|
| Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales | |
| | |
Auteur | Message |
---|
ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 2 Mar - 23:09 | |
| Rappel du premier message :LIVRE PREMIER CONTENANT UNE PRÉPARATION A TOUT LE TRAITÉ
CHAPITRE PREMIER
Que pour la beauté de la nature humaine, Dieu a donné le gouvernement de toutes les facultés de l'âme à la volonté.L'union établie en la distinction fait l'ordre; l'ordre produit la convenance et la proportion; et la convenance, ès choses entières et accomplies, fait la beauté. Une armée est belle quand elle est composée de toutes ses parties tellement rangées en leur ordre, que leur distinction est réduite au rapport quelles doivent avoir ensemble pour ne faire qu'une seule armée. Afin qu'une musique soit belle, il ne faut pas seulement que les voix soient nettes, claires et bien distinguées ; mais qu'elles soient a!liées en telle sorte les unes aux autres, qu'il s'en fasse une juste consonance et harmonie, par le moyen de l'union qui est en la distinction, et la distinction qui est en lunion des voix, que non sans cause on appelle un accord discordant, ou plutôt une discorde accordante. Or, comme dit excellemment l'angélique saint Thomas, après le grand saint Denis, la beauté et la bonté, bien qu'elles aient quelque convenance, ne sont pas néanmoins une même chose: car le bien est ce qui plait à l'appétit et volonté; le beau, ce qui plaît à l'entendement et à la connaissance; ou pour le dire autrement, le bon est ce dont la jouissance nous délecte; le beau, ce dont la connaissance nous agrée. Et c'est pourquoi jamais, à proprement parler, nous n'attribuons la beauté corporelle, sinon aux objets des deux sens qui sont les plus connaissants et qui servent le plus à l'entendement, qui sont la vue et l'ouïe; si que nous ne disons pas: Voilà des belles odeurs ou des belles saveurs, mais nous disons bien: Voilà des belles voix et des belles couleurs. Le beau donc étant appelé beau, parce que sa connaissance délecte, il faut que, outre l'union et distinction d'intégrité, l'ordre et la convenance de ses parties, il ait beaucoup de splendeur et clarté, afin qu'il soit connaissable et visible ; les voix, pour être belles, doivent être claires et nettes, les discours intelligibles, les couleurs éclatantes et resplendissantes. L'obscurité, l'ombre, les ténèbres sont laides, et enlaidissent toutes choses; parce qu'en elles rien n'est connaissable, ni l'ordre, ni la distinction, ni l'union, ni la convenance: qui a fait dire à saint Denis « que Dieu, comme souveraine beauté, est auteur de la belle convenance, du beau lustre et de la bonne grâce, qui est en toutes choses, » faisant éclater, en forme de lumière, les distributions et départements de son rayon, par lesquels toutes choses sont rendues belles, voulant que pour établir la beauté, il y eût la convenance, la clarté, et la bonne grâce. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | |
Auteur | Message |
---|
ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 16 Sep - 22:22 | |
| CHAPITRE III Du souverain degré d'union par la suspension et ravissement.Or, l'admiration des choses agréables attache et colle fortement l'esprit à la chose admirée, tant à raison de l'excellence de la beauté qu'elle lui découvre, qu'à raison de la nouveauté de cette excellence, l'entendement, ne se pouvant assez assouvir de voir ce qu'il n'a encore point vu, et qui est si agréable à voir. Et quelquefois, outre cela, Dieu donne à l'âme une lumière non seulement claire, mais croissante comme l'aube du jour; et alors, comme ceux qui ont trouvé une minière d'or, fouillent toujours plus avant pour trouver toujours d'avantage de ce tant désiré métal, ainsi l'entendement va de plus en plus s'enfonçant à la considération et admiration de son divin objet: car ne plus ne moins que l'admiration a causé la philosophie et attentive recherche des choses naturelles, elle a aussi causé la contemplation et théologie mystique; et d'autant que cette admiration, quand elle est forte, nous tient hors et au-dessus de nous-mêmes par la vive attention et application de notre entendement aux choses célestes, elle nous porte par conséquent en l'extase. CHAPITRE V De la seconde espèce de ravissement.Dieu attire les esprits à soi par sa souveraine beauté et incompréhensible bonté : excellences qui toutes deux ne sont néanmoins qu'une suprême divinité très uniquement belle et bonne tout ensemble. Tout se fait pour le bon et pour le beau; toutes choses regardent vers lui, sont mues et contenues par lui, et pour l'amour de lui. Le bon et le beau est désirable, aimable et chérissable à tous: pour lui toutes choses font et veulent tout ce qu'elles opèrent et veulent. Et quant au beau, parce qu'il attire et rappelle à soi toutes choses, les Grecs l'appellent d'un nom qui est tiré d'une parole qui vent dire appeler (en grec kalos, kalein, appeler). De même quant au bien, sa vraie image c'est la lumière, surtout en ce que la lumière recueille, réduit et convertit à soi tout ce qui est, dont le soleil entre les Grecs est nommé d'une parole (en grec Elios) laquelle montre que toutes choses soient ramassées et serrées, rassemblant les dispersées, comme la bonté convertit à soi toutes choses, étant non seulement la souveraine unité, mais souverainement unissante, d'autant que toutes choses la désirent comme leur principe, leur conservation et leur dernière fin; de sorte qu'en somme le bon et le beau ne sont qu'une même chose, d'autant que toutes choses désirent le beau et le bon. Ce discours, Théotime, est presque tout composé des paroles du divin saint Denis Aréopagite. Et certes, il est vrai que le soleil, source de la lumière corporelle, est la vraie image du bon et du beau; car entre les créatures purement corporelles, il n'y a point de bonté ni de beauté égale à celle du soleil. Or, la beauté et bonté du soleil consistent en sa lumière, sans laquelle rien ne serait beau et rien ne serait bon en ce monde corporel. Elle éclaire tout, comme belle; elle échauffe et vivifie tout, comme bonne. En tant qu'elle est elle et claire, elle attire tous les yeux qui ont vue au monde; en tant qu'elle est bonne et qu'elle échauffe, elle attire à soi tous les appétits et toutes les inclinations du monde corporel, car elle tire et élève les exhalaisons et vapeurs; elle tire et fait sortir les plantes et les animaux de leurs origines, et ne se fait aucune production à laquelle la chaleur vitale de ce grand luminaire ne contribue. Ainsi Dieu, père de toute lumière, souverainement bon et beau, par sa beauté attire notre entendement à le contempler, et par sa bonté il attire notre volonté à l'aimer. Comme beau, comblant notre entendement de délices, il répand son amour, dans notre volonté; comme bon, remplissant notre volonté de son amour, il excite notre entendement à le contempler, l'amour nous provoquant à la contemplation, et la contemplation à l'amour, dont il s'ensuit que l'extase et le ravissement dépend totalement de l'amour: car cest l'amour qui porte l'entendement à la contemplation, et la volonté à l'union; de manière qu'enfin il faut conclure, avec le grand saint Denis, que l'amour divin est exatique, ne permettant pas que les amants soient à eux-mêmes, ains à la chose aimée. A raison de quoi cet admirable apôtre saint Paul, étant en la possession de ce divin amour, et fait participant de sa force extatique, d'une bouche divinement inspirée: Je vis, dit-il, non plus moi, mais Jésus-Christ vit en moi. Ainsi, comme un vrai amoureux sorti hors de soi en Dieu, il vivait, non plus de sa propre vie, mais de la vie de son bien-aimé, comme souverainement aimable. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 18 Sep - 8:08 | |
| CHAPITRE V De la seconde espèce de ravissement.Or, ce ravissement d'amour se fait sur la volonté en cette sorte: Dieu la touche par ces attraits de suavité; et lors, comme une aiguille touchée par l'aimant se tourne et remue vers le pôle, s'oubliant de son insensible condition, ainsi la volonté, atteinte de l'amour céleste, s'élance et porte en Dieu, quittant toutes ses inclinations terrestres, entrant par ce moyen en un ravissement, non de connaissance, mais de jouissance; non d'admiration, mais d'affection; non de science, mais d'expérience; non de vue, mais de goût et de savourement. Il est vrai que, comme j'ai déjà signifié, l'entendement entre quelquefois en admiration, voyant la sacrée délectation que la volonté a en son extase, apercevant l'entendement en admiration : de sorte que ces deux facultés s'entre-communiquent leurs ravissements, le regard de la beauté nous la faisant aimer, et l'amour nous la faisant regarder. On n'est guère souvent échauffé des rayons du soleil qu'on n'en soit éclairé, ni éclairé qu'on n'en soit échauffé. L'amour fait facilement admirer, et l'admiration facilement aimer. Toutefois les deux extases de l'entendement et de la volonté ne sont pas tellement appartenantes l'une à l'autre, que l'une ne soit bien souvent sans l'autre; car, comme les philosophes ont eu plus de la connaissance que de l'amour du Créateur, aussi les bons chrétiens en ont maintes fois plus d'amour que de connaissance, et par conséquent l'excès de la connaissance n'est pas toujours suivi de celui de l'amour, non plus que l'excès de l'amour n'est pas toujours accompagné de celui de la connaissance, ainsi que jai remarqué ailleurs. Or, l'extase de l'admiration étant seule, ne nous fait pas meilleurs, suivant ce qu'en dit celui qui avait été ravi en extase jusqu'au troisième ciel : Si je connaissais, dit-il, tous les mystères et toute la science, et que je n'aie pas la charité, je ne suis rien; et partant le malin esprit peut extasier, s'il faut ainsi parler, et ravir l'entendement, lui représentant des merveilleuses intelligences qui le tiennent élevé et suspendu au-dessus de ses forces naturelles; et par telles clartés il peut encore donner à la volonté quelque sorte d'amour vain, mou, tendre et imparfait, par manière de complaisance, satisfaction et consolation sensible. Mais de donner la vraie extase de la volonté, par laquelle elle s'attache uniquement et puissamment à la bonté divine, cela n'appartient qu'à cet esprit souverain, par lequel la charité de Dieu est répandue dedans nos coeurs. CHAPITRE VI Des marques du bon ravissement, et de la troisième espèce d'icelui.En effet, Théotime, ou a vu en notre âge plusieurs personnes qui croyaient elles-mêmes, et chacun avec elles, qu'elles fussent fort souvent ravies divinement en extase; et enfin toutefois on découvrait que ce n'étaient qu'illusions et amusements diaboliques. Un certain prêtre du temps de saint Augustin se mettait en extase toujours quand il voulait, chantant ou faisant chanter certains airs lugubres et pitoyables, et ce pour seulement contenter la curiosité de ceux qui désiraient voir ne spectacle. Mais ce qui est admirable, c'est que son extase passait si avant, qu'il ne sentait même pas quand on lui appliquait le feu, sinon après qu'il était revenu à soi; et néanmoins si quelqu'un parlait un peu fort et à voix claire, il l'entendait comme de loin, et n'avait aucune respiration. Les philosophes mêmes ont reconnu certaines espèces d'extases naturelles faites par la véhémente application de l'esprit à la considération des choses plus relevées. C'est pourquoi il ne se faut pas étonner si le malin esprit, pour faire le singe (imiter les bons esprits), tromper les âmes, scandaliser les faibles, et se transformer en esprit de lumière, opère des ravissements en quelques âmes peu solidement instruites en la vraie piété. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 18 Sep - 23:46 | |
| CHAPITRE VI Des marques du bon ravissement, et de la troisième espèce d'icelui.Afin donc qu'on puisse discerner les extases divines d'avec les humaines et diaboliques, les serviteurs de Dieu ont laissé plusieurs documents. Mais quant à moi, il me suffira pour mon propos de vous proposer deux marques de la bonne et sainte extase. L'une est que l'extase sacrée ne se prend ni attache jamais tant à l'entendement qu'à la volonté, laquelle elle émeut, échauffe et remplit d'une puissante affection envers Dieu; de manière que si l'extase est plus belle que bonne, plus lumineuse que chaleureuse, plus spéculative qu'affective, elle est grandement douteuse et digne de soupçon. Je ne dis pas qu'on ne puisse avoir des ravissements, des visions même prophétiques, sans avoir la charité; car je sais bien que comme on peut avoir la charité sans être ravi et sans prophétiser, aussi peut-on être ravi et prophétiser sans avoir la charité. Mais je dis que celui qui en son ravissement a plus de clarté en l'entendement pour admirer Dieu, que de chaleur en la volonté pour l'aimer, il doit être sur ses gardes; car il y a danger que cette extase ne soit fausse, et ne rende l'esprit plus enflé qu'édifié, le mettant voirement comme Saül, Rainant et Caïphe, entre les Prophètes, mais le laissant néanmoins entre les réprouvés. La seconde marque des vraies extases consiste en la troisième espèce d'extase que nous avons marquée ci-dessus.; extase toute sainte, tout aimable, et qui couronne les deux autres : et c'est l'extase de l'oeuvre et de la vie. L'entière observation des commandements de Dieu n'est pas dans l'enclos des forces humaines, mais elle est bien pourtant dans les confins de l'instinct de l'esprit humain, comme très conforme à la raison et lumière naturelle; de sorte que vivant selon les commandements de Dieu, nous ne sommes pas pour cela hors de notre inclination naturelle. Mais, outre les commandements divins, il y a des inspirations célestes pour l'exécution desquelles il ne faut pas seulement que Dieu nous élève au-dessus de nos forces, mais aussi qu'il nous tire au-dessus des instincts et des inclinations de notre nature, d'autant qu'encore que ces inspirations ne sont pas contraires à la raison humaine, elles l'excèdent toutefois, la surmontent, et sont au-dessus d'icelle : de sorte que lors nous ne vivons pas seulement une vie civile, honnête et chrétienne, mais une vie surhumaine, spirituelle, dévote et extatique; c'est-à-dire, une vie qui est en toute façon hors et au-dessus de notre condition naturelle. Ne point dérober, ne point mentir, ne point commettre de luxure, prier Dieu, ne point jurer en vain, aimer et honorer son père, ne point tuer, c'est vivre selon la raison naturelle de l'homme. Mais quitter tous nos biens, aimer la pauvreté, l'appeler et tenir en qualité de très délicieuse maîtresse ; tenir les opprobres, mépris, abjections, persécutions, martyres, pour des félicités et béatitudes; se contenir dans les termes d'une absolue chasteté, et enfin vivre parmi le monde et en cette vie mortelle contre toutes les opinions et maximes du monde, et contre le courant du fleuve de cette vie par des ordinaires, résignations, renoncements et abnégations de nous-mêmes, ce n'est pas vivre humainement, mais surhumainement; ce n'est pas vivre en nous, mais hors de nous et au-dessus de nous. Et parce que nul ne peut sortir en cette façon au-dessus de soi-même, si le Père éternel ne le tire, partant cette sorte de vie doit être un ravissement continuel et une extase perpétuelle d'action et d'opération. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 20 Sep - 7:23 | |
| CHAPITRE VI Des marques du bon ravissement, et de la troisième espèce d'icelui.Vous êtes morts, disait le grand Apôtre aux Colossiens, et votre vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu . La mort fait que l'âme ne vit plus en son corps ni en l'enclos d'icelui. Que veut donc dire, Théotime, cette parole de l'Apôtre : Vous êtes morts? C'est comme s'il eût dit : Vous ne vivez plus en vous-mêmes, ni dedans l'enclos de votre propre condition naturelle; votre âme ne vit plus selon elle-même, mais au-dessus d'elle-même. Le phénix est phénix (fable antique) en cela qu'il anéantit sa propre vie à la faveur des rayons du soleil, pour en avoir une plus douce et vigoureuse, cachant, pour ainsi dire, sa vie sous les cendres. Les bigats (vers à soie) et vers à soie changent leur être, et de vers se font papillons; les abeilles naissent vers, puis deviennent nymphes, marchant sur leurs pieds, et enfin deviennent mouches volantes. Nous en faisons de même, Théotime, si nous sommes spirituels ; car nous quittons notre vie humaine, pour vivre d'une autre vie plus éminente au-dessus de nous-mêmes, cachant toute cette vie nouvelle en Dieu avec Jésus-Christ, qui seul la voit, la connaît et la donne. Notre vie nouvelle, c'est l'amour céleste qui vivifie et, anime notre âme, et cet amour est tout caché en Dieu, et ès choses divines avec Jésus-Christ. Car puisque, comme disent les lettres sacrées de l'Évangile, après que Jésus-Christ se fut un peu laissé voir à ses disciples en montant là haut au ciel, enfin une nuée l'environna, qui l'ôta et cacha de devant leurs yeux. Jésus-Christ donc est caché au ciel en Dieu : or, Jésus-Christ est notre amour, et notre amour est la vie de notre âme; donc notre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ, et quand Jésus-Christ, qui est notre amour, et par conséquent notre vie spirituelle, viendra paraître au jour du jugement, alors nous apparaîtrons avec lui en gloire; c'est-à-dire, Jésus-Christ notre amour nous glorifiera, nous communiquant sa félicité et splendeur. CHAPITRE VII Comme l'amour est la vie de l'âme, et suite du discours de la vie extatique.L'âme est le premier acte et principe de tous les mouvements vitaux de l'homme; et, comme parle Aristote, elle est le principe par lequel nous vivons, sentons et entendons; dont il s'ensuit que nous connaissons la diversité des vies selon la diversité des mouvements; en sorte même que les animaux qui n'ont point de mouvement naturel, sont du tout (entièrement) sans vie. Ainsi, Théotime, l'amour est le premier acte et principe de notre vie dévote ou spirituelle par lequel nous vivons, sentons et nous émouvons; et notre vie spirituelle est telle que sont nos mouvements affectifs; et un coeur qui n'a point de mouvement et d'affection, il n'a point d'amour comme au contraire un coeur qui a de l'amour,,n'est point sans mouvement affectif. Quand donc nous avons colloqué notre amour en Jésus-Christ, nous avons par conséquent mis en lui notre vie spirituelle. Or, il est caché maintenant en Dieu au ciel, comme Dieu fut caché en lui tandis qu'il était en terre. C'est pourquoi notre vie est cachée en lui; et quand il paraîtra en gloire, notre vie et notre amour paraîtra de même avec lui en Dieu. Ainsi saint Ignace, au rapport de saint Denis, disait que son amour était crucifié, comme s'il eût voulu dire: Mon amour naturel et humain, avec toutes les passions qui en dépendent, est attaché sur la croix : je l'ai fait mourir comme un amour mortel qui faisait vivre mon coeur d'une vie mortelle, et comme mon Sauveur fut crucifié et mourut selon sa vie mortelle pour ressusciter à l'immortelle, aussi je suis mort avec lui sur la croix selon mon amour naturel qui était la vie mortelle de mon âme, afin que je ressuscitasse à la vie surnaturelle d'un amour qui, pouvant être exercé au ciel, est aussi par conséquent immortel. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 20 Sep - 23:13 | |
| CHAPITRE VII Comme l'amour est la vie de l'âme, et suite du discours de la vie extatique.Quand donc on voit une personne qui, en l'oraison, a des ravissements par lesquels elle sort et monte au-dessus de soi-même en Dieu, et néanmoins n'a point d'extase en sa vie, c'est-à-dire, ne fait point une vie relevée et attachée à Dieu par abnégation des convoitises mondaines, et mortification des volontés et inclinations naturelles par une intérieure douceur, simplicité, humilité, et surtout par une continuelle charité; croyez, Théotime, que tous ces ravissements sont grandement douteux et périlleux; ce sont ravissements propres à faire admirer les hommes, mais non pas à les sanctifier. Car quel bien peut avoir une âme d'être ravie à Dieu par l'oraison, si en sa conversation et en sa vie elle est ravie des affections terrestres, basses et naturelles? Etre au-dessus de toi-même en l'oraison, et au-dessous de soi en la vie et opération, être angélique en la méditation, et bestial en la conversation, c'est clocher de part et dautre, jurer en Dieu, et jurer en Melchon (la même idole des païens que Moloch); et en somme, c'est une vraie marque que tels ravissements et telles extases ne sont que des amusements et tromperies du malin esprit. Bienheureux sont ceux qui Vivent une vie surhumaine, extatique, relevée au-dessus deux-mêmes, quoiqu'ils ne soient point ravis au-dessus deux-mêmes en l'oraison. Plusieurs saints sont au ciel qui jamais ne furent en extase ou ravissement de contemplation; car combien de martyrs et de grands saints et saintes voyons-nous en lhistoire, n'avoir jamais eu en l'oraison autre privilège que celui de la dévotion et ferveur ! Mais il n'y eut jamais saint qui nait eu l'extase et ravissement de la vie et de l'opération, se surmontant soi-même et ses inclinations naturelles.Et qui ne voit, Théotime, je vous prie, que c'est l'extase de la vie et opération de laquelle le grand Apôtre parle principalement quand il dit: Je vis, mais non plus moi, ains Jésus-Christ vit en moi ? Car il l'explique lui-même en autres termes aux Romains, disant que notre vieil homme est crucifié ensemblement avec Jésus-Christ, [....], et que de même nous sommes ressuscités avec lui pour marcher en nouveauté de vie, afin de ne plus servir au péché. Voilà deux hommes représentés en un chacun de nous, Théotime, et par conséquent deux vies, l'une du vieil homme, qui est une vieille vie, comme on dit de l'aigle, qui, étant devenue vieille, va tramant ses plumes et ne peut plus prendre son vol; l'autre vie est de l'homme nouveau, qui est aussi une vie nouvelle, comme celle de l'aigle, laquelle déchargée de ses vieilles plumes qu'elle a secouées dans la mer, en prend des nouvelles, et s'étant rajeunie, vole en la nouveauté de ses forces. En la première vie, nous vivons selon le vieil homme, c'est-à-dire, selon les défauts, faiblesses et infirmités que nous avons contractés par le péché de notre premier père, Adam, et partant nous vivons au péché d'Adam, et notre vie est une vie mortelle, ains la même mort. En la seconde vie, nous vivons selon l'homme nouveau, c'est-à-dire, selon les grâces, faveurs, ordonnances et volontés de notre Sauveur, et par conséquent nous vivons au salut et à la rédemption, et cette nouvelle vie est une vie vive, vitale et vivifiante. Mais quiconque veut parvenir à la nouvelle vie, il faut qu'il passe par la mort de la vieille, crucifiant sa chair avec tous les vices et toutes les convoitises d'icelle, et l'ensevelissant sous les eaux du saint baptême ou de la pénitence, comme Naaman qui noya et ensevelit sous les eaux du Jourdain sa vieille vie lépreuse et infecte, pour vivre une vie nouvelle, saine et nette; car on pouvait bien dire de cet homme qu'il nétait plus le vieux Naaman lépreux et infect, ains un Naaman nouveau, net, sain et honnête, parce qu'il était mort à la lèpre et vivait à la santé et netteté. Or, quiconque est ressuscité à cette nouvelle vie du Sauveur, il ne vit plus ni à soi, ni pour soi, ni en soi, ains à son Sauveur, en son Sauveur, et pour son Sauveur. Estimez, dit saint Paul, que vous êtes vraiment morts au péché, et vivants à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 21 Sep - 22:01 | |
| CHAPITRE VIII Admirable exhortation de saint Paul à la vie extatique et surhumaine.Mais enfin saint Paul fait le plus fort, le plus pressant et le plus admirable argument qui fut jamais fait, ce me semble, pour nous porter tous à l'extase et ravissement de la vie et opération. Oyez, Théotime, je vous prie, soyez attentif et pesez la force et efficace des ardentes et célestes paroles de cet apôtre tout ravi et transporté de l'amour de son maître. Parlant donc de soi-même (et il en faut autant dire d'un chacun de nous): La charité, dit-il, de Jésus-Christ nous presse. Oui, Théotime, rien ne presse tant le coeur de l'homme que l'amour. Si un homme sait d'être aimé de qui que ce soit, il est pressé d'aimer réciproquement; mais si c'est un homme vulgaire qui est aimé d'un grand seigneur, certes il est bien plus pressé; mais si c'est d'un grand monarque, combien est-ce qu'il est pressé davantage ! Et maintenant, je vous prie, sachant que Jésus-Christ, vrai Dieu éternel, tout-puissant, nous a aimés jusqu'à vouloir souffrir pour nous la mort, et la mort de la croix, ô mon cher Théotime ! n'est-ce pas cela avoir nos coeurs sous le pressoir, et les sentir presser de force et eu exprimer de l'amour par une violence et contrainte qui est d'autant plus violente qu'elle est tout aimable et amiable (douce, gracieuse)? Mais comme est-ce que ce divin amant nous presse ? La charité de Jésus-Christ nous presse, dit son apôtre, estimant ceci. Q'uest-ce à dire estimant ceci? C'est-à-dire, que la charité du Sauveur nous presse, lors principalement que nous estimons, considérons, pesons, méditons et sommes attentifs à cette résolution de la foi. Mais quelle résolution? Voyez, je vous prie, Théotime, comme il va gravement, fichant et poussant sa conception dans nos coeurs : estimant ceci, dit-il. Et quoi? Que si un est mort pour tous, donc tous sont morts, et Jésus-Christ est mort pour tous. Il est vrai, certes, si un Jésus-Christ est mort pour tous, donc tous sont morts en la personne de cet unique Sauveur qui est mort pour eux, et sa mort leur doit être imputée, puisqu'elle a été endurée pour eux et en leur considération. Mais que s'ensuit-il de cela ? Il m'est advis que joye (il me semble que j'entends) cette bouche apostolique comme un tonnerre qui exclame aux oreilles de nos coeurs; il s'ensuit donc, ô chrétiens ! ce que Jésus-Christ a désiré de nous en mourant pour nous. Mais qu'est-ce qu'il a désiré de nous? sinon que nous nous conformassions à lui: afin, dit l'Apôtre, que ceux qui vivent ne vivent plus désormais ô eux-mêmes, ains ô celui qui est mort et ressuscité pour eux. Vrai Dieu ! Théotime, que cette conséquence est forte en matière d'amour! Jésus-Christ est mort pour nous, il nous a donné la vie par sa mort, nous ne vivons que parce qu'il est mort; il est mort pour nous, à nous et en nous. Notre vie n'est donc plus nôtre, mais à celui qui nous la acquise par sa mort: nous ne devons donc plus vivre à nous, mais à lui; non en nous, mais en lui; non pour nous, mais pour lui. Une jeune fille de l'île de Sestos (ville de Thrace) avait nourri une petite aigle avec le soin que les enfants ont accoutumé d'employer en telles occupations; l'aigle devenue grande commença petit à petit à voler et chasser aux oiseaux selon son instinct naturel; puis s'étant rendue plus forte, elle se rua sur les bêtes sauvages, sans jamais manquer d'apporter toujours fidèlement sa proie à sa chère maîtresse, comme en reconnaissance de la nourriture qu'elle avait reçue d'icelle. Or, advint que cette jeune demoiselle mourut un jour, tandis que la pauvre aigle était au pourchas (à la poursuite, à la chasse), et son corps, selon la coutume de ce temps et de ce pays-là, fut mis sur un bûcher en public pour être brûlé; mais ainsi que la flamme du feu commençait à le saisir, l'aigle survint à grands traits d'ailes, et voyant cet inopiné et triste spectacle, outrée de douleur, elle lâcha ses serres, et abandonnant sa proie, se vint jeter sur sa pauvre chère maîtresse, et la couvrant de ses ailes, comme pour la défendre du feu, ou pour l'embrasser de pitié, elle demeura ferme et immobile, mourant et brûlant courageusement avec elle; l'ardeur de son affection ne pouvant céder la place aux flammes et ardeurs du feu, pour se rendre victime et holocauste de son brave et prodigieux amour, comme sa maîtresse l'était de la mort et des flammes. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 22 Sep - 23:22 | |
| CHAPITRE VIII Admirable exhortation de saint Paul à la vie extatique et surhumaine.Or, advint que cette jeune demoiselle mourut un jour, tandis que la pauvre aigle était au pourchas (à la poursuite, à la chasse), et son corps, selon la coutume de ce temps et de ce pays-là, fut mis sur un bûcher en public pour être brûlé Mais ainsi que la flamme du feu commençait à le saisir, l'aigle survint à grands traits d'ailes, et voyant cet inopiné et triste spectacle, outrée de douleur, elle lâcha ses serres, et abandonnant sa proie, se vint jeter sur sa pauvre chère maîtresse, et la couvrant de ses ailes, comme pour la défendre du feu, ou pour l'embrasser de pitié, elle demeura ferme et immobile, mourant et brûlant courageusement avec elle; l'ardeur de son affection ne pouvant céder la place aux flammes et ardeurs du feu, pour se rendre victime et holocauste de son brave et prodigieux amour, comme sa maîtresse l'était de la mort et des flammes. Ah! Théotime, quel essor nous fait prendre cette aigle ! Le Sauveur nous a nourris dès notre tendre jeunesse, ainsi il nous a formés et reçus comme une aimable nourrice, entre les bras de sa divine providence, dès l'instant de notre conception. Il nous a rendus siens par le baptême, et nous a nourris tendrement, selon le coeur et selon le corps, par un amour incompréhensible; et pour nous acquérir la vie il a supporté la mort, et nous a repus de sa propre chair et de son propre sang. Eh! que reste-t-il donc? quelle conclusion avons-nous plus à prendre, mon cher Théotime, sinon que ceux qui vivent ne vivent plus à eux-mêmes, ains ô celui qui est mort pour eux ? c'est-à-dire, que nous consacrions au divin amour de la mort de notre Sauveur tous les moments de notre vie, rapportant à sa gloire toutes nos proies, toutes nos conquêtes, toutes nos oeuvres, toutes nos actions, toutes nos pensées et toutes nos affections. Voyons-le, Théotime, ce divin Rédempteur étendu sur la croix comme sur son bûcher d'honneur, où il meurt d'amour pour nous, mais d'un amour plus douloureux que la mort même, ou d'une mort plus amoureuse que l'amour même. Eh! que ne nous jetons-nous en esprit sur lui, pour mourir sur la croix avec lui, qui, pour l'amour de nous, a bien voulu mourir? Je le tiendrai, devrions-nous dire, si nous avions la générosité de l'aigle, et ne le quitterai jamais; je mourrai avec lui et brûlerai dedans les flammes de son amour : un même feu consumera ce divin Créateur et sa chétive créature. Mon Jésus est tout mien, et moi je suis toute sienne , je vivrai et mourrai sur sa poitrine, ni la mort ni la vie ne me séparera jamais de lui. Ainsi donc se fait la sainte extase du vrai amour quand nous ne vivons plus selon les raisons et inclinations humaines, mais au-dessus d'icelles, selon les inspirations et instincts du divin Sauveur de nos âmes. CHAPITRE IX Du suprême effet de l'amour affectif, qui est la mort des amants, et premièrement de ceux qui moururent en amour.L'amour est fort comme la mort. La mort sépare l'âme du mourant d'avec son corps et d'avec toutes les choses du monde : l'amour sacré sépare l'âme de l'amant d'avec son corps et d'avec toutes les choses du monde ; et il n'y a point d'autre différence, sinon en ce que la mort fait toujours par effet ce que l'amour ne fait ordinairement que par l'affection. Or je dis ordinairement, Théotime, parce que quelquefois l'amour sacré est bien si violent, que même par effet il cause la séparation du corps et de l'âme, faisant mourir les amants d'une mort très heureuse qui vaut mieux que cent vies. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 24 Sep - 7:00 | |
| CHAPITRE IX Du suprême effet de l'amour affectif, qui est la mort des amants, et premièrement de ceux qui moururent en amour.Comme c'est le propre des réprouvés de mourir en péché, aussi est-ce le propre des élus de mourir en l'amour et grâce de Dieu; mais cela toutefois advient différemment. Le juste ne meurt jamais à l'imprévu; car c'est avoir bien pourvu à sa mort que d'avoir persévéré en la justice chrétienne jusqu'à la fin. Mais il meurt bien quelque-fais de mort subite ou soudaine. C'est pourquoi l'Eglise toute sage ne nous fait pas simplement requérir, ès litanies, d'être délivrés de mort soudaine, mais de mort soudaine et imprévue: pour être soudaine, elle n'en est pas pire, sinon (à moins que) qu'elle soit encore imprévue. Si des esprits faibles et vulgaires eussent vu le feu du ciel tomber sur saint Siméon Stylite, et le tuer, qu'eussent-ils pensé, sinon des pensées de scandale? Mais l'on n'en doit toutefois point faire d'autre, sinon que ce grand saint s'étant immolé très parfaitement à Dieu en son coeur déjà tout consumé d'amour, le feu vint du ciel pour faire l'holocauste et le brûler du tout (entièrement); car l'abbé Julien, éloigné d'une journée, vit l'âme d'icelui montant au ciel, et fit jeter de l'encens à même heure pour en rendre grâces à Dieu. Le bienheureux Hommebon (Hommobon de Crémone mourut le 13 novembre 1197, en assistant à genoux à la messe.), Crémonois, oyant un jour la sainte messe, planté sur ses deux genoux en extrême dévotion, ne se leva point à l'évangile, selon la coutume; et pour cela ceux qui étaient autour de lui le regardèrent, et virent qu'il était trépassé. Il y a eu de notre âge de très grands personnages en vertu et doctrine, que l'on a trouvés morts les uns en un confessionnal, les autres oyant le sermon ; et même on en a vu quelques-uns tomber morts au sortir de la chaire où ils avaient prêché avec grande ferveur; morts toutes soudaines, mais non imprévues. Et combien de gens de bien voit-on mourir apoplectiques, léthargiques, et en mille sortes fort subitement, et des autres mourir en rêveries et frénésie, hors de l'usage de raison ! et tous ceux-ci, avec les enfants baptisés, sont décédés en grâces et par conséquent en l'amour de Dieu. Mais comme pouvaient-ils décéder en l'amour de Dieu, puisque même ils ne pensaient pas en Dieu lors de leur trépas ? Les savants hommes, Théotime, ne perdent pas leur science en dormant; autrement ils seraient ignorants à leur réveil, et faudrait qu'ils retournassent à l'école. Or c'en est de même de toutes les habitudes de prudence, de tempérance, de foi, d'espérance, de charité: elles sont toujours dedans l'esprit des justes, bien qu'ils n'en fassent pas toujours les actions. En un homme dormant, il semble que toutes ses habitudes dorment avec lui, et qu'elles se réveillent aussi avec lui. Ainsi donc l'homme juste mourant subitement, ou accablé d'une maison qui lui tombe dessus, ou tué par la foudre, ou suffoqué d'un catarrhe, ou bien mourant hors de son bon sens par la violence de quelque fièvre chaude, il ne meurt certes pas en L'exercice de l'amour divin; mais il meurt néanmoins en l'amour d'icelui, dont le Sage a dit : Le juste, s'il est prévenu de la mort, il sera en réfrigère (n refrigerio dans le texte, lieu du rafraîchissement par opposition aux flammes de l'enfer.) ; car il suffit, pour obtenir la vie éternelle, de mourir en l'état et l'habitude de l'amour et charité. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 24 Sep - 22:12 | |
| CHAPITRE IX Du suprême effet de l'amour affectif, qui est la mort des amants, et premièrement de ceux qui moururent en amour.Plusieurs saints néanmoins sont morts non seulement en charité et avec l'habitude de l'amour céleste, mais aussi en l'action et pratique d'icelui. Saint Augustin mourut en l'exercice de la sainte contrition, qui n'est pas sans amour; saint Jérôme exhortant ses chers enfants à l'autour de Dieu, du prochain et de la vertu; saint Ambroise, tout ravi, devisant doucement avec son Sauveur soudain après avoir reçu le très divin sacrement de l'autel. Saint Antoine de Padoue, après avoir récité une hymne à la glorieuse Vierge mère, et parlant en grande joie avec Je Sauveur; saint Thomas d'Aquin joignant les mains, élevant ses yeux au ciel, haussant fortement sa voix, et prononçant, par manière d'élans, avec grande ferveur, ces paroles du Cantique, qui étaient les dernières qu'il avait exposées : Venez, ô mon cher bien-aimé, et sortons ensemble aux champs. Tous les Apôtres et presque tous les martyrs sont morts en priant Dieu: le bienheureux et vénérable Bède ayant su par révélation l'heure de son trépas, alla à vêpres (et c'était le jour de l'Ascension), et se tenant debout, appuyé seulement aux accoudoirs de son siège, sans maladie quelconque, finit sa vie au même instant qu'il finit de chanter vêpres, comme justement pour suivre son maître montant au ciel, afin d'y jouir du beau matin de l'éternité qui n'a point de vêpres (soir). Jean Gerson, chancelier de l'université de Paris, homme si docte et si pieux, que, comme dit Sixtus Senensis (Sixte de Sienne), on ne peut discerner s'il a surpassé sa doctrine par la piété, ou sa piété par la doctrine, ayant expliqué les cinquante propriétés de l'amour divin marquées au Cantique des cantiques, trois jours après montrant un visage et un coeur fort vifs, expira, prononçant et répétant plusieurs fois, par manière d'oraison jaculatoire, ces saintes paroles tirées du même Cantique : O Dieu, votre dilection est forte comme la mort. Saint Martin, comme chacun sait, mourut si attentif à l'exercice de dévotion, qu'il ne se peut rien dire de plus. Saint Louis, ce grand roi entre les saints, et grand saint entre les rois, frappé de pestilence, ne cessa jamais de prier : puis ayant reçu le divin viatique, étendant les bras en croix, les yeux fixés au ciel, expira, soupirant ardemment ces paroles d'une parfaite confiance amoureuse : Eh! Seigneur, j'entrerai en votre maison, je vous adorerai en votre saint temple, et bénirai votre nom. Saint Pierre Célestin, tout détrempé en des cruelles afflictions qu'on ne peut bonnement dire, étant arrivé à la fin de ses jours, se mit à chanter comme un cygne sacré le dernier des psaumes, et acheva son chant et sa vie en ces amoureuses paroles : Que tous esprit loue le Seigneur! L'admirable et sainte Eusèbe, surnommée l'Étrangère, mourut à genoux en une fervente prière; saint Pierre le martyr, écrivant avec son doigt et de son propre sang la confession de la foi pour laquelle il mourait, et disant ces paroles : Seigneur, je recommande mon esprit en vos mains ; et le grand. apôtre des Japonais, François Xavier, tenant et baisant l'image du crucifix, et répétant à tout coup ces élans d'esprit: O Jésus, le Dieu de mon coeur ! Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 25 Sep - 22:45 | |
| CHAPITRE X De ceux qui moururent par l'amour et pour l'amour divin.Tous les martyrs, Théotime, moururent pour l'amour divin: car quand on dît que plusieurs sont morts pour la foi, on ne doit pas entendre que c'est pour la foi morte, aine pour la foi vivante, c'est-à-dire, animée de la charité. Aussi la confession de la foi n'est pas tant un acte de l'entendement et de la foi, comme c'est un acte de la volonté et de l'amour de Dieu. Et c'est pourquoi le grand saint Pierre, gardant la foi dans son âme au jour de la Passion, perdit néanmoins la charité, ne voulant pas avouer de bouche pour son maître celui qu'il reconnaissait pour tel en son coeur. Mais pourtant il y a eu des martyrs qui moururent expressément pour la charité seule : comme le grand précurseur du Sauveur, qui fut martyrisé pour la correction fraternelle; et les glorieux princes des apôtres, saint Pierre et saint Paul, mais principalement saint Paul, moururent pour avoir converti à la sainteté et chasteté les femmes que l'infâme Néron avait débauchées; les saints évêques Stanislas et Thomas de Cantorbéry furent aussi tués pour un sujet qui ne regardait pas la foi, mais la charité. Et enfin une grande partie de saintes vierges et martyres furent massacrées pour le zèle qu'elles eurent à garder la chasteté, que la charité leur avait fait dédier à l'époux céleste. Mais il y en a entre les amants sacrés qui s'abandonnent si absolument aux exercices de l'amour divin, que ce saint feu les dévore, et consume leur vie. Le regret quelquefois empêche si longuement les affligés de boire, de manger, de dormir, qu'enfin affaiblis et alangouris (alanguis, languissants), ils meurent, et lors le vulgaire dit qu'ils sont morts de regret : mais ce n'est pas la vérité, car ils meurent de défaillance de forces et d'inanition, Il est vrai que cette défaillance leur étant arrivée à cause du regret, il faut avouer que s'ils ne sont pas morts de regret, ils sont morts à cause du regret et par le regret. Ainsi, mon cher Théotime, quand l'ardeur du saint amour est grande, elle donne tant d'assauts au coeur, elle le blesse si souvent, elle lui cause tant de langueurs, elle le porte en des extases et ravissements si fréquents, que par ce moyen l'âme presque tout occupée en Dieu, ne pouvant fournir assez d'assistance à la nature pour faire la digestion et nourriture convenable, les forces animales et vitales commencent à manquer petit à petit, la vie s'accourcit, et le trépas arrive. O Dieu! Théotime, que cette mort est heureuse! Que douce est cette amoureuse sagette (flèche), qui, nous blessant de cette plaie incurable de la sacrée dilection, nous rend pour jamais languissants et malades d'un battement de coeur si pressant, qu'enfin il faut mourir. De combien pensez-vous que ces sacrées langueurs, et les travaux supportés pour la charité, avançassent les jours aux divins amants, comme à sainte Catherine de Sienne, à saint François, au petit Stanislas Kostka, à saint Charles, et à plusieurs centaines d'autres, qui moururent si jeunes? Certes, quant à saint François, dès qu'il eut reçu les saintes (sainte) stigmates de son maître, il eut de si fortes et pénibles douleurs, tranchées, convulsions et maladies, qu'il ne lui demeura que la peau et les os, et semblait plutôt une anatomie, ou une image de la mort, qu'un homme vivant et respirant encore. CHAPITRE XI Que quelques-uns entre les divins amants moururent encore d'amour.Tous les élus donc, Théotime, meurent en l'habitude de l'amour sacré ; mais quelques-uns, outre cela, meurent en l'exercice de ce saint amour ; les autres pour cet amour; et d'autres par ce même amour. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 26 Sep - 23:27 | |
| CHAPITRE XI Que quelques-uns entre les divins amants moururent encore d'amour.Mais ce qui appartient au souverain degré d'amour, c'est que quelques-ans meurent d'amour; et c'est lorsque non seulement l'amour blesse l'âme, en sorte qu'il la met en langueur, mais quand il la transperce, donnant son coup droit dans le milieu du coeur, et si fortement qu'il pousse l'âme dehors de son corps; ce qui se fait ainsi : L'âme attirée puissamment par les suavités divines de son bien-aimé, pour correspondre de son côté à ses doux attraits, elle s'élance de force et tant qu'elle peut devers ce désirable ami attrayant; et ne pouvant tirer son corps après soi, plutôt que de s'arrêter avec lui parmi les misères de cette vie, elle le quitte et se sépare, volant seule comme une belle colombelle (jeune colombe) dans le sein délicieux de son céleste époux. Elle s'élance en son bien-aimé, et son bien-aimé la tire et ravit à soi; et comme l'époux quitte père et mère pour se joindre à sa bien-aimée, ainsi cette chaste épouse quitte la chair pour s'unir à son bien-aimé. Or c'est le plus violent effet que l'amour fasse en une âme, et qui requiert auparavant une grande nudité (dépouillement) de toutes les affections qui peuvent tenir le coeur attaché ou au monde ou au corps; en sorte que comme la feu ayant séparé petit à petit l'essence de sa masse, et l'ayant du tout épurée, fait enfla sortir la quintessence: aussi le saint amour ayant retiré le coeur humain de toutes humeurs, inclinations et passions, autant qu'il se peut, il en fait par après sortir l'âme, afin que, par cette mort précieuse aux yeux divins, elle passe en la gloire immortelle. Le grand saint François, qui en ce sujet de lamour céleste me revient toujours devant, les yeux, ne pouvait pas échapper qu'il ne mourût par l'amour, à cause de la multitude et grandeur des langueurs, extases et défaillances que sa dilection envers Dieu lui donnait. Mais outre cela, Dieu qui l'avait exposé à la vue de tout le monde comme un miracle d'amour, voulut que non seulement il mourût pour l'amour, ains qu'il mourût encore d'amour. Car voyez, je vous supplie, Théotime, son trépas. Se voyant sur le point de son départ, il se fit mettre nu sur la terre; puis ayant reçu un habit en aumône, duquel on le vêtit, il harangua ses frères, les animant à l'amour et crainte de Dieu et de l'Eglise, fit lire la passion du Sauveur, puis commença avec une ardeur extrême à prononcer, le psaume CXLI : J'ai crié de ma voir au Seigneur, j'ai supplié de ma voix le Seigneur; et ayant prononcé ces dernières paroles : O Seigneur, tirez mon âme de la prison, afin que je bénisse votre saint nom; les justes m'attendent jusqu'à ce que vous me guerdonniez (récompensiez), il expira l'an quarante-cinquième de son age. Qui ne voit, je vous prie, Théotime, que cet homme séraphique, qui avait tant désiré d'être martyrisé et de mourir pour l'amour, mourut enfin d'amour, ainsi que je l'ai expliqué ailleurs? Sainte Magdeleine ayant, l'espace de trente ans, demeuré en la grotte que l'on voit encore en Provence, ravie tous les jours sept fois, et élevée en l'air par les anges, comme pour aller chanter les sept heures canoniques en leur choeur; enfin un jour de dimanche elle vint à l'église, en laquelle son cher évêque saint Maximin la trouvant en contemplation, les yeux pleins de larmes et les bras élevés, il la communia; et tôt après elle rendit son bienheureux esprit, qui derechef alla pour jamais aux pieds de son Sauveur jouir de la meilleure part qu'elle avait déjà choisie en ce monde. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 27 Sep - 22:38 | |
| CHAPITRE XI Que quelques-uns entre les divins amants moururent encore d'amour.Saint Basile avait fait une étroite amitié avec un grand médecin, juif de nation et de religion, en l'intention de l'attirer à la foi de notre Seigneur: ce que toutefois il ne put oncques faire, jusques à ce que rompu de jeûnes, veilles et travaux, étant arrivé à l'article de la mort, il s'enquit du médecin qu'elle opinion il avait de sa santé, le conjurant de lui dire franchement; ce que le médecin fit, et lui ayant tâté le pouls : Il n'y a plus, dit-il, aucun remède ; devant que le soleil soit couché, vous trépasserez. Mais que direz-vous, répliqua alors le malade, si je suis encore demain en vie ? Je me ferai chrétien, je vous le promets, dit le médecin. Le saint pria donc Dieu, et impétra (obtint) la prolongation de sa vie corporelle en faveur de la spirituelle de son médecin, lequel ayant vu cette merveille, se convertit; et saint Basile se levant courageusement du lit, alla à l'église, et le baptisa avec toute sa famille; puis étant revenu en sa chambre et remis dans son lit, après s'être assez, longuement entretenu par l'oraison avec notre Seigneur, il exhorta saintement les assistants à servir Dieu de tout leur coeur; et enfin voyant les anges venir à lui, prononçant avec extrême suavité ces paroles : Mon Dieu, je vous recommande mon âme et la remets entre vos mains, il expira ; et le pauvre médecin converti le voyant trépassé, l'embrassant et fondant en larmes sur icelui : O grand Basile, serviteur de Dieu, dit-il, en vérité si vous eussiez voulu, vous ne fussiez non plus (pas plus) mort aujourdhui qu'hier. Qui ne voit que cette mort fut toute d'amour ? Et la bienheureuse mère Térèse de Jésus révéla, après son trépas, qu'elle était morte d'un assaut et impétuosité d'amour qui avait été si violent, que la nature ne le pouvant supporter, l'âme s'en était allée vers le bien-aimé, objet de ses affections. CHAPITRE XII Histoire merveilleuse du trépas d'un gentilhomme qui mourut d'amour sur le mont d'Olivet (le mont des oliviers).Outre ce qui a été dit, j'ai trouvé une histoire, laquelle pour être extrêmement admirable, n'en est que plus croyable aux amants sacrés, puisque, comme dit le saint apôtre, la charité croit très volontiers toutes choses, c'est-à-dire, elle ne pense pas aisément qu'on mente; et s'il n'y a des masques apparentes de fausseté en ce qu'on lui représente, elle ne fait pas difficulté de les croire, mais surtout quand ce sont choses qui exaltent et magnifient l'amour de Dieu envers les hommes, ou l'amour des hommes envers Dieu; d'autant que la charité, qui est reine souveraine des vertus, se plaît, à la façon des princes, ès choses qui servent à la gloire de son empire et domination. Et bien que le récit que je veux faire ne soit ni tant publié, ni si bien témoigné, comme la grandeur de la merveille qu'il contient le requerrait, il ne perd pas pour cela sa vérité; car, comme dit excellemment saint Augustin, à peine sait-on les miracles, pour magnifiques qu'ils soient, au lieu même où ils se font, et encore que ceux qui les ont vus les racontent, on a peine de les croire mais ils ne laissent pas pour cela d'être véritables; et, en matière de religion, les âmes bien faites ont plus de suavité en croire les choses esquelles il y a plus de difficulté et d'admiration. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 28 Sep - 22:56 | |
| CHAPITRE XII Histoire merveilleuse du trépas d'un gentilhomme qui mourut d'amour sur le mont d'Olivet (Mont des Oliviers)Un fort illustre et vertueux chevalier alla donc un jour outre mer en Palestine, pour visiter les saints lieux esquels notre Seigneur avait fait les oeuvres de notre rédemption; et pour commencer dignement ce saint exercice, avant toutes choses, il se confessa et communia dévotement: puis alla en premier lieu en la ville de Nazareth où l'ange annonça à la Vierge très sainte la très sacrée incarnation, et où se fit la très adorable conception du Verbe éternel ; et là ce digne pèlerin se mit à contempler l'abîme de la bonté céleste qui avait daigné prendre chair humaine pour retirer l'homme de la perdition. De là il passa en Bethléem au lieu de la nativité, où l'on ne saurait dire combien de larmes il répandit, contemplant celles desquelles le Fils de Dieu, petit enfant de la Vierge, avait arrosé ce saint étable (le masculin pour le féminin), baisant et rebaisant cent fois cette terre sacrée, et léchant la poussière sur laquelle la première enfance du divin poupon avait été reçue. De Bethléem il alla en Bethabara (ville de la tribu de Benjamin où vint Josué), et passa jusqu'au petit lieu de Béthanie, où se ressouvenant que notre Seigneur s'était dévêtu peur être baptisé, il se dépouilla aussi lui-même, et entrant dans le Jourdain, se lavant et buvant des eaux d'icelui, il lui était advis d'y voir son Sauveur recevant le baptême par la main de son précurseur, et le Saint-Esprit descendant visiblement sur icelui sous la forme de colombe, avec les cieux encore ouverts, d'où, ce lui semblait, descendait la voix du Père éternel, disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé auquel je me complais. De Béthanie il va dans le désert, et y voit, des yeux de son esprit, le Sauveur jeûnant, combattant et vainquant l'ennemi, puis les anges qui le servent de viandes admirables. De là il va sur la montagne de Thabor, où il voit le Sauveur transfiguré; puis en la montagne de Sion, où il voit, ce lui semble encore, notre Seigneur agenouillé dans le cénacle, lavant les pieds aux disciples, et leur distribuant par après son divin corps en la sacrée Eucharistie. Il passe le torrent de Cédron, et va au jardin de Gethsémani, où son coeur se fond ès larmes d'une très aimable douleur, lorsqu'il s'y représente son cher Sauveur suer le sang en cette extrême agonie qu'il y souffrait, puis tôt après, lié, garrotté et mené en Jérusalem, où il s'achemine aussi, suivant partout les traces de son bien-aimé ; et le voit en imagination, tramé çà et là chez Anne, chez Caïphe, chez Pilate, chez Hérode, fouetté, baffoué, craché (couvert de crachats), couronné dépines, présenté au peuple, condamné à mort, chargé de sa croix, laquelle il porte, et la portant, fait la pitoyable rencontre de sa mère toute détrempée de douleur et des dames de Jérusalem pleurantes sur lui. Il monte enfin ce dévot pèlerin sur le mont Calvaire, où il voit en esprit la croix étendue sur terre, et notre Seigneur que l'on renverse, que l'on cloue pieds et mains sur iodle très cruellement. Il contemple de suite comme on lève la croix et le crucifié en l'air, et le sang qui ruisselle de tous les endroits de son divin corps. Il regarde la pauvre sacrée Vierge toute transpercée du glaive de douleur : puis il tourne les yeux sur le Sauveur crucifié, duquel il écoute les sept paroles avec un amour non pareil; et enfin le voit mourant, puis mort, puis recevant le coup de lance, et montrant par l'ouverture de la plaie son coeur divin ; puis ôté de la croix et porté au sépulcre, où il va le suivant jetant une mer de larmes sur les lieux détrempés du sang de son Rédempteur : si qu'il entre dans le sépulcre, et ensevelit son coeur auprès du corps de son Maître ; puis ressuscitant avec lui, il va en Emmaüs, et voit tout ce qui se passe entre le Seigneur et les deux disciples; et enfin revenant sur le mont Olivet où se fit le mystère de l'Ascension, et en voyant les dernières marques et vestiges des pieds du divin Sauveur, prosterné sur icelles, et baisant mille et mille fois avec des soupirs d'un amour infini, il commença à retirer à soi toutes les forces ,de ses affections, comme un archer retire la corde de sou arc quand il veut décocher sa flèche; puis se relevant, les yeux et les mains tendus au ciel : O Jésus, dit-il, mon doux Jésus, je ne sais plus où vous chercher et suivre en terre. Eh! Jésus, Jésus, mon amour, accordez donc à ce coeur qu'il vous suive et s'en aille après vous là-haut; et avec ces ardentes paroles, il lança quant et quant (pour quand et quand, avec, en même temps) son âme au ciel, comme une sacrée sagette, que comme divin archer il tira au blanc de son très heureux objet. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 29 Sep - 22:40 | |
| CHAPITRE XII Histoire merveilleuse du trépas d'un gentilhomme qui mourut d'amour sur le mont d'Olivet (Mont des Oliviers)Mais ses compagnons et serviteurs qui virent ainsi subitement tomber comme mort ce pauvre amant, étonnés de cet accident, coururent de force au médecin, qui venant trouva qu'en effet il était trépassé; et pour faire jugement assuré des causes d'une mort tant inopinée, s'enquiert de quelle complexion, de quelles moeurs et de quelle humeur était le défunt, et il apprit qu'il était d'un naturel tout doux, aimable, dévot à merveille, et grandement ardent en l'amour de Dieu. Sur quoi, sans doute, dit le médecin, son coeur s'est donc éclaté d'excès et de ferveur d'amour. Et afin de mieux affermir son jugement, il le voulut ouvrir et trouva ce brave coeur ouvert avec ce sacré mot gravé au dedans d'icelui; Jésus mon amour! L'amour donc fit en ce coeur l'office de la mort, séparant l'âme du corps sans concurrence d'aucune autre cause. Et c'est saint Bernardin de Sienne, auteur fort docte et fort saint,, qui fait ce récit au premier de ses sermons de l'Ascension. Certes, un autre auteur presque du même âge, qui a célé son nom par humilité, mais qui serait néanmoins digne d'être nommé, en un livre qu'il a intitulé Miroir des spirituels, raconte une antre histoire encore plus admirable; car il dit quès quartiers de Provence il y avait un seigneur grandement adonné à l'amour de Dieu et à la dévotion du très saint Sacrement de l'autel. Or, un jour étant extrêmement affligé d'une maladie qui lui donnait des vomissements continuels, ou lui apporta la divine communion, laquelle n'osant recevoir à cause du danger qu'il y avait de la rejeter, il supplia son curé de la lui mettre sur la poitrine, et le signer avec icelle du signe de la croix, ce qui fut fait, et en un moment, cette poitrine enflammée du saint amour se fendit, et tira dedans soi le céleste aliment dans lequel était le bien-aime, et à même temps expira. Je vois bien à la vérité que cette histoire est grandement extraordinaire, et qui mériterait un témoignage du plus grand poids; mais après la très véritable histoire du coeur fendu de sainte Claire de Monfalcon, que tout le monde peut voir encore maintenant, et celle des stigmates de saint François qui est très assurée, mon âme ne trouve rien de malaisé à croire parmi les effets du divin amour. CHAPITRE XIII Que la très sacrée Vierge Mère de Dieu mourut d'amour pour son fils.
On ne peut quasi pas bonnement douter que le grand saint Joseph ne fût trépassé avant la Passion et mort du Sauveur, qui sans cela n'eût pas recommandé sa mère à saint Jean. Et comme pourrait-on donc imaginer que le cher enfant de son coeur, son nourrisson bien-aimé, ne l'assistât à l'heure de son passage? Bienheureux sont les Miséricordieux, car ils obtiendront Miséricorde. Hélas! combien de douceur, de charité et de Miséricorde furent exercées par ce bon père nourricier envers le Sauveur lorsqu'il naquit petit enfant au monde ! Et qui pourrait donc croire quicelui sortant de ce monde, ce divin Fils ne lui rendit la pareille au centuple, le comblant de suavités célestes? Les cigognes sont un vrai portrait de la mutuelle piété des enfants envers les pères, et des pères envers les enfants; car comme ce sont des oiseaux passagers, elles portent leurs pères et mères vieux en leurs passages, ainsi quétant encore petites leurs pères et mères les avaient portées en même occasion. Quand le Sauveur était encore petit, le grand Joseph son père nourricier, et la très glorieuse Vierge sa mère l'avaient porté maintes fois, et spécialement au passage qu'ils firent de Judée en Egypte, et d'Egypte en Judée. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 30 Sep - 22:42 | |
| CHAPITRE XIII Que la très sacrée Vierge Mère de Dieu mourut d'amour pour son fils.Eh! qui doutera donc que ce saint père, parvenu à la fin de ses jours, nait réciproquement été porté par son divin nourrisson, au passage de ce monde en l'autre, dans le sein d'Abraham, pour de là le transporter dans le sien à la gloire, le jour de son ascension? Un saint qui avait tant aimé en sa vie ne pouvait mourir que d'amour: car son âme ne pouvant à souhait aimer son cher Jésus entre les distractions de cette vie, et ayant achevé le service qui était requis au bas-âge d'icelui, que restait-il sinon qu'il dit au Père éternel : O Père ! j'ai accompli l'oeuvre que vous m'aviez donnée à charge ? et puis au Fils : O mon enfant! comme votre père céleste remit votre corps entre mes mains au jour de votre venue au monde, ainsi en ce jour de mon départ de ce monde je remets mon esprit entre les vôtres. Telle, comme je pense, fut la mort de ce grand patriarche, homme choisi pour faire les plus tendres et amoureux offices qui furent ni seront jamais faits à l'endroit du Fils de Dieu, après ceux qui furent pratiqués par sa céleste épouse, vraie mère naturelle de ce même fils, de laquelle il est impossible d'imaginer qu'elle soit morte d'autre sorte de mort que de celle d'amour, mort la plus noble de toutes, et due par conséquent à la plus noble vie qui fût oncques entre les créatures, mort de laquelle les anges mêmes désireraient de mourir, s'ils étaient capables de mort. Si les premiers chrétiens furent dits n'avoir qu'un coeur et une âme, à cause de leur parfaite mutuelle dilection, si saint Paul ne vivait plus lui-même, ains Jésus-Christ vivait en lui, à raison de l'extrême union de son coeur à celui de son Maître, par laquelle son âme était comme morte en son coeur quelle animait, pour vivre dans le coeur de son divin Sauveur; ô vrai Dieu, combien est-il plus véritable que la sacrée Vierge et son Fils n'avaient qu'une âme, qu'un coeur et qu'une vie; en sorte que cette sacrée mère, vivant, ne vivait pas elle, mais son Fils vivait en elle ! Mère la plus amante et la plus aimée qui pouvait jamais être, mais amante et aimée d'un amour incomparablement plus éminent que celui de tous les ordres des anges et des hommes, à mesure que les noms de mère unique et de fils unique sont aussi des noms au-dessus de tous autres noms en matière d'amour. Et je dis de mère unique et d'enfant unique, parce que tous les autres enfants des hommes partagent la reconnaissance de leur production entre le père et la mère. Mais en celui-ci comme toute sa naissance humaine dépendit de sa seule mère, laquelle seule contribua (fournit, donna) ce qui était requis à la vertu du Saint-Esprit pour la conception de ce divin enfant, aussi à elle seule fut dû et rendu tout l'amour qui provient de la production, de sorte que ce fils et cette mère furent unis d'une union d'autant, plus excellente qu'elle a un nom différent en amour par-dessus tous les autres noms; car à qui de tous les séraphins appartient-il de dire au Sauveur: Vous êtes mon vrai fils, et je vous aime comme mon vrai fils? et à qui de toutes les créatures fut-il jamais dit par le Sauveur : Vous êtes ma vraie mère, et je vous aime comme ma vraie mère; vous êtes ma vraie mère toute mienne, et je suis votre vrai fils tout vôtre? Si donc un serviteur amant osa bien dire, et le dit en vérité, qu'il n'avait point d'autre vie que celle de son maître, hélas! combien hardiment et ardemment devait exclamer cette mère : Je n'ai point d'autre vie que la vie de mon fils, ma vie est toute en la sienne, et la sienne toute en la mienne ! Car ce n'était plus union, ains unité de coeur, d'âme et de vie entre cette mère et ce fils. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 1 Oct - 23:07 | |
| CHAPITRE XIII Que la très sacrée Vierge Mère de Dieu mourut d'amour pour son fils.Or, si cette mère vécut de la vie de son Fils, elle mourut aussi de la mort de son Fils; car quelle (telle, pour telle, telle, qualis talis, en latin) est la vie, telle est la mort. Le phénix, comme on dit, étant fort envieilli, ramasse sur le haut d'une montagne une quantité de bois aromatiques sur lesquels, comme sur son lit d'honneur, il va finir ses jours ; car lorsque le soleil au fort de son midi jette ses rayons plus ardents, ce tout unique oiseau, pour contribuer à l'ardeur du soleil un surcroît d'action, ne cesse point de battre-des ailes sur son bûcher jusquà ce qu'il lui ait fait prendre feu, et, brûlant avec icelui, il se consume et meurt entre ses flammes odorantes. De même, Théotime, la Vierge mère ayant assemblé en son esprit, par une vive et continuelle mémoire, tous les plus aimables mystères de la vie et mort de son Fils, et recevant toujours à droit fil (directement) parmi cela les plus ardentes inspirations que son Fils soleil de justice, jetât sur les humains au plus fort du midi de sa charité, puis d'ailleurs faisant aussi de son côté un perpétuel mouvement de contemplation; enfin le feu sacré de divin amour la consuma toute comme un holocauste de suavité, de sorte quelle en mourut, son âme étant toute ravie et transportée entre les bras de la dilection de son Fils. O mort amoureusement vitale ! ô amour vitalement mortel! Plusieurs amants sacrés furent présents à la mort du Sauveur, entre lesquels ceux qui eurent le plus d'amour eurent le plus de douleur : car l'amour alors était tout détrempé en la douleur, et la douleur en l'amour : et tous ceux qui pour leur Sauveur étaient passionnés d'amour, furent amoureux de sa passion et douleur; mais la douce mère, qui aimait plus que tous, fut plus que tous outre-percée du glaive de douleur. La douleur du Fils fut alors une épée tranchante qui passa au-travers du coeur de la mère, d'autant que ce coeur de mère était collé, joint et uni à son Fils d'une union si parfaite que rien ne pouvait blesser l'un qu'il ne navrât aussi vivement l'autre. Or, cette-poitrine maternelle étant ainsi blessée d'amour, non seulement ne chercha pas la guérison de sa blessure, mais aima sa blessure plus que toute guérison, gardant chèrement les traits de douleur quelle avait reçus, à cause de l'amour qui les avait décochés dans son coeur, et désirant continuellement d'en mourir, puisque son Fils en était mort, qui, comme dit toute l'Ecriture sainte et tous les docteurs, mourut entre les flammes de la charité, holocauste parfait pour tous les péchés du monde. CHAPITRE XIV Que la glorieuse Vierge mourut d'un amour extrêmement doux et tranquille.On dit d'un côté que Notre-Dame révéla à sainte Mathilde que la maladie de laquelle elle mourut ne fut autre chose qu'un assaut impétueux du divin amour; mais sainte Brigitte et saint Jean Damascène témoignent quelle mourut d'une mort extrêmement paisible; et l'un et l'autre est vrai, Théotime. Les étoiles sont merveilleusement belles à voir, et jettent des clartés agréables; mais si vous y avez pris garde, c'est par brillements (éclats soudains), étincellements et élans quelles produisent leurs rayons, comme si elles enfantaient la lumière avec effort à diverses reprises, soit que leur clarté étant faible ne puisse pas agir si continuellement avec égalité, soit que nos yeux imbéciles ne fassent pas leur vue constante et ferme à cause de la grande distance qui est entre eux et ces astres. Ainsi, pour ordinaire, les saints qui moururent d'amour sentirent une grande variété d'accidents et de symptômes de dilection avant que d'en venir au trépas, force élans, force assauts, force extases, force langueurs, force agonies, et semblait que leur amourn enfantât par effort et à plusieurs reprises leur bienheureuse mort : ce qui se fit à cause de la débilité de leur amour, non encore absolument parfait, qui ne pouvait pas continuer sa dilection avec une égale fermeté. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 2 Oct - 22:19 | |
| CHAPITRE XIV Que la glorieuse Vierge mourut d'un amour extrêmement doux et tranquille.Mais ce fut tout autre chose en la très sainte Vierge; car comme nous voyons croître la belle aube du jour, non à diverses reprises et par secousses, ains par une certaine dilatation et croissance continue, qui est presque insensiblement sensible, en sorte que vraiment on la voit croître en clarté, mais si également que nul n'aperçoit aucune interruption, séparation ou discontinuation de ses accroissement. Ainsi le divin amour croissait à chaque moment dans le coeur virginal de notre glorieuse Dame, mais par des croissances douces, paisibles et continues, sans agitation, ni secousse, ni violence quelconque. Ah! non, Théotime, il ne faut pas mettre une impétuosité d'agitation en ce céleste amour du coeur maternel de la Vierge; car l'amour, de soi-même, est doux, gracieux, paisible et tranquille. Que s'il fait quelquefois des assauts, s'il donne des secousses à l'esprit, c'est parce qu'il trouve de la résistance. Mais quand les passages de l'âme lui sont ouverts sans opposition ni contrariété, il fait ses progrès paisiblement avec une suavité nonpareille. Ainsi donc la sainte dilection employait sa force dans le coeur virginal de sa mère sacrée, sans effort ni violente impétuosité, d'autant quelle ne trouvait ni résistance ni empêchement quelconque; car comme l'on voit les grands fleuves faire des bouillons et rejaillissements avec grand bruit ès endroits raboteux, esquels les rochers font des bancs et écueils, qui s'opposent et empêchent l'écoulement des eaux, ou au contraire se trouvant en la plaine ils coulent et flottent doucement sans effort, de même le divin amour trouvant ès âmes humaines plusieurs empêchements et résistances, comme à la vérité toutes en ont, quoique différemment, il y fait des violences, combattant les mauvaises inclinations, frappant le coeur, poussant la volonté par diverses agitations et différents efforts, afin de se faire faire place, ou du moins outre-passer ces obstacles. Mais en la Vierge sabrée, tout favorisait et secondait le cours de l'amour céleste. Les progrès et accroissements d'icelui se faisaient incomparablement plus grands qu'en tout le reste des créatures, progrès néanmoins infiniment doux, paisibles et tranquilles. Non, elle ne se pâma pas d'amour ni de compassion auprès de la croix de son Fils, encore qu'elle eût alors le plus ardent et plus douloureux accès d'amour qu'on puisse imaginer; car bien que l'accès fût extrême, si fut-il toutefois également fort et doux tout ensemble, puissant et tranquille, actif et paisible, composé d'une chaleur aiguë, mais suave. Je ne dis pas, Théotime, qu'en l'âme de la très sainte Vierge il n'y eût deux portions, et par conséquent deux appétits : l'un selon l'esprit et la raison supérieure, l'autre selon les sens et la raison inférieure; en sorte qu'elle pouvait sentir des répugnances et contrariétés de l'un à l'autre appétit; car ce travail se trouva même en notre Seigneur son Fils: mais je dis qu'en cette céleste mère toutes les affections étaient si bien rangées et ordonnées que le divin amour exerçait en elle son empire et sa domination très paisiblement, sans être troublée par la diversité des volontés ou appétits, ni par la contrariété des sens; parce que les répugnances de l'appétit naturel, ni les mouvements des sens n'arrivaient jamais jusqu'au péché, non pas même jusqu'au péché véniel; ains au contraire tout cela était saintement et fidèlement employé au service du saint amour pour l'exercice des autres vertus, lesquelles pour la plupart ne peuvent être pratiquées qu'entre les difficultés, oppositions et contradictions. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 3 Oct - 23:53 | |
| CHAPITRE XIV Que la glorieuse Vierge mourut d'un amour extrêmement doux et tranquille. Les épines, selon l'opinion vulgaire, sont non seulement différentes, mais aussi contraires aux fleurs, et semble que, s'il n'y en avait point au monde, la chose en irait mieux: qui a fait penser à saint Ambroise que sans le péché il n'en serait point. Mais toutefois, puisqu'il y en a, le bon laboureur les rend utiles, et en fait des haies et clôtures autour des champs et jeunes arbres, auxquels elles servent de défenses et remparts contre les animaux. Ainsi la glorieuse Vierge ayant eu part à toutes les misères du genre humain, excepté celles qui tendent immédiatement au péché, elle les employa très utilement pour l'exercice et accroissement des saintes vertus de force, tempérance, justice et prudence, pauvreté, humilité, souffrance, compassion ; de sorte qu'elles ne donnaient aucun empêchement, ains beaucoup d'occasions à l'amour céleste de se renforcer par des continuels exercices et avancements et chez elle, Magdeleine ne se divertit (détourne) point de l'attention avec laquelle elle reçoit les impressions amoureuses du Sauveur, pour toute lardeur et sollicitude que Marthe peut avoir: elle a choisi l'amour de son Fils, et rien ne le lui ôte. L'aimant, comme chacun sait, Théotime, tire naturellement à soi le fer par une vertu secrète et très admirable; mais pourtant cinq choses empêchent cette opération :1° la trop grande distance de l'un à l'autre ; 2° s'il y a quelque diamant entre deux ; 3° si le fer est engraissé ; 4° s'il est frotté d'un ail ; 5° si le fer est trop pesant. Notre coeur est fait pour Dieu, qui l'allèche continuellement, et ne cesse de jeter en lui les attraits de son céleste amour. Mais cinq choses empêchent la sainte attraction d'opérer : 1° le péché qui nous éloigne de Dieu ; 2° l'affection aux richesses; 3° les plaisirs sensuels; 4° l'orgueil et vanité ; 5° l'amour-propre avec la multitude des passions déréglées qu'il produit, et qui sont en nous un pesant fardeau, lequel nous accable. Or, nul de ces empêchements neut lieu au coeur de la glorieuse Vierge : 1° toujours préservée de tout péché; 2 toujours très pauvre de coeur; 3° toujours très pure; 4° toujours très humble; 5° toujours maîtresse paisible de toutes ses passions, et tout exempte de la rébellion que l'amour-propre fait à l'amour de Dieu. Et cest pourquoi, comme le fer, s'il était quitte de tous empêchements et même de sa pesanteur, serait attiré fortement, mais doucement et d'une attraction égale par l'aimant, en sorte néanmoins que l'attraction serait toujours plus active et plus forte à mesure que l'un serait plus près de l'autre, et que le mouvement serait plus proche de sa fin ; ainsi, la très sainte Mère n'ayant rien en soi qui empêchât l'opération du divin amour de son Fils, elle s'unissait avec icelui d'une union incomparable, par des extases douces, paisibles et sans efforts; extases esquelles la partie sensible ne laissait pas de faire ses actions, sans donner pour cela aucune incommodité à l'union de l'esprit : comme réciproquement la parfaite application de son esprit ne donnait pas fort grand divertissement aux sens. Si que la mort de cette Vierge fut plus douce qu'on ne se peut imaginer, son Fils l'attirant suavement à l'odeur de ses parfums ; et elle s'écoulant très amiablement après la senteur sacrée d'iceux dedans le sein de la bonté de son Fils. Et bien que cette sainte âme aimât extrêmement son très saint, très pur et très aimable corps ; si le quitta-t-elle néanmoins sans peine ni résistance quelconque, comme la chaste Judith, quoiquelle aimât grandement les habits de pénitence et de viduité, les quitta néanmoins et s'en dépouilla avec plaisir pour se revêtir de ses habits nuptiaux, quand elle alla se rendre victorieuse d'Holopherne; ou comme Jonathas, quand, pour l'amour de David, il se dépouilla de ses vêtements. L'amour avait donné près de la croix à cette divine épouse les suprêmes douleurs de la mort; certes il était raisonnable qu'enfin la mort lui donnât les souveraines délices de l'amour. FIN DU SEPTIÉME LIVRE. Source : Livres-mystiques.com | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 5 Oct - 23:11 | |
| LIVRE HUITIÈME CHAPITRE PREMIER De l'amour de conformité provenant de la sacrée complaisance.Chose étrange, mais véritable : s'il y a deux luths unisones (à l'unisson), c'est-à-dire, de même son et accord, l'un près de l'autre, et que l'on joue d'un d'iceux, l'autre, quoiqu'on ne le touche point, ne laissera pas de résonner comme celui duquel on joue, la convenance de l'un à l'autre, comme par un amour naturel, faisant cette correspondance. Nous avons répugnance d'imiter ceux que nous haïssons, ès choses mêmes qui sont bonnes; et les Lacedémoniens ne voulurent pas suivre le bon conseil d'un méchant homme, sinon après qu'un homme de bien l'aurait prononcé. Au contraire, on ne peut s'empêcher de se conformer à ce qu'on aime. Le grand Apôtre dit, comme je pense en ce sens, que la loi n'est point mise aux justes; car, en vérité, le juste n'est juste, sinon parce qu'il a le saint amour, et s'il a l'amour, il n'a pas besoin qu'on le presse par la rigueur de la loi, puisque l'amour est le plus pressant docteur et solliciteur pour persuader au coeur qu'il possède l'obéissance aux volontés et intentions du bien-aimé. L'amour est un magistrat qui exerce sa puissance sans bruit, sans prévôt, ni sergents, par cette mutuelle complaisance par laquelle, comme nous nous plaisons en Dieu, nous désirons aussi réciproquement de lui plaire. L'amour est l'abrégé de toute la théologie qui rend très saintement docte l'ignorance des Paul, des Antoine, des Hilarion, des Siméon, des François, sans livres, sans précepteurs, sans art. En vertu de cet amour, la bien-aimée peut dire en assurance : Mon bien-aimé est tout mien, par la complaisance de laquelle il me plaît et me paît ; et moi je suis toute à lui par bienveillance de laquelle je lui pais et le repais. Mon coeur se paît de se plaire en lui, et le sien se paît de quoi je lui plais pour lui; tout ainsi qu'un sacré berger il me paît, comme sa chère brebis, entre les lis de ses perfections esquelles je me plais; et pour moi, comme sa chère brebis, je le pais du fait de mes affections, par lesquelles je lui veux plaire. Quiconque se plait véritablement en Dieu, désire de plaire fidèlement à Dieu, et, pour lui plaire, de se conformer à lui. CHAPITRE II De la conformité de soumission qui procède de l'amour de bienveillance.La complaisance attire donc en nous les traits des perfections divines selon que nous sommes capables de les recevoir, comme le miroir reçoit la ressemblance du soleil, non selon l'excellence et grandeur de ce grand et admirable luminaire, mais selon la capacité et mesure de sa glace, si que nous sommes ainsi rendus conformes à Dieu. Mais outre cela, l'amour de bienveillance nous donne cette sainte conformité par une autre voie. L'amour de complaisance tire Dieu dedans nos coeurs mais l'amour de bienveillance jette nos coeurs en Dieu, et par conséquent toutes nos actions et affections, les lui dédiant et consacrant très amoureusement : car la bienveillance désire à Dieu tout l'honneur, toute la gloire et toute la reconnaissance qu'il est possible de lui rendre, comme un certain bien extérieur qui est dû à la bonté. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 6 Oct - 23:31 | |
| LIVRE HUITIÈME CHAPITRE II De la conformité de soumission qui procède de l'amour de bienveillance.Or, ce désir se pratique selon la complaisance que nous avons en Dieu, en la façon qui s'ensuit. Nous avons eu une extrême complaisance à voir que Dieu est souverainement bon; et partant nous désirons, par l'amour de bienveillance, que tous les amours qu'il nous est possible d'imaginer, soient employés à bien aimer cette bonté. Nous nous sommes plu en la souveraine excellence de la perfection de Dieu; ensuite de cela nous désirons qu'il soit souverainement loué, honoré et adoré. Nous nous sommes délectés à considérer comme Dieu est non seulement le premier principe, mais aussi la dernière fin, auteur, conservateur et seigneur de toutes choses; à raison de quoi nous souhaitons que tout lui soit soumis par une souveraine obéissance. Nous voyons la volonté de Dieu souverainement parfaite, droite, juste et équitable; et à cette considération nous désirons qu'elle soit la règle et la loi souveraine de toutes choses, et qu'elle soit suivie, servie et obéie par toutes les autres volontés. Mais notez, Théotime, que je ne traite pas ici de l'obéissance qui est due à Dieu parce qu'il est notre seigneur et maître, notre père et bienfaiteur: car cette sorte d'obéissance appartient à la vertu de justice, et non pas à l'amour. Non, ce nest pas cela dont je parle à présent: car encore qu'il n'y eût ni enfer pour punir les rebelles, ni paradis pour récompenser les bons, et que nous n'eussions nulle sorte d'obligations ni de devoir à Dieu (et ceci soit dit par imagination de chose impossible, et qui n'est presque pas imaginable) ; si est-ce toutefois que (toujours est-il) l'amour de bienveillance nous porterait à rendre toute obéissance et soumission à Dieu par élection et inclination, voire même par une douce violence amoureuse, en considération de la souveraine bonté, justice et droiture de la divine volonté. Voyons-nous pas, Théotime, qu'une fille, par une libre élection qui procède de l'amour de bienveillance, s'assujettit à un époux, auquel d'ailleurs elle n'avait aucun devoir; qu'un gentilhomme se soumet au service d'un prince étranger, ou bien jette sa volonté ès mains du supérieur de quelque ordre de religion auquel il se rangera? Ainsi donc se fait la conformité de notre coeur avec celui de Dieu, lorsque par la sainte bienveillance nous jetons toutes nos affections entre les mains de la divine volonté, afin qu'elles soient par icelle pliées et maniées, à son gré, moulées et formées selon son bon plaisir. Et en ce point consiste la très profonde obéissance d'amour, laquelle n'a pas besoin d'être excitée par menaces ou récompenses, ni par aucune loi ou par quelque commandement; car elle prévient tout cela, se soumettant à Dieu pour la seule très parfaite bonté qui est en lui, à raison de laquelle il mérite que toute volonté lui soit obéissante, sujette et soumise, se conformant et unissant à jamais en tout et partout à ses intentions divines. CHAPITRE III Comme nous nous devons conformer à la divine volonté que l'on appelle signifiée.Nous considérons quelquefois la volonté de Dieu en elle-même; et la voyant toute sainte et toute bonne, il nous est aisé de la louer, bénir et adorer, et de sacrifier notre volonté et toutes celles des autres créatures à son obéissance, par cette divine exclamation : Votre volonté soit faite en la terre comme au ciel. D'autres fois nous considérons la volonté de Dieu en ses effets particuliers, comme ès événements qui nous touchent, et ès occurrences qui nous arrivent; et finalement en la déclaration et manifestation de ses intentions. Et, bien qu'en vérité sa divine majesté nait qu'une très unique et très simple volonté, si est-ce que nous la marquons de noms différents, suivant la variété des moyens par lesquels nous la connaissons; variété selon laquelle nous sommes aussi diversement obligés de nous conduire à icelle. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 8 Oct - 0:18 | |
| LIVRE HUITIÈME
CHAPITRE III Comme nous nous devons conformer à la divine volonté que l'on appelle signifiée.La doctrine chrétienne nous propose clairement les vérités que Dieu veut que nous croyions, les biens qu'il veut que nous espérions, les peines qu'il veut que nous craignions, ce qu'il veut que nous aimions, les commandements qu'il veut que nous fassions et les conseils qu'il désire que nous suivions. Et tout cela s'appelle la volonté signifiée de Dieu, parce qu'il nous a signifié et manifesté qu'il veut et entend que tout cela soit cru, espéré, craint, aimé et pratiqué. Or, d'autant que cette volonté signifiée de Dieu procède par manière de désir, et non par manière de vouloir absolu, nous pouvons ou la suivre par obéissance, ou lui résister par désobéissance, car Dieu fait trois actes de sa volonté pour ce regard (dans ce but) : il veut que nous puissions résister, il désire que nous ne résistions pas, et permet néanmoins que nous résistions si nous voulons. Que nous puissions résister, cela dépend de notre naturelle condition et liberté; que nous résistions, cela dépend de notre malice; que nous ne résistions pas, c'est selon le désir de la divine bonté. Quand donc nous résistons, Dieu ne contribue rien à notre désobéissance; ains laissant notre volonté en la main de son franc arbitre, il permet qu'elle choisisse le mal. Mais quand nous obéissons, Dieu contribue son secours, son inspiration et sa grâce. Car la permission est une action de la volonté, qui de soi-même est bréhaigne (stérile, qui ne produit pas), stérile, inféconde, et, par manière de dire, c'est une action passive, qui ne fait rien, ains laisse faire. Au contraire, le désir est une action active, féconde, fertile, qui excite, semond (reprend) et presse. C'est pourquoi Dieu désirant que nous suivions, sa volonté signifiée, il nous sollicite, exhorte, incite, inspire, aide et secourt; niais permettant que nous résistions, il ne fait autre chose que de simplement nous laisser faire ce que nous voulons, selon notre libre élection, contre son désir et intention. Et toutefois ce désir est un vrai désir: car comme peut-on exprimer plus naïvement le désir que l'on a qu'un ami fasse bonne chère, que de préparer un bon et excellent festin, comme fit ce roi de la parabole évangélique; puis l'inviter, presser et presque contraindre, par prières, exhortations et poursuites, de venir s'asseoir à table et de manger? Certes, celui qui, à vive force, ouvrirait la bouche à un ami, lui fourrerait la viande dans le gosier, et la lui ferait avaler, il ne lui donnerait pas un festin de courtoisie, mais le traiterait en bête, et comme un chapon qu'on veut engraisser. Cette espèce de bienfait veut être offert par semonces, remontrances et sollicitations, et non violemment et forcément exercé. C'est pourquoi il se fait par manière de désir, et non de vouloir absolu. Or, c'en est de même de la volonté signifiée de Dieu; car par icelle Dieu désire d'un vrai désir que nous fassions ce qu'il déclare; et à cette occasion il nous fournit tout ce qui est requis, nous exhortant et pressant de l'employer. En ce genre de faveur on ne peut rien désirer de plus. Et comme les rayons de soleil ne laissent pas d'être vrais rayons, quand ils sont rejetés et repoussés par quelque obstacle; aussi la volonté signifiée de Dieu ne laisse pas d'être vraie volonté de Dieu, encore qu'on lui résiste, et bien qu'elle ne fasse pas tant d'effets comme si on la secondait. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 9 Oct - 7:43 | |
| CHAPITRE III Comme nous nous devons conformer à la divine volonté que l'on appelle signifiée.La conformité donc de notre coeur à la volonté signifiée de Dieu consiste en ce que nous voulions tout ce que la divine bonté nous signifie être de son intention, croyant selon sa doctrine, espérant selon ses promesses, craignant selon ses menaces, aimant et vivant selon ses ordonnances et avertissements, à quoi tendent les protestations que si souvent nous en faisons ès saintes cérémonies ecclésiastiques. Car pour cela nous demeurons debout tandis quon lit les levons de l'Évangile, comme prêts à obéir à la sainte signification de la volonté de Dieu, que l'Évangile contient. Pour cela nous baisons le livre à l'endroit de l'Évangile, comme adorant la sainte parole qui déclare la volonté céleste. Pour cela plusieurs saints et saintes portaient sur leurs poitrines anciennement l'Évangile en écrit, comme un épithème (médicament topique) d'amour, ainsi qu'on lit de sainte Cécile; et de fait on trouva celui de saint Matthieu sur le coeur de saint Barnabé trépassé, écrit de sa propre main. Ensuite de quoi, ès anciens conciles, on mettait au milieu de l'assemblée de tous les évêques un grand trône, et sur icelui le livre des saints Évangiles, qui représentait la personne du Sauveur, roi, docteur, directeur, esprit et unique coeur des conciles et de toute l'Église : tant on honorait la signification de la volonté de Dieu exprimée en ce divin livre. Certes, le grand miroir de l'ordre pastoral, saint Charles, archevêque de Milan, n'étudiait jamais dans l'Écriture sainte, qu'il ne se mit à genoux et tête nue, pour témoigner le respect avec lequel il fallait entendre et lire la volonté de Dieu signifiée. CHAPITRE IV De la conformité de notre volonté avec celle que Dieu a de nous sauver. Dieu nous a signifié en tant de sortes et par tant de moyens qu'il voulait que nous fussions tous sauvés, que nul ne le peut ignorer. A cette intention, il nous a faits à son image et semblance (ressemblance) par la création, et s'est fait à notre image et semblance par l'incarnation; après laquelle il a souffert la mort pour racheter toute la race des hommes et la sauver : ce qu'il fit avec tant d'amour, que, comme raconte le grand saint Denis, apôtre de la France, il dit un jour au saint homme Carpus qu'il était prêt à pâtir encore une fois pour sauver les hommes, et que cela lui serait agréable, s'il se pouvait faire sans le péché d'aucun homme. Or, bien que tous ne se sauvent pas, cette volonté néanmoins ne laisse pas d'être une vraie volonté de Dieu, qui agit en nous selon la condition de sa nature et de la nôtre : car sa bonté le porte à nous communiquer libéralement le secours de sa grâce, afin que nous parvenions au bonheur de sa gloire; mais notre nature requiert que sa libéralité nous laisse en liberté de nous en prévaloir pour nous sauver, on de le mépriser pour nous perdre. J'ai demandé une chose, disait le Prophète, et c'est celle-ci que je requerrai à jamais que je voie la volupté du Seigneur et que je visite son temple. Mais quelle est la volupté de la souveraine bonté, sinon de se répandre et communiquer ses perfections? Ceters, ses délices sont d'être avec les enfants des hommes, pour verser ses grâces sur eux. Rien n'est si agréable et délicieux aux gens libres que de faire leur volonté. Notre sanctification est la volonté de Dieu, et notre salut son bon plaisir: or, il n'y a nulle différence entre le bon plaisir et la bonne volupté, ni par conséquent donc entre la bonne volupté et la bonne volonté divine; ains la volonté que Dieu a pour le bien des hommes est appelée bonne, parce qu'elle est aimable, propice, favorable, agréable, délicieuse : et comme les Grecs, après saint Paul ont dit; c'est une vraie philanthropie, c'est-à-dire, une bienveillance ou volonté tout amoureuse envers les hommes. Tout le temple céleste de l'Église triomphante et militante résonne (fait retentir) de toutes parts les cantiques de ce doux amour de Dieu envers nous. Et le corps très sacré du Sauveur, comme un temple très saint de sa divinité, est tout paré de marques et enseignes de cette bienveillance. C'est pourquoi, en visitant le temple divin, nous voyons ces aimables délices que son coeur prend à nous favoriser. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 10 Oct - 7:57 | |
| CHAPITRE IV De la conformité de notre volonté avec celle que Dieu a de nous sauver. Regardons donc cent fois le jour cette amoureuse volonté de Dieu; et fondant notre volonté dans icelle, écrions (écririons-nous, disons) dévotement: O bonté d'infinie douceur, que votre volonté est aimable, que vos faveurs sont désirables ! Vous nous avez créés pour la vie éternelle; et votre poitrine maternelle, enflée des mamelles sacrées d'un amour incomparable, abonde en lait de Miséricorde, soit pour pardonner aux pénitents, soit pour perfectionner les justes. Hé ! pourquoi donc ne collons-nous pas nos volontés à la vôtre, comme les petits enfants s'attachent au sein de leur mère, pour sucer le lait de vos éternelles bénédictions? Théotime, nous devons vouloir notre salut ainsi que Dieu le veut : or, il veut notre salut par manière de désir, et nous le devons aussi incessamment désirer ensuite de son désir. Non seulement il veut, mais en effet il nous donne tous les moyens requis pour nous faire parvenir au salut; et nous, ensuite du désir (outre le désir) que nous avons d'être sauvés, nous devons non seulement vouloir, mais en effet accepter toutes les grâces qu'il nous a préparées et qu'il nous offre. Il suffit de dire : Je désire d'être sauvé ; mais il ne suffit pas de dire : Je désire embrasser les moyens convenables pour y parvenir; aine il faut d'une résolution absolue, vouloir et embrasser les grâces que Dieu nous départ : car il faut que notre volonté corresponde à celle de Dieu. Et d'autant quelle nous donne les moyens de nous sauver, nous les devons recevoir comme nous devons désirer le salut, ainsi quelle nous le désire, et parce quelle le désire. Mais il arrive maintes fois que les moyens de parvenir au salut, considérés en bloc ou en général, sont agréables à notre coeur, et regardés en détail et particulier, ils lui sont effroyables. Car n'avons-nous pas vu le pauvre saint Pierre disposé à recevoir en général toutes sortes de peines, et la mort même, pour suivre son maître? et néanmoins quand ce vint au fait et au prendre, pâlir, trembler et renier son maître à la voix d'une simple servante? Chacun pense pouvoir boire le calice de notre Seigneur avec lui; mais quand on nous le présente par effet (en réalité), on s'enfuit, on quitte tout. Les choses représentées particulièrement font une impression plus forte, et blessent plus sensiblement l'imagination. C'est pourquoi en l'Introduction, nous avons donné par avis qu'après les affections générales on fît des résolutions particulières en la sainte oraison. David acceptait en particulier des afflictions comme un acheminement à sa perfection, quand il chantait en cette sorte : O qu'il m'est bon, Seigneur, que vous m'ayez humilié, afin que j'apprenne vos justifications ! Ainsi furent les apôtres joyeux, ès tribulations, de quoi ils avaient la faveur d'endurer des ignominies pour le nom de leur Sauveur. CHAPITRE V De la conformité de notre volonté à celle de Dieu qui nous est signifiée par ses commandements. Le désir que Dieu a de nous faire observer ses commandements est extrême, ainsi que toute l'Écriture témoigne. Et comme le pouvait-il mieux exprimer que par les grandes récompenses qu'il propose aux observateurs de sa loi, et les étranges supplices dont il menace les violateurs d'icelle? C'est pourquoi David exclame : O Seigneur! vous avez ordonné que vos commandements soient trop plus (de la manière la plus complète) observés. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 11 Oct - 1:14 | |
| CHAPITRE V De la conformité de notre volonté à celle de Dieu qui nous est signifiée par ses commandements.Or, l'amour de complaisance regardant ce désir divin, veut complaire à Dieu en l'observant: l'amour de bienveillance, qui veut tout soumettre à Dieu, soumet par conséquent nos désirs et use volontés à celle-ci que Dieu nous a signifiée; et de là provient non seulement l'observation, mais aussi l'amour des commandements que David exalte d'un style extraordinaire au psaume 118, qu'il semble n'avoir fait que pour ce sujet : Que j'aime votre loi d'un très ardent amour ! C'est tout mon entretien, j'en parle tout le jour. O Seigneur ! je chéris vos très saints témoignages Plus que l'or et l'éclat du topaze doré, Que doux à mon palais sont vos sacrés langages ! Pour moi fade est le miel, s'il leur est comparé. Mais pour exciter ce saint et salutaire amour des commandements, nous devons contempler leur beauté, laquelle est admirable. Car comme il y a des oeuvres qui sont mauvaises parce qu'elles sont défendues, et des autres qui sont défendues parce qu'elles sont mauvaises; aussi y en a-t-il qui sont bonnes parce qu'elles sont commandées, et des autres qui sont commandées parce qu'elles sont bonnes et très utiles; de sorte que toutes sont très bonnes et très aimables, parce que le commandement donne la bonté aux unes qui n'en auraient point autrement, et donne un surcroît de bonté aux autres, qui sans être commandées ne laisseraient pas d'être bonnes. Nous ne recevons pas le bien en bonne part quand il nous est présenté par une main ennemie. Les Lacédémoniens ne voulurent pas suivre un fort sain et salutaire conseil d'un méchant homme, jusqu'à ce qu'un homme de bien le leur redit. Au contraire, le présent n'est jamais qu'agréable quand un ami le fait: les plus doux commandements deviennent âpres si un coeur tyran et cruel les impose, et ils deviennent très aimables quand l'amour les ordonne: le service de Jacob lui semblait une royauté, parce qu'il procédait de l'amour. O que doux et désirable est le joug de la loi céleste qu'un roi si aimable a établie sur nous ! Plusieurs observent les commandements comme on avale les médecines, plus crainte de mourir damnés que pour le plaisir de vivre au gré du Sauveur. Ains comme il y a des personnes qui, pour agréable que soit un médicament, ont du contre-coeur à le prendre, seulement parce qu'il porte le nom de médicament; aussi y a-t-il des âmes qui ont en horreur les actions commandées, seulement parce qu'elles sont commandées; et s'est trouvé tel homme, ce dit-on, qui ayant doucement vécu dans la grande ville de Paris lespace de quatre-vingts ans sans en sortir, soudain qu'on lui eut enjoint de par le roi dy demeurer encore le reste de ses jours, il alla dehors voir les champs que de sa vie il navait désirés. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 11 Oct - 22:06 | |
| CHAPITRE V De la conformité de notre volonté à celle de Dieu qui nous est signifiée par ses commandements.Au contraire, le coeur amoureux aime les commandements; et plus ils sont de chose difficile, plus il les trouve doux et agréables, parce qu'il complaît plus parfaitement au bien-aimé et lui rend plus d'honneur. Il lance et chante des hymnes dallégresse, quand Dieu lui enseigne ses commandements et justifications. Et comme le pèlerin qui va gaiement chantant en son voyage, ajoute voirement la peine du chant à celle du marcher, et néanmoins en effet par surcroît de peine il se désennuie et allège du travail du chemin; aussi l'amant sacré trouve tant de suavité aux commandements, que rien ne lui donne tant d'haleine et de soulagement en cette vie mortelle que la gracieuse charge des préceptes de son Dieu. Dont le saint Psalmiste s'écrie : O Seigneur, vos justifications ou commandements me sont des douces chansons en ce lieu de mon pèlerinage. On dit que les mulets et chevaux chargés de figues (croyance populaire sans doute) succombent incontinent au faix et perdent toutes leurs forces. Plus douces que les figues est la loi du Seigneur; mais l'homme brutal qui s'est rendu comme le cheval et mulet, es quels il n'y a point d'entendement, perd le courage et ne peut trouver des forces pour porter cet aimable faix. Au contraire, comme une branche d'agnus-castus empêche de lassitude le voyageur qui la porte, aussi la croix, la mortification, le joug, la loi du Sauveur, qui est le vrai agneau chaste, est une charge qui délasse, qui soulage et récrée les coeurs qui aiment sa divine Majesté. On n'a point de travail en ce qui est aimé; on s'il y a du travail, c'est un travail bien-aimé le travail mêlé du saint amour est un certain aigre-doux plus agréable au goût qu'une pure douceur. Le divin amour nous rend donc ainsi conformes à la volonté de Dieu, et nous fait soigneusement observer ses commandements en qualité de désir absolu de sa majesté à laquelle nous voulons plaire; si que cette complaisance prévient par sa douce et aimable violence la nécessité d'obéir que la loi nous impose, convertissant cette nécessité en vertu de dilection, et toute la difficulté en délectation. Agnus castus, gattilier, arbrisseau aromatique auquel on attribuait anciennement des propriétés qui lui faisaient donner ce nom d'agneau chaste. CHAPITRE VI. De la conformité de notre volonté à celle que Dieu nous a signifiée par ses conseils.Le commandement témoigne une volonté fort entière et pressante de celui qui ordonne; mais le conseil ne nous représente qu'une volonté de souhait. Le commandement nous oblige, le conseil nous incite seulement. Le commandement rend coupables les transgresseurs; le conseil rend seulement moins louables ceux qui ne le suivent pas. Les violateurs des commandements méritent d'être damnés: ceux qui négligent les conseils méritent seulement d'être moins glorifiés. Il y a différence entre commander et recommander. Quand on commande, on use d'autorité pour obliger; quand on recommande, on use d'amitié pour induire et provoquer. Le commandement impose nécessité; le conseil et recommandation nous incite à ce qui est de plus grande utilité. Au commandement correspond l'obéissance, et la créance au conseil. On suit le conseil afin de plaire, et le commandement pour ne pas déplaire. C'est pourquoi l'amour de complaisance qui nous oblige de plaire au bien-aimé, nous porte par conséquent à la suite de ses conseils; et l'amour de bienveillance qui veut que toutes les volontés et affections lui soient soumises, fait que nous voulons, non seulement ce qu'il ordonne, mais ce qu'il conseille et à quoi il exhorte ; ainsi que l'amour et respect qu'un enfant fidèle porte à son bon père, le fait résoudre de vivre, non seulement selon les commandements qu'il impose, mais encore selon les désirs et inclinations qu'il manifeste. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 13 Oct - 22:02 | |
| CHAPITRE VI De la conformité de notre volonté à celle que Dieu nous a signifiée par ses conseils.Le conseil se donne voirement en faveur de celui qu'on conseille, afin qu'il soit parfait. Si tu veux être parfait, dit le Sauveur, va, vends tout ce que tu as et le donne aux pauvres et me suis. Mais le coeur amoureux ne reçoit pas le conseil pour son utilité, ains pour se conformer au désir de celui qui conseille, et rendre l'hommage qui est dû à sa volonté. Et partant il ne reçoit les conseils, sinon ainsi que Dieu le veut; et Dieu ne veut pas qu'un chacun observe tous les conseils, ains seulement ceux qui sont convenables selon la diversité des personnes, des temps, des occasions et des forces, ainsi que la charité le requiert; car c'est elle qui, comme reine de toutes les vertus, de tous les commandements, de tous les conseils, et en somme de toutes les lois et de toutes les actions chrétiennes, leur donne à tous et à toutes le rang, l'ordre, le temps et la valeur. Si ton père ou ta mère ont une vraie nécessité de ton assistance pour vivre, il n'est pas temps alors de pratiquer le conseil de la retraite en un monastère; car la charité t'ordonne que tu ailles en effet exécuter ce commandement d'honorer, servir, aider et secourir ton père ou ta mère. Tu es un prince par la postérité duquel les sujets de la couronne qui t'appartient doivent être conservés en paix, et assurés contre la tyrannie, sédition et guerre civile : l'occasion donc d'un si grand bien t'oblige de produire en un saint mariage des légitimes successeurs. Ce n'est pas perdre la chasteté, ou au moins c'est la perdre chastement, que de la sacrifier au bien public en faveur de la charité. As-tu une santé faible, inconstante, qui a besoin de grands supports? Ne te charge donc pas volontairement de la pauvreté effectuelle; car la charité te le défend. Non seulement la charité ne permet pas aux pères de famille de tout vendre pour donner aux pauvres, mais leur ordonne d'assembler honnêtement ce qui est requis pour l'éducation et sustentation de la femme, des enfants et serviteurs; comme aussi aux rois et princes d'avoir des trésors qui, provenus d'une juste épargne et non de tyranniques inventions servent comme de salutaires préservatifs contre les ennemis visibles. Saint Paul ne conseille-t-il pas aux mariés, passé le temps de l'oraison, de retourner au train bien réglé au devoir nuptial ? Les conseils sont tous donnés pour la perfection du peuple chrétien, mais non pas pour celle de chaque chrétien en particulier. Il y a des circonstances qui les rendent quelquefois impossibles, quelquefois inutiles, quelquefois périlleux, quelquefois nuisibles à quelques-uns, qui est une des intentions pour lesquelles notre Seigneur dit de l'un d'iceux ce qu'il veut -être entendu de tous : Qui te peut prendre, qu'il le prenne; comme s'il disait, ainsi que saint Jérôme expose: Qui peut gagner et emporter l'honneur de la chasteté comme un prix de réputation, qu'il le prenne car il est exposé à ceux qui courront vaillamment. Tous donc ne peuvent pas, c'est-à-dire, il n'est pas expédient à tous d'observer tous les conseils, lesquels étant donnés en faveur de la charit, elle sert de règle et de mesure à l'exécution d'iceux. Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 14 Oct - 21:38 | |
| CHAPITRE VI. De la conformité de notre volonté à celle que Dieu nous a signifiée par ses conseils.Quand donc la charité l'ordonne, on tire les moines et religieux des cloîtres pour en faire des cardinaux, des prélats, des curés; voire même on les réduit quelquefois au mariage pour le repos des royaumes, ainsi que j'ai dit ci-dessus. Que si la charité fait sortir des cloîtres ceux qui par voeu solennel s'y étaient attachés, à plus forte raison, et pour moindre sujet, on peut, par l'autorité de cette même charité, conseiller à plusieurs de demeurer chez eux, garder leurs moyens, se marier, voire de prendre les armes et aller à la guerre, qui est une profession si dangereuse. Or, quand la charité porte les uns à la pauvreté, et qu'elle en retire les autres, quand elle en pousse les uns au mariage, les autres à la continence; qu'elle enferme l'un dans le cloître, et en fait sortir l'autre, elle n'a pas besoin d'en rendre raison à personne; car elle a la plénitude de la puissance en la loi chrétienne, selon qu'il est écrit La charité peut toutes choses. Elle a le comble de la prudence, selon qu'il est dit : La charité ne fait rien en vain. Que si quelqu'un veut contester, et lui demander pourquoi elle fait ainsi, elle répondra hardiment : Parce que te Seigneur en a besoin; tout est fait pour la charité, et la charité pour Dieu. Tout doit servir à la charité, et elle à personne, non pas même à son bien-aimé, duquel elle n'est pas servante, mais épouse. Pour cela on doit prendre d'elle l'ordre de l'exercice des conseils; car aux uns elle ordonnera la chasteté, et non la pauvreté; aux autres l'obéissance, et non la chasteté; aux autres le jeûne, et non l'aumône; aux autres l'aumône, et non le jeûne; aux autres la solitude, et non la charge pastorale; aux autres la conversation, et non la solitude. En somme, c'est une eau sacrée par laquelle le jardin de l'Église est fécondé, et bien qu'elle nait qu'une couleur sans couleur, les fleurs néanmoins qu'elle fait croître ne laissent pas d'avoir une chacune sa couleur différente. Elle fait des martyrs plus vermeils que la rose, des vierges plus blanches que le lis aux uns elle donne le fin violet de la mortification, aux autres le jaune des soucis du mariage; employant diversement les conseils pour la perfection des âmes qui sont si heureuses que de vivre sous sa conduite. CHAPITRE VII Que l'amour de la volonté de Dieu signifiée ès commandements nous porte à l'amour des conseils.O Théotime ! que cette volonté divine est aimable! ô quelle est amiable (douce) et désirable ! ô loi toute d'amour et toute pour l'amour! Les Hébreux, par le mot de paix, entendent l'assemblage et comble de tous biens, c'est-à-dire, la félicité; et le Psalmiste sécrie : Qu'une paix plantureuse abonde à ceux qui aiment la loi de Dieu, et que nul choppement (action de chopper, heuter en marchant) ne leur arrive. Comme sil voulait dire: O Seigneur! que de suavité en l(amour de vos sacrés commandements ! toute douceur délicieuse saisit le coeur qui est saisi de la dilection de votre loi. Certes ce grand roi, qui avait son coeur fait selon le coeur de Dieu, savourait si fort la parfaite excellence des ordonnances divines, qu'il semble que ce soit un amoureux épris de la beauté de cette loi, comme de la chaste épouse et reine de son coeur, ainsi qu'il appert par les continuelles louanges qu'il lui donne. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 16 Oct - 7:23 | |
| CHAPITRE VII Que l'amour de la volonté de Dieu signifiée ès commandements nous porte à l'amour des conseils.Quand l'épouse céleste veut exprimer l'infinie suavité des parfums de son divin époux: Votre nom, lui dit-elle, est un onguent répandu; comme si elle disait : Vous êtes si excellemment parfumé, qu'il semble que vous soyez tout parfum, et qu'il soit à propos de vous appeler onguent et parfum, plutôt qu'oint et parfumé. Ainsi l'âme qui aime Dieu, est tellement transformée en la volonté divine, qu'elle mérite plutôt d'être nommée volonté de Dieu, qu'obéissante ou sujette à la volonté divine ; dont Dieu dit par Isaïe qu'il appellera l'Église chrétienne d'un nom nouveau que la bouche du Seigneur nommera, marquera et gravera dans le coeur de ses fidèles; puis expliquant ce nom, il dit que ce sera : Ma volonté en icelle; comme s'il disait qu'entre ceux qui ne sont pas chrétiens, un chacun a sa volonté propre au milieu de son coeur; mais parmi les vrais enfants du Sauveur, chacun quittera sa volonté, et il n'y aura plus qu'une volonté maîtresse, régente et universelle, qui animera, gouvernera et dressera toutes les âmes, tous les coeurs et toutes les volontés; et le nom d'honneur des chrétiens ne sera autre chose, sinon la volonté de Dieu en eux : volonté qui règnera sur toutes les volontés, et les transformera toutes en soi; de sorte que les volontés des chrétiens et la volonté de notre Seigneur ne soient plus qu'une seule volonté. Ce qui fut parfaitement vérifié en la primitive Église, lorsque, comme dit le glorieux saint Luc, en la multitude des croyants il n'y avait qu'un coeur et qu'une âme : car il n'entend pas parler du coeur qui fait vivre nos corps, ni de l'âme qui anime ces coeurs d'une vie humaine; mais il parle du coeur qui donne la vie céleste à nos âmes, et de l'âme qui anime nos coeurs de la vie surnaturelle : coeur et âme très unique des vrais chrétiens, qui n'est autre chose que la volonté de Dieu. La vie, dit le Psalmiste, est en la volonté de Dieu, non seulement parce que notre vie temporelle dépend de la volonté divine, mais aussi d'autant que notre vie spirituelle en l'exécution d'icelle, par laquelle Dieu vit et règne en nous, et nous fait vivre et subsister en lui. Au contraire, le méchant, dés le siècle, c'est-à-dire toujours, a rompu le joug de la loi de Dieu, et a dit : Je ne servirai point. C'est pourquoi Dieu dit qu'il l'a appelé, dés le ventre de sa mère, transgresseur et rebelle : et parlant au roi de Tyr, il lui reproche qu'il avait mis son coeur comme le coeur de Dieu; car l'esprit révolté veut que son coeur soit maître de soi-même, et que sa propre volonté soit souveraine comme la volonté de Dieu. Il ne veut pas que la volonté divine règne sur la sienne, ains veut être absolu et sans dépendance quelconque. O Seigneur éternel, ne le permettez pas, ains faites que jamais ma volonté ne soit faite, mais la vôtre. Hélas! nous sommes en ce monde, non point pour faire nos volontés, mais celle de votre bonté qui nous y a mis. Il fut écrit de vous, ô Sauveur de mon âme! que vous fissiez la volonté de votre Père éternel; et par le premier vouloir humain de votre âme, à l'instant de votre conception, vous embrassâtes amoureusement cette loi de la volonté divine, et la mîtes au milieu de votre coeur pour y régner et dominer éternellement. Eh! qui fera la grâce à mon âme qu'elle n'ait point de volonté que la volonté de Dieu? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 17 Oct - 22:48 | |
| CHAPITRE VII Que l'amour de la volonté de Dieu signifiée ès commandements nous porte à l'amour des conseils.Or, quand notre amour est extrême à l'endroit de la volonté de Dieu, nous ne nous contentons pas de faire seulement la volonté divine qui nous est signifiée ès commandements, mais nous nous rangeons encore à l'obéissance des conseils, lesquels ne nous sont donnés que pour plus parfaitement observer les commandements, auxquels aussi ils se rapportent, ainsi que dit excellemment saint Thomas. O combien excellente est l'observation de la défense des injustes voluptés en celui qui a même renoncé aux plus justes et légitimes délices: ô combien celui-là est éloigné de convoiter le bien d'autrui, qui rejette toutes richesses, et celles mêmes que saintement il pourrait garder! Que celui-ci est bien éloigné de vouloir préférer sa volonté à celle de Dieu, qui, pour faire la volonté de Dieu, s'assujettit à celle d'un homme. David était un jour en son préside (son camp, sa tente), et la garnison des Philistins en Bethléem. Or il fit un souhait, disant : O si quelqu'un me donnait à boire de l'eau de la citerne qui est à la porte de Bethléem! Et voilà qu'il n'eut pas plus tôt dit le mot, que trois vaillants chevaliers partent de là, main et tête baissées, traversent l'armée ennemie, vont à la citerne de Bethléem, puisent de l'eau, et l'apportent à David: lequel voyant le hasard auquel ces gentilshommes s'étaient mis pour contenter son appétit, ne voulut point boire cette eau conquise au péril de leur sang et de leur vie, ains la répandit en oblation au Père éternel. Eh! voyez, je vous prie, Théotime, quelle ardeur de ces chevaliers au service et contentement de leur maître! ils volent et fendent la presse des ennemis avec mille dangers de se perdre, pour assouvir un seul simple souhait que le roi leur témoigne. Le Sauveur étant en ce monde déclara sa volonté en plusieurs choses par manière de commandement, et en plusieurs autres il la signifia seulement par manière de souhait : car il loua fort la chasteté, la pauvreté, l'obéissance et résignation parfaite, l'abnégation de la propre volonté, la viduité, le jeûne, la prière ordinaire; et ce quil dit de la chasteté, que qui en pourrait emporter le prix, qu'il le prit, il l'a ainsi dit de tous les autres conseils. A ce souhait, les plus vaillants chrétiens se sont mis à la course; et forçant toutes les répugnances, convoitises et difficultés, ont atteint à la sainte perfection, se rangeant à l'étroite observance des désirs de leur roi, obtenant par ce moyen la couronne de gloire. Certes, ainsi que témoigne le divin Psalmiste, Dieu n'exauce pas seulement l'oraison de ses fidèles, ains il exauce même encore le seul désir d'iceux, et la seule préparation qu'ils font en leurs coeurs pour prier tant il est favorable et propice à faire la volonté de ceux qui l'aiment. Et pourquoi donc réciproquement ne serons-nous si jaloux de suivre la sacrée volonté de notre Seigneur, que nous fassions non seulement ce qu'il commande, mais encore ce qu'il témoigne d'agréer et souhaiter? Les âmes nobles n'ont pas besoin d'un plus fort motif pour embrasser un dessein, que de savoir que le bien-aimé le désire. Mon âme, dit l'une d'icelles, s'est écoulée soudain que mon ami a parlé. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 19 Oct - 9:55 | |
| CHAPITRE VIII Que le mépris des conseils évangéliques est un grand péché.Les paroles par lesquelles notre Seigneur nous exhorte de tendre et prétendre à la perfection, sont si fortes et pressantes, que nous ne saurions dissimuler l'obligation que nous avons de nous engager à ce dessein. Soyez saints, dit-il, parce que je suis saint . Qui est saint, qu'il soit encore davantage sanctifié, et qui est juste, qu'il soit encore plus justifié. Soyez parfaits, ainsi que votre Père céleste est parfait. Pour cela, le grand saint Bernard écrivant au glorieux saint Guarin, abbé dAux (Notre-Dame des Alpes, monastère du diocèse de Genève, fondé en 1133.), duquel la vie et les miracles ont tant rendu de bonne odeur en ce diocèse: L'homme juste, dit-il, ne dit jamais: C'est assez; il a toujours faim et soif de la justice. Certes, Théotime, quant aux biens temporels, rien ne suffit à celui auquel ce qui suffit ne suffit pas : car qu'est-ce qui peut suffire à un coeur auquel la suffisance n'est pas suffisante? Mais quant aux biens spirituels, celui n'en a pas ce qui lui suffit (pour celui-là nen a pas. La construction de la phrase est évidemment tourmentée.), auquel il suffit d'avoir ce qui lui suffit; et la suffisance n'est pas suffisante, parce que la vraie suffisance ès choses divines consiste en partie au désir de l'affluence. Dieu, au commencement du monde, commanda à la terre de germer l'herbe verdoyante faisant sa semence, et tout arbre fruitier faisant son fruit, un chacun selon son espèce, qui sùt aussi sa semence en soi-même. Et ne voyons-nous pas par expérience que les plantes et fruits n'ont pas leur juste croissance et maturité, que quand elles portent leurs graines et pépins, qui leur servent de géniture (famille, enfants) pour la production de plantes et d'arbres de pareille sorte? Jamais vertus n'ont leur juste stature et suffisance, qu'elles ne produisent eu nous des désirs de faire progrès, qui, comme semences spirituelles, servent à la production de nouveaux degrés de vertus. Et me semble que la terre de notre coeur a commandement de germer les plantes des vertus qui portent les fruits des saintes oeuvres, une chacune selon son genre, et qui ait les semences des désirs et desseins de toujours multiplier et avancer en perfection. Et la vertu qui n'a point la graine ou le pépin de ces désirs, elle n'est pas en sa suffisance et maturité. « O donc, dit saint Bernard au fainéant, tu ne veux pas t'avancer en la perfection? Non. Et tu ne veux pas non plus empirer? Non de vrai. Et quoi donc tu ne veux être ni pire ni meilleur? Hélas ! pauvre homme, tu veux être ce qui ne peut être. Rien voirement (à la vérité, à vrai dire) n'est stable ni ferme en ce monde; mais de l'homme il en est dit encore plus particulièrement que jamais il ne demeure en un état. Il faut donc ou qu'il savance, ou qu'il retourne en arrière. »Or, je ne dis pas, non plus que saint Bernard, que ce soit péché de ne pratiquer pas les conseils. Non certes, Théotime : car c'est la propre différence du commandement au conseil, que le commandement nous oblige sous peine de péché et le conseil nous invite sans peine de péché. Néanmoins je dis bien que c'est un grand péché de mépriser la prétention à la perfection chrétienne, et encore plus de mépriser la semonce par laquelle notre Seigneur nous y appelle: mais c'est une impiété insupportable de mépriser les conseils et moyens d'y parvenir que notre Seigneur nous marque. C'est une hérésie de dire que notre Seigneur ne nous a pas bien conseillés,et un blasphème de dire à Dieu : Retire-toi de nous, nous ne voulons pas la science de tes voies. Mais c'est une irrévérence horrible contre celui qui avec tant damour et de suavité nous invite à la perfection, de dire : Je ne veux pas être saint ni parfait, ni avoir plus de part en votre bienveillance, ni suivre les conseils que vous me donnez pour faire progrès en icelle. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 20 Oct - 0:37 | |
| CHAPITRE VIII Que le mépris des conseils évangéliques est un grand péché.On peut bien, sans pécher, ne suivre pas les conseils, pour l'affection que l'on a ailleurs: comme, par exemple, on peut bien ne vendre pas ce que l'on a, et ne le donner pas aux pauvres, parce qu'on n'a pas le courage de faire un si grand renoncement. On peut bien aussi se marier, parce qu'on aime une femme, on qu'on n'a pas assez de force en l'âme pour entreprendre la guerre qu'il faut faire à la chair. Mais de faire profession de ne vouloir point suivre les conseils, ni aucun d'iceux, cela ne se peut faire sans mépris de celui qui les donne. De ne suivre pas le conseil de virginité, afin de se marier, cela n'est pas malfait; mais de se marier pour préférer le mariage à la chasteté, comme font les hérétiques, c'est un grand mépris ou du conseiller ou du conseil. Boire du vin contre l'avis du médecin, quand on est vaincu de la soif ou de la fantaisie d'en boire, ce n'est pas proprement mépriser le médecin ni son avis, mais dire : Je ne veux point suivre l'avis du médecin; il faut que cela provienne d'une mauvaise estime qu'on a de lui. Or, quant aux hommes, on peut souvent mépriser leur conseil, et ne mépriser pas ceux qui le donnent, parce me ce n'est pas mépriser un homme, d'estimer qu'il ait erré. Mais quant à Dieu, rejeter son conseil et le mépriser, cela ne peut provenir que de l'estime que l'on fait qu'il n'a pas bien conseillé ce qui ne peut être pensé que par esprit de blasphème; comme si Dieu n'était pas assez sage pour savoir, ou assez bon pour vouloir bien conseiller. Et c'en est de même des conseils de l'Église, laquelle, à raison de la continuelle assistance du Saint-Esprit, qui l'enseigne et conduit en toute vérité, ne peut jamais donner de mauvais avis. CHAPITRE IX. Suite de discours commencé. Comme chacun doit aimer, quoique non pas pratiquer, tous les conseils évangéliques; et comme néanmoins chacun doit pratiquer ce qu'il peut.Encore que tous les conseils ne puissent, ni doivent être pratiqués par chaque chrétien en particulier, si est-ce qu'un chacun est obligé de les aimer tous, parce qu'ils sont tous très bons. Si vous avez la migraine, et que l'odeur du muse vous nuise, laisserez-vous pour cela d'avouer que cette senteur soit bonne et agréable? Si une robe d'or ne vous est pas advenante, direz-vous qu'elle ne vaut rien? Si une bague n'est pas pour votre doigt, la jetterez-vous pour cela dans la boue? Louez donc, Théotime, et aimez chèrement tous les conseils que Dieu a donnés aux hommes. O que béni soit à jamais l'ange du grand conseil, avec tous les avis qu'il donne, et les exhortations qu'il fait aux humains ! Le coeur est réjoui par les onguents et bonnes senteurs, dit Salomon, et par les bons conseils de l'ami, l'âme est adoucie. Mais de quel ami et de quels conseils parlons-nous? O Dieu! c'est de l'ami des amis, et ses conseils sont plus aimables que le miel ! L'ami, c'est le Sauveur; ses conseils sont pour le salut. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 21 Oct - 11:20 | |
| CHAPITRE IX. Suite de discours commencé. Comme chacun doit aimer, quoique non pas pratiquer, tous les conseils évangéliques; et comme néanmoins chacun doit pratiquer ce qu'il peut.Réjouissons-nous, Théotime, quand nous verrons des personnes entreprendre la suite des conseils que nous ne pouvons ou ne devons pas observer : prions pour eux, bénissons-les, favorisons-les et les aidons; car la charité nous oblige de n'aimer pas seulement ce qui est bon pour nous, mais d'aimer encore ce qui est bon pour le prochain. Nous témoignerons assez d'aimer tous les conseils, quand nous observerons dévotement ceux qui nous seront convenables; car tout ainsi que celui qui croit un article de foi d'autant que Dieu la révélé par sa parole annoncée et déclaré par l'Eglise, ne saurait mécroire (refuser de croire) les autres; et celui qui observe un commandement pour le vrai amour de Dieu, est tout prêt à observer les autres quand l'occasion s'en présentera; de même celui qui aime et estime un conseil évangélique, parce que Dieu la donné, il ne peut qu'il n'estime consécutivement tous les autres, puisqu'ils sont aussi de Dieu. Or, nous pouvons aisément en pratiquer plusieurs, quoique non pas tous ensemble ; car Dieu en a donné plusieurs, afin que chacun en puisse observer quelques-uns, et il n'y a jour que nous n'en ayons quelque occasion. La charité requiert-elle que, pour secourir votre père ou votre mère vous demeuriez chez eux conservez néanmoins l'amour et l'affection à Votre retraite, ne tenez votre coeur au logis paternel qu'autant qu'il faut pour y faire ce que la charité vous ordonne. N'est-il pas expédient, à cause de votre qualité, que vous gardiez la parfaite chasteté; gardez-en donc au moins ce que, sans faire tort à la charité, vous en pourrez garder. Qui ne peut faire le tout, qu'il fasse quelque partie. Vous n'êtes pas obligé de rechercher celui qui vous a offensé, car c'est à lui de revenir à soi, et venir à vous pour vous donner satisfaction, puisqu'il vous a prévenu par injure et outrage; mais allez néanmoins, Théotime, faites ce que le Sauveur vous conseille, prévenez-le au bien, rendez-lui bien pour mal, jetez sur sa tête et sur son coeur un brasier ardent de témoignages de charité qui le brûle tout, et le force de vous aimer. Vous n'êtes pas obligé par la rigueur de la loi de donner à tous les pauvres que vous rencontrez, ains seulement à ceux qui en ont très grand besoin; mais ne laissez pas pour cela, suivant le conseil du Sauveur, de donner volontiers à tous les indigents que vous trouverez, autant que votre condition et que les véritables nécessités de vos affaires vous le permettront. Vous n'êtes pas obligé de faire aucun voeu, mais faites-en pourtant quelques-uns qui seront jugés propres par votre père spirituel pour, votre avancement eu l'amour divin. Vous pouvez librement user du vin dans les termes de ta bienséance; mais, selon le conseil de saint Paul à Timothée, n'en prend que ce qu'il faut pour soulager votre estomac. Il y a divers degrés de perfection ès conseils: de prêter aux pauvres, hors la très grande nécessité, c'est le premier degré du conseil de l'aumône, et c'est un degré plus haut de leur donner, plus haut encore de donner tout, et enfin encore plus haut de donner sa personne, en la vouant au service des pauvres. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 21 Oct - 23:13 | |
| CHAPITRE IX. Suite de discours commencé. Comme chacun doit aimer, quoique non pas pratiquer, tous les conseils évangéliques; et comme néanmoins chacun doit pratiquer ce qu'il peut.L'hospitalité, hors l'extrême nécessité, est un conseil : recevoir l'étranger est le premier degré d'icelui; mais aller sur les avenues des chemins pour les semondre (exhoter, reprendre), comme faisait Abraham, c'est un degré plus haut, et encore plus de se loger ès lieux périlleux, pour retirer, aider et servir les passants : en quoi excella ce grand saint Bernard de Menthon, originaire de ce diocèse, lequel, étant issu d'une maison fort illustre, habita plusieurs années entre les jougs (sommets, quelquefois chaman de montagnes) et cimes de nos Alpes, y assembla plusieurs compagnons, pour attendre, loger, secourir, délivrer des dangers de la tourmente les voyageurs et passants, qui mourraient souvent entre les orages, les neiges et froidures, sans les hôpitaux que ce grand ami de Dieu établit et fonda ès deux monts, qui pour cela sont appelés de son nom, Grand-Saint-Bernard, au diocèse de Sion, et Petit-Saint-Bernard, en celui de Tarentaise. Visiter les malades qui ne sont pas en extrême nécessité, c'est une louable charité; les servir est encore meilleur; mais se dédier à leur service, c'est l'excellence de ce conseil, que les clercs de la Visitation des infirmes exercent par leur propre institut; et plusieurs dames en divers lieux, à l'imitation de ce grand saint Samson, gentilhomme et médecin romain, qui, en la ville de Constantinople, où il fut prêtre, se dédia tout à fait, avec une admirable charité, au service des malades, en un hôpital qu'il y commença, et que l'empereur Justinien éleva et paracheva; à l'imitation des saintes Catherine de Sienne et de Gênes, de sainte Elisabeth de Hongrie, et des glorieux amis de Dieu, saint François et le bienheureux lgnace de Loyola, qui, au commencement de leurs ordres, firent cet exercice avec ardeur et utilité spirituelle incomparable. Les vertus ont donc une certaine étendue de perfection, et, pour l'ordinaire, nous ne sommes pas obligés de les pratiquer en l'extrémité de leur excellence: il suffit d'entrer si avant en l'exercice d'icelles, qu'en effet on y soit. Mais de passer outre, et s'avancer en la perfection, c'est un conseil; les actes héroïques des vertus n'étant pas pour l'ordinaire commandés, ains seulement conseillés. Que si, en quelque occasion, nous nous trouvons obligés de les exercer, cela arrive pour des occurrences rares et extraordinaires, qui les rendent nécessaires à la conservation de la grâce de Dieu. Le bienheureux portier de la prison de Sébaste, voyant l'un des quarante qui étaient lors martyrisés perdre le courage et la couronne du martyre, se mit en sa place, sans que personne le poursuivit, et fut ainsi le quarantième de ces glorieux et triomphants soldats de notre Seigneur. Saint Adauctus, voyant que l'on conduisait saint Félix au martyre: Et moi, dit-il, sans être pressé de personne, je suis aussi bien chrétien que celui-ci, adorant le même Sauveur; puis baisant saint Félix, s'achemina avec lui au martyre, et eut la tête tranchée. Mille des anciens martyrs en firent de même; et pouvant également éviter et subir le martyre sans pécher, ils choisirent de le subir généreusement plutôt que de l'éviter loisiblement (comme ils en avaient le loisir). En ceux-ci donc le martyre fut un acte héroïque de la force et constance qu'un saint excès d'amour leur donna. Mais quand il est force d'endurer le martyre, ou renoncer à la foi, le martyre ne laisse pas d'être martyre, et un excellent acte d'amour et de force; néanmoins je ne sais s'il le faut nommer acte héroïque, n'étant pas choisi par aucun excès d'amour, ains par la nécessité de la loi, qui en ce cas le commande. Or, en la pratique des actes héroïques de la vertu consiste la parfaite imitation du Sauveur, qui, comme dit le grand saint Thomas, eut dès linstant de sa conception toutes les vertus en un degré héroïque; et certes, je dirais volontiers plus qu'héroïque, puisqu'il n'était pas simplement plus qu'homme, mais infiniment plus qu'homme, c'est-à-dire, vrai Dieu. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 22 Oct - 23:04 | |
| CHAPITRE X Comme il se faut conformer à la volonté divine qui nous est signifiée par les inspirations; et premièrement, de la variété des moyens par lesquels Dieu nous inspire.Les rayons du soleil éclairent en échauffant, et échauffent en éclairant. L'inspiration est nu rayon céleste qui porte dans nos coeurs une lumière chaleureuse, par laquelle il nous fait voir le bien, et nous échauffe au pourchas (recherche ardente) d'icelui. Tout ce qui a une vie sur terre s'engourdit au froid de l'hiver; mais au retour de la chaleur vitale du printemps tout reprend son mouvement. Les animaux terrestres courent plus vilement, les oiseaux volent plus hautement et chantent plus gaiement, et les plantes poussent leurs feuilles et leurs fleurs très agréablement. Sans l'inspiration, nos âmes vivraient paresseuses, percluses et inutiles; mais à l'arrivée des divins rayons de l'inspiration, nous sentons une lumière mêlée d'une chaleur vivifiante, laquelle éclaire notre entendement, réveille et anime notre volonté, lui donnant la force de vouloir et faire le bien appartenant au salut éternel. Dieu ayant formé le corps humain du limon de la terre, ainsi que dit Moïse, il inspira en icelui la respiration de vie, et il fut fait en âme vivante, c'est-à-dire en âme qui donnait vie, mouvement et opération au corps; et ce même Dieu éternel souffle et pousse les inspirations de la vie surnaturelle en nos âmes, afin que, comme dit le grand Apôtre, elles soient faites en esprit vivifiant, c'est-à-dire, en esprit qui nous fasse vivre, mouvoir, sentir et ouvrer les oeuvres de la grâce; en sorte que celui qui nous a donné l'être, nous donne aussi l'opération. L'haleine de l'homme échauffe les choses esquelles elle entre, témoin l'enfant de la Sunamite, sur la bouche duquel le prophète Elisée ayant mis la sienne, et haléné sur icelui, sa chair s'échauffa; et l'expérience est toute manifeste. Mais quant au souffle de Dieu, non seulement il échauffe, ains il éclaire parfaitement, d'autant que l'esprit divin est une lumière infinie, duquel le souffle vital est appelé inspiration; d'autant que par icelui cette suprême bonté halène et inspire en nous les désirs et intentions de son coeur. Or, les moyens d'inspirer dont elle use sont infinis. Saint Antoine, saint François, saint Anselme et mille autres, recevaient souvent des inspirations par la vue des créatures. Le moyen ordinaire, c'est la prédication; mais quelquefois ceux auxquels la parole ne profite pas, sont instruits par la tribulation, selon le dire du prophète : L'affliction donnera intelligence à l'ouïe, c'est-à-dire, ceux qui par l'ouïe des menaces célestes sur les méchants ne se corrigent pas, apprendront la vérité par l'événement et les effets, et deviendront sages sentant l'affliction. Sainte Marie Égyptienne fut inspirée par la vue d'une image de Notre-Dame; saint Antoine oyant l'évangile qu'on lit à la messe; saint Augustin, oyant le récit de la vie de saint Antoine; le duc de Gandie, voyant limpératrice morte; saint Pacôme, voyant un exemple de charité; le bienheureux Ignace de Loyola, lisant la vie des saints; saint Cyprien (ce nest pas le grand évêque de Carthage, ains un autre qui fut laïc, mais glorieux martyr) fut touché voyant le diable confesser son impuissance sur ceux qui se confient en Dieu. Lorsque j'étais jeune, à Paris, deux écoliers, dont l'un était hérétique, passant la nuit au faubourg Saint-Jacques en une débauche, ouïrent sonner les matines des chartreux ; et l'hérétique demandant à l'autre à quelle occasion on sonnait, il lui fit entendre avec quelle dévotion on célébrait les offices sacrés en ce saint monastère. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 24 Oct - 7:52 | |
| CHAPITRE X Comme il se faut conformer à la volonté divine qui nous est signifiée par les inspirations; et premièrement, de la variété des moyens par lesquels Dieu nous inspire. O Dieu, dit-il, que l'exercice de ces religieux est différent du nôtre ! ils font celui des anges, et nous celui des bêtes brutes; et voulant voir par expérience, le jour suivant, ce qu'il avait appris par le récit de son compagnon, il trouva ces pères dans leurs formes (stalles de choeur), rangés comme des statues de marbre en une suite de niches immobiles, à toute autre action qu'à celle de la psalmodie, qu'ils faisaient avec une attention et dévotion vraiment angélique, selon la coutume de ce saint ordre; si que ce pauvre jeune homme, tout ravi d'admiration, demeura pris en la consolation extrême qu'il eut de voir Dieu si bien adoré parmi les catholiques, et se résolut, comme il fit par après, de se ranger dans le giron de lEglise, vraie et unique épouse de Celui qui l'avait visité de son inspiration, dans l'infâme litière de l'abomination en laquelle il était. O que bienheureux sont ceux qui tiennent leurs coeurs ouverts aux saintes inspirations! car jamais ils ne manquent de celles qui leur sont nécessaires pour bien et dévotement vivre en leurs conditions, et pour saintement exercer les charges de leurs professions. Car comme Dieu donne, par l'entremise de la nature, à chaque animal les instincts qui lui sont requis pour sa conservation et pour l'exercice de ses propriétés naturelles; aussi, si nous ne résistons pas à la grâce de Dieu, il donne à chacun de nous les inspirations nécessaires pour vivre, opérer, et nous conserver en la vie spirituelle. Hé! Seigneur, disait le fidèle Eliézer, voici que je suis près de cette fontaine d'eau; et les filles de cette cité sortiront pour puiser de l'eau. La jeune fille donc à laquelle je dirai: Penchez votre cruche, afin que je boive, et eue répondra : Buvez, ains je donnerai encore à boire à vos chameaux; c'est celle-là que vous avez préparée pour votre serviteur Isaïe. Théotime, Éliézer ne se laisse entendre de désirer de l'eau que pour sa personne; mais la belle Rébecca, obéissant à l'inspiration que Dieu et sa débonnaireté lui donnaient, s'offre d'abreuver encore les chameaux. Pour cela elle fut rendue épouse du saint Isaac, belle-fille du grand Abraham, et grandmère du Sauveur. Les âmes certes qui ne se contentent pas de faire ce que par les commandements et conseils le divin époux requiert d'elles, mais sont promptes à suivre les sacrées inspirations, ce sont celles que le Père éternel a préparées pour être épouses de son Fils bien-aimé. Et quant à son Eliézer, parce qu'il ne peut autrement discerner entre les filles de Haran, ville de Nachor, celle qui était destinée au fils de son maître, Dieu la lui fait connaître par inspiration. Quand nous ne savons que faire, et que l'assistance humaine nous manque en nos perplexités, Dieu alors nous inspire. Et si nous sommes humblement obéissants, il ne permet point que nous errions. Or, je ne dis rien de plus de ces inspirations nécessaires, pour en avoir souvent parié en cet oeuvre, et encore en l' Introduction à la vie dévote. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 24 Oct - 22:54 | |
| CHAPITRE XI De l'union de notre volonté à celle de Dieu ès inspirations qui sont données pour la pratique extraordinaire des vertus et de la persévérance en la vocation, première marque de l'inspiration. Il y a des inspirations qui tendent seulement à une extraordinaire perfection des exercices ordinaires de la vie chrétienne. La charité envers les pauvres malades est un exercice ordinaire des vrais chrétiens, mais exercice ordinaire qui fut pratiqué en perfection extraordinaire par saint François et sainte Catherine de Sienne, quand ils léchaient et suçaient les ulcères des lépreux et chancreux; et par le glorieux saint Louis, quand il servait à genoux et tête nue les malades, dont un abbé de Cîteaux demeura tout éperdu d'admiration, le voyant en cette posture manier et agencer un misérable ulcéré de plaies horribles et chancreuses. Comme encore c'était une pratique bien extraordinaire de ce saint monarque de servir à table les pauvres les plus vils et abjects, et manger les restes de leurs potages. Saint Jérôme, recevant en son hôpital de Bethléem les pèlerins d'Europe qui fuyaient la persécution des Goths, ne leur l'avait pas seulement les pieds, mais s'abaissait jusque-là que de laver encore et de frotter les jambes de leurs chameaux; à l'exemple de Rébecca dont nous parlions naguères, qui non seulement puisa de l'eau pour Eliézer, mais aussi pour ses chameaux. Saint François ne fut pas seulement extrême en la pratique de la pauvreté, comme chacun sait, mais il le fut encore en celle de la simplicité. Il racheta tut agneau, de peur qu'on ne le tuât, parce qu'il représentait Notre-Seigneur. Il portait respect presque à toutes créatures, en contemplation de leur Créateur, par une non accoutumée, mais très prudente simplicité. Telles fois il s'est amusé à retirer les vermisseaux du chemin, afin que quelqu'un ne les foulât au passage, se ressouvenant que son Sauveur s'était parangonné (comparé) au vermisseau, Il appelait les créatures ses frères et soeurs, par certaine considération admirable que le saint amour lui suggérait. Saint Alexis, seigneur de très noble extraction, pratiqua excellemment l'abjection de soi-même, demeurant dix-sept ans inconnu chez son propre père à Rome en qualité de pauvre pèlerin. Toutes ces inspirations furent, pour des exercices ordinaires, pratiquées néanmoins en perfection extraordinaire. Or, en cette sorte d'inspiration, il faut observer les règles que nous avons données pour les désirs en notre Introduction. Il ne faut pas vouloir suivre plusieurs exercices à la fois et tout à coup; car souvent l'ennemi tâche de nous faire entreprendre et commencer plusieurs desseins, afin qu'accablés de trop de besogne nous n'achevions rien et laissions tout imparfait. Quelquefois mêmement, il nous suggère la volonté d'entreprendre, de commencer quelque excellente besogne, laquelle il prévoit que nous n'accomplirons pas, pour nous détourner d'en poursuivre une moins excellente que nous eussions aisément achevée; car il ne se soucie point qu'on fasse force desseins et commencements, pourvu qu'on n'achève rien. Il ne veut pas empêcher, non plus que Pharaon, que les mystiques femmes d'Israël, c'est-à-dire les âmes chrétiennes, enfantent des mâles, pourvu qu'avant qu'ils croissent on les tue. Au contraire, dit le grand saint Jérôme, entre les chrétiens, on n'a pas tant dégard au commencement qu'à la fin. Il ne faut pas tant avaler de viande qu'on ne puisse faire la digestion de ce que l'on en prend. L'esprit séducteur nous arrête au commencement et nous fait contenter du printemps fleuri : mais l'esprit divin ne nous fait regarder le commencement que pour parvenir à la fin, et ne nous fait réjouir des fleurs du printemps que pour la prétention de jouir des fruits de l'été et de l'automne. Source : Livres-mystiques.com | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 25 Oct - 23:31 | |
