Sermon de St Bernard pour un dimanche de l'Avent (...)3. O mes Frères, fuyez, fuyez l'orgueil de toutes vos forces, je vous en conjure. L'orgueil est le principe de tout péché, c'est lui qui a si rapidement plongé dans d'éternelles ténèbres ce Lucifer, qui brillait naguère d'un plus vif éclat que tous les astres ensemble; c'est lui, dis-je, qui a changé en un démon non pas un ange seulement, mais le premier des anges.
Après cela, devenant tout à coup jaloux du bonheur de l'homme, il fit naître, dans le coeur de ce dernier, l'iniquité qu'il avait d'abord conçue dans le sien, et lui conseilla de manger du fruit défendu, en lui disant qu'il deviendrait aussi semblable à Dieu, connaissant le bien et le mal.
O malheureux, quelles espérances donnes-tu, que promets-tu à l'homme, quand il n'y a que le Fils du Très-Haut qui ait la clef de la science, ou plutôt quand il n'y a que lui qui soit « la clef de David qui ouvre, et personne ne ferme (Apoc., III, 7)? »
C'est en lui que tous les trésors da la sagesse et de la science divines se trouvent renfermés (Coloss., II, 3) ; iras-tu les dérober pour en faire part à l'homme? Voyez si, comme le dit le Seigneur lui-même, « Il n'est pas un menteur et le père même du mensonge (Joan., VIII, 44). » En effet ne ment-il point quand il dit: « Je serai semblable au Très-Haut (Isa., XIV, 94)? » Et n'est-il pas le père même du mensonge, quand il sème dans le coeur de l'homme le germe de ses faussetés, en lui disant : « Vous serez comme des dieux (Gen., III, 6) ? » Et toi, ô homme, si tu vois le voleur, tu te mets à sa suite.
Vous vous rappelez, mes frères, le passage d'Isaïe que nous lisions cette nuit, où il est dit: « Vos princes sont des infidèles (Isa., 1, 23), » ou, selon une autre version, « sont des désobéissants et les compagnons des voleurs. »
4. En effet nos premiers parents, Adam et Eve, la source de notre race, sont désobéissants, et compagnons de voleurs, puisqu'ils veulent, sur les conseils du serpent ou plutôt sur les conseils du diable lui-même par l'organe du serpent, ravir au fils de Dieu ce qui lui appartient en propre.
Mais Dieu le Père ne ferme point les yeux sur l'injure faite à son fils, « car le Père aime le Fils (Joan., V, 20), » et à l'instant même, il tire vengeance de l'homme et appesantit son bras sur nous. Tous en effet nous avons péché en Adam et tous nous avons été condamnés en lui.(...)
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Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde