous les verriez fermer tout bellement leurs petits yeux, et céder petit à petit au sommeil, sans quitter néanmoins la mamelle, sur laquelle ils ne font nulle action que celle d'un lent et presque insensible mouvement de lèvres, par lequel ils tirent toujours le lait qu'ils avalent imperceptiblement :

et cela ils le font sans y penser, mais non pas certes sans plaisir; car si on leur ôte la mamelle avant que le profond sommeil les ait accablés, ils séveillent et pleurent amèrement, témoignant, en la douleur qu'ils ont en la privation, qu'ils avaient beaucoup de douceur en la possession.

Or, il en est de même de l'âme qui est en repos et quiétude devant Dieu; car elle suce presque insensiblement la douceur de cette présence, sans discourir, sans opérer et sans faire chose quelconque par aucune de ses facultés, sinon par la seule pointe de la volonté, qu'elle remue doucement et presque Imperceptiblement, comme la bouche par laquelle entre la délectation et l'assouvissement insensible quelle prend à jouir de la présence divine.

Que si on incommode cette pauvre petite pouponne, et qu'on lui veuille ôter la poupette (enfant qui tette, poupette, sein), d'autant qu'elle semble endormie, elle montre bien alors quencore qu'elle dorme pour tout le reste des choses, elle ne dort pas néanmoins pour celle-là; car elle aperçoit le mal de cette séparation, et s'en fâche, montrant par là le plaisir qu'elle prenait, quoique sans y penser, au bien qu'elle possédait. La bienheureuse mère Térèse ayant écrit qu'elle trouvait cette similitude à propos, je l'ai ainsi voulu déclarer.

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptySam 24 Aoû - 22:46

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CHAPITRE IX
Comme ce repos sacré se pratique.


Mais dites-moi; Théotime, lâme recueillie en son Dieu, pourquoi, je vous prie, s'inquiéterait-elle? N'a-t-elle pas sujet de s'accoiser (se calmer) et demeurer en repos ? car que chercherait-elle? Elle a trouvé celui qu'elle cherchait.

Que lui reste-t-il plus, sinon de dire : J'ai trouvé mon cher bien-aimé; je le tiens et ne le quitterai point. Elle n'a plus besoin de s'amuser à discourir par l'entendement; car elle voit d'une si douce vue son époux présent, que les discours lui seraient inutiles et superflus.

Que si même elle ne le voit pas par l'entendement, elle ne s'en soucie point, se contentant de le sentir près d'elle par l'aise et satisfaction que la volonté en reçoit. Hé! la Mère de Dieu, notre dame et maîtresse, étant enceinte, ne voyait pas son divin Enfant:

mais le sentant dedans ses entrailles sacrées, vrai Dieu ! quel contentement en ressentait-elle! Et sainte Elisabeth ne jouit-elle pas admirablement des fruits de la divine présence du Sauveur, sans le voir, au jour de la très sainte Visitation?

L'âme non plus n'a aucun besoin, en ce repos, de la mémoire; car elle a présent son bien-aimé, Elle n'a pas aussi besoin de l'imagination :

car qu'est-il besoin de se représenter en image, soit extérieure, soit intérieure, celui de la présence duquel on jouit? De sorte qu'enfin c'est la seule volonté qui attire doucement, et comme en tétant tendrement le lait de cette douce présence; tout le reste de l'âme demeurant en quiétude avec elle par la suavité du plaisir qu'elle prend.

On ne se sert pas seulement du vin emmiellé pour retirer et rappeler les avettes dans les ruches, mais on s'en sert encore pour les apaiser :

car quand elles font des séditions et mutineries entrelles, s'entretuant et défaisant les unes les autres, leur gouverneur n'a point de meilleur remède que de jeter du vin emmiellé au milieu de ce petit peuple effarouché; d'autant que les particuliers desquels il est composé, sentant cette suave et agréable odeur, s'apaisent, et s'occupant à la jouissance de cette douceur, demeurent accoisés et tranquilles.

O Dieu éternel! quand par votre douce présence vous jetez les odorants parfums dedans nos coeurs, parfums réjouissants plus que le vin délicieux et plus que le miel, alors toutes les puissances de nos âmes entrent en un agréable repos, avec un accoisement si parfait qu'il n'y a plus aucun sentiment que celui de la volonté, laquelle, comme l'odorat spirituel, demeure doucement engagée à sentir, sans s'en apercevoir, le bien incomparable d'avoir son Dieu présent.

CHAPITRE X
Des divers degrés de cette quiétude, et comme il la faut conserver.


Il y a des esprits actifs, fertiles et foisonnants en considération : il y en a qui sont souples, repliants, et qui aiment grandement à sentir ce qu'ils font, qui veulent tout voir et éplucher ce qui se passe en eux, retournant perpétuellement leur vue sur eux-mêmes pour reconnaît leur avancement.

Il y en a encore d'autres qui ne se contentent pas d'être contents, s'ils ne sentent, regardent et savourent leur contentement; et sont semblables à ceux qui étant bien vêtus contre le froid, ne penseraient pas l'être, s'ils ne savaient combien de robes ils portent; ou qui voyant leurs cabinets (armoire, coffre) pleins d'argent, ne penseraient pas être riches, s'ils ne savaient le compte de leurs écus.

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CHAPITRE X
Des divers degrés de cette quiétude, et comme il la faut conserver.


Or, tous ces esprits sont ordinairement sujets d'être troublés en la sainte oraison. Car si Dieu leur donne le sacré repos de sa présence, ils le quittent volontairement pour voir comme ils se comportent en icelui, et pour examiner s'ils y ont bien du contentement, s'inquiétant pour savoir si leur tranquillité est bien tranquille, et leur quiétude bien quiète (calme; si que, tellement lue) :

si que, en lieu d'occuper doucement leur volonté à sentir les suavités de la présence divine, ils emploient leur entendement à discourir sur les sentiments qu'ils ont; comme une épouse qui s'amuserait à regarder la bague avec laquelle elle aurait été épousée, sans voir l'époux même qui la lui aurait donnée. Il y a bien de ta différence, Théotime, entre s'occuper en Dieu qui nous donne du contentement, et s'amuser au contentement que Dieu nous donne.

L'âme donc à qui Dieu donne la sainte quiétude amoureuse en l'oraison, se doit abstenir, taut quelle peut, de se regarder soi-même ni son repos, lequel, pour être gardé, ne doit point être curieusement regardé car qui l'affectionne trop, le perd; et la juste règle de le bien affectionner, c'est de ne point l'affecter (atteindre, compromettre).

Et comme l'enfant qui, pour voir où il a ses pieds, a ôté sa tête du sein de sa mère, y retourne tout incontinent, parce qu'il est fort mignard (gracieux); ainsi faut-il que si nous nous apercevons d'être distraits par la curiosité de savoir ce que nous faisons en l'oraison, soudain nous remettions notre coeur en la douce et paisible attention de la présence de Dieu, de laquelle nous étions divertis.

Néanmoins il ne faut pas croire qu'il y ait aucun péril de perdre cette sacrée quiétude par les actions du corps ou de l'esprit qui ne se font ni par légèreté ni par indiscrétion.

Car comme dit la bienheureuse mère Térèse, c'est une superstition d'être si jaloux de ce repos, que de ne vouloir ni tousser, ni cracher, ni respirer, de peur de le perdre, d'autant que Dieu qui donne cette paix, ne l'ôte pas pour tels mouvements nécessaires, ni pour les distractions et divagations de l'esprit, quand elles sont involontaires; et la volonté étant une fois bien amorcée à la présence divine, ne laisse pas d'en savourer les douceurs, quoique l'entendement ou la mémoire se soit échappé et débandé après des pensées étrangères et inutiles.

Il est vrai qu'alors la quiétude de l'âme n'est pas si grande comme si l'entendement et la mémoire conspiraient avec la volonté; mais toutefois elle ne laisse pas d'être une vraie tranquillité spirituelle, puisqu'elle règne en la volonté, qui est la Maîtresse de toutes les autres facultés.

Certes, nous avons vu une âme extrêmement attachée et jointe à Dieu, laquelle néanmoins avait l'entendement et la mémoire tellement libres de toute occupation intérieure, qu'elle entendait fort distinctement ce qui se disait autour d'elle, et s'en ressouvenait fort entièrement, encore qu'il lui fût impossible de répondre ni de se déprendre de Dieu auquel elle était attachée par l'application de sa volonté :

mais je dis tellement attachée, qu'elle ne pouvait être retirée de cette douce occupation sans en recevoir une grande douleur qui la provoquait à des gémissements, lesquels même elle faisait au plus fort de sa consolation et quiétude; comme nous voyons les petits enfants grommeler et faire des petits plaints (plaintes) quand ils ont ardemment désiré le lait, et qu'ils commencent à téter; ou comme fit Jacob, qui en embrassant la belle et chaste Rachel, jetant un cri, pleura de la véhémence de la consolation et tendreté qu'il sentait.

Si que cette âme de laquelle je parle, ayant la seule volonté engagée, et l'entendement, mémoire, ouïe et imagination libres, ressemblait, comme je pense, au petit enfant qui alaitant pourrait voir, ouïr et même remuer le bras, sans pour cela quitter son cher tétin.

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CHAPITRE X
Des divers degrés de cette quiétude, et comme il la faut conserver.


Mais pourtant la paix de l'âme serait bien plus grande et plus douce, si on ne faisait point de bruit autour d'elle, et qu'elle n'eût aucun sujet de se mouvoir, ni quant au coeur, ni quant au corps; car elle voudrait bien être tout occupée en la suavité de cette présence divine; mais ne pouvant quelquefois s'empêcher d'être divertie ès autres facultés, elle conserve au moins la quiétude en la volonté, qui est la faculté par laquelle elle reçoit la jouissance du bien.

Et notez qu'alors la volonté retenue en quiétude par le plaisir qu'elle prend en la présence divine, elle ne se remue point pour ramener les autres puissances qui s'égarent; d'autant que si elle voulait entreprendre cela, elle perdrait son repos, s'éloignant de son cher bien-aimé, et perdrait sa peine de courir çà et là pour attraper ces puissances volages, lesquelles aussi bien ne peuvent jamais être si utilement appelées à leur devoir que par la persévérance de la volonté en la sainte quiétude car petit à petit toutes les facultés sont attirées par le plaisir que la volonté reçoit, et duquel elle leur donne certains ressentiments, comme des parfums qui les excitent à venir auprès d'elle pour participer au bien dont elle jouit.

CHAPITRE XI
Suite du discours des divers degrés de la sainte quiétude et d'une excellente abnégation de soi-même qu'on y pratique quelquefois.

Suivant ce que nous avons dit, la sainte quiétude a donc divers degrés: car quelquefois elle est en toutes les puissances de l'âme, jointes et unies à la volonté; quelquefois elle est seulement en la volonté, en laquelle elle est aucunes fois sensiblement, et d'autres fois imperceptiblement; d'autant qu'il arrive parfois que l'âme tire un contentement incomparable de sentir par certaines douceurs intérieures que Dieu lui est présent; comme il advint à sainte Élisabeth, quand Notre-Dame la visita.

Et d'autres fois l'âme a une certaine ardente suavité d'être en la présence de Dieu, laquelle pour lors lui est imperceptible; comme il advint aux disciples pèlerins qui ne s'aperçurent bonnement de l'agréable plaisir dont ils étaient touchés, marchant avec notre Seigneur, sinon quand ils furent arrivés, et qu'ils l'eurent reconnu en la divine fraction du pain.

Quelquefois non seulement lâme saperçoit de la présence de Dieu, mais elle lécoute parler par certaines clartés et persuasions intérieures qui tiennent lieu de paroles; aucunes fois elle le sent parler et lui parle réciproquement, mais si secrètement, si doucement, si bellement, que c'est sans pour cela perdre la sainte paix et quiétude.

Si que sans se réveiller elle veille avec lui, c'est-à-dire, elle veille et parle à son bien-aimé avec autant de suave tranquillité et de gracieux repos, comme si elle sommeillait doucement.

Et d'autres fois elle sent parler l'époux, mais elle ne saurait lui parler, parce que l'aise de l'ouïr, ou la révérence qu'elle lui porte, la tient en silence; ou bien parce qu'elle est en sécheresse et tellement alangourie d'esprit, qu'elle n'a de force que pour ouïr, et non pas pour parler; comme il arrive corporellement quelquefois à ceux qui commencent à s'endormir, ou qui sont grandement affaiblis par quelque maladie.

Mais enfin quelquefois ni elle n'ouït son bien-aimé, ni elle ne lui parle, ni elle ne sent aucun signe de sa présence, ains simplement elle sait qu'elle est en la présence de son Dieu, auquel il plait quelle soit là.

Imaginez-vous, Théotime, que le glorieux apôtre saint Jean eût dormi d'un sommeil corporel sur la poitrine de son cher Seigneur en la sainte cène, et qu'il se fût endormi par le commandement d'icelui. Certes, en ce cas-là, il eût été en la présence de son Maître sans le sentir en façon quelconque.

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyMar 27 Aoû - 23:38

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CHAPITRE XI
Suite du discours des divers degrés de la sainte quiétude et d'une excellente abnégation de soi-même qu'on y pratique quelquefois.


Et remarquez, je vous prie, qu'il faut plus de soin pour se mettre en la présence de Dieu, que pour y demeurer lorsque l'on s'y est mis; car, pour s'y mettre, il faut appliquer sa pensée, et la rendre actuellement attentive à cette présence, ainsi que je le dis en l'Introduction.

Mais quand on s'est mis en cette présence, on s'y tient par plusieurs autres moyens, tandis que, soit par l'entendement, soit par la volonté, on fait quelque chose en Dieu ou pour Dieu; comme, par exemple, le regardant, ou quelque chose pour l'amour de lui, l'écoutant, ou ceux qui parlent pour lui, parlant à lui, ou à quelqu'un pour l'amour de lui, et faisant quelque oeuvre, quelle qu'elle soit, pour son honneur et service.

Ains on se maintient en la présence de Dieu, non seulement l'écoutant, ou le regardant, ou lui parlant, mais aussi attendant s'il lui plaira de nous regarder, de nous parler, ou de nous faire parler à lui; ou bien encore ne faisant rien de tout cela, mais demeurant simplement où il lui plaît que nous soyons, et parce qu'il lui plait que nous y soyons.

Que si à cette simple façon de demeurer devant Dieu, il lui plaît d'ajouter quelque petit sentiment que nous sommes tout siens et qu'il est tout nôtre, ô Dieu, que ce nous est une grâce désirable et précieuse.

Mon cher Théotime, prenons encore la liberté de faire cette imagination (exemple, figure). Si une statue que le sculpteur aurait nichée dans la galerie de quelque grand prince, était douée d'entendement, et qu'elle pût discourir et parler, et qu'on lui demandât :

O belle statue, dis-moi pourquoi es-tu là dans cette niche ? Parce, répondrait-elle, que mon maître m'y a colloquée. Et si l'on y répliquait : Mais pourquoi y demeures-tu sans rien faire?

Parce, dirait-elle, que mon maître ne m'y a pas placée afin que je fisse chose quelconque, ains seulement afin que j'y fusse immobile.

Que si derechef on la pressait en disant Mais, pauvre statue, de quoi te sert-il d'être là de la sorte? Eh, Dieu! répondrait-elle, je ne suis pas ici pour mon intérêt et service, mais pour obéir et servir à la volonté de mon seigneur et sculpteur, et cela me suffit.

Et si on rechargeait (si on revenait à la charge, si on reprenait) en cette sorte : Or, dis-moi donc, statue, je te prie, tu ne vois point ton maître, et comme prends-tu du contentement à le contenter?

Non, certes, confesserait-elle, je ne le vois pas ; car j'ai des yeux non pas pour voir, comme j'ai des pieds non pas pour marcher ; mais je suis trop contente de voir que mon cher maître me voit ici, et prend plaisir de m'y voir.

Mais si l'on continuait la dispute avec la statue, et qu'on lui dit: Mais ne voudrais-tu pas bien avoir du mouvement pour t'approcher de l'ouvrier qui t'a faite, afin de lui faire quelque autre meilleur service?

Sans doute elle le nierait, et protesterait qu'elle ne voudrait pas faire autre chose, sinon que son maître le voulût. Et quoi donc, conclurait-on, tu ne désires rien, sinon d'être une immobile statue, là dedans cette niche?

Non, certes, dirait enfin cette sage statue; non je ne veux rien être sinon une statue, et toujours dedans cette niche, tandis que mon sculpteur le voudra, me contentant d'être ici et ainsi, puisque c'est le contentement de celui à qui je suis, et par qui je suis ce que je suis.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyMer 28 Aoû - 23:49

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CHAPITRE XI
Suite du discours des divers degrés de la sainte quiétude et d'une excellente abnégation de soi-même qu'on y pratique quelquefois.


O vrai Dieu ! que c'est une bonne façon de se tenir en la présence de Dieu, d'être et de vouloir toujours et à jamais être en son bon plaisir! Car ainsi, comme je pense, en toutes occurences, oui, même en dormant profondément, nous sommes encore plus profondément en la très sainte présence de Dieu.

Oui, certes, Théotime, car si nous l'aimons, nous nous endormons non seulement à sa vue, mais à son gré, et non seulement par sa volonté, mais selon sa volonté, et semble que ce soit lui-même notre créateur et sculpteur céleste qui nous jette là sur nos lits comme des statues dans leurs niches, afin que nous nichions dans nos lits, comme les oiseaux couchent dans leurs nids.

Puis à notre réveil, si nous y pensons bien, nous trouvons que Dieu nous a toujours été présent, et que nous ne nous sommes pas non plus éloignés ni séparés de lui.

Nous avons donc été là en la présence de son bon plaisir, quoique sans le voir et sans nous en apercevoir; si que nous pourrions dire, à l'imitation de Jacob :

Vraiment, j'ai dormi auprès de mon Dieu et entre les bras de sa divine présence et providence, et je nen savais rien.

Or, cette quiétude en laquelle la volonté n'agit que par un très simple acquiescement au bon plaisir divin, voulant être en l'oraison sans aucune prétention que d'être à la vue de Dieu selon qu'il lui plaira, c'est une quiétude souverainement excellente, d'autant qu'elle est pure de toute sorte d'intérêt, les facultés de l'âme n'y prenant aucun contentement, ni même la volonté, sinon en sa suprême pointe, en laquelle elle se contente de n'avoir aucun contentement, sinon celui d'être sans contentement, pour l'amour du contentement et bon plaisir de son Dieu, dans lequel elle se repose.

En somme, c'est le comble de l'amoureuse extase de n'avoir pas sa volonté en son contentement, mais en celui de Dieu, ou de n'avoir pas son contentement en sa volonté, mais en celle de Dieu.

CHAPITRE XII
De l'écoulement ou liquéfaction de l'âme en Dieu.


Les choses humides et liquides reçoivent aisément les figures et limites qu'on leur veut donner, d'autant qu'elles n'ont nulle fermeté ni solidité qui les arrête ou borne en elles-mêmes.

Mettez de la liqueur dans un vaisseau, et vous verrez qu'elle demeurera bornée dans les limites du vaisseau; lequel, s'il est rond ou carré, la liqueur sera de même, n'ayant aucune limite ni figure, sinon celle du vaisseau qui la contient.

L'âme n'en est pas de même par nature, car elle a ses figures et ses bornes propres. Elle a la figure par ses habitudes et inclinations, et ses bornes par sa propre volonté; et quand elle est arrêtée à ses inclinations et volontés propres, nous disons qu'elle est dure, c'est-à-dire, opiniâtre, obstinée.

Je vous ôterai, dit Dieu, votre coeur de pierre, c'est-à-dire, je vous ôterai votre obstination. Pour faire changer de figure au caillou, au fer, au bois, il y faut la cognée, le marteau, le feu.

On appelle coeur de fer, de bois ou de pierre, celui qui ne reçoit pas aisément les impressions divines, ains demeure en sa propre volonté emmi les inclinations qui accompagnent notre nature dépravée. Au contraire, un coeur doux, maniable et traitable, est appelé un coeur fondu et liquéfié.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyJeu 29 Aoû - 22:49

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CHAPITRE XII
De l'écoulement ou liquéfaction de l'âme en Dieu.


Mon coeur, dit David parlant en la personne de notre Seigneur sur la croix, mon coeur est fait nomme de la cire fondue au milieu de mes entrailles. Cléopâtre, cette infâme reine dÉgypte, voulant enchérir sur tous les excès et toutes les dissolutions que Marc-Antoine avait faits en banquets, fit apporter, à la fin d'un festin qu'elle faisait à son tour, un bocal de fin vinaigre, dans lequel elle jeta une des perles qu'elle portait en ses oreilles, estimée deux cent cinquante mille écus.

Puis la perle étant résolue, fondue et liquéfiée, elle l'avala, et eût encore enseveli dans le cloaque de son vilain estomac l'autre perle qu'elle avait en l'autre oreille, si Lucius Plautus ne l'eût empêchée. Le coeur du Sauveur, vraie perle orientale, unique. ment unique et de prix inestimable, jeté au milieu d'une mer d'aigreurs incomparables au jour de sa Passion, se fondit en soi-même, se résolut, défit et écoula en douleur sous leffort de tant d'angoisses mortelles; mais l'amour, plus fort que la mort, amollit, attendrit et fait fondre les coeurs encore bien plus promptement que toutes les autres passions.