| CHAPITRE XI De l'union de notre volonté à celle de Dieu ès inspirations qui sont données pour la pratique extraordinaire des vertus et de la persévérance en la vocation, première marque de l'inspiration.Le grand saint Thomas est d'opinion qu'il n'est pas expédient de beaucoup consulter et longuement délibérer sur l'inclination que l'on a d'entrer dans une bonne et bien formée religion; et il a raison : car la religion étant conseillée par notre Seigneur en l'Evangile, qu'est-il besoin de beaucoup de consultations? Il suffit d'en faire une bonne avec quelque peu de personnes qui soient bien prudentes et capables de telle affaire, et que nous puissent aider à prendre une courte et solide résolution. Mais dès que nous avons délibéré et résolu, et en ce sujet, et en tout autre qui regarde le service de Dieu, il faut être fermes et invariables, sans se laisser nullement ébranler par aucune sorte d'apparence de plus grand bien, car bien souvent, dit le glorieux saint Bernard, le malin esprit nous donne le change, et, pour nous détourner d'achever un bien, il nous en propose un autre qui semble meilleur, lequel, après que nous avons commencé, pour nous divertir de le parfaire, il en présente un troisième se contentant que nous fassions plusieurs commencements, pourvu que nous ne fassions point de fine. Il ne faut pas même passer dune religion en une autre, sans des motifs grandement considérables, dit saint Thomas après l'abbé Nestorius rapporté par Cassian. J'emprunte au grand saint Anselme, écrivant à Lauzon, une belle similitude. Comme un arbrisseau souvent transplanté ne saurait prendre racine ni par conséquent venir à sa perfection, et rendre le fruit désiré; ainsi l'âme qui transplante son coeur de dessein en dessein ne saurait profiter, ni prendre la juste croissance de sa perfection, puisque la perfection ne consiste pas en commencements, mais en accomplissements. Les animaux sacrés d'Ezéchiel allaient où l'impétuosité de l'esprit les portait, et ne se retournaient point en marchant, mais un chacun, s'avançait cheminant devant sa face. Il faut aller où l'inspiration nous pousse, et ne point se revirer ni retourner en arrière, ains marcher du côté où Dieu a contourné notre face, sans changer de visée. Qui est en bon chemin, qu'il se sauve. Il arrive que l'on quitte quelquefois le bien pour chercher le mieux, et que laissant l'un on ne trouve pas l'autre. Mieux vaut la possession d'un petit trésor trouvé que la prétention d'un plus grand qu'il faut aller chercher. L'inspiration est suspecte qui nous pousse à quitter un vrai bien que nous avons présent, pour en pourchasser un meilleur à venir. Un jeune homme portugais, nommé François Bassus, était admirable, non seulement en l'éloquence divine, mais en la pratique des vertus, sous la discipline du bienheureux Philippe Nérius, en sa congrégation de l'Oratoire de Rome. Or, il crut d'être inspiré de quitter cette sainte société pour se rendre en une religion formelle (un ordre religieux proprement dit), et enfin se résolut à cela. Mais le bienheureux Philippe, assistant à sa réception en l'ordre de Saint-Dominique, pleurait amèrement; dont étant interrogé par François-Marie Tauruse, qui depuis fut archevêque de Sienne et cardinal, pourquoi il jetait des larmes: Je déplore, dit-il, la perte de tant de vertus. Et de fait, ce jeune homme si excellemment sage et dévot en la congrégation, sitôt qu'il fut en la religion, devint tellement inconstant et volage, qu'agité de divers désirs de nouveautés et changements, il donna par après de grands et fâcheux scandales. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 27 Oct - 0:07 | |
| CHAPITRE XI De l'union de notre volonté à celle de Dieu ès inspirations qui sont données pour la pratique extraordinaire des vertus et de la persévérance en la vocation, première marque de l'inspiration.Si l'oiseleur va droit au nid de la perdrix, elle se présentera à lui et contrefera l'errénée (plutôt érénée pour éreintée) et boiteuse, et se lançant comme pour faire grand vol, se laissera tout à coup tomber, comme si elle n'en pouvait plus, afin que le chasseur s'amusant après elle, et croyant qu'il la pourra aisément prendre, soit diverti de rencontrer ses petits hors du nid; puis comme il la quelque temps suivie, et qu'il cuide l'attraper, elle prend l'air et s'échappe. Ainsi notre ennemi voyant un homme qui, inspiré de Dieu, entreprend une profession et manière de vivre propre à son avancement en l'amour céleste, il lui persuade de prendre une autre voie de plus grande perfection en apparence, et l'ayant dévoyé de son premier chemin, il lui rend petit à petit impossible la suite du second, et lui en propose un troisième, afin que l'occupant en la recherche continuelle de divers et nouveaux moyens pour se perfectionner, il l'empêche d'en employer aucun, et par conséquent de parvenir à la fin pour laquelle il les cherche, qui est la perfection. Les jeunes chiens à tous rencontres quittent la meute et tirent au change; mais les vieux, qui sont sages, ne prennent jamais le change, ains suivent toujours les erres (traces et routes d'un cerf) sur lesquelles ils sont. Qu'un chacun donc ayant trouvé la très sainte volonté de Dieu en sa vocation, demeure saintement et amoureusement en icelle, y pratiquant les exercices convenables selon l'ordre de ta discrétion, et avec le zèle de la perfection. CHAPITRE XII De l'union de la volonté humaine à celle de Dieu ès inspirations qui sont contre les lois ordinaires, et de la paix et douceur de coeur, seconde marque de l'inspiration.Il se faut donc comporter ainsi, Théotime, ès inspirations qui ne sont extraordinaires que d'autant quelles nous incitent à pratiquer avec une extraordinaire ferveur et perfection les exercices ordinaires du chrétien. Mais il y a d'autres inspirations que l'on appelle extraordinaires, non seulement parce qu'elles font avancer L'âme au delà du train ordinaire, mais aussi parce qu'elles la portent à des actions contraires aux lois, règles et coutumes communes de la très sainte Église, et qui partant sont plus admirables quimitables. La sainte demoiselle que les historiens appellent Eusèbe l'étrangère, quitta Rome, sa patrie, et s'habillant en garçon avec deux autres filles, s'embarqua pour aller outre mer, et passa en Alexandrie, et de là en lîle de Cô (cos), où se voyant en assurance, elle reprit les habits de son sexe, et se remettant sur mer, elle alla au pays de Carie, en la ville de Mylassa, où le grand Paul qui l'avait trouvée en Cô, et l'avait prise sous sa conduite spirituelle, la mena, et où par après étant devenu évêque, il la gouverna si saintement qu'elle dressa un monastère, et s'employa au service de l'Église en l'office qu'en ce temps-là on appelait de diacresse (diaconesse), avec tant de charité, quelle mourut enfin toute sainte, et fut reconnue pour telle par une grande multitude de miracles que Dieu fit par ses reliques et intercessions. De s'habiller des habits du sexe duquel on n'est pas, et s'exposer ainsi déguisé au voyage avec des hommes, cela est non seulement au delà, mais contraire aux règles ordinaires de la modestie chrétienne. Un jeune homme donna un coup de pied à sa mère, et touché de vive repentance s'en vint confesser à saint Antoine de Padoue, qui, pour lui imprimer plus vivement en l'âme l'horreur de son péché, lui dit entrautres choses : Mon enfant, le pied qui a servi d'instrument à votre malice, pour un si grand forfait, mériterait d'être coupé : ce que le garçon prit si à coeur, quétant de retour chez sa mère, ravi du sentiment de sa contrition, il se coupa le pied. Les paroles du saint n'eussent pas eu cette force selon leur portée ordinaire, si Dieu n'y eût ajouté son inspiration, mais inspiration si extraordinaire qu'on croirait que ce fut plutôt une tentation, si le miracle de la réunion de ce pied coupé, fait par la bénédiction du saint, ne l'eût autorisée. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 28 Oct - 0:17 | |
| CHAPITRE XII De l'union de la volonté humaine à celle de Dieu ès inspirations qui sont contre les lois ordinaires, et de la paix et douceur de coeur, seconde marque de l'inspiration.Saint Paul, premier ermite, saint Antoine, sainte Marie Égyptiaque, ne se sont pas abîmés en ces vastes solitudes, privés d'ouïr la messe, de communier et de se confesser, et privés, jeunes gens qu'ils étaient encore, de conduite et de toute assistance, sans une forte inspiration. Le grand Siméon Stylite fit une vie quhomme du monde n'eût pu penser ni entreprendre sans l'instinct et l'assistance céleste. Saint Jean, évêque, surnommé le Silentiaire, quittant son évêché à l'insu de tout son clergé, alla passer le reste de ses jours au monastère de Laura, sans qu'on pût oncques avoir de ses nouvelles : cela n'était-ce pas contre les règles de la très sainte résidence? Et le grand saint Paulin, qui se vendit pour racheter l'enfant d'une pauvre veuve, comme le pouvait-il faire selon les lois ordinaires, puisqu'il n'était pas sien, ains à son église et au public par la consécration épiscopale? Ces filles et femmes qui, poursuivies pour leur beauté, défigurèrent leurs visages par des blessures volontaires, afin de garder leur chasteté sous la faveur d'une sainte laideur, ne faisaient-elles pas chose, ce semble, défendue? Or, une des meilleures marques de la bonté de toutes les inspirations, et particulièrement des extraordinaires, c'est la paix et la tranquillité du coeur qui les reçoit; car l'esprit divin est voirement violent, mais d'une violence douce, suave et paisible. Il vient comme un vent impétueux et comme un foudre céleste, mais il ne renverse point les apôtres, il ne les trouble point : la frayeur qu'ils reçoivent de son bruit est momentanée, et se trouve soudain suivie d'une douce assurance. C'est pourquoi ce feu s'assied sur un chacun d'iceux , comme y prenant et donnant son sacré repos; et comme le Sauveur est appelé paisible ou pacifique Salomon, aussi son épouse est appelée Sulamite, tranquille et fille de paix et la voix, c'est-à-dire l'inspiration de l'époux, ne l'agite rit la trouble nullement, ains l'attire si suavement qu'il la fait doucement fondre, et comme écouler son âme en lui : Mon âme, dit-elle, s'est fondue, quand mon bien-aimé a parlé. Et bien qu'elle soit belliqueuse et guerrière, si est-ce que (toujours est-il que) tout ensemble elle est tellement paisible, qu'emmi les armées et batailles, elle continue les accords d'une mélodie nonpareille. Que verrez-vous, dit-elle, en la Sulamite, sinon les choeurs des armées ? Ses armées sont des choeurs, c'est-à-dire des accords de chantres; et ses chantres sont des armées, parce que les armes de l'Église et de l'âme dévote ne sont autre chose que les oraisons, les hymnes, les cantiques et les psaumes. Ainsi les serviteurs de Dieu qui ont eu les plus hautes et relevées inspirations, ont été les plus doux et paisibles de l'univers Abraham, Isaac et Jacob. Moïse est qualifié le plus débonnaire dentre tous les hommes; David est recommandé par sa mansuétude. Au contraire, l'esprit malin est turbulent, âpre, remuant; et ceux qui suivent sus suggestions infernales, cuidant que ce soient inspirations célestes, sont ordinairement connaissables, parce qu'ils sont inquiets, têtus, fiers, entrepreneurs et remueurs d'affaires, qui, sous le prétexte de zèle, renversent tout sens dessus dessous, censurent tout le monda, tancent un chacun, blâment toutes choses: gens sans conduite, sans condescendance, qui ne supportent rien, exerçant les passions de l'amour-propre sous le nom de la jalousie de l'honneur divin. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 28 Oct - 23:39 | |
| CHAPITRE XII De l'union de la volonté humaine à celle de Dieu ès inspirations qui sont contre les lois ordinaires, et de la paix et douceur de coeur, seconde marque de l'inspiration.Saint Paul, premier ermite, saint Antoine, sainte Marie Égyptiaque, ne se sont pas abîmés en ces vastes solitudes, privés d'ouïr la messe, de communier et de se confesser, et privés, jeunes gens qu'ils étaient encore, de conduite et de toute assistance, sans une forte inspiration. Le grand Siméon Stylite fit une vie quhomme du monde n'eût pu penser ni entreprendre sans l'instinct et l'assistance céleste. Saint Jean, évêque, surnommé le Silentiaire, quittant son évêché à l'insu de tout son clergé, alla passer le reste de ses jours au monastère de Laura, sans qu'on pût oncques avoir de ses nouvelles : cela n'était-ce pas contre les règles de la très sainte résidence? Et le grand saint Paulin, qui se vendit pour racheter l'enfant d'une pauvre veuve, comme le pouvait-il faire selon les lois ordinaires, puisqu'il n'était pas sien, ains à son église et au public par la consécration épiscopale? Ces filles et femmes qui, poursuivies pour leur beauté, défigurèrent leurs visages par des blessures volontaires, afin de garder leur chasteté sous la faveur d'une sainte laideur, ne faisaient-elles pas chose, ce semble, défendue? Or, une des meilleures marques de la bonté de toutes les inspirations, et particulièrement des extraordinaires, c'est la paix et la tranquillité du coeur qui les reçoit; car l'esprit divin est voirement violent, mais d'une violence douce, suave et paisible. Il vient comme un vent impétueux et comme un foudre céleste, mais il ne renverse point les apôtres, il ne les trouble point : la frayeur qu'ils reçoivent de son bruit est momentanée, et se trouve soudain suivie d'une douce assurance. C'est pourquoi ce feu s'assied sur un chacun d'iceux , comme y prenant et donnant son sacré repos; et comme le Sauveur est appelé paisible ou pacifique Salomon, aussi son épouse est appelée Sulamite, tranquille et fille de paix et la voix, c'est-à-dire l'inspiration de l'époux, ne l'agite rit la trouble nullement, ains l'attire si suavement qu'il la fait doucement fondre, et comme écouler son âme en lui : Mon âme, dit-elle, s'est fondue, quand mon bien-aimé a parlé. Et bien qu'elle soit belliqueuse et guerrière, si est-ce que (toujours est-il que) tout ensemble elle est tellement paisible, qu'emmi les armées et batailles, elle continue les accords d'une mélodie nonpareille. Que verrez-vous, dit-elle, en la Sulamite, sinon les choeurs des armées ? Ses armées sont des choeurs, c'est-à-dire des accords de chantres; et ses chantres sont des armées, parce que les armes de l'Église et de l'âme dévote ne sont autre chose que les oraisons, les hymnes, les cantiques et les psaumes. Ainsi les serviteurs de Dieu qui ont eu les plus hautes et relevées inspirations, ont été les plus doux et paisibles de l'univers Abraham, Isaac et Jacob. Moïse est qualifié le plus débonnaire dentre tous les hommes; David est recommandé par sa mansuétude. Au contraire, l'esprit malin est turbulent, âpre, remuant; et ceux qui suivent sus suggestions infernales, cuidant que ce soient inspirations célestes, sont ordinairement connaissables, parce qu'ils sont inquiets, têtus, fiers, entrepreneurs et remueurs d'affaires, qui, sous le prétexte de zèle, renversent tout sens dessus dessous, censurent tout le monda, tancent un chacun, blâment toutes choses: gens sans conduite, sans condescendance, qui ne supportent rien, exerçant les passions de l'amour-propre sous le nom de la jalousie de l'honneur divin. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 30 Oct - 0:02 | |
| CHAPITRE XIII Troisième marque de l'inspiration, qui est la sainte obéissance à l'Eglise et aux supérieurs.Mais voyez, Théotime, je vous prie, comme ces anciens et saints anachorètes, un leur assemblée générale, ne trouvent point de marque plus assurée de l'inspiration céleste eu un sujet si extraordinaire, comme fut la vie de ce grand Stylite, que de le voir simple, doux et maniable sous les lais de la très sainte obéissance : aussi Dieu, bénissant la soumission du ce grand homme, lui donna la grâce de persévérer trente ans entiers sur une colonne haute de trente-six coudées après avoir déjà été sept ans sur les autres colonnes de six, de douze et de vingt pieds de hauteur, et ayant auparavant été dix ans sur une petite pointe de rocher au lieu appelé la Mandre (montagne de Syrie, placée, disent les historiens, près du bourg de Télanisse.) Ainsi cet oiseau de paradis, vivant en l'air sans toucher terre, fut un spectacle d'amour pour les anges, et d'admiration pour les humains. Tout est assuré en l'obéissance, tout est suspect hors de l'obéissance. Quand Dieu jette des inspirations dans un coeur, la première qu'il répand c'est celle de l'obéissance. Mais y eut-il jamais une pieuse illustre et sensible inspiration que celle qui fut donnée au glorieux saint Paul? Or, le chef principal d'icelle fat qu'il allât en la cité, en laquelle il apprendrait par la bouche d'Ananie ce qu'il avait à faire; et cet Ananie, homme grandement célèbre, était, comme dit saint Dorotisée, évêque de Damas. Quiconque dit qu'il est inspiré, et refuse d'obéir aux supérieurs et suivre leurs avis, il est un imposteur. Tous les prophètes et prédicateurs qui ont été inspirés de Dieu, ont toujours aimé, l'Eglise, toujours adhéré à sa doctrine, toujours aussi été approuvés par icelle, et nont jamais rien annoncé si fortement que cette vérité: que les lèvres du prêtre gardaient la science, et qu'on devait requérir la loi de sa bouche. De sorte que les missions extraordinaires sont des illusions diaboliques, et non des inspirations célestes, si elles ne sont reconnues et approuvées par les pasteurs, qui sont de la mission ordinaire; car ainsi saccordent Moïse et les prophètes. Saint Français, saint Dominique, et les autres pères des ordres religieux, vinrent au service des âmes par une inspiration extraordinaire, mais ils se soumirent d'autant plus humblement et cordialement à la sacrée hiérarchie de l'Église. En somme, les trois meilleures et plus assurées marques des légitimes inspirations sont la persévérance, contre l'inconstance et légèreté; ta paix et douceur du coeur, contre les inquiétudes et empressements, l'humble obéissance ; contre l'opiniâtreté et bizarrerie. Et pour conclure tout ce que nous avons dit de l'union de notre volonté à celle de Dieu qu'on appelle signifiée, presque toutes les herbes qui ont les fleurs jaunes, et même la chicorée sauvage qui les a bleues, les tournent toujours du côté du soleil, et suivent ainsi son contour ; mais l'héliotropium (tournesol) ne contourne pas seulement ses fleurs, ains encore toutes. Ses feuilles à la suite de ce grand luminaire; de même tous les élus tournent la fleur de leur coeur, qui est l'obéissance aux commandements du côté de la volonté divine; mais les lImes vivement éprises du saint amour ne regardent pas seulement cette divine bonté par l'obéissance aux commandements, ains aussi par l'union de toutes leurs affections, suivant le contour de ce divin soleil en tout ce qu'il leur commande, conseille et inspire, sans réserve ni exception quelconque dont elles peuvent dire avec le sacré Psalmiste: Seigneur, vous avez empoigné ma main droite et m'avez conduit en votre volonté, et m'avez recueilli avec beaucoup de gloire. J'ai du faire comme un cheval envers vous, et je suis toujours avec vous; car comme un cheval bien dressé se manie aisément, doucement et justement, en toutes façons, par l'écuyer qui le monte, aussi l'âme amante est si souple à la volonté de Dieu, quil en fait tout ce quil veut. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 30 Oct - 23:03 | |
| CHAPITRE XIV Briève méthode pour connaître la volonté de Dieu.Saint Basile dit que la volonté de Dieu nous est témoignée par ses ordonnances ou commandements, et que lors il n'y a rien à délibérer; car il faut faire simplement ce qui est ordonné: mais que pour le reste il est en notre liberté de choisir à notre gré ce que bon nous semblera, bien qu'il ne faille pas faire tout ce qui est loisible, ains seulement ce qui est expédient; et qu'enfin, pour bien discerner ce qui est convenable, il faut ouïr l'avis du sage père spirituel. Mais, Théotime, je vous avertis d'une tentation ennuyeuse qui arrive maintes fois aux âmes qui ont un grand désir de suivre en toutes choses ce qui est plus selon la volonté de Dieu; car l'ennemi en toutes occurrences, les met en doute si c'est la volonté de Dieu qu'elles fassent une chose plutôt qu'une autre ; comme, par exemple, si c'est la volonté de Dieu qu'elles mangent avec l'ami, ou qu'elles ne mangent pas, qu'elles prennent des habits gris ou noirs, qu'elles jeûnent le vendredi ou le samedi, qu'elles aillent à la récréation ou qu'elles s'en abstiennent, en quoi elles consument beaucoup de temps; et tandis qu'elles s'occupent et embarrassent à vouloir discerner ce qui est meilleur, elles perdent inutilement le loisir de faire plusieurs biens, desquels l'exécution serait plus à la gloire de Dieu, que ne saurait être le discernement du bien et du mieux auquel elles se sont amusées. On n'a pas accoutumé de peser la menue monnaie, ains seulement les pièces d'importance. Le trafic (commerce en général) serait trop ennuyeux et mangerait trop de temps s'il fallait peser les sols, les liards, les deniers et les pites (petite monnaie de cuivre, frappée à Poitiers, lat. Pictavum, valant le quart d'un denier.) Ainsi ne doit-on pas peser toutes sortes de menues actions pour savoir si elles valent mieux que les autres. Il y a même bien de la superstition à vouloir faire cet examen: car à quel propos mettra-t-on en difficulté s'il est mieux d'ouïr la messe en une église qu'en une autre, de filer que de coudre, de donner l'aumône à un homme qu'à une femme? Ce n'est pas bien servir un maître d'employer autant de temps à considérer ce quil faut faire, comme à faire ce qui est requis. Il faut mesurer notre attention à l'importance de ce que nous entreprenons: ce serait un soin déréglé de prendre autant de peine à délibérer pour faire un voyage d'une journée, comme pour celui de trois ou quatre cents, lieues. Le chois de la vocation, le dessein de quelque affaire de longue conséquence, de quelque oeuvre de longue haleine, ou de quelque dépense bien grande, le changement de séjour, l'élection des conversations, et telles semblables choses, méritent qu'on pense sérieusement ce qui est plus selon la volonté divine. Mais ès menues actions journalières, esquelles même la faute n'est ni de conséquence, ni irréparable, qu'est-il besoin de faire l'embesogné (fort occupé à une besogne), l'attentif et l'empêché à faire des importunes consultations? A quel propos me mettrai-je en dépense pour apprendre si Dieu aime mieux que je dise le rosaire ou l'office de Notre-Dame, puisqu'il ne saurait y avoir tant de différence entre l'un et l'autre qu'il faille pour cela taire une grande enquête? que j'aille plutôt à l'hôpital visiter les malades qu'à vêpres, que j'aille plutôt au sermon qu'en une église où il y a indulgence ? Il n'y a rien pour l'ordinaire de si apparemment remarquable en l'un plus qu'en l'autre, qu'il faille pour cela entrer en grande délibération. Il faut aller tout à la bonne foi et sans subtilité on telles occurrences; et, comme dit saint Basile, faire librement ce que bon nous semblera, pour ne point lasser notre esprit, perdre le temps, et nous mettre en danger d'inquiétude, scrupule et superstition. Or, j'entends toujours quand il n'y a pas grande disproportion entre une oeuvre et l'autre, et qu'il ne se rencontre point de circonstance considérable d'une part plus que de l'autre. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 31 Oct - 22:13 | |
| CHAPITRE XIV Briève méthode pour connaître la volonté de Dieu.Es choses mêmes de conséquence, il faut être bien humble, et ne point penser de trouver la volonté de Dieu à force d'examen et de subtilité de discours. Mais après avoir demandé la lumière du Saint-Esprit, appliqué notre considération à la recherche de son bon plaisir, pris le conseil de notre directeur, et, s'il y échoit, de deux ou trois autres personnes spirituelles, il se faut résoudre et déterminer au nom de Dieu, et ne faut plus par après révoquer en doute notre choix, mais le cultiver et soutenir dévotement, paisiblement et constamment. Et bien que les difficultés, tentations et diversités d'événements qui se rencontrent au progrès de l'exécution de notre dessein, nous pourraient donner quelque défiance d'avoir bien choisi, il faut néanmoins demeurer fermes, et ne point regarder tout cela, ains considérer que si nous eussions fait un autre choix, nous eussions peut-être trouvé cent fois pis: outre que nous ne savons pas si Dieu veut que nous soyons exercés en la consolation ou en la tribulation, en la paix ou en la guerre. La résolution étant saintement prise, il ne faut jamais douter de la sainteté de l'xécution : car, s'il ne tient à nous, elle ne peut manquer; faire autrement, c'est une marque d'un grand amour-propre ou d'enfance, faiblesse ou niaiserie d'esprit. LIVRE NEUVIÈME DE L'AMOUR DE SOUMISSION, PAR LEQUEL NOTRE VOLONTÉ S'UNIT AU BON PLAISIR DE DIEU.
CHAPITRE PREMIER. De l'union de notre volonté avec la volonté divine qu'on appelle volonté de bon plaisir.Rien ne se fait, hormis le péché, que par la volonté de Dieu, qu'on appelle volonté absolue et de bon plaisir, que personne ne peut empêcher, et laquelle ne nous est point connue que parles effets, qui, étant arrivés, nous manifestent que Dieu les a voulus et desseignés (marqués dans ses desseins). 1° Considérons en bloc, Théotime, tout ce qui a été, qui est, et qui sera; et tout ravis d'étonnement, nous serons contraints d'exclamer, à l'imitation du Psalmiste : O Seigneur, je vous louerai, parce que vous êtes excessivement magnifié; vos oeuvres sont merveilleuses, et mon âme le reconnaît trop plus (au delà du nécessaire). Votre science est admirable au-dessus de moi, elle prévaut, et je ne puis y atteindre . Et de là nous passerons à la très sainte complaisance, nous réjouissant de quoi Dieu est si infini en sagesse, puissance et bonté, qui sont les trois propriétés divines, desquelles l'univers n'est qu'un petit essai et comme une montre. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 2 Nov - 8:01 | |
| CHAPITRE PREMIER. De l'union de notre volonté avec la volonté divine qu'on appelle volonté de bon plaisir.2° Voyons les hommes et les anges, et toute cette variété de natures, de qualités, conditions, facultés, affections, passions, grâces et privilèges que la suprême Providence a établie en la multitude innombrable de ces intelligences célestes et des personnes humaines, esquelles est si admirablement exercée la justice et Miséricorde Divine; et nous ne pourrons nous contenir de chanter avec une joie pleine de respect et de crainte amoureuse J'ai pour objet de mon cantique La justice et le jugement; Je vous consacre ma musique, O Dieu tout juste et tout clément ! Théotime, nous devons avoir une extrême complaisance de voir comme Dieu exerce sa Miséricorde par tant de diverses faveurs qu'il distribue aux anges et aux hommes, au ciel et en la terre, et comme il pratique sa justice par une infinie variété de peines et châtiments: car sa ,justice et sa Miséricorde sont également aimables et admirables en elles-mêmes, puisque l'une et lautre ne sont autre chose qu'une même très unique bonté et divinité. Mais d'autant que les effets de sa justice nous sont âpres et pleins damertume, il les adoucit toujours par le mélange de ceux de sa Miséricorde, et fait quemmi (parmi) les eaux du déluge de sa juste indignation, l'olive verdoyante soit conservée, et que l'âme dévote, comme une chaste colombe, l'y puisse enfle trouver, si toutefois elle veut bien amoureusement méditer à la façon des colombes. Ainsi la mort, les afflictions, les sueurs, les travaux dont notre vie abonde, qui, par la juste ordonnance de Dieu, sont les peines du péché, sont aussi, par sa douce Miséricorde, des échelons pour monter an ciel, des moyens pour profiter en la grâce et des mérites pour obtenir la gloire. Bienheureuse sont la pauvreté, la faim, la soif, la tristesse, la maladie, a mort, la persécution : car ce sont voirement (certainement) des équitables punitions de nos fautes, mais punitions tellement tempérées, et, comme parlent les médecins, tellement aromatisées de la suavité, débonnaireté et clémence divine, que leur amertume est très aimable. Chose étrange, mais véritable, Théotime ! si les damnés n'étaient aveuglés de leur obstination et de la haine qu'ils ont contre Dieu, ils trouveraient de la consolation en leurs peines et verraient la Miséricorde Divine admirablement mêlée avec les flammes qui les brûlent éternellement. Si que (tellement que) les saints, considérant, d'une part, les tourments des damnés si horribles et effroyables, ils eu louent la justice divine, et s'écrient : Vous êtes juste, ô Dieu ! vous êtes équitable La justice à jamais règne en vos jugements. Mais voyant d'autre part que ces peines, quoique éternelles et incompréhensibles, sont toutefois moindres de beaucoup que les coulpes et crimes pour lesquels elles sont infligées, ravis de l'infinie Miséricorde de Dieu: O Seigneur, diront-ils, que vous êtes bon! puisque, au plus fort de votre ire, vous ne pouvez contenir le torrent de vos Miséricordes, qu'elles n'écoulent leurs eaux dans les impiteuses flammes de l'enfer. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 3 Nov - 7:50 | |
| CHAPITRE PREMIER. De l'union de notre volonté avec la volonté divine qu'on appelle volonté de bon plaisir.Vous n'avez oublié la bonté de votre âme, Non pas même jetant les damnés dans la flamme De l'enfer éternel, emmi votre fureur, Vous n'avez su garder votre sainte douceur; De répandre les traits de sa compassion Emmi les justes coups de la punition. 3° Venons par après à nous-mêmes en particulier, et voyons une quantité de biens intérieurs et extérieurs, comme aussi un nombre très grand de peines intérieures et extérieures que la Providence divine nous a préparées selon sa très sainte justice et Miséricorde; et comme ouvrant les bras de notre consentement, embrassons tout cela très amoureusement, acquiesçant à sa très sainte volonté, et chantant à Dieu, par manière d'un hymne d'éternel acquiescement : Votre volonté soit faite en la terre comme au ciel. Oui, Seigneur, votre volonté soit faite en la terre, où nous n'avons point de plaisir sans mélange de quelque douleur, point de rose sans épines, point de jour sans la suite d'une nuit, point de printemps sans qu'il soit précédé de l'hiver, en la terre, Seigneur, où les consolations sont rares, et les travaux innombrables. O Dieu! néanmoins que votre volonté soit faite, non seulement en l'exécution de vos commandements, conseils et inspirations qui doivent être pratiqués par nous, mais aussi en la souffrance des afflictions et peines qui doivent être reçues en nous, afin que votre volonté fasse par nous, pour nous, en nous et de nous, tout ce qu'il lui plaira. CHAPITRE II Que l'union de notre volonté au bon plaisir de Dieu se fait principalement ès tribulations.Les peines, considérées en elles-mêmes, ne peuvent être aimées; mais regardées en leur origine, c'est-à-dire, en la providence et volonté divine qui les ordonnent, et sont infiniment aimables. Voyez la verge de Moise en terre, c'est un serpent effroyable: voyez-la en la main de Moise, c'est une baguette de merveilles. Voyez les tribulations en elles-mêmes, elles sont affreuses: voyez-les en la volonté de Dieu, elles sont des amours et des délices. Combien de fois nous est-il arrivé d'avoir à contre-coeur les remèdes et médicaments tandis que le médecin ou l'apothicaire les présentait, et que nous étant offerts par quelque main bien-aimée, l'amour surmontant l'horreur, nous les recevions avec joie! Certes, ou l'amour ôte l'âpreté du travail, ou il rend le sentiment aimable. On dit qu'en Béotie il y a un fleuve dans lequel les poissons paraissent tout d'or : mais ôtez-les de ces eaux qui sont le lieu de leur origine, ils ont la couleur naturelle des autres poissons. Les afflictions sont comme cela. Si nous les regardons hors de la volonté de Dieu, elles ont leur amertume naturelle; mais qui les considère en ce bon plaisir éternel, elles sont toutes d'or, aimables et précieuses plaies qu'il ne se peut dire. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 3 Nov - 23:34 | |
| CHAPITRE II Que l'union de notre volonté au bon plaisir de Dieu se fait principalement ès tribulations.Si le grand Abraham eût vu la nécessité de tuer son fils hors la volonté de Dieu, pensez, Théotime, combien de peines et de convulsions de coeur il eût souffertes: mais la voyant dans le bon plaisir de Dieu, elle lui est toute d'or, et il l'embrasse tendrement. Si les martyrs eussent vu leurs tourments hors ce bon plaisir, comment eussent-ils pu chanter entre les fers et les flammes? Le coeur vraiment amoureux aime le bon plaisir, non seulement ès consolations, mais aussi ès afflictions; ains il l'aime plus en la croix ès peines et travaux, parce que c'est la principale vertu de l'amour de faire souffrir l'amant pour la chose aimée. Les stoïciens, particulièrement le bon Épictète, colloquaient toute leur philosophie à s'abstenir et soutenir, à se déporter (se désister) et supporter, à s'abstenir et se déporter des plaisirs, voluptés et honneurs terrestres, à soutenir et supporter les injures, travaux et incommodités. Mais la doctrine chrétienne, qui est la seule vraie philosophie, a trois principes sur lesquels elle établit tout son exercice: l'abnégation de soi-même, qui est bien plus que de s'abstenir des plaisirs; porter sa croix, qui est bien plus que de la supporter; suivre notre Seigneur, non seulement en ce qui est de renoncer à soi-même et porter sa croix, mais aussi en ce qui est de la pratique de toutes sortes de bonnes oeuvres. Mais toutefois on ne témoigne point tant l'amour en l'abnégation ni en l'action, comme on fait eu la passion. Certes, le Saint-Esprit marque en l'Écriture sainte le plus haut point de l'amour de notre Seigneur envers nous eu la mort et passion qui a soufferte pour nous. 1° Aimer la volonté de Dieu, ès consolations, c'est un bon amour, quand en vérité on aime la volonté de Dieu, et non pas la consolation en laquelle elle est ; néanmoins c'est un amour sans contradiction, sans répugnance, et sans effort: car qui n'aimerait une si digne volonté en un sujet si agréable? 2° Aimer la volonté divine eu ses commandements, conseils et inspirations, c'est un second degré d'amour, plus parfait : car il nous porte à renoncer et quitter notre propre volonté, et nous fait abstenir et déporter de plusieurs voluptés, mais non pas de toutes. 3° Aimer les souffrances et afflictions pour l'amour de Dieu, c'est le haut point de la très sainte charité : car en cela il n'y a rien d'aimable que la seule volonté divine; il y a une grande contradiction de la part de notre nature : et non seulement on quitte toutes les voluptés, mais on embrasse les tourments et travaux. Le malin ennemi savait bien que c'était le dernier affinement de l'amour, quand après avoir oui de la bouche de Dieu que Job était juste, droiturier (qui suit le droit chemin), craignant Dieu, fuyant le péché et terme en linnocence, il estima tout cela peu de chose, en comparaison de la souffrance des afflictions par lesquelles il fit le dernier et le plus grand essai de l'amour de ce grand serviteur de Dieu; et pour les rendre extrêmes, il les composa de la perte de tous ses biens et de tous ses enfants, de l'abandonnement de tous ses amis, d'une arrogante contradiction de ses plus grands confédérés (alliés) et de sa femme, mais contradiction pleine de mépris, moqueries et reproches, à quoi il ajouta l'assemblage de presque toutes les maladies humaines, notamment une plaie universelle, cruelle, infecte, horrible. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mar 5 Nov - 0:07 | |
| CHAPITRE II Que l'union de notre volonté au bon plaisir de Dieu se fait principalement ès tribulations.Or, voilà toutefois le grand Job, comme roi des misérables de la terre, assis sur un fumier, comme sur le trône de la misère, paré de plaies, d'ulcères, de pourriture, comme de vêtements royaux assortissants à la qualité de sa royauté; avec une si grande abjection et anéantissement, que s'il n'eût parlé, on ne pouvait discerner si Job était un homme réduit en fumier, ou si le fumier était une pourriture en forme d'homme. Or le voilà, dis-je, le grand Job qui s'écrie : Si nous avons reçu des biens de la main de Dieu, pourquoi n'en recevrons-nous pas aussi bien les maux ? O Dieu, que cette parole est de grand amour ! Il pense, Théotime, que c'est de la main de Dieu qu'il a reçu les biens, témoignant qu'il n'avait pas tant estimé les biens parce qu'ils étaient biens, comme parce qu'ils provenaient de la main du Seigneur. Ce qu'étant ainsi, il conclut que donc il faut supporter amoureusement les adversités, puisqu'elles procèdent de la même main du Seigneur, également aimable lorsqu'elle distribue les afflictions, comme quand elle donne les consolations. Les biens sont volontiers reçus de tous; mais de recevoir les maux, il n'appartient qu'à l'amour parfait, qui les aime d'autant plus, qu'ils ne sont aimables que pour le respect de la main qui les donne. Le voyageur qui a peur de faillir le droit chemin, marchant en doute, va regardant çà et là le pays où il est, et s'amuse presque à chaque bout de champ à considérer s'il ne se fourvoie point. Mais celui qui est assuré de sa route, va gaiement, hardiment et vitement. Ainsi certes, l'amour voulant aller à la volonté de Dieu parmi les consolations, il va toujours en crainte, de peur de prendre le change et qu'en lieu d'aimer le bon plaisir de Dieu, il n'aime le plaisir propre qui est en la consolation. Mais l'amour qui tire chemin devers la volonté de Dieu en l'affliction, il marche en assurance : car l'affliction n'étant nullement aimable en elle-même, il est bien aisé de ne l'aimer que pour le respect de la main qui la donne. Les chiens sont à tous coups en défaut au printemps, et n'ont quasi nul sentiment, parce que les herbes et fleurs poussent alors si fortement leur senteur, qu'elle outrepasse celle du cerf ou du lièvre. Parmi le printemps des consolations, l'amour n'a presque nulle reconnaissance du bon plaisir de Dieu, parce que le plaisir sensible de la consolation jette tant d'attraits dedans le coeur, qu'il en est diverti de l'attention qu'il devrait avoir à la volonté de Dieu. Notre-Seigneur ayant donné le choix à sainte Catherine de Sienne d'une couronne d'or et d'une couronne d'épines, elle choisit celle-ci, comme plus conforme à l'amour. C'est une marque assurée de l'amour, dit la bienheureuse Angèle de Foligny, que de vouloir souffrir, et le grand Apôtre s'écrie qu'il ne se glorifie qu'en la croix, en l'infirmité, en la persécution. CHAPITRE III De l'union de notre volonté au bon plaisir divin, ès afflictions spirituelles, par la résignation.L'amour de la croix nous fait entreprendre des afflictions volontaires, comme, par exemple, les jeûnes, veilles, cilices et autres macérations de la chair, et nous fait renoncer aux plaisirs, honneurs et richesses, et l'amour en ces exercices est tout agréable au bien-aimé. Toutefois il l'est encore davantage quand nous recevons avec patience, doucement et agréablement les peines, tourments et tribulations, en considération de la volonté divine qui nous les envoie. Mais l'amour est alors en son excellence quand nous ne recevons pas seulement avec douceur et patience les afflictions, nias nous les chérissons, nous les aimons et les caressons à cause du bon plaisir divin duquel elles procèdent. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 6 Nov - 7:29 | |
| CHAPITRE III De l'union de notre volonté au bon plaisir divin, ès afflictions spirituelles, par la résignation.
Or, entre tous les essais de l'amour parfait, celui qui se fait par l'acquiescement de l'esprit aux tribulations spirituelles, est sans doute le plus fin et le plus relevé. La bienheureuse Angèle de Foligny fait une admirable description des peines intérieures, esquelles quelquefois elle s'était trouvée, disant que son âme était en tourment, comme un homme qui, pieds et mains liés, serait pendu par le col, et ne serait pourtant pas étranger mais demeurerait en cet état entre mort et vif, sans espérance de secours, ne pouvant ni se soutenir de ses pieds, ni s'aider de ses mains, ni crier de la bouche, ni même soupirer ou plaindre. Il est ainsi, Théotime. L'âme est quelquefois tellement pressée d'afflictions intérieures, que toutes ses facultés et puissances en sont accablées par la privation de tout ce qui la peut alléger, et par l'appréhension et impression de tout ce qui la peut attrister. Si qu'à l'imitation de son Sauveur, elle commence à s'ennuyer, à craindre, à s'épouvanter, puis à s'attrister; d'une tristesse pareille à celle des mourants, dont elle peut bien dire : Mon âme est triste jusques à la mort ; et du consentement de tout son intérieur elle désire, demande et supplie que, s'il est possible, ce calice soit éloigné d'elle, ne lui restant plus que la fine suprême pointe de lesprit, laquelle, attachée au coeur et bon plaisir de Dieu, dit par un très simple acquiescement: O Père éternel, mais toutefois ma volonté ne soit pas faite, ains la vôtre. Et c'est l'importance que l'âme fait cette résignation parmi tant de troubles, entre tant de contradictions et répugnances, qu'elle ne s'aperçoit presque pas de la faire; au moins lui était-il advis que c'est si languidement (faiblement, non chalamment), que ce ne soit pas de bon coeur, ni comme il est convenable, puisque ce qui se passe alors pour le bon plaisir divin, se fait non seulement sans plaisir et contentement, mais contre tout le plaisir et contentement de tout le reste du coeur, auquel l'amour permet bien de se plaindre, au moins de ce qu'il ne se peut pas plaindre, et de dire toutes les lamentations de Job et de Jérémie, mais à la charge que toujours le sacré acquiescement se fasse dans le fond de l'âme, en la suprême et plus délicate pointe de l'esprit, et cet acquiescement n'est pas tendre ni doux, ni presque pas sensible, bien qu'il soit véritable, fort, indomptable et très amoureux, et semble qu'il soit retiré au fin bout de l'esprit comme dans le donjon de la forteresse où il demeure courageux, quoique tout le reste soit pris et pressé de tristesse. Et plus l'amour en cet état est dénué de tout secours, abandonné de toute l'assistance des vertus et facultés de laine, plus il en est estimable de garder si constamment sa fidélité. Cette union et conformité au bon plaisir divin se fait ou par la sainte résignation, ou par la très sainte indifférence. Or, la résignation se pratique par manière d'effort et de soumission: on voudrait bien vivre au lieu de mourir: néanmoins, puisque c'est le bon plaisir de Dieu qu'on meure, on acquiesce. On voudrait vivre, s'il plaisait à Dieu; et, de plus, on voudrait qu'il plût à Dieu de faire vivre. On meurt de bon coeur, mais on vivrait encore plus volontiers; on passe d'assez bonne volonté, mais on demeurerait encore plus affectionément. Job en ses travaux fait l'acte de résignation : Si nous avons reçu les biens, dit-il, de la main de Dieu, pourquoi ne soutiendrions-nous les peines et travaux qu'il nous envoie ? Voyez, Théotime, qu'il parle de soutenir, supporter, endurer. Comme il a plu au Seigneur, ainsi a-t-il été tait : le nom du Seigneur soit béni ! Ce sont des paroles de résignation et acceptation, par manière de souffrance et de patience. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 6 Nov - 23:20 | |
| CHAPITRE IV De l'union de notre volonté au bon plaisir de Dieu, par l'indifférence.La résignation préfère la volonté de Dieu à toutes choses ; mais elle ne laisse pas d'aimer beaucoup d'autres choses outre la volonté de Dieu. Or, l'indifférence est au-dessus de la résignation, car elle n'aime rien, sinon pour l'amour de la volonté de Dieu. Certes le coeur le plus indifférent du monde peut être touché de quelque affection, tandis, qu'il ne sait encore pas où est la volonté de Dieu. Eliézer étant arrivé à la fontaine de Haran, vit bien la vierge Rébecca, et la trouva sans doute trop plus belle (excessivement belle) et agréable ; mais pourtant il demeura en indifférence jusqu'à ce que, par le signe que Dieu lui avait inspiré, il connût que la volonté divine l'avait préparée au fils de son maître; car alors il lui donna les pendants d'oreilles et les bracelets d'or. Au contraire, si Jacob n'eût aimé en Rachel que l'alliance de Laban, à laquelle son père Isaac l'avait obligé, il eût autant aimé Lia que Rachel, puisque l'une et l'autre étaient également filles de Laban; et par conséquent la volonté de son père eût été aussi bien accomplie eu l'une comme en l'autre. Mais parce que, outre la volonté de son père, il voulait satisfaire à son goût particulier, amorcé de la beauté et gentillesse de Rachel, il se fâcha d'épouser Lia, et l'a prit à contre-coeur par résignation. Le coeur indifférent n'est pas comme cela : car sachant que la tribulation , quoiqu'elle soit l'aide comme une autre Lia, ne laisse pas d'être fille, et fille bien-aimée du bon plaisir divin, il l'aime autant que la consolation, laquelle néanmoins en elle-même est plus agréable; ains il aime encore plus la tribulation, parce qu'il ne voit rien d'aimable en elle que la marque de la volonté de Dieu. Si je ne veux que l'eau pure, que m'importe-t-il qu'elle me soit apportée dans un vase d'or ou dans un verre, puisqu'aussi bien ne prendrai-je que l'eau? Ains je l'aimerai mieux dans le verre: parce qu'il n'a point d'autre couleur que celle de l'eau même, laquelle j'y vois aussi beaucoup mieux. Quimporte-t-il que la volonté de Dieu me soit présentée en la tribulation ou en la consolation, puisqu'en l'une et en l'autre je ne veux ni ne cherche autre chose que la volonté divine, laquelle y parait d'autant mieux qu'il n'y a point d'autre beauté en icelle que celle de ce très saint bon plaisir éternel. Héroïque, ains plus qu'héroïque l'indifférence de l'incomparable saint Paul: Je suis pressé, dit-il aux Philippiens, de deux côtés, ayant désir d'être délivré de ce corps, et d'être avec Jésus-Christ, chose trop meilleure; mais aussi de demeurer en cette vie pour vous. En quoi il fut imité par le grand évêque saint Martin, qui, parvenu à la fin de sa vie, pressé d'un extrême désir d'aller à son Dieu, ne laissa pas pourtant de témoigner qu'il demeurerait aussi volontiers antre les travaux de sa charge, pour le bien de son cher troupeau, comme si après avoir chanté ce cantique: Que vos pavillons souhaitables, O Dieu des armées redoutables ! Hélas ! à bon droit sont aimés ! Mon âme fond dardeur extrême, Et mes sens se pâment de même Après vos parvis réclamés; Mon coeur bondit, ma chair ravie Saute après vous, Dieu de la vie; Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Ven 8 Nov - 0:28 | |
| CHAPITRE IV De l'union de notre volonté au bon plaisir de Dieu, par l'indifférence.Il vînt par après faire cette exclamation : O Seigneur! néanmoins, si je suis encore requis au service du salut de votre peuple, je ne refuse point le travail: votre volonté soit faite. Admirable indifférence de l'Apôtre ! admirable celle de cet homme apostolique ! Ils voient le paradis ouvert pour eux, ils voient mille travaux en terre, l'un et l'autre leur est indiffèrent au choix, et il n'y a que la volonté de Dieu qui puisse donner le contrepoids à leurs coeurs. Le paradis n'est point plus aimable que les misères de ce monde, si le bon plaisir divin est également là et ici. Les travaux leur sont un paradis, si la volonté divine se trouve en iceux ; et le paradis un travail, si la volonté de Dieu n'y est pas. Car, comme dit David, ils ne demandent ni au ciel ni en la terre que de voir le bon plaisir de Dieu accompli. O Seigneur ! qu'y a-t-il au ciel pour moi, ou que veux-je en terre, sinon vous ? Le coeur indifférent est comme une boule de cire entre les mains de son Dieu, pour recevoir semblablement toutes les impressions du bon plaisir éternel : un coeur sans choix, également disposé à tout, sans aucun autre objet de sa volonté que la volonté de son Dieu, qui ne met point son amour ès choses que Dieu veut, ains en la volonté de Dieu qui les veut. C'est pourquoi, quand la volonté de Dieu est en plusieurs choses, il choisit, à quelque prix que ce soit, celle où il y en a plus. Le bon plaisir de Dieu est au mariage et en la virginité: mais parce qu'il est plus en la virginité, le coeur indifférent choisit la virginité, quand elle lui devrait coûter la vie, comme elle fit à la chère fille spirituelle de saint Paul, sainte Thècle, à sainte Cécile, à sainte Agathe et mille autres. La volonté de Dieu est au service du pauvre et du riche, mais un peu plus en celui du pauvre; le coeur indifférent choisira ce parti. La volonté de Dieu est en la modestie exercée entre les consolations, et en la patience pratiquée entre les tribulations; l'indifférent préfère celle-ci, car il y a plus de la volonté de Dieu. En somme, le bon plaisir de Dieu est le souverain objet de l'âme indifférente; partout où elle le voit, elle court a l'odeur de ses parfums, et cherche toujours l'endroit où il y en a plus, sans considération d'aucune autre chose. Il est conduit par la divine volonté comme par un lien très aimable; et partout où elle va il la suit: il aimerait mieux l'enfer avec la volonté de Dieu, que le paradis sans la volonté de Dieu. Oui même il préférerait l'enfer au paradis, s'il savait qu'en celui-ci il y eût un peu plus du bon plaisir divin qu'en celui-ci : en sorte que si, par imagination de chose impossible, il savait que sa damnation fût un peu plus agréable à Dieu que sa salvation (son salut) , il quitterait sa salvation et courrait à sa damnation. CHAPITRE V Que la sainte indifférence s'étend à toutes choses.L'indifférence se doit pratiquer ès choses qui regardent la vie naturelle, comme la santé, la maladie, la beauté, la laideur, la faiblesse, la force ; ès choses de la vie civile, pour les honneurs, rangs, richesses; ès variétés de la vie spirituelle, comme sécheresses, consolations, goûts, aridités; ès actions, ès souffrances, et en somme en toutes sortes d'évènements. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 9 Nov - 0:11 | |
| CHAPITRE V Que la sainte indifférence s'étend à toutes choses.Job, quant à la vie naturelle, fut ulcéré d'une plaie la plus horrible qu'on eût vue. Quant à la vie civile, il fut moqué, bafoué, vilipendé, et par ses plus proches; en la vie spirituelle, il fut accablé de langueurs, pressures (oppressions), convulsions, angoisses, ténèbres et de toutes sortes d'intolérables douleurs intérieures, ainsi que ses plaintes et lamentations font foi. Le grand Apôtre nous annonce une générale indifférence, pour nous montrer vrais serviteurs de Dieu, en fort grande patience ès tribulations, ès nécessités, ès angoisses, ès blessures, ès prisons, ès séditions, ès travaux, ès veilles, ès jeûnes; en chasteté, en science, en longanimité et suavité au Saint-Esprit, en charité non feinte, en parole de vérité, en la vertu de Dieu; par les armes de justice é droite et il gauche, par la gloire et par l'abjection, par l'infamie et bonne renommée; comme séducteurs, et néanmoins véritables (disant la vérité), comme inconnus, et toute fois reconnus ; comme mourants, et toutefois vivants; comme châtiés, et toutefois non tués; comme tristes, et toutefois toujours joyeux; comme pauvres, et toutefois enrichissant plusieurs; comme n'ayant rien, et toutefois possédant toutes choses. Voyez, je vous prie, Théotime comme la vie des apôtres était affligée: selon le corps, par les blessures ; selon le coeur, par les angoisses; selon le monde, par l'infamie et les prisons; et parmi tout cela, ô Dieu, quelle indifférence ! leur tristesse est joyeuse, leur pauvreté est riche, leurs morts sont vitales et leurs déshonneurs honorables: c'est-à-dire, ils sont joyeux d'être tristes, contents d'être pauvres, revigorés de vivre entre les périls de la mort, et glorieux d'être avilis, parce que telle était la volonté de Dieu. Et parce qu'elle était pins reconnue ès souffrances qu'ès actions des autres vertus, il met l'exercice de la patience le premier, disant: Paraissons en toutes choses comme serviteurs de Dieu, en beaucoup de patience, ès tribulations, ès nécessités, ès angoisses, et puis enfin, en chasteté, en prudence, en longanimité. Ainsi notre divin Sauveur fut affligé incomparablement en sa vie civile, condamné comme criminel de lèse-majesté divine et humaine, battu, fouetté, bafoué et tourmenté avec une ignominie extraordinaire ; en sa vie naturelle, mourant entre les plus cruels et sensibles tourments que l'on puisse imaginer; en sa vie spirituelle, souffrant des tristesses, craintes, épouvantements, angoisses, délaissements et oppressions intérieures qui n'en eurent ni n'en auront jamais de pareilles. Car encore que la suprême portion de son âme fût souverainement jouissante de la gloire éternelle, si est-ce que l'amour empêchait cette gloire de répandre ses délices ni ès sentiments, ni en l'imagination, ni en la raison inférieure, laissant ainsi tout le coeur exposé à la merci de la tristesse et angoisse. Ézéchiel vit le simulacre d'une main qui le saisit par un seul flocquet (petite touffe) de cheveux de sa tête, l'élevant entre le ciel et la terre. Notre Seigneur aussi élevé en la croix entre la terre et le ciel, n'était, ce semble, tenu de la main de son Père que par l'extrême pointe de l'esprit, et, par manière de dire, par un seul cheveu de sa tête, qui touché de la douce main du Père éternel, recevait une souveraine affluence de félicité, tout le reste demeurant abîmé dans la tristesse et ennui. Cest pourquoi il s'écrie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu délaissé ? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 9 Nov - 22:52 | |