Mon âme, dit l'amante sacrée, s'est toute fondue à même que mon bien-aimé a parlé. Et qu'est-ce à dire, elle s'est fondue, sinon elle ne s'est plus contenue en elle-même, ains s'est écoulée devers son divin amant? Dieu ordonna à Moïse qu'il parlât au rocher, et qu'il produirait des eaux; ce n'est donc pas merveille si lui-même fit fondre l'âme son amante, lorsqu'il lui parlait en sa douceur.

Le baume est si épais de sa nature, qu'il n'est point fluide ni coulant, et plus il est gardé, plus il s'épaissit, et enfin s'endurcit, devenant rouge et transparent ; mais la chaleur le dissout et le rend fluide. L'amour avait rendu l'époux fluide et coulant, dont l'épouse l'appelle une huile répandue. Et voilà que maintenant elle assure qu'elle-même est toute fondue d'amour: Mon âme, dit-elle, s'est écoulée, lorsque mon bien-aimé a parlé.

L'amour de l'époux était dans son coeur et dans son sein, comme un vin nouveau bien puissant qui ne peut être retenu dans son tonneau, car il se répandait de toutes parts, et parce que l'âme suit son amour, après que l'épouse a dit : Vos mamelles sont meilleures que le vin, répandant des onguents précieux, elle ajoute : Votre nom est comme une huile répandue.

Et comme l'époux aurait répandu son amour et son âme dans le coeur de l'épouse; aussi l'épouse réciproquement verse son âme dans le coeur de l'époux. Et comme l'on voit qu'un bornai ou couteau (ruche de cire) touché des rayons ardents sort de soi-même et quitte sa forme pour s'écouler devers l'endroit duquel les rayons le touchent; ainsi l'âme de cette amante s'écoula du côté de la voix de son bien-aimé, sortant d'elle-même et des limites de son être naturel, pour suivre celui qui lui parlait.

Mais comme se fait cet écoulement sacré de l'âme en son bien-aimé? Une extrême complaisance de l'amant en la chose aimée produit une certaine impuissance spirituelle qui fait que l'âme ne se sent plus aucun pouvoir de demeurer en soi-même.

C'est pourquoi, comme un baume fondu qui n'a plus de fermeté ni de solidité, elle se laisse aller et écouler en ce qu'elle aime; elle ne se jette pas par manière d'élancement, ni elle ne se serre pas par manière d'union, mais elle se va doucement coulant, comme une chose fluide et liquide, dedans la Divinité qu'elle aime.

Et comme nous voyons que les nuées épaissies par le vent du midi, se fondant et convertissant en pluie, ne peuvent plus demeurer en elles-mêmes, ains tombent et s'écoulent en bas, se mêlant si intimement avec la terre qu'elles détrempent, qu'elles ne sont plus qu'une même chose avec icelle.

Ainsi l'âme, laquelle, quoique aimante, demeurait encore en elle-même, sort par cet écoulement sacré et fluidité sainte, et se quitte soi-même, non seulement pour s'unir au bien-aimé, mais pour se mêler toute et se détremper avec lui.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptySam 31 Aoû - 23:10

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CHAPITRE XII

De l'écoulement ou liquéfaction de l'âme en Dieu.


Vous voyez donc bien, Théotime, que l'écoulement d'une âme en son Dieu n'est autre chose qu'une véritable extase, par laquelle l'âme est toute hors des bornes de son maintien naturel, toute mêlée, absorbée et engloutie en son Dieu, dont il arrive que ceux qui parviennent à ce saint excès de l'amour divin, étant par après revenus à eux, ne voient rien en la terre qui les contente, et vivant en un extrême anéantissement deux-mêmes, demeurent fort alangouris en tout ce qui appartient aux sens, et ont perpétuellement au coeur la maxime de la bienheureuse vierge Térèse de Jésus:

Ce qui n'est pas Dieu ne m'est rien. Et semble que telle fut la passion amoureuse de ce grand ami du bien-aimé, qui disait: Je vis, mais non pas moi, aine Jésus-Christ vit en moi; et notre vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu, car, dites-moi, je vous prie, Théotime, si une goutte deau élémentaire jetée dans un océan d'eau de naffe (eau de senteur dont la base est la fleur doranger.)

Elle était vivante et qu'elle pût parler et dire l'état auquel elle serait, ne crierait-elle pas de grande joie : O mortels, je vis voirement, mais je ne vis pas moi-même, ains cet océan vit en moi, et ma vie est cachée en cet abîme.

L'âme écoulée en Dieu ne meurt pas; car comme pourrait-elle mourir d'être abîmée en la vie? Mais elle vit sans vivre en elle-même, parce que comme les étoiles, sans perdre leur lumière, ne luisent plus en la présence du soleil, ains le soleil luit en elles, et sont cachées en la lumière du soleil, aussi l'âme, sans perdre sa vie, ne vit plus étant mêlée avec Dieu, ains Dieu vit en elle. Tels furent, je pense, les sentiments des grands bienheureux Philippe Nérius (S. Philippe de Néri) et François Xavier, quand, accablés-des consolations célestes, ils demandaient à Dieu qu'il se retirât pour un peu deux, puisqu'il voulait que leur vie parût aussi encore un peu au monde, ce qui ne se pouvait tandis qu'elle était toute cachée et absorbée en Dieu.

CHAPITRE XIII

De la blessure d'amour.


Tous ces mots amoureux sont tirés de la ressemblance qu'il y a entre les affections du coeur et les passions du corps. La tristesse, la crainte, l'espérance, la haine et les autres affections de l'âme n'entrent point dans le coeur que l'amour ne les y tire après soi.

Nous ne haïssons le mal, sinon parce qu'il est contraire au bien que nous aimons: nous craignons le mal futur, parce qu'il nous privera du bien que nous aimons.

Qu'un mal soit extrême, nous ne le haïssons néanmoins jamais, sinon à mesure que nous chérissons le bien auquel il est opposé.

Qui n'aime pas beaucoup la chose publique, ne se met pas beaucoup en peine si elle se ruine: qui n'aime guère Dieu, ne hait non plus guère le péché. L'amour est la première, ains (même) le principe et l'origine de toutes les passions; c'est pourquoi c'est lui qui entre le premier dans le coeur, et parce qu'il pénètre et perce jusqu'au fond de la volonté, où il a son siège, on dit qu'il blesse le coeur.

Il est aigu, dit l'Apôtre de la France (S.Denys l'Aréopagite), et entre très intimement dans l'esprit. Les autres affections entrent voirement aussi, mais c'est par l'entremise de l'amour; car c'est lui qui, perçant le coeur, leur fait passage. Ce n'est que la pointe du dard qui blesse, le reste agrandit seulement la blessure et la douleur.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XIII

De la blessure d'amour.


Or, s'il blesse, il donne par conséquent de la douleur. Les grenades, par leur couleur vermeille, par la multitude de leurs grains si bien serrés et rangés, et par leurs belles couronnes, représentent naïvement, ainsi que dit saint Grégoire, la très sainte charité, toute vermeille à cause de son ardeur envers Dieu, comblée de toute la variété des vertus, et qui seule obtient et porte la couronne des récompensas éternelles.

Mais le suc des grenades, qui, comme nous savons, est si agréable aux saints et aux malades, est tellement mêlé d'aigreur et de douceur, qu'on ne saurait discerner s'il réjouit le goût ou bien parce qu'il a son aigreur doucette ou bien parce qu'il a une douceur aigrette (douceur aigrette, diminutifs pleins de charmes et qui ont vieilli).

Certes, Théotime, l'amour est ainsi aigre-doux, et tandis que nous sommes en ce monde, il n'a jamais une douceur parfaitement douce, parce quil n'est pas parfait ni jamais purement rassasié et satisfait; et néanmoins il ne laisse pas d'être grandement agréable, son aigreur affinant la suavité de sa douceur, comme sa douceur aiguise la grâce de son aigreur.

Mais cela comme, se peut-il faire? On a vu tel jeune homme entrer en conversation, libre, sain et fort gai, qui, ne prenant pas garde à soi, sent, bien avant que d'en sortir, que l'amour, se servant des regards, des maintiens, des paroles d'une imbécile et faible créature, comme d'autant de flèches, aura féru et blessé son chétif coeur, en sorte que le voilà tout triste, morne et étonné.

Pourquoi, je vous prie, est-il triste? C'est sans doute parce qu'il est blessé. Et qui l'a blessé? L'amour.

Mais puisque l'amour est enfant de la complaisance, comme peut-il blesser et donner de la douleur? Quelquefois l'objet bien-aimé est absent; et lors, mon cher Théotime, l'amour blesse le coeur par le désir qu'il excite, lequel, ne pouvant être satisfait, tourmente gratuitement l'esprit.

Si une abeille avait piqué un enfant, certes vous auriez beau lui dire : Ah ! mon enfant, l'abeille qui t'a piqué, c'est celle-là même qui fait le miel que tu trouves si bon. Car il est vrai, dirait-il, son miel est bien doux à mon goût, mais sa piqûre est bien douloureuse.

Et tandis que son aiguillon est dedans ma joue, je ne puis m'accoiser, et ne voyez-vous pas que ma face en est toute enflée? Théotime, certes l'amour est une complaisance, et par conséquent il est fort agréable, pourvu qu'il ne laisse point dedans nos coeurs l'aiguillon du désir.

Mais quand il le laisse, il laisse avec icelui une grande douleur. Il est vrai que cette douleur provient de l'amour, et partant c'est une amiable (douce, qui plaît) et aimable douleur. Oyez les élans douloureux, mais amoureux d'un amant royal :

Mon âme a soif de son Dieu fort et vivant. Eh! quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de mon Dieu? Mes larmes mont servi de pain nuit et jour, tandis qu'on me dit: Où est ton Dieu ? Ainsi la sacrée Sulamite toute détrempée en ses douleurs amoureuses, parlant aux filles de Jérusalem :

Hélas! dit-elle, je vous conjure, si vous rencontrez mon ami, annoncez-lui ma peine, parce que je languis toute blessée de son amour. L'espérance différée afflige l'âme.

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CHAPITRE XIII

De la blessure d'amour.


Or, s'il blesse, il donne par conséquent de la douleur. Les grenades, par leur couleur vermeille, par la multitude de leurs grains si bien serrés et rangés, et par leurs belles couronnes, représentent naïvement, ainsi que dit saint Grégoire, la très sainte charité, toute vermeille à cause de son ardeur envers Dieu, comblée de toute la variété des vertus, et qui seule obtient et porte la couronne des récompensas éternelles.

Mais le suc des grenades, qui, comme nous savons, est si agréable aux saints et aux malades, est tellement mêlé d'aigreur et de douceur, qu'on ne saurait discerner s'il réjouit le goût ou bien parce qu'il a son aigreur doucette ou bien parce qu'il a une douceur aigrette (douceur aigrette, diminutifs pleins de charmes et qui ont vieilli).

Certes, Théotime, l'amour est ainsi aigre-doux, et tandis que nous sommes en ce monde, il n'a jamais une douceur parfaitement douce, parce quil n'est pas parfait ni jamais purement rassasié et satisfait; et néanmoins il ne laisse pas d'être grandement agréable, son aigreur affinant la suavité de sa douceur, comme sa douceur aiguise la grâce de son aigreur.

Mais cela comme, se peut-il faire? On a vu tel jeune homme entrer en conversation, libre, sain et fort gai, qui, ne prenant pas garde à soi, sent, bien avant que d'en sortir, que l'amour, se servant des regards, des maintiens, des paroles d'une imbécile et faible créature, comme d'autant de flèches, aura féru et blessé son chétif coeur, en sorte que le voilà tout triste, morne et étonné.

Pourquoi, je vous prie, est-il triste? C'est sans doute parce qu'il est blessé. Et qui l'a blessé? L'amour.

Mais puisque l'amour est enfant de la complaisance, comme peut-il blesser et donner de la douleur? Quelquefois l'objet bien-aimé est absent; et lors, mon cher Théotime, l'amour blesse le coeur par le désir qu'il excite, lequel, ne pouvant être satisfait, tourmente gratuitement l'esprit.

Si une abeille avait piqué un enfant, certes vous auriez beau lui dire : Ah ! mon enfant, l'abeille qui t'a piqué, c'est celle-là même qui fait le miel que tu trouves si bon. Car il est vrai, dirait-il, son miel est bien doux à mon goût, mais sa piqûre est bien douloureuse.

Et tandis que son aiguillon est dedans ma joue, je ne puis m'accoiser, et ne voyez-vous pas que ma face en est toute enflée? Théotime, certes l'amour est une complaisance, et par conséquent il est fort agréable, pourvu qu'il ne laisse point dedans nos coeurs l'aiguillon du désir.

Mais quand il le laisse, il laisse avec icelui une grande douleur. Il est vrai que cette douleur provient de l'amour, et partant c'est une amiable (douce, qui plaît) et aimable douleur. Oyez les élans douloureux, mais amoureux d'un amant royal :

Mon âme a soif de son Dieu fort et vivant. Eh! quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de mon Dieu? Mes larmes mont servi de pain nuit et jour, tandis qu'on me dit: Où est ton Dieu ? Ainsi la sacrée Sulamite toute détrempée en ses douleurs amoureuses, parlant aux filles de Jérusalem :

Hélas! dit-elle, je vous conjure, si vous rencontrez mon ami, annoncez-lui ma peine, parce que je languis toute blessée de son amour. L'espérance différée afflige l'âme.

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CHAPITRE XIII
De la blessure d'amour.


Vrai Dieu! Théotime, que vais-je dire? les bienheureux qui sont en paradis voyant que Dieu est encore plus aimable qu'ils ne l'aiment, pâmeraient et périraient éternellement du désir de l'aimer davantage, si la très sainte volonté de Dieu n'imposait à la leur le repos admirable dont elle jouit; car ils aiment si souverainement cette souveraine volonté, que son vouloir arrête le leur et le contentement divin les contente, acquiesçant d'être bornés en leur amour par la volonté même de laquelle la bonté est l'objet de leur amour.

Que si cela n'était, leur amour serait également délicieux et douloureux; délicieux pour la possession d'un si grand bien, douloureux pour l'extrême désir d'un plus grand amour. Dieu donc tirant continuellement, s'il faut ainsi dire, des sagettes (flèches) du carquois de son infinie beauté, blesse l'âme de ses amants, leur faisant clairement voir qu'ils ne l'aiment pas à beaucoup près de ce qu'il est aimable. Celui des mortels qui ne désire pas d'aimer davantage la divine bonté, il ne l'aime pas assez : la suffisance en ce divin exercice ne suffit pas à celui qui veut s'y arrêter comme si elle lui suffisait.

CHAPITRE XIV
De quelques autres moyens par lesquels le saint amour blesse les coeurs.


Rien ne blesse tant un coeur amoureux que de voir un autre coeur blessé d'amour pour lui. Le pélican fait son nid en terre, dont les serpents viennent souvent piquer ses petits. Or quand cela arrive, le pélican, comme un excellent médecin naturel, de la pointe de son bec blesse de toutes parts ses pauvres poussins, pour, avec le sang, faire sortir le venin que la morsure des serpents a répandu par tous les endroits de leur corps; et pour faire sortir tout le venin, il laisse sortir tout le sang, et par conséquent il laisse ainsi mourir cette petite troupe pélicane. Mai

s les voyant morts, il se blesse soi-même et répand son sang sur eux, il les vivifie d'une nouvelle et plus pure vie; son amour les a blessés, et soudain par ce même amour il se blesse soi-même (Toute cette comparaison du pélican est empruntée aux fables classiques).

Jamais nous ne blessons un coeur de la blessure d'amour, que nous n'en soyons soudain blessés nous-mêmes. Quand l'âme voit son Dieu blessé d'amour pour elle, elle en reçoit soudain une réciproque blessure. Tu as blessé mon coeur, dit le céleste amant à sa Sulamite; et la Sulamite s'écrie : Dites à mon bien-aimé que je suis blessée damour. Les avettes ne blessent jamais qu'elles ne demeurent blessées à mort.

Voyant aussi le Sauveur de nos âmes blessée d'amour pour nous jusques à la mort et la mort de la croix, comme pourrions-nous n'être pas blessés pour lui? mais je dis blessés d'une plaie d'autant plus douloureusement amoureuse, que la sienne a été amoureusement douloureuse, et que jamais nous ne le pouvons tant aimer que son amour et sa mort le requiérent.

C'est encore une autre blessure d'amour, quand l'âme sent bien qu'elle aime son Dieu, et que néanmoins Dieu la traite comme s'il ne savait pas d'être aimé, ou comme s'il était en défiance de son amour. Car alors, mon cher Théotime, l'âme reçoit des extrêmes angoisses, lui étant insupportable de voir et sentir le seul semblant que Dieu fait de se défier d'elle.

Le pauvre saint Pierre avait et sentait son coeur tout rempli d'amour pour son Maître, et notre Seigneur dissimulant de le savoir : Pierre, dit-il, m'aimes-tu plus que celui-ci? Eh! Seigneur, répondit cet apôtre, vous savez que je vous aime. Mais, Pierre, m'aimes-tu, réplique le Sauveur?

Mon cher Maître, dit l'apôtre, je vous aime certes, vous le savez. Et ce doux Maître, pour l'éprouver, et se défiant d'être aimé, Pierre, dit-il, m'aimes-tu? Ah! Seigneur, vous blessez ce pauvre coeur, qui, grandement affligé, s'écrie amoureusement, mais douloureusement : Mon Maître, vous savez toutes choses, vous savez certes bien que je vous aime.

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CHAPITRE XIV
De quelques autres moyens par lesquels le saint amour blesse les coeurs.


Un jour on faisait des exorcismes sur une personne possédée; et le malin esprit étant pressé de dire quel était son nom Je suis, répondit-il, ce malheureux privé d'amour; et soudain sainte Catherine de Gênes, qui était là présente, se sentit troubler et renverser toutes les entrailles, d'autant qu'elle avait seulement ouï prononcer le mot de privation d'amour.

Car, comme les démons haïssent si fort l'amour divin, qu'ils tremblent lorsqu'ils en voient le signe ou qu'ils en oyent le nom, c'est-à-dire, quand ils voient la croix et qu'ils oyent prononcer le nom de Jésus; ainsi ceux qui aiment fortement notre Seigneur, trémoussent de douleur et d'horreur quand ils voient quelque signe ou qu'ils entendent quelque parole qui représente la privation de ce saint amour.

Saint Pierre était bien assuré que notre Seigneur sachant tout, ne pouvait pas ignorer combien il était aimé de lui; mais parce que la répétition de cette demande: M'aimes-tu? a l'apparence de quelque défiance, saint Pierre s'en attriste grandement.

hélas! cette pauvre âme qui sent bien qu'elle est résolue de mourir plutôt que d'offenser son Dieu, mais ne sent pas néanmoins un seul brin de ferveur, ains au contraire une froideur extrême qui la tient tout engourdie et si faible qu'elle tombe à tous coups en des imperfections fort sensible.

Cette âme, dis-je, Théotime, elle est toute blessée; car son amour est grandement douloureux de voir que Dieu fait semblant de ne voir pas combien elle l'aime, la laissant comme une créature qui ne lui appartient par, et lui est advis qu'emmi ses défauts, ses distractions et froideurs, notre Seigneur décoche contre elle ce reproche :

Comme peux-tu dire que tu m'aimes, puisque ton âme n'est pas avec moi? Ce qui lui est un dard de douleur au travers de son coeur, mais un dard de douleur qui procède d'amour, car si elle n'aimait pas, elle ne serait pas affligée de l'appréhension qu'elle a de ne pas aimer.

Quelquefois cette blessure d'amour se fait par le seul souvenir que nous avons d'avoir été jadis sans aimer Dieu. O que tard je vous ai aimée, beauté antique et nouvelle, disait ce saint qui avait été trente ans hérétique. La vie passée est en horreur à la vie présente de celui qui a passé sa vie précédente sans aimer la souveraine bonté.

L'amour même nous blesse quelquefois par la seule considération de la multitude de ceux qui méprisent l'amour de Dieu; si que nous pâmons de détresse pour ce sujet, comme faisait celui qui disait : Mon zèle, ô Seigneur, ma fait sécher de douleur, parce que mes ennemis n'ont pas gardé ta loi. Et le grand saint François, pensant ne point être entendu, pleurait un jour, sanglotait et se lamentait si fort, qu'un bon personnage l'oyant, accourut comme au secours de quelqu'un qu'on voulût égorger; et le voyant tout seul, il lui demanda :

Pourquoi cries-tu ainsi, pauvre homme? Hélas! dit-il, je pleure de quoi notre Seigneur a tant enduré pour l'amour de nous, et personne n'y pense. Et ces paroles dites, il recommença ses larmes; et ce bon personnage se mit aussi à gémir et pleurer avec lui.

Mais comme que ce soit (tel que cela est), ceci est admirable ès blessures reçues par le divin amour que la douleur en est agréable, et tous ceux qui la sentent y consentent, et ne voudraient pas changer cette
douleur à toute la douceur de l'univers. Il n'y a point de douleur emmi l'amour; ou s'il y a de la douleur, c'est une bien-aimée douleur.

Un séraphin tenant un jour une flèche toute d'or de la pointe de laquelle sortait une petite flamme, il la darda dans le coeur de la bienheureuse mère Térèse, et la voulant retirer, il semblait à cette vierge qu'on lui arrachait les entrailles ; la douleur étant si grande qu'elle n'avait plus de forces que pour jeter des faibles et petits gémissements, mais douleur pourtant si aimable, qu'elle eût voulu n'en être jamais délivrée.

Telle fut la sagesse d'amour que Dieu décocha dans le coeur de la grande sainte Catherine de Gênes, au commencement de sa conversion, dont elle demeura toute changée et comme morte au monde et aux choses créées, pour ne vivre plus qu'au Créateur. Le bien-aimé est un bouquet de myrrhe amère, et ce bouquet amer est réciproquement le bien-aimé qui demeure chèrement colloqué sur le sein de la bien-aimée, c'est-à-dire, le plus aimé de tous les bien-aimés.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptyJeu 5 Sep - 22:47

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CHAPITRE XV
De la langueur amoureuse du coeur blessé de dilection.


C'est chose assez connue que l'amour humain a la force non seulement de blesser le coeur, mais de rendre malade le corps jusqu'à la mort, d'autant que l'homme la passion et tempérament du corps a beaucoup de pouvoir d'incliner l'âme et la tirer après soi, aussi les affections de l'âme ont une grande force pour remuer les humeurs et changer les qualités du corps.

Mais, outre cela, l'amour quand il est véhément, porte si impétueusement l'âme en la chose aimée, et l'occupe si fortement, quelle manque à toutes ses autres opérations, tant sensitives qu'intellectuelles, si que pour nourrir cet amour et le seconder, il semble que l'âme abandonne tout autre soin, tout autre exercice, et soi-même encore.

Dont Platon a dit que l'amour était pauvre, déchiré, nu, déchaux (sans chaussure), chétif, sans maison, couchant dehors sur la dure ès portes, toujours indigent. Il est pauvre, parce qu'il fait quitter tout pour la chose aimée; il est sans maison, parce qu'il fait sortir l'âme de son domicile pour suivre toujours celui qui est aimé; il est chétif, pâle, maigre et défait, parce qu'il fait perdre le sommeil, le boire et le manger.

Il est nu et déchaux, parce qu'il fait quitter toutes autres affections pour prendre celle de la chose aimée; il couche dehors sur la dure, parce qu'il fait demeurer à découvert le coeur qui aime, lui faisant manifester ses passions par des soupirs, plaintes, louanges, soupçons, jalousies; il est tout étendu comme un gueux aux portes, parce qu'il fait que l'amant est perpétuellement attentif aux yeux et à la bouche de la personne qu'il aime, et toujours attaché à ses oreilles pour lui parler et mendier des faveurs, desquelles il n'est jamais rassasié :

or, les yeux, les oreilles et la bouche sont les portes de l'âme. Et enfin c'est sa vie que d'être toujours indigent; car si une fois il est rassasié, il n'est plus ardent, et par conséquent il n'est plus amour.

Certes, je sais bien, Théotime, que Platon parlait ainsi de l'amour abject, vil et chétif des mondains; mais néanmoins ces propriétés ne laissent pas de se trouver en lamour céleste et divin. Car voyez un peu ces premiers maîtres de la doctrine chrétienne, c'est-à-dire, ces premiers docteurs du saint amour évangélique, et oyez ce que disait l'un d'entreux qui avait le plus de travail :

Jusques à maintenant, dit-il, nous avons faim et soif, et sommes nus, et sommes souffletés, nous sommes vagabonds, et nous sommes rendus comme les balayures de ce monde, et comme la raclure ou pelure de tous. Comme s'il disait:

Nous sommes tellement abjects, que si le monde est un palais, nous en sommes estimés les balayures; si le monde est une pomme, nous en sommes la raclure.

Qui les avait réduits, je vous prie, à cet état, sinon l'amour ? Ce fut l'amour qui jeta saint François nu devant son évêque, et le fit mourir nu sur la terre; ce fut l'amour qui le fit mendiant toute sa vie;

ce fut l'amour qui envoya le grand saint François Xavier, pauvre, indigent, déchiré, çà et là parmi les Indes et entre les Japonais;

ce fut l'amour qui réduisit le grand cardinal saint Charles, archevêque de Milan, à cette extrême pauvreté parmi toutes les richesses que sa naissance et sa dignité lui donnaient; que comme dit cet éloquent orateur d'Italie, monseigneur Panigarole ( de l'ordre de Saint-François, depuis évêque d'Asti, prononça l'oraison funèbre de S. Charles à ses obsèques.), il était comme un chien en la maison de son maître, ne mangeant qu'un peu de pain, ne buvant qu'un peu d'eau et couchant sur un peu de paille.

Source : Livres-mystiques.com

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptySam 7 Sep - 8:41

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CHAPITRE XV
De la langueur amoureuse du coeur blessé de dilection.

Oyons de grâce la sainte Sulamite, comme elle s'écrie presqu'en cette sorte : Quoiqu'à raison de mille consolations que mon amour me donne, je sois plus belle que les riches tentes de mon Salomon, je veux dire plus belle que le ciel, qui n'est qu'un pavillon inanimé de sa majesté royale, puisque je suis son pavillon animé, si suis-je néanmoins toute noire, déchirée, poudreuse et toute gâtée de tant de blessures et de coups que ce même amour me donna.

Eh! ne prenez pas garde à mon teint; car je suis voirement (réellement) brune, d'autant que mon bien-aimé, qui est mon soleil, a dardé les rayons de son amour sur moi :

rayons qui éclairent par leur lumière, mais qui, par leur ardeur, m'ont rendue hâlée et noirâtre, et me touchant de leur splendeur ils m'ont ôté ma couleur.

La passion amoureuse me fait trop heureuse de me donner un tel époux comme est mon roi; mais cette même passion qui me tient lieu de mère, puisqu'elle seule m'a mariée, et non mes mérites, elle a des autres enfants qui me donnent des assauts et des travaux nonpareils, me réduisant à telle langueur, que comme d'un côté je ressemble à une reine qui est au côté de son roi, aussi de l'autre je suis comme une vigneronne qui dans une chétive cabane garde une Vigne, et une vigne encore qui n'est pas sienne.


Certes, Théotime, quand les blessures et plaies de l'amour sont fréquentes et fortes, elles nous mettent en langueur et nous donnent la plus aimable maladie d'amour. Qui pourrait jamais décrire les langueurs amoureuses des saintes Catherine de Sienne et de Gênes, ou de sainte Angèle de Foligny, ou de sainte Christine, ou de la bienheureuse mère Térèse, ou de saint Bernard, ou de saint François?

Et quant à ce dernier, sa vie ne fut autre chose que larmes, soupirs, plaintes, langueurs, définements (défaillances), pâmoisons amoureuses. Mais rien n'est si admirable en tout cela, que cette admirable communication que le doux Jésus lui fit de ses amoureuses et précieuses douleurs, par l'impression de ses plaies et stigmates.

Théotime, j'ai souvent considéré cette merveille, et en ai fait cette pensée. Ce grand serviteur de Dieu, homme tout séraphique, voyant la vive image de son Sauveur crucifié effigiée en un séraphin lumineux qui lui apparut sur le mont Alverne, il s'attendrit plus qu'on ne saurait imaginer, saisi d'une consolation et d'une compassion souveraine; car regardant ce beau miroir d'amour que les anges ne se peuvent jamais assouvir de regarder, hélas!

il pâmait de douceur et de contentement. Mais voyant aussi dautre part la vive représentation des plaies et blessures de son Sauveur crucifié, il sentit en son âme ce glaive impiteux qui transperça la sacrée poitrine de la Vierge mère au jour de la Passion, avec autant de douleur intérieure que s'il eût été crucifié avec son
cher Sauveur.

O Dieu! Théotime, si l'image dAbraham élevant le coup de la mort sur son cher fils unique pour le sacrifier, image faite par un peintre mortel, eut bien le pouvoir toutefois d'attendrir et faire pleurer le grand saint Grégoire, évêque de Nisse, toutes les fois qu'il la regardait; eh! combien fut extrême l'attendrissement du grand saint François quand il vit limage de notre Seigneur se sacrifiant soi-même sur la croix!

image que non une main mortelle mais la main maîtresse d'un séraphin céleste avait tirée et effigiée sur son propre original, représentant si vivement et au naturel le divin Roi des anges, meurtri, blessé, percé, froissé crucifié!

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CHAPITRE XV
De la langueur amoureuse du coeur blessé de dilection.


Cette âme donc ainsi amollie, attendrie et presque toute fondue en cette amoureuse douleur, se trouva par ce moyen extrêmement disposée à recevoir les impressions et marques de l'amour et douleur de son souverain amant.

Car la mémoire était toute détrempée en la souvenance de ce divin amour, l'imagination appliquée fortement à se représenter les blessures et meurtrissures que les yeux regardaient alors si parfaitement bien exprimées en limage présente.

L'entendement recevait les espèces (images) infiniment vives que l'imagination lui fournissait, et enfin l'amour employait toutes les forces de la volonté pour se complaire et conformer à la passion du Bien-aimé, dont l'âme sans doute se trouvait toute transformée en un second crucifix.

Or, l'âme comme forme et maîtresse du corps, usant de son pouvoir sur icelui, imprima les douleurs des plaies dont elle était blessée, ès endroits correspondants à ceux esquels son amant les avait endurées. L'amour est admirable pour aiguiser l'imagination, afin qu'elle pénètre jusqu'à l'extérieur.

L'amour donc fit passer les tourments intérieurs de ce grand amant saint François jusqu'à l'extérieur et blessa le corps du même dard de douleur duquel il avait blessé le coeur.

Mais de faire les ouvertures en la chair par dehors, l'amour qui était dedans ne le pouvait pas bonnement faire : c'est pourquoi l'ardent séraphin, venant au secours, darda des rayons d'une clarté si pénétrante, qu'elle fit réellement en la chair les plaies extérieures du crucifix que l'amour avait imprimées intérieurement en l'âme.

Ainsi le séraphin voyant Isaïe n'oser entreprendre de parler, d'autant qu'il sentait ses lèvres souillées, vint au nom de Dieu lui toucher et épurer les lèvres avec un charbon pris sur l'autel, secondant eu cette sorte le désir d'icelui.

La myrrhe produit sa stacte (gomme, ou liquide résineux) et première liqueur comme par manière de sueur et de transpiration; mais afin qu'elle jette bien tout son suc, il la faut aider par l'incision, De même l'amour divin de saint François parut en tonte sa vie comme par manière de sueur, car il ne respirait en toutes ses actions que cette sacrée dilection.

Mais pour en faire paraître tout à fait l'incomparable abondance, le céleste séraphin le vint inciser et blesser. Et afin que l'on sut que ses plaies étaient plaies de l'amour du ciel, elles furent faites non avec le fer, mais avec des rayons de lumière.

O vrai Dieu! Théotime que de douleurs amoureuses, et que d'amours douloureuses ! car non seulement alors, mais tout le reste de sa vie ce pauvre saint alla toujours tramant et languissant comme bien malade d'amour.

Le bienheureux Philippe Nérius (Philippe Néri), âgé de quatre-vingts ans, eut une telle inflammation de coeur pour le divin amour, que la chaleur se faisant faire place aux côtes, les élargit bien fort, et en rompit la quatrième et la cinquième, afin qu'il pût recevoir plus d'air pour le rafraîchir.

Le bienheureux Stanislas Kostka, jeune garçon de quatorze ans, était si fort assailli de l'amour de son Sauveur, que maintes fois il tombait en défaillance, tout pâmé, et était contraint d'appliquer sur sa poitrine des linges trempés en l'eau froide pour modérer la violence de l'ardeur qu'il sentait.

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CHAPITRE XV
De la langueur amoureuse du coeur blessé de dilection.


Et en somme, comme pensez-vous, Théotime, qu'une âme qui a une fois un peu à souhait tâté les consolations divines, puisse vivre en ce monde, mêlé de tant de misères, sans douleur et langueur presque perpétuelle?

On a maintes fois oui ce grand homme de Dieu, François Xavier, lançant sa voix au ciel, lorsqu'il croyait être bien solitaire, en cette sorte : Eh! mon Seigneur, non, de grâce, ne m'accablez pas d'une si grande affluence de consolations; ou si par votre infinie bonté il vous plait me faire ainsi abonder en délices, tirez-moi donc en paradis car qui a une fois bien goûté en l'intérieur votre douceur, il lui est force de vivre en amertume tandis qu'il ne jouit pas de vous.

Quand donc Dieu a donné un peu largement de ses divines douceurs à une âme, et qu'il les lui ôte, il la blesse par cette privation, et elle par après demeure languissante, soupirant avec David :

Hélas! quand viendra le jour
Que la douceur d'un retour
M'ôtera cette souffrance ?

Et avec le grand Apôtre : O moi misérable homme! qui me délivrera du Corps de cette mortalité ?

FIN DU LIVRE SIXIÈME

LIVRE SEPTIÈME
DE L'UNION DE L'ÂME AVEC SON DIEU QUI SE PARFAIT EN L'ORAISON.

CHAPITRE PREMIER
Comme l'amour fait l'union de l'âme avec Dieu en l'oraison.


Nous ne parlons pas ici de l'union générale du coeur avec son Dieu, mais de certains actes et mouvements particuliers que l'âme recueillie en Dieu fait par manière d'oraison, afin de s'unir et joindre de plus en plus à sa divine bonté.

Il y a, certes, différence entre unir et joindre une chose à l'autre, et serrer ou presser une chose contre une autre ou sur une autre, d'autant que pour joindre et unir il n'est besoin que d'une simple application d'une chose à l'autre en sorte qu'elles se touchent et soient ensemble, ainsi que nous joignons les vignes aux ormeaux et les jasmins aux treilles des berceaux que l'on fait ès jardins.

Mais pour serrer et presser, il faut faire une application forte qui accroisse et augmente l'union; de sorte quo serrer, c'est intimement et fortement joindre, comme nous voyons que le lierre se joint aux arbres, car il ne s'unit pas seulement, mais il se presse et serre si fort à eux, que même il pénètre et entre dans leurs écorces.

La comparaison de l'amour des petits enfants envers leur mère ne doit point être abandonnée, à cause de son innocence et pureté. Voyons donc ce beau petit enfant auquel sa mère assise présente son sein ; il se jette de force entre les bras d'icelle, ramassant et pliant tout son petit corps dans ce giron et sur cette poitrine aimable.

Et voyez réciproquement sa mère, comme le recevant elle le serre, et, par manière de dire, le colle à son sein, et le baisant, joint sa bouche à la sienne.

Mais voyez derechef ce petit poupon appâté des caresses maternelles, comme de son côté il coopère à cette union d'entre sa mère et lui ; car il se serre aussi et se presse tant qu'il peut par lui-même sur la poitrine et le visage de sa mère, et semble qu'il se veuille tout enfoncer et cacher dans ce sein agréable duquel il est extrait.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE PREMIER
Comme l'amour fait l'union de l'âme avec Dieu en l'oraison.


Or alors, Théotime, l'union est parfaite; laquelle n'étant qu'une, ne laisse pas de procéder de la mère et de l'enfant, en sorte néanmoins quelle dépend toute de la mère; car elle a attiré à soi l'enfant, elle la première serré entre ses bras et pressé sur sa poitrine, et les forces du poupon ne sont pas si grandes qu'il eût pu se serrer et prendre si fort à sa mère.

Mais toutefois ce pauvre petit fait bien ce qu'il peut de son côté, et se joint de toute sa force au sein maternel, non seulement consentant à la douce union que sa mère pratique, mais y contribuant ses faibles efforts (y apportant ses efforts) de tout son coeur. Et je dis ses faibles efforts, parce qu'ils sont si imbéciles (impuissqnts), qu'ils ressemblent presque plutôt des essais (à des essais) d'union que non pas une union.

Ainsi donc, Théotime, notre Seigneur montrant le très aimable sein de son divin amour à l'âme dévote, il la tire toute à soi, la ramasse, et, par manière de dire, il replie toutes les puissances d'icelle dans le giron de sa douceur plus que maternelle, puis brûlant d'amour, il serre l'âme. Il la joint, la presse et colle sur ses lèvres de suavité et sur sa délicieuse poitrine, la baisant du sacré baiser de sa bouche, et lui faisant savourer ses mamelles meilleures que le vin.

Alors l'âme, amorcée des délices de ses faveurs, non seulement consent et se prête à l'union que Dieu fait, mais de tout son pouvoir elle coopère, s'efforçant de se joindre et serrer de plus en plus à la divine bonté; de sorte toutefois qu'elle reconnaît bien que son union et liaison à cette souveraine douceur dépend toute de l'opération divine, sans laquelle elle ne pourrait seulement pas faire le moindre essai du monde pour s'unir à icelle.

Quand on voit une exquise beauté regardée avec grande ardeur, ou une excellente mélodie écoutée avec une grande attention, ou un rare discours entendu avec grande contention, on dit que cette beauté-là tient collés sur soi les yeux des spectateurs, que cette musique tient attachées les oreilles, que ce discours ravit les coeurs des auditeurs.

Qu'est-ce à dire tenir collés les yeux, tenir attachées les oreilles et ravir les coeurs, sinon unir et joindre fort serrés les sens et puissances dont on parle à leurs objets? L'âme donc se serre et se presse sur son objet, quand elle s'y affectionne avec grande attention; car le serrement n'est autre chose que le progrès et avancement de l'union et conjonction.

Nous usons même de ce mot selon notre langage ès choses morales : Il me presse de faire ceci ou cela, il me presse de demeurer; c'est-à-dire, il n'emploie pas seulement sa persuasion ou sa prière, mais il l'emploie avec contention et effort, comme firent les pèlerins en Emmaüs, qui non seulement supplièrent notre Seigneur, mais le pressèrent et serrèrent à force, le contraignant d'une amoureuse violence d'arrêter au logis avec eux.

Or, en l'oraison, l'union se fait souvent par manière de petits, mais fréquents élancements et avancements de
Et si vous prenez garde aux petits enfants unis et joints au sein de leur mère, vous verrez que de temps en temps ils se pressent et serrent par de petits élans que le plaisir de téter leur donne.

Ainsi en l'oraison le coeur uni à son Dieu fait maintes fois certaines recharges d'union par des mouvements avec lesquels il se serre et presse davantage en sa divine douceur: comme, par exemple, l'urne ayant longuement demeuré au sentiment d'union par lequel elle savoure doucement combien elle est heureuse d'être à Dieu; enfin accroissant cette union par un serrement et élan cordial:

Oui, Seigneur, Dira-t-elle, je suis vôtre toute, toute, toute sans exception; ou bien: Eh! Seigneur, je le suis, certes, et je le veux être toujours plus; ou bien, par manière de prière: O doux Jésus, eh! tirez-moi toujours plus avant dans votre coeur afin que votre amour m'engloutisse, et que je sois du tout (entièrement) abîmée en sa douceur!

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CHAPITRE PREMIER
Comme l'amour fait l'union de l'âme avec Dieu en l'oraison.


Mais d'autres fois l'union se fait, non par des élancements répétés, ains par manière d'un continuel insensible pressement et avancement du coeur en la divine bonté ; car comme nous voyons qu'une grande et pesante masse de plomb, d'airain ou de pierre, quoiqu'on ne la pousse point, se serre, enfonce et presse tellement contre la terre sur laquelle elle est posée, qu'enfin avec le temps on la trouve tout enterrée, à cause de l'inclination de son poids, qui par sa pesanteur la fait toujours tendre au centre:

ainsi notre coeur étant une fois joint à son Dieu, s'il demeure en cette union et que rien ne l'en divertisse, il va s'enfonçant continuellement par un insensible progrès d'union, jusques à ce qu'il soit tout en Dieu, à cause de l'inclination sacrée que le saint amour lui donne de s'unir toujours davantage à la souveraine bonté; car, comme dit le grand apôtre de France (Saint Denys l'Aeropagite), l'amour est une vertu unitive, c'est-à-dire, qui nous porte à la parfaite union du souverain bien.

Et puisque c'est une vérité indubitable que le divin amour, tandis que nous sommes en ce monde, est un mouvement ou au moins une habitude active et tendante au mouvement; lors même qu'il est parvenu à la simple union, il ne laisse pas d'agir, quoique imperceptiblement, pour l'accroître et perfectionner de plus en plus.

Ainsi les arbres qui aiment à être transplantés, après qu'ils le sont, étendent leurs racines et se fourrent bien avant dans le sein de la terre qui est leur élément et leur aliment, nul ne s'apercevant de cela tandis qu'il se fait, ains seulement quand il est fait. Et le coeur humain transplanté du monde en Dieu par le céleste amour, s'il s'exerce fort en l'oraison, certes il s'étendra continuellement et se serrera à la Divinité, s'unissant de plus en plus à sa bonté, mais par des accroissements imperceptibles, desquels on ne remarque pas bonnement le progrès tandis qu'il se fait, ains quand il est fait.

Si vous buvez quelque exquise liqueur, par exemple de l'eau (impériale liqueur odorante, employée aussi en médecine, dans la composition de laquelle il entre du citron, de la cannelle, etc.) la simple union d'icelle avec vous se fera à mesure que vous la recevrez; car la réception et l'union sont une même chose en cet endroit; mais par après, petit à petit, cette union s'agrandira par un progrès imperceptiblement sensible; car la vertu de cette eau, pénétrant de toutes parts, confortera le cerveau, revigorera le coeur, et étendra sa force sur tous vos esprits.

Ainsi un sentiment de dilection, comme par exemple, que Dieu est bon! étant entré dedans le coeur, d'abord il fait l'union avec cette bonté, mais étant entretenu un peu longuement, comme un parfum précieux il pénètre de tous les côtés l'âme, il se répand et dilate dans notre volonté, et, par manière de dire, il s'incorpore avec notre esprit, se joignant et serrant de toutes parts de plus en plus à nous et nous unissant à lui.

Et c'est ce que nous enseigne le grand David, quand il compare les sacrées paroles au miel; car qui ne sait que la douceur du miel s'unit de plus en plus à notre sens par un progrès continuel de savourement, lorsque le tenant longuement en la bouche, ou que l'avalant tout bellement, sa saveur pénètre plus avant le sens de notre guét ? Et de même, ce sentiment de la bonté céleste exprimé par cette parole de saint Bruno:

O bonté! ou par celle de saint Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu! ou par celle de Magdeleine : Eh mon Maître! ou par celle de saint François: Mon Dieu et mon tout! ce sentiment, dis-je, demeurant un peu longuement dedans un coeur amoureux, iI se dilate, il s'étend et s'enfonce par une intime pénétration en l'esprit, et de plus en plus le détrempe tout de sa saveur, qui n'est autre chose qu'accroître l'union, comme fait longuent précieux ou le baume, qui, tombant sur le coton, se mêle et s'unit tellement de plus en plus, petit à petit, avec icelui, qu'enfin on ne saurait plus dire si le coton est parfumé ou s'il est parfum; ni si le parfum est coton, ou le coton parfum. O qu'heureuse est une âme qui, en la tranquillité de son coeur, conserve amoureusement le sacré sentiment de la présence de Dieu! car son union avec la divine bonté croîtra perpétuellement, quoiqu'insensiblement, et détrempera tout l'esprit d'icelui de son infinie suavité.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE PREMIER
Comme l'amour fait l'union de l'âme avec Dieu en l'oraison.


Or, quand je parIe du sacré sentiment de la présence de Dieu en cet endroit, je n'entends pas parler du sentiment sensible, mais de celui qui réside en la cime et suprême pointe de l'esprit, où le divin amour règne et fait ses exercices principaux.

CHAPITRE II
Des divers degrés de la sainte union qui se fait en l'oraison.


L'union se fait quelquefois sans que nous y coopérions, sinon par une simple suite, nous laissant unir sans résistance à la divine bonté, comme un petit enfant amoureux du sein de sa mère, mais tellement alangouri (languissant), qu'il ne peut faire aucun mouvement pour y aller ni pour se serrer quand il y est, mais seulement est bien aise dêtre pris et tiré entre les bras de sa mère et d'être pressé par elle sur sa poitrine.

Quelquefois nous coopérons, lorsqu'étant tirés, nous courons volontiers pour seconder la douce force de la bonté qui nous tire et nous serre à soi par son amour.

Quelquefois il nous semble que nous commençons à nous joindre et serrer à Dieu avant qu'il se joigne à nous, parce que nous sentons l'action de l'union de notre côté, sans sentir celle qui se fait de la part de Dieu, lequel toutefois sans doute nous prévient toujours, bien que toujours nous ne sentions pas sa prévention : car s'il ne s'unissait à nous, jamais nous ne nous unirions à lui.

Il nous choisit et saisit toujours avant que nous le choisissions ni saisissions. Mais quand, suivant ses attraits imperceptibles, nous commençons à nous unir à lui, il fait quelquefois le progrès de notre union, secourant notre imbécillité, et se serrant insensiblement lui-même à nous, si que (à tel point que) nous le sentons qu'il entre et qu'il pénètre notre coeur par une suavité incomparable.

Et quelquefois aussi, comme il nous a attirés insensiblement à l'union, il continue insensiblement à nous aider et secourir. Et nous ne savons comme une si grande union se fait, mais nous savons bien que nos forces ne sont pas assez grandes pour la faire, si que nous jugeons bien par là que quelque secrète puissance fait son insensible action en nous.

Comme les nochers (Pilote, homme chargé de conduire un navire, une barque) qui portent du fer, lorsque sous un vent fort faible, ils sentent leurs vaisseaux cingler puissamment, connaissent qu'ils sont proche des montagnes de l'aimant, qui les tirent imperceptiblement, et voient en cette sorte un connaissable et perceptible avancement provenant d'un moyen inconnu et imperceptible :

car ainsi lorsque nous voyons notre esprit s'unir de plus en plus à Dieu sous de petits efforts que notre volonté fait, nous jugeons bien que nous avons trop peu de vent pour cingler si fort, et qu'il faut que l'amant de nos âmes nous tire par linfluence secrète de sa grâce, laquelle ii veut nous être imperceptible, afin qu'elle nous soit plus admirable, et que sans nous amuser à sentir ses attraits, nous nous occupions plus purement et simplement à nous unir à sa bonté.

Aucune fois (certaines fois) cette union se fait si insensiblement que notre coeur ne sent ni l'opération divine en nous, ni notre coopération; ains il trouve ta seule union insensiblement toute faite, à l'imitation de Jacob, qui, sans y penser, se trouva marié avec Lia, ou plutôt comme un autre Samson, mais plus heureux, il se trouve lié et serré des cordes de la sainte union, sans que nous nous en soyons aperçus.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II
Des divers degrés de la sainte union qui se fait en l'oraison.


L'autres fois nous sentons les serrements, l'union se faisant par des actions sensibles tant de la part de Dieu que de la nôtre.Quelquefois l'union se fait par la seule volonté et en la seule volonté, et aucune fois l'entendement y a sa part, parce que la volonté le tire après soi et l'applique à son objet, lui donnant un plaisir spécial d'être fiché à le regarder; comme nous voyons que l'amour répand une profonde et spéciale attention en nos yeux corporels, pour les arrêter à voir ce que nous aimons.

Quelquefois cette union se fait de toutes les facultés de l'âme, qui se ramassent toutes autour de la Volonté, non pour s'unir elles-mêmes à Dieu, car elles n'en sont pas toutes capables, mais pour donner plus de commodité à la volonté de faire son union. Car si les autres facultés étaient appliquées une chacune à son objet propre, l'âme opérant par icelles, ne pourrait pas si parfaitement s'employer à l'action par laquelle l'union se fait avec Dieu. Telle est la variété des unions.

Voyez saint Martial (car ce fut, comme on dit, le bienheureux enfant duquel il est parlé en saint Marc, ch. IX.), notre Seigneur le prit, le leva et le tint assez longuement entre ses bras. O beau petit Martial! que vous êtes heureux d'être saisi, pris, porté, uni, joint et serré sur la poitrine céleste du Sauveur et baisé de sa bouche sacrée, sans que vous y coopériez qu'en ne faisant pas résistance à recevoir ces divines caresses !

Au contraire, saint Siméon embrasse et serre notre Seigneur sur son sein, sans que notre Seigneur fasse aucun semblant de coopérer à cette union, bien que, comme chante la très sainte Église, le vieillard portait l'enfant, mais l'enfant gouvernait le vieillard. Saint Bonaventure, touché d'une sainte humilité, non seulement ne s'unissait pas à notre Seigneur, ains se retirait de sa présence réelle, c'est-à-dire, du très saint sacrement de l'Eucharistie, quand un jour oyant messe, notre Seigneur se vint unir à lui, lui portant son divin sacrement.

Or, cette union faite, eh Dieu ! Théotime, pensez de quel amour cette sainte âme serra son Sauveur sur son coeur ! A l'opposite, sainte Catherine de Sienne désirant ardemment notre Seigneur en la sainte communion, pressant et poussant son âme et son affection devers lui, il se vint joindre à elle, entrant en sa bouche avec mille bénédictions.

Ainsi notre Seigneur commença l'union avec saint Bonaventure, et sainte Catherine sembla commencer celle quelle eut avec son Sauveur. La sacrée amante du Cantique parle comme ayant pratiqué l'une et l'autre sorte d'union : Je suis toute à mon bien-aimé, se dit-elle, et son retour est devers moi; car c'est autant que si elle disait que je suis unie à mon cher ami, et réciproquement il se retourne devers moi, pour, en s'unissant de plus en plus à moi, se rendre aussi tout mien.

Mon cher ami m'est un bouquet de myrrhe, il demeurera sur mon sein, et je le serrerai comme un bouquet de suavité. Mon âme, dit David, s'est serrée à vous, ô mon Dieu, et votre main droite ma empoigné et saisi. Mais ailleurs elle confessa d'être parvenue, disant : ilion cher ami est tout à moi; et moi je suis toute sienne; nous faisons une sainte union par laquelle il se joint à moi et moi je nie joins à lui. Et pour montrer que toujours toute l'union se fait par la grâce de Dieu qui nous tire à soi, et par ses attraits émeut notre âme et anime le mouvement de notre union envers lui, elle s'écrie comme tout impuissante :

Tirez-moi ; mais pour témoigner quelle ne se laissera pas tirer comme une pierre ou comme un forçat, aies qu'elle coopérera de son côté et mêlera son faible mouvement parmi les puissants attraits de son amant, nous courrons, dit-elle, à l'odeur de vos parfums.

Et afin qu'on sache que si on la tire un peu fortement par la volonté, toutes les puissances de l'âme se porteront à l'union Tirez-moi, dit-elle, et nous courrons. L'époux n'en tire qu'une, et plusieurs courent à l'union. La volonté est la seule que Dieu veut, mais toutes les autres puissances courent après elle pour être unies à Dieu avec elle.

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MessageSujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales   Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 4 EmptySam 14 Sep - 7:37

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CHAPITRE II
Des divers degrés de la sainte union qui se fait en l'oraison.


A cette union le divin berger des âmes provoquait sa chère Sulamite. Mettez-moi, disait-il, comme un sceau sur votre coeur, comme un cachet sur votre bras. Pour bien imprimer un cachet sur la cire, on ne le joint pas seulement, mais on le presse bien serré. Ainsi veut-il que nous nous unissions à lui d'une union si forte et pressée que nous demeurions marqués de ses traits.

Le saint amour du Sauveur nous presse. O Dieu, quel exemple d'union excellente ! il s'était joint à notre nature humaine par grâce, comme une vigne à son ormeau, pour la rendre aucunement participante de son fruit. Mais voyant que cette union s'était défaite par le péché d'Adam, il fit une union plus serrée et pressante en l'Incarnation, par laquelle la nature humaine demeure à jamais jointe en unité de personne à la Divinité.

Et afin que non seulement la nature humaine, mais tous les hommes pussent s'unir intimement à sa bonté, il institua le sacrement de la très sainte Eucharistie, auquel un chacun peut participer pour unir son Sauveur à soi-même réellement et par manière la viande (chair, aliment en général).

Théotime, cette union sacramentelle nous sollicite et nous aide à la spirituelle de laquelle nous parlons.

CHAPITRE III
Du souverain degré d'union par la suspension et ravissement.


Soit donc que l'union de notre âme avec Dieu se fasse imperceptiblement, soit qu'elle se fasse perceptiblement, Dieu en est toujours l'auteur, et nul ne peut s'unir à lui, s'il ne va à lui : nul ne peut aller à lui, s'il n'est tiré par lui, comme témoigne le divin époux, disant:

Nul ne peut venir à moi, sinon que mon Père te tire : ce que sa céleste épouse proteste aussi, disant : Tirez-moi, nous courrons à l'odeur de vos parfums.

Or, la perfection de cette union consiste en deux points : qu'elle soit pure et qu'elle soit forte. Ne puis-je pas m'approcher de quelqu'un pour lui parler, pour le mieux Voir, pour obtenir quelque chose de lui, pour odorer (flairer) les parfums qu'il porte, pour m'appuyer sur lui ?

Et alors je mapproche voirement (vraiment) de lui et je me joins à lui mais l'approchement et l'union n'est pas ma principale prétention, ains je m'en sers seulement comme un moyen et d'une disposition pour obtenir une autre chose.

Que si je m'approche de lui et me joins à lui, non pour aucune autre fin que pour être proche de lui, et jouir de cette prochaineté et union; c'est alors un approchement d'union pure et simple.

Ainsi plusieurs s'approchent de notre Seigneur, les uns pour l'ouïr, comme Magdeleine; les autres pour être guéris, comme l'hémorroïsse; les autres pour l'adorer, comme les Mages ; les autres pour le servir, comme Marthe ; les autres pour vaincre leur incrédulité, comme saint Thomas; les autres pour le parfumer, comme Magdeleine, Joseph, Nicodème.

Mais sa divine Sulamite le cherche pour le trouver, et l'ayant trouvé, ne veut autre chose que de le tenir bien serré, et le tenant, ne jamais le quitter.

Je le tiens, dit-elle, et ne l'abandonnerai point. Jacob, dit saint Bernard, tenant Dieu bien serré, le veut bien quitter, pourvu qu'il reçoive sa bénédiction ; mais la Sulamite ne le quittera pas, quelle bénédiction qu'il lui donne ; car elle ne veut pas les bénédictions de Dieu, elle veut le Dieu des bénédictions, disant avec David: Qu'y a-t-il au ciel pour moi, et que veux-je sur la terre, sinon vous ? Vous êtes le Dieu de mon coeur et mon partage à toute éternité.

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CHAPITRE III
Du souverain degré d'union par la suspension et ravissement.


Ainsi fut la glorieuse Mère auprès de la croix de son Fils. E! que cherchez-vous, Ô Mère de la vie, en ce mont de Calvaire et en ce lieu de mort? Je cherche, eût-elle dit, mon enfant, qui est la vie de ma vie. Et pourquoi le cherchez-Vous ? Pour être auprès de lui. Mais maintenant il est parmi les tristesses de la mort.

Eh! ce ne sont pas les allégresses que je cherche, c'est lui-même et partout mon coeur amoureux me fait rechercher d'être unie à cet aimable enfant, mon cher bien-aimé. En somme, la prétention de l'âme en cette union n'est autre que d'être avec son amant.

Mais quand l'union de l'âme avec Dieu est grandement très étroite et très serrée, elle est appelée par les théologiens inhésion (attachement) ou adhésion, parce que par icelle l'âme demeure prise, attachée, collée et affichée à la divine Majesté; en sorte que malaisément peut-elle s'en déprendre et retirer.

Voyez, je vous prie, cet homme pris et serré par attention à la suavité d'une harmonieuse musique, ou bien (ce qui est extravagant) à la niaiserie d'un jeu de cartes ; vous l'en voulez retirer et vous ne pouvez: quelles affaires qu'il ait au logis, on ne le peut arracher, il eut perdu même le boire et le manger.

O Dieu ! Théotime, combien plus doit être attachée et serrée l'âme qui est amante de son Dieu, quand elle est unie à la divinité de l'infinie douceur, et quelle est prise et éprise en cet objet d'incomparables perfections ! Telle fut celle du grand vaisseau d'élection, qui s'écriait:

Afin que je vive à Dieu, je suis affiché (fixé) à la croix avec Jésus-Christ. Aussi proteste-t-il que rien, non pas la mort même, ne le peut séparer de son Maître. Et cet effet de l'amour fut même pratiqué entre David et Jonathas; car il est dit que l'âme de Jonathas fut collée à celle de David.

Aussi est-ce un axiome célébré par les anciens Pères, que l'amitié qui peut finir ne fut jamais vraie amitié, ainsi que j'ai dit ailleurs.

Voyez, je vous prie, Théotime, ce petit enfant attaché au sein et au col de sa mère. Si on le veut arracher de là pour le porter en son berceau parce qu'il est temps, il marchande et dispute tant qu'il peut pour ne point quitter ce sein tant aimable.

Si on le fait déprendre d'une main, il s'accroche de l'autre, et si on lenlève du tout, il se met à pleurer ; et tenant son coeur et ses yeux où il ne peut plus tenir son corps, il va réclamant sa chère mère, jusqu'à ce qu'à force de le bercer on l'ait endormi.

Ainsi l'âme, laquelle, par l'exercice de l'union, est parvenue jusqu'à demeurer prise et attachée à la divine bonté, n'en peut être tirée presque que par force et avec beaucoup de douleur, on ne la peut faire d'éprendre: si on détourne son imagination, elle ne laisse pas de se tenir prise par son entendement; que si on tire son entendement, elle se tient attachée par la volonté;

et si on la fait encore abandonner de la volonté par quelque distraction violente, elle se retourne de moment en moment du côté de son cher objet, duquel elle ne peut du tout se déprendre, renouant tant qu'elle peut les doux liens de son union avec lui par de fréquents retours qu'elle fait comme à la dérobée, expérimentant en cela la peine de saint Paul ;

car elle est pressée de deux désirs, d'être délivrée de toute occupation extérieure pour demeurer en son intérieur avec Jésus-Christ, et d'aller néanmoins à l'oeuvre de l'obéissance que l'union même avec lui enseigne être requise.

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CHAPITRE III
Du souverain degré d'union par la suspension et ravissement.


Or, la bienheureuse mère Térèse dit excellemment que l'union étant parvenue jusqu'à cette perfection que de nous tenir pris et attachés avec notre Seigneur, elle n'est point différente du ravissement, suspension ou pendement d'esprit .

Mais qu'on l'appelle seulement union, ou suspension, ou pendement, quand elle est courte ; et quand elle est longue, on l'appelle extase ou ravissement, d'autant qu'en effet l'âme attachée à son Dieu si fermement et si serrée qu'elle n'en puisse pas aisément être déprise, elle n'est plus en soi-même, mais en Dieu :

non plus qu'un corps crucifié n'est plus en soi-même, mais en la croix, et que le lierre attaché à la muraille n'est plus en soi, mais en la muraille.

Mais afin d'éviter toute équivoque, sachez, Théotime, que la charité est un lien, et un lien de perfection et qui a plus de charité, il est plus étroitement uni et lié à Dieu. Or, nous ne parlons pas de cette union qui est permanente en nous, ravit et nous emporte, comme au contraire à raison du très volontaire consentement et ardent mouvement par lequel l'âme ravie s'écoule après les attraits divins, il semble que non seulement elle monte et s'élève, mais qu'elle se jette et s'élance hors de soi en la Divinité même.

Et c'en est de même en la très infâme extase ou abominable ravissement qui arrive à l'âme, lorsque par les amorces des plaisirs charnels elle est mise hors de sa propre dignité spirituelle, et au-dessous de sa condition naturelle; car en tant que volontairement elle suit cette malheureuse volupté, et se précipite hors de soi-même, c'est-à-dire, hors de l'état spirituel, on dit qu'elle est en l'extase sensuelle.

Mais en tant que les appas sensuels la tirent puissamment, et, par manière de dire, l'entraînent dans cette basse et vile condition, on dit qu'elle est ravie et emportée hors de soi-même, parce que ces voluptés grossières la démettent de l'usage de la raison et intelligence avec une si furieuse violence, que, comme dit un des plus grands philosophes, l'homme étant en cet accident, semble être tombé en épilepsie, tant l'esprit demeure absorbé et comme perdu.

O hommes ! jusques à quand serez-vous si insensés que de vouloir ravager votre dignité naturelle, descendant volontairement, et vous précipitant en la condition des bêtes brutes?

Mais, mon cher Théotime, quant aux extases sacrées, elles sont de trois sortes. L'une est de l'entendement, l'autre de l'affection, et la troisième de l'action:

l'une est en la splendeur, l'autre en la ferveur, et la troisième en l'oeuvre; l'une se fait par l'admiration, l'autre par la dévotion, et la troisième par l'opération.

L'admiration se fait en nous par la rencontre d'une vérité nouvelle que nous ne connaissions pas, ni n'attendions pas de connaître. Et si à la nouvelle vérité que nous rencontrons, est jointe la beauté et bonté, l'admiration qui en provient est grandement délicieuse.

Ainsi la reine de Saba trouvant en Salomon plus de véritable sagesse qu'elle n'avait pensé, elle demeura toute pleine d'admiration; et les Juifs, voyant en notre Sauveur une science qu'ils n'eussent jamais cru, furent surpris d'une grande admiration.

Quand donc il plaît à la divine bonté de donner à notre entendement quelque spéciale clarté, par le moyen de laquelle il vient à contempler les mystères divins d'une contemplation extraordinaire et fort relevée, alors voyant plus de beauté en iceux qu'il n'avait pu s'imaginer, il entre en admiration.

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