| CHAPITRE V Que la sainte indifférence s'étend à toutes choses.On dit que le poisson qu'on appelle lanterne de mer, au plus fort des tempêtes tient sa langue hors des ondes, laquelle est si fort luisante, rayonnante et claire, qu'elle sert de phare et flambeau aux nochers. Ainsi emmi la mer des passions dont notre Seigneur fut accablé, toutes les facultés de son âme demeurèrent comme englouties et ensevelies dans la tourmente de tant de peines, hormis la pointe de l'esprit, qui, exempte de tout travail, était toute claire et resplendissante de gloire et félicité. O que bienheureux est l'amour qui règne dans la cime de l'esprit des fidèles, tandis qu'ils sont entre les vagues et les flots des tribulations intérieures! CHAPITRE VI De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.On ne connaît presque point le bon plaisir divin que par les événements; et tandis qu'il nous est inconnu, il nous faut attacher le plus fort qu'il nous est possible à la volonté de Dieu qui nous est manifestée ou signifiée. Mais soudain que le bon plaisir de sa divine majesté comparait, il faut aussitôt se ranger amoureusement à son obéissance. Ma mère ou moi-même (car cest tout un) (mère du saint auteur, mourut en 1609) sommes au lit malades; que sais-je si Dieu veut que la mort sensuive ? Certes, je n'en sais rien; mais je sais bien pourtant qu'en attendant l'événement que son bon plaisir a ordonné, il veut, par sa volonté déclarée, que j'emploie les remèdes convenables à la guérison. Je le ferai donc fidèlement, sans rien oublier de ce que bonnement je pourrai contribuer à cette intention. Mais si c'est le bon plaisir divin que le mal, victorieux des remèdes, apporte enfin la mort, soudain que j'en serai certifié par l'événement, j'acquiescerai amoureusement en la pointe de mon esprit, nonobstant toute la répugnance des puissances inférieures de mon âme. Oui, Seigneur, je le veux bien, ce dirai-je, parce que tel a été votre bon plaisir ; il vous a ainsi plu, et il me plaît ainsi à moi qui suis très humble serviteur de votre volonté. Mais si le bon plaisir divin m'était déclaré avant l'événement d'icelui, comme au grand saint Pierre la façon de sa mort, au grand saint Paul ses liens et prisons, à Jérémie. la destruction de sa chère Jérusalem, à David la mort de son fils; alors il faudrait unir à l'instant notre volonté à celle de Dieu, à l'exemple du grand Abraham, et comme lui, s'il nous était commandé, entreprendre l'exécution du décret éternel en la mort même de nos enfants. Admirable union de la volonté de ce patriarche avec celle de Dieu ! qui croyant que ce fût le bon plaisir divin qu'il sacrifiât son enfant, le voulut et entreprit si fortement: admirable celle de la volonté de l'enfant qui se soumit si doucement au glaive paternel, pour faire vivre le bon plaisir de son Dieu au prix de sa propre mort. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 10 Nov - 22:28 | |
| CHAPITRE VI De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.Mais notez, Théotime, un trait de la parfaite union d'un coeur indifférent avec le bon plaisir divin. Voyez Abraham l'épée au poing, le bras relevé, prêt à donner le coup de mort à son cher unique enfant. Il fait cela pour plaire à la volonté divine, et voyez à même temps un ange qui, de la part de cette même volonté, l'arrête tout court, et soudain il retient son coup, également prêt à sacrifier son fils et à ne le sacrifier pas, la vie et la mort d'icelui lui étant indifférentes en la présence de Dieu. Quand Dieu lui ordonne de sacrifier cet enfant, il ne sattriste point; quand il l'en dispense, il ne s'en réjouit point. Tout est pareil à ce grand coeur, pourvu que la volonté de son Dieu soit servie. Oui, Théotime; car Dieu bien souvent, pour nous exercer en cette sainte indifférence, nous inspire des desseins fort relevés, desquels pourtant il ne veut pas le succès; et lors, comme il nous faut hardiment, courageusement et constamment commencer et suivre l'ouvrage tandis qu'il se peut, aussi faut-il acquiescer doucement et tranquillement à l'événement de l'entreprise, tel qu'il plaît à Dieu nous le donner. Saint Louis, par inspiration, passe la mer pour conquérir la terre sainte: le succès fut contraire, et il acquiesce doucement. J'estime plus la tranquillité de cet acquiescement que la magnanimité du dessein. Saint François va en Égypte pour y convertir les infidèles, ou mourir martyr entre les infidèles, telle fut la volonté de Dieu; il revient néanmoins sans avoir fait ni l'un ni lautre, et telle fut aussi la volonté de Dieu. Ce fut également la volonté de Dieu que saint Antoine de Padoue désirât le martyre, et qu'il ne l'obtînt pas. Le bienheureux Ignace de Loyola ayant, avec tant de travaux, nuis sur pied la compagnie de Jésus, de laquelle il voyait tant de beaux fruits, et en prévoyait encore de plus beaux à l'avenir, eut néanmoins le courage de se promettre que, s'il la voyait dissiper, qui serait le plus âpre déplaisir, dans demi-heure après il en serait résolu (Il en aurait pris son parti) et s'accoiserait en la volonté de Dieu. Ce docte et saint prédicateur d'Andalousie, Jean Avila, ayant dessein de dresser une compagnie de prêtres réformés pour le service de la gloire de Dieu, en quoi il avait déjà fait un grand progrès, lorsqu'il vit celle des jésuites en campagne, qui lui sembla suffire pour cette saison-là, il arrêta court son dessein avec une douceur et une humilité nonpareille. O que bienheureuses sont telles âmes, hardies et fortes aux entreprises que Dieu leur inspire, souples et douces à les quitter, quand Dieu eu dispose ainsi! Ce sont des traits d'une indifférence très parfaite, de cesser de faire un bien quand il plait à Dieu, et de s'en retourner de moitié chemin, quand la volonté de Dieu, qui est notre guide, l'ordonne. Certes, Jouas eut grand tort de s'attrister de quoi, à son avis, Dieu n'accomplissait pas sa prophétie sur Ninive. Jonas fit la volonté de Dieu, annonçant la subversion de Ninive; mais il mêla son intérêt et sa volonté propre avec celle de Dieu: c'est pourquoi, quand il voit que Dieu n'exécute pas sa prédiction selon la rigueur des paroles dont il avait usé en l'annonçant, il s'en fâche et murmure indignement. Que s'il eût eu pour seul motif de ses actions le bon plaisir de la divine volonté, il eût été aussi content de le voir accompli en la rémission de la peine que Ninive avait méritée, comme de le voir satisfait en la punition de la coulpe que Ninive avait commise. Nous voulons que ce que nous entreprenons et manions réussisse; mais il n'est pas raisonnable que Dieu fasse toutes choses à notre gré. S'il veut que Ninive soit menacée, et que néanmoins elle ne soit pas renversée, puisque la menace suffit à la corriger, pourquoi Jonas s'en plaint-il? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Lun 11 Nov - 23:14 | |
| CHAPITRE VI De la pratique de l'indifférence amoureuse ès choses du service de Dieu.Mais notez, Théotime, un trait de la parfaite union d'un coeur indifférent avec le bon plaisir divin. Voyez Abraham l'épée au poing, le bras relevé, prêt à donner le coup de mort à son cher unique enfant. Il fait cela pour plaire à la volonté divine, et voyez à même temps un ange qui, de la part de cette même volonté, l'arrête tout court, et soudain il retient son coup, également prêt à sacrifier son fils et à ne le sacrifier pas, la vie et la mort d'icelui lui étant indifférentes en la présence de Dieu. Quand Dieu lui ordonne de sacrifier cet enfant, il ne sattriste point; quand il l'en dispense, il ne s'en réjouit point. Tout est pareil à ce grand coeur, pourvu que la volonté de son Dieu soit servie. Oui, Théotime; car Dieu bien souvent, pour nous exercer en cette sainte indifférence, nous inspire des desseins fort relevés, desquels pourtant il ne veut pas le succès; et lors, comme il nous faut hardiment, courageusement et constamment commencer et suivre l'ouvrage tandis qu'il se peut, aussi faut-il acquiescer doucement et tranquillement à l'événement de l'entreprise, tel qu'il plaît à Dieu nous le donner. Saint Louis, par inspiration, passe la mer pour conquérir la terre sainte: le succès fut contraire, et il acquiesce doucement. J'estime plus la tranquillité de cet acquiescement que la magnanimité du dessein. Saint François va en Égypte pour y convertir les infidèles, ou mourir martyr entre les infidèles, telle fut la volonté de Dieu; il revient néanmoins sans avoir fait ni l'un ni lautre, et telle fut aussi la volonté de Dieu. Ce fut également la volonté de Dieu que saint Antoine de Padoue désirât le martyre, et qu'il ne l'obtînt pas. Le bienheureux Ignace de Loyola ayant, avec tant de travaux, nuis sur pied la compagnie de Jésus, de laquelle il voyait tant de beaux fruits, et en prévoyait encore de plus beaux à l'avenir, eut néanmoins le courage de se promettre que, s'il la voyait dissiper, qui serait le plus âpre déplaisir, dans demi-heure après il en serait résolu (Il en aurait pris son parti) et s'accoiserait en la volonté de Dieu. Ce docte et saint prédicateur d'Andalousie, Jean Avila, ayant dessein de dresser une compagnie de prêtres réformés pour le service de la gloire de Dieu, en quoi il avait déjà fait un grand progrès, lorsqu'il vit celle des jésuites en campagne, qui lui sembla suffire pour cette saison-là, il arrêta court son dessein avec une douceur et une humilité nonpareille. O que bienheureuses sont telles âmes, hardies et fortes aux entreprises que Dieu leur inspire, souples et douces à les quitter, quand Dieu eu dispose ainsi! Ce sont des traits d'une indifférence très parfaite, de cesser de faire un bien quand il plait à Dieu, et de s'en retourner de moitié chemin, quand la volonté de Dieu, qui est notre guide, l'ordonne. Certes, Jouas eut grand tort de s'attrister de quoi, à son avis, Dieu n'accomplissait pas sa prophétie sur Ninive. Jonas fit la volonté de Dieu, annonçant la subversion de Ninive; mais il mêla son intérêt et sa volonté propre avec celle de Dieu: c'est pourquoi, quand il voit que Dieu n'exécute pas sa prédiction selon la rigueur des paroles dont il avait usé en l'annonçant, il s'en fâche et murmure indignement. Que s'il eût eu pour seul motif de ses actions le bon plaisir de la divine volonté, il eût été aussi content de le voir accompli en la rémission de la peine que Ninive avait méritée, comme de le voir satisfait en la punition de la coulpe que Ninive avait commise. Nous voulons que ce que nous entreprenons et manions réussisse; mais il n'est pas raisonnable que Dieu fasse toutes choses à notre gré. S'il veut que Ninive soit menacée, et que néanmoins elle ne soit pas renversée, puisque la menace suffit à la corriger, pourquoi Jonas s'en plaint-il? Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 13 Nov - 8:02 | |
| CHAPITRE VII De l'indifférence que nous devons pratiqueren ce qui regarde notre avancement ès vertus.Dieu nous a ordonné de faire tout ce que nous pourrons pour acquérir les saintes vertus : n'oublions donc rien pour bien réussir dans cette sainte entreprise. Mais après que nous aurons planté et arrosé, sachons que c'est à Dieu de donner l'accroissement aux arbres de nos bonnes inclinations et habitudes. C'est pourquoi il faut attendre le fruit de nos désirs et travaux de sa divine providence. Que si nous ne sentons pas le progrès et avancement de nos esprit en la vis dévote, tel que nous voudrions, ne nous troublons point, demeurons en paix, que toujours la tranquillité règne dans nos coeurs. C'est à nous de bien cultiver nos âmes, et partant il y faut fidèlement vaquer. Mais quant à l'abondance de la prise et de la moisson, laissons-en le soin à notre Seigneur. Le laboureur ne sera jamais tancé s'il n'a pas belle cueillette, mais oui bien s'il na pas bien labouré et ensemencé ses terres. Ne nous inquiétons point pour nous voir toujours novices en l'exercice des vertus; car au monastère de fa vie dévote chacun s'estime toujours novice, et toute la vie y est destinée à la probation, n'ayant point de plus évidente marque d'être non seulement novice, mais digne d'expulsion et réprobation, que de penser et se tenir pour profès; car selon la règle de cet ordre-là, non la solennité, mais l'accomplissement des voeux rend les novices profès. Or; les voeux ne sent jamais accomplis, tandis qu'il y a quelque chose à faire pour l'observance d'iceux; et l'obligation de servir Dieu et faire progrès en son amour, dure toujours jusqu'à la mort Voire mais (pourtant), me dira quelqu'un, si je connais que c'est par ma faute que mon avancement ès vertus est retardé, comme pourrai-je m'empêcher de m'en attrister et inquiéter? J'ai dit ceci en l'Introduction à la vie dévote; mais je le redis volontiers, parce qu'il ne peut jamais être assez dit. Il se faut attrister pour les fautes commises, d'une repentance forte, rassise, constante, tranquille, mais non turbulente, non inquiète, non découragée. Connaissez-vous que votre retardement au chemin des vertus est provenu de votre coulpe (faute formelle), or sus, humiliez-vous devant Dieu, implorez sa Miséricorde, prosternez-vous devant la face de sa bouté, et demandez-lui-en pardon, confessez votre faute, et criez-lui merci à l'oreille même de votre confesseur, pour recevoir l'absolution; mais cela fait, demeurez en paix, et ayant détesté l'offense, embrassez amoureusement l'abjection qui est en vous pour le retardement de votre avancement au bien. Hélas! mon Théotime, les âmes qui sont en purgatoire, y sont sans doute pour leurs péchés, quelles ont détestés et détestent souverainement: mais quant à l'abjection et peine qui leur en reste d'être arrêtées en ce lieu-là, et privées pour un temps de la jouissance de l'amour bienheureux du paradis, elles la souffrent amoureusement, et prononcent dévotement le cantique de la justice divine : Vous êtes juste, Seigneur, et votre jugement équitable. Attendons donc en patience notre avancement; et en lieu de nous inquiéter d'en avoir si peu fait par le passé, procurons avec diligence d'en faire plus à lavenir. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Mer 13 Nov - 22:21 | |
| CHAPITRE VII De l'indifférence que nous devons pratiquer en ce qui regarde notre avancement ès vertus.Voyez cette bonne âme, je vous prie elle a grandement désiré et tâché de s'affranchir de la colère, en quoi Dieu la favorisée; car il la rendue quitte de tous les péchés qui procèdent de la colère. Elle mourrait plutôt que de dire un seul mot injurieux, ou de lâcher un seul trait de haine. Néanmoins elle est encore sujette aux assauts et premiers mouvements de cette passion, qui sont certains élans, ébranlements et saillies du coeur irrité, que la paraphrase chaldaïque appelle trémoussements, disant: Trémoussez-vous et ne veuillez point pécher, où notre sacrée version a dit : Courroucez-vous, et ne veuillez point pécher, qui en est effet une même chose: car le prophète ne veut dire, sinon que si le courroux nous surprend, excitant en nos coeurs les premiers trémoussements de la colère, nous gardions bien de nous laisser emporter plus avant en cette passion, d'autant que nous pécherions. Or, bien que ces premiers élans et trémoussements ne soient aucunement péché, néanmoins la pauvre âme qui en est souvent atteinte, se trouble, s'afflige, s'inquiète, et pense bien faire de s'attrister, comme si c'était l'amour de Dieu qui la provoquât à cette tristesse; et cependant, Théotime, ce n'est pas l'amour céleste qui fait ce trouble, car il ne se fâche que pour le péché ; c'est notre amour propre qui voudrait que nous fussions exempts de la peine et du travail que les assauts de lire (colère) nous donnent. Ce n'est pas la coulpe (faute formelle) qui nous déplaît en ces élans de la colère, car il n'y a du tout point de péché; c'est la peine d'y résister qui nous inquiète. Ces rébellions de l'appétit sensuel, tant en lire qu'en la convoitise, sont laissées en nous pour notre exercice, afin que nous pratiquions la vaillance spirituelle en leur résistant. C'est le Philistin que les vrais Israélites doivent, toujours combattre, sans que jamais ils le puissent abattre; ils le peuvent affaiblir, mais non pas anéantir. Il ne meurt jamais qu'avec nous, et vit toujours avec nous; il est certes exécrable et détestable, d'autant qu'il est issu du péché et tend perpétuellement au péché. C'est pourquoi, comme nous sommes appelés terre, parce que nous sommes extraits de la terre, et que nous retournerons en terre, ainsi cette rébellion est appelée par le grand Apôtre péché, comme provenue du péché et tendante au péché, quoiqu'elle ne nous rende nullement coupables, sinon quand nous la secondons et lui obéissons. Dont le même apôtre nous avertit de faire en sorte que ce mal-là ne règne point en notre corps mortels pour obéir aux convoitises d'icelui. Il ne nous défend pas de sentir le péché, mais seulement d'y consentir; il n'ordonne pas que nous empêchions le péché de venir en nous et d'y être, mais il commande qu'il n'y vigne pas. Il est en nous quand nous sentons la rébellion de l'appétit sensuel; mais il ne règne pas en nous, sinon quand nous y consentons. Le médecin n'ordonnera jamais au fébricitant (qui a la fièvre) de n'avoir pas soif, car ce serait une impertinence trop grande; mais il lui dira bien qu'il s'abstienne de boive, encore qu'il ait soif. Jamais on ne dira à une femme enceinte qu'elle n'ait pas envie de manger des choses extraordinaires, car cela n'est pas en son pouvoir, mais on lui dira bien qu'elle die ses appétits, afin que, s'ils sont de chose nuisible, on divertisse son imagination, et que telle fantaisie ne règne pas en sa cervelle. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Jeu 14 Nov - 18:18 | |
| CHAPITRE VII De l'indifférence que nous devons pratiquer en ce qui regarde notre avancement ès vertus. L'aiguillon de la chair, messager de Satan, piquait rudement le grand saint Paul pour le faire précipiter au péché. Le pauvre apôtre souffrait cela comme une injure honteuse et infâme, c'est pourquoi il l'appelait un soufflettement et bafouement, et priait Dieu qu'il lui plût de l'en délivrer; mais Dieu lui répondît : O Paul, ma grâce te suffit, car ma force se perfectionne en l'infirmité; à quoi ce grand homme acquiesçant: Donc, dit-il, volontiers, je me glorifierai en mes infirmités, afin que la vertu de Jésus-Christ habite en moi. Mais, remarquez, de grâce, que la rébellion sensuelle est en cet admirable vaisseau délection, lequel, recourant au remède de l'oraison, nous montre qu'il nous faut combattre par ce même moyen les tentations que nous sentons. Remarquez encore que si notre Seigneur permet ces cruelles révoltes en l'homme, ce n'est pas toujours pour le punir de quelque péché, ains pour manifester la force et vertu de l'assistance et grâce divine, et remarquez enfla que non seulement sous ne devons pas nous inquiéter en nos tentations ni en nos infirmités; mais nous devons nous glorifier d'être infirmes, afin que la vertu divine paraisse en nous, soutenant notre faiblesse contre l'effort de la suggestion et tentation; car le glorieux apôtre appelle ses infirmités les élans et rejetons d'impureté qu'il sentait, et dit qu'il se glorifiait en icelles, parce que si bien il les sentait par sa misère, néanmoins par la Miséricorde de Dieu il n'y consentait pas. Certes, comme j'ai dit ci-dessus, l'Église condamna l'erreur de certains solitaires qui disaient qu'en ce monde nous pouvions être parfaitement exempts des passions dire, de convoitise, de crainte et autres semblables. Dieu veut que nous ayons des ennemis, Dieu veut que nous les repoussions. Vivons donc courageusement entre l'une et l'autre volonté divine, souffrant avec patience d'être assaillis, et tâchant avec vaillance de faire tête et résistance aux assaillants. CHAPITRE VIII Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés. Dieu hait souverainement le péché, et néanmoins il le permet très sagement pour laisser agir la créature raisonnable selon la condition de la nature, et rendre les bons plus raisonnables, quand, pouvant violer la loi, ils ne violent plus. Adorons donc et bénissons cette sainte permission. Mais puisque la Providence qui permet le péché le hait infiniment, détestons-le avec elle, haïssons-le, désirant de tout notre pouvoir que le péché permis ne soit point commis; et ensuite de ce désir, employons tous les remèdes qu'il nous sera possible pour empêcher la naissance, le progrès et le règne du péché, à l'imitation de notre Seigneur, qui ne cesse d'exhorter, promettre, menacer, défendre, commander et inspirer parmi nous, pour détourner notre volonté du péché, en tant qu'il se peut faire sans lui ôter sa liberté. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricrodieux vosu bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Sam 16 Nov - 8:23 | |
| CHAPITRE VIII Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés.
Mais quand le péché est commis, faisons tout ce qui est en nous, afin qu'il soit effacé, comme notre Seigneur, qui assura Carpus, ainsi qu'il a été ci-devant noté, que s'il était requis, il subirait derechef la mort pour délivrer une seule âme du péché. Que si le pécheur s'obstine, pleurons, Théotime, soupirons, prions pour lui avec le Sauveur de nos âmes, qui, ayant jeté maintes larmes toute sa vie sur les pécheurs et sur ceux qui les représentaient, mourut enfin les yeux couverts de pleurs et son corps tout détrempé de sang, regrettant la perte des pécheurs. Cette affection toucha si vivement David, qu'il en tomba à coeur failli (en défaillance): La pamoison, dit-il, ma saisi pour les pécheurs abandonnant votre loi. Et le grand Apôtre proteste qu'il a au coeur une douleur continuelle pour l'obstination des Juifs. Cependant, pour obstinés que les pécheurs puissent, être, ne perdons point courage de les aider et servir; car que savons-nous si par aventure ils feront pénitence et seront sauvés? Bienheureux est celui qui peut dire à ses prochains comme saint Paul: Je n'ai cessé ni jour ni nuit en vous admonestant un chacun de vous avec larmes, et partant je suis net du sang de tous; car je ne me suis point épargné que je ne voies aie annonce tout le bon plaisir de Dieu. Tandis que nous sommes dans les bornes de l'espérance que le pécheur se puisse amender, qui sont toujours de même étendue que celles de sa vie, il ne faut jamais le rejeter, ains prier pour lui, et l'aider autant que son malheur le permettra. Mais en fin finale, après que nous avons pleuré sur les obstinés, et que nous leur avons rendu le devoir de charité, pour essayer de les retirer de perdition, il faut imiter noire Seigneur et las apôtres; c'est-à-dire, divertir notre esprit de là, le retourner sur des autres objets et à d'autres occupations plus utiles à la gloire de Dieu. Il fallait, disaient les apôtres aux Juifs, vous annoncer premièrement la parole de Dieu; mais d'autant que vous lui rejetez et vous tenez pour indignes du règne de Jésus-Christ, voici que nous nous retournons du côté des Gentils. On vous ôtera, dit le Sauveur, le royaume de Dieu, et il sera donné à une nation qui en fera du fruit. Car ou ne saurait s'amuser à pleurer trop longuement les uns, que ce ne fût en perdant le temps propre et requis à procurer le salut des autres. LApôtre certes dit, qu'il a une douleur continuelle de la perte des Juifs; mais c'est comme nous disons que nous bénissons Dieu en tout temps, car cela ne veut dire autre chose sinon que nous le bénissons fort souvent et en toute occasion: et de même le glorieux saint Paul avait une continuelle douleur en son coeur, à cause de la réprobation des Juifs, parce qu'à toutes occasions il regrettait leur malheur. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | ami de la Miséricorde consacré
Messages : 6669 Date d'inscription : 18/05/2017 Age : 66 Localisation : Paray Le Monial
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales Dim 17 Nov - 6:46 | |
| CHAPITRE VIII Comme nous devons unir notre volonté à celle de Dieu en la permission des péchés.Au reste, il faut adorer, aimer et louer à jamais la justice vengeresse et punissante de notre Dieu, comme nous aimons sa Miséricorde; parce que l'une et l'autre est fille de sa bonté. Car par sa grâce il nous veut faire bons, comme très bon, ains souverainement bon qu'il est; par sa justice il veut châtier le péché, parce qu'il le hait: or, il le hait, parce qu'étant souverainement bon, il déteste le souverain mal, qui est l'iniquité. Et notez, pour conclusion, que jamais Dieu ne retire sa Miséricorde de nous que par l'équitable vengeance de sa justice punissante, et jamais nous n'échappons à la rigueur de sa justice que par sa Miséricorde justifiante; et toujours, ou punissant, ou gratifiant, son bon plaisir est adorable, aimable et digne d'éternelle bénédiction. Ainsi le juste qui chante les louanges de sa Miséricorde pour ceux qui seront sauvés, se réjouira de même quand il verra la vengeance: les bienheureux approuveront avec allégresse le jugement de la damnation des réprouvés, comme celui du salut des élus, et les anges ayant exercé leur charité envers les hommes qu'ils ont en garde, demeureront en paix, les voyant obstinés ou même damnés. Il faut donc acquiescer à la volonté divine, et lui baiser avec une dilection et révérence égale la main droite de sa Miséricorde et la main gauche de sa justice. CHAPITRE IX Comme la pureté de l'indifférence se doit pratiquer ès actions de l'amour sacré.Un musicien des plus excellents de l'univers et qui jouait parfaitement du luth, devint en peu de temps si extrêmement sourd, qu'il ne lui resta plus aucun usage de ouïe; néanmoins il ne laissa pas pour cela de chanter et manier son luth délicatement à merveille, à cause de la grande habitude qu'il en avait, et que sa surdité ne lui avait pas ôtée. Mais parce qu'il n'avait aucun plaisir en son chant, ni au chant du luth, d'autant qu'étant privé de l'ouïe il n'en pouvait apercevoir la douceur et beauté, il ne chantait plus ni ne sonnait du luth que pour contenter un prince duquel il était né sujet, et auquel il avait une extrême inclination de complaire, accompagnée d'une infinie obligation pour avoir été nourri dès sa jeunesse chez lui. C'est pourquoi il avait un plaisir nonpareil de lui plaire, et quand son prince lui témoignait d'agréer son chant, il était tout ravi de contentement. Mais il arrivait quelquefois que le prince, pour essayer l'amour de cet aimable musicien, lui commandait de chanter, et soudain le laissant là en sa chambre, il s'en allait à la chasse; mais le désir que le chantre avait de suivre ceux de son maître, lui faisait continuer aussi attentivement son chant, comme si le prince eût été présent, quoiqu'en vérité il n'avait aucun plaisir à chanter: car il n'avait ni le plaisir de la mélodie, duquel sa surdité le privait, ni celui de plaire au prince, puisque le prince étant absent ne jouissait pas de la douceur des beaux airs qu'il chantait. Source : Livres-mystiques.com Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales | |
| |
| | | | Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